"La Guilde des Ombres - le Don de Mort" fut une de ces lectures que j'ai du mal à qualifier. Dans l'ensemble, j'ai beaucoup apprécié la plume d'
Anna Triss, ainsi que l'exposition de l'univers qui semble prometteur (dans ce premier volume, nous ne faisons qu'effleurer le "lore", il sera donc probablement plus développé par la suite).
Je fus toutefois gênée par certaines scènes que j'ai trouvé malaisantes, mais qui je pense ont été rédigées dans ce but. Je détaille plus mes hypothèses après ce léger résumé :
Panama est une jeune orpheline dépositaire d'un Don de Mort. Par un simple toucher, ses ennemis périssent. Cette capacité unique au monde attire l'attention de la Guilde des Ombres, une société d'assassins renommée. La formation de Panama commence alors, unique humaine devant se faire une place parmi les elfes noirs. Elle devra apprendre à manier les lames, l'art de la discrétion, celui du poison, afin de passer son Baptême de Sang. Et chez la Guilde des Ombres, l'échec n'est pas une option.
La saga de la Guilde des Ombres est une série littéraire assez longue (environ six volumes, de ce que j'ai saisi), ce tome un prend donc son temps pour introduire l'univers et nous exposer toute la formation de Panama. C'est une héroïne encore enfant au départ de ce volume 1, et à peine adolescente à la fin. Je présume que nous allons assister à son évolution par la suite.
Dans cet univers, le monde est partagé en différentes guildes, sous le joug de la Ligue Mercantile, à la suite d'une ancienne guerre ayant renversé le système impériale. Si le tome 1 émiette uniquement quelques pistes de ci, de là, des complots et des tensions politiques sont probablement à prévoir dans les prochains volumes. C'est probablement la partie que j'attends avec le plus d'impatience, ayant trouvé le world building très intéressant (notamment en ce qui concerne la mythologie draconique). La narration est majoritairement centrée autour de Panama, mais a aussi quelques chapitres dédiés à un autre personnage qui, je pense, deviendra aussi essentiel que notre héroïne par la suite.
J'ai trouvé tous les personnages assez intéressants quand bien même ils sont assez nombreux. En ce qui concerne Panama, j'ai du mal à me prononcer. Dans ce tome 1, elle est davantage ce que son maître, Khamar, fait d'elle qu'une personne indépendante à proprement parler.
Et on arrive probablement dans la partie qui m'a gêné ici, il s'agit de la "romance" toxique, présente dès les premiers chapitres du livre (donc pas de crainte de spoil). Khamar est le centre du monde de Panama, qui n'a personne d'autre que lui. Conscient de cela, le mentor assassin de la jeune femme la façonne à son image, la sculpte, la manipule, crée de toute part sa personnalité et même en un sens, ses sentiments envers lui. On est sur du pervers narcissique puissance mille. Je présume que cette romance, maintenant que Panama est adolescente, sera d'autant plus présente dans le tome 2, et c'est ce qui fait que je suis sceptique quant à la suite.
D'un côté, je pense sincèrement (et il s'agit d'une hypothèse, non d'un spoil avéré je le précise) que Khamar est le véritable méchant de toute cette histoire. Que Panama parviendra probablement à se délivrer de son emprise, mais pas avant qu'il ai imposé sa marque au fer rouge sur elle. Ce qui veut donc dire, vu que la série est assez longue, que ce tome deux nous fera passer par les feux de l'Enfer en terme de malaise avant que Panama réalise dans quelle toile d'araignée elle est tombée.
Mais d'un autre côté, comme il faudra sûrement un évènement déclencheur pour que la jeune assassin ait un déclic, je suppose que c'est également là que les complots et autres évènements liés à l'univers vont se multiplier...
Bref, vous l'aurez compris, un premier tome que j'ai adoré pour son monde, et son intrigue de fond, mais qui m'a mis profondément mal à l'aise quant à la manipulation perverse que subit notre personnage principale. Être témoins de cela, sans avoir la certitude que nous ne sommes pas tombée ici tout simplement dans une romantasy toxique non assumée, me met dans un état d'entre-deux concernant ce roman. Car si Khamar se révèle être ce que je le soupçonne d'être, alors je trouverai ce traitement des personnages brillants quoique difficile. Mais si je me trompe, alors je crains de m'infliger du malaise lors de six volumes pour rien.