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sur 219 notes
Un court roman magnifiquement écrit, dans un style dense et plein de poésie.
Thomas est guide touristique à Haïti, il conduit des touristes, leur fait découvrir l'île, ses trésors, ses magnifiques paysages. Il croise toutes sortes de gens : des occidentaux qui ne feront pas l'effort de s'ouvrir à cet exotisme, des européens énervés et agités qui savent déjà tout, des consommateurs qui photographient au lieu de saisir l'instant, aveugles à la beauté du moment…
Anaïse n'est pas une passagère comme les autres, son père a grandi dans le petit village côtier d'Anse-à-Fôleur – où réside également la famille de Thomas. Elle vient pour comprendre le mystère qui entoure la mort de son grand-père, un riche commerçant, et ce qui a présidé au départ définitif de son père d'Haïti.
L'essentiel du roman se déroule dans le taxi de Thomas qui, narrateur, raconte la rencontre du grand-père et du « colonel » alors qu'ils sont de jeunes hommes, à la sortie d'un bordel, leur amitié indéfectible nouée autour de leurs pulsions, de leur avidité, de leur cruauté et comment un matin leurs deux maisons avaient brulé, réduisant en fumée les hommes et leur empire – annihilant toute trace de leur présence sur cette terre. Autour de cette disparition, le silence des villageois, de la grand-mère et du père d'Anaïse. Que s'est-il passé cette nuit-là ? Beaucoup ont voulu savoir, personne n'a pu percer le secret…
Il faut se laisser bercer par la prose de Lyonel Trouillot, poétique, riche en couleurs et arômes ; il faut accepter le voyage sur les petites routes cahotantes qui mènent au beau village d'Anse-à-Fôleur où les habitants vivent en bonne intelligence, créant une communauté bienveillante où l'on vit de peu, mais heureux.

Challenge MULTI-DEFIS 2021.
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Anaïse se rend à Haïti pour avoir des réponses aux questions qu'elle se pose, sur son père notamment. Que vient chercher Anaïse, qui n'est pas d'ici, et pas non plus une touriste ? Trouvera-t-elle des réponses à ses questions ? Qui pourra lui répondre ? Qui est Thomas ?

Thomas, son guide, lui raconte Anse-à-Fôleur, petit village en bordure de mer, qui se différencie de la vie en ville, petit havre de paix. Il lui raconte les villageois, les enfants, leur façon de vivre et de voir les choses dans ce pays où la misère est féroce. Mais aussi son père et surtout son grand-père, Robert Montès et le Colonel, Pierre André Pierre, que tout séparait si ce n'est leur cruauté, leur manque d'empathie vis-à-vis de l'humain. Ils sont venus s'installer à Anse-à-Fôleur, dans des maisons qu'ils auront construites à l'identique et où ils exerceront leur pouvoir, comme toujours.

Il lui parle de son métier de guide. Il lui raconte Haïti, le bruit des villes, des différences entre sa ville, Haïti étant un des pays les plus pauvres de la planète et les autres villes, notamment occidentales. Ainsi que de son autre métier de peintre. Ambiguïté avec son oncle. Il lui parlera des touristes qui viennent chercher avant tout le plaisir, et en avoir pour leur argent, sans rien donner en échange.

Beaucoup de paraboles dans ce roman. Une écriture fluide, empreinte de douceur pour décrire l'intolérable, l'horreur et la Vie qui prend le dessus malgré tout. Une très belle leçon de vie dont nous devrions nous inspirer. Il y a du Laurent Gaudé dans ce livre. A lire absolument !
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J'avais très envie d'aimer ce roman. J'ai récemment découvert la littérature haïtienne avec Gary Victor et Makenzy Orcel et j'espérais avoir une lecture qui m'emporterait. Mais j'ai trouvé le monologue du début très répétitif et heureusement, les chapitres sont courts ! L'opposition entre les deux hommes, le colonel Pierre André Pierre et le grand-père d'Anais, Robert Montès, est puissante, j'ai été sous le charme de cette description des personnalités qui font froid dans le dos, dommage que les autres personnages ne soient pas aussi bien décrits. Mais après ces portraits d'horribles hommes, le souffle retombe… la fin ne m'aura pas marqué. Je ne désespère pas, peut-être qu'un autre livre de cet auteur saura me charmer.
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Lancée dans ce livre avec beaucoup d'enthousiasme , je me suis au début régalée de cette belle écriture. Oui Lyonel Trouillot a une sacrée plume, je ne peux le nier!
Et puis au fil des pages, cette histoire de recherche du père de Anaïse , et la description des rapports compliqués entre les gens du village vers laquelle Thomas la conduit, m'ont un peu lassée.
C'est dense, Lyonel Trouillot utilise des redites, des listes, des répétitions, ce qui donne bien sûr une belle originalité à l'ouvrage. Mais je ne suis pas parvenue à m'attacher aux personnages, ni à l'intrigue. Dommage.

Autre originalité du roman : l'utilisation de la deuxième personne du singulier, cela finalement fait entrer le lecteur dans une singulière intimité .
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En Haïti, il n'y a pas que les tremblements de terre, la violence des villes et la misère des bidonvilles, il y a aussi des villages en bord de mer où règnent paix, douceur de vivre et fraternité... C'est le cas d'Anse-à-Fôleur, où les deux empêcheurs de tourner en rond, l'homme d'affaire Robert Montès et le colonel Pierre André Pierre, deux monstres de violence et de cruauté, ont été mystérieusement mis hors d'état de nuire voilà 20 ans, par une belle nuit de pêche miraculeuse... Anaïse, la petite-fille de Robert Montès ne vient pas enquêter mais elle vient voir d'où elle vient, d'où vient son père. Et durant les 7h de voyage en voiture de Port-au-Prince à Anse-à-Fôleur, son guide, Thomas, lui raconte le village. Et dénonce les profiteurs locaux, les despotes haïtiens, la condescendance des pays riches, le goût des femmes occidentales pour les corps noirs et les causes humanitaires à la petite semaine qui permettent de revenir en occident les larmes plein les yeux et la conscience tranquille, il dénonce avec douceur et montre à Anaïse que Haïti, ce n'est pas seulement ça, c'est aussi la fraternité qui unit les habitants d'un même village qui partagent tout et arrivent à oublier qu'ils sont pauvres. Un beau texte poétique et imagé mais je n'ai pas aimé la construction du livre qui m'a légèrement ennuyée...
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Ce qui m'a frappé tout d'abord est le style. Nous sommes proches du poème en prose, tant chaque phrase possède un phrasé musical, un rythme mélodique unique. Lyonel Trouillot est un poète des mots. Surtout, sa petite musique nous donne à entendre une histoire à la fois simple et unique. Thomas, le premier narrateur, est venue chercher Anaïse pour l'emmencer à Anse-à-Fôleur, petit village côtier où sont morts, bien des années auparavant, son grand-père et le parrain de son père. Je vous rassure, Anaïse ne vient pas chercher vengeance (la mort des deux hommes dont les villas jumelles ont été incendiées, n'a rien d'un accident), elle cherche qui était son père qu'elle n'a pas connu. Pendant le trajet, Thomas lui conte son village, son île, lui raconte son grand-père et son meilleur ami, deux êtres cruels et ambitieux, devenus amis tant ils étaient semblables. Peu à peu, Thomas se livre à son tour. Il sait être caustique, quand il décrit les touristes qui envahissent l'île, il analyse avec acuité le but de leur venue et leur comportement. Surtout et de manière bien plus apaisée, il lui conte son amour pour son paisible village, pour les siens, pour ceux qui savent profiter de ce qu'ils ont, même si c'est extrêmement peu. Ils sont, lui, Solène, Justin (au prénom si bien trouvé) les opposés du colonel Pierre André Pierre et de l'homme d'affaires Robert Montès, deux êtres qui sont inséparables de leur titre pompeux parce qu'il est leur essence même, deux êtres dont le seul but est de se contenter d'obtenir tout ce qu'ils ne possèdent pas - et gare à ceux qui auraient la mauvaise idée de se mettre sur leur passage. Deux êtres qui ne sont plus, deux êtres qui sont partis en fumée sans que l'enquête n'aboutisse, sans que le meilleur enquêteur dépêché pour l'occasion, n'attrape un coupable - l'enquêteur a vite été conquis par les habitants et par la sérénité du lieu.
C'est presque avec regret que j'ai quitté ce livre tant j'ai été conquise par le style de Lyonel Trouillot, sa richesse et sa limpidité. J'espère sincèrement que ce roman sera couronné par un prix littéraire prestigieux.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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Thomas est guide touristique à Haïti. Dans sa voiture, il sillonne Port au Prince et se dirige vers Anse-à-Fôleur, un village côtier, avec à l'arrière Anaïse, une métisse à moitié endormie qui n'écoute pas tout de son discours sur son île, ses habitants, ce qui les éloigne et ce qui les rapproche des métropolitains, sur la vie, sur le passé, cette nuit où les deux maisons jumelles du colonel et de l'homme d'affaires, le grand-père d'Anaïse, ont brûlé dans un mystérieux incendie. Bercée par ses paroles inspirées, Anaïse roule vers l'inconnu, vers la vie de son père disparu, vers des découvertes qu'elle laisse venir à elle, consciente qu'elle est étrangère et que tout ne lui sera pas dû...

Lire les premières pages, d'une somptueuse écriture, c'est risquer de se laisser happer par une langue envoûtante, poétique, qui décrit avec rythme la cacophonie de Port-au-Prince et puis qui nous emporte dans des récits et des réflexions captivants.

Enumération, répétition, évocations très sensitives, tout porte à faire du texte un ensemble vivant, mouvant, fascinant. En tout cas pour moi.
Après l'émerveillement littéral des descriptions initiales, s'ouvre le roman, le récit qui se dessine au travers du quasi-monologue de Thomas le guide. Une histoire vieille de dizaines d'années. Une histoire d'incendie, de mort, de disparition, d'amour aussi. Une histoire avec deux personnages qui ont vécu à Anse-à-Fôleur, deux hommes que tout opposait et qui se sont lié d'amitié. Deux hommes hautains, supérieurs, inhumains.
Que vient faire Anaïse au coeur de ce pays si pauvre, si différent de sa ville lumière à elle, de son confort, de ses préoccupations matérielles de jeune femme occidentale ? C'est elle enfin, dans les derniers chapitres du roman, qui nous le livre. Retrouver un père qu'elle n'a pas connu. Mais finalement, il y a d'autres choses qu'elle n'a pas connu qu'elle peut trouver. Surtout ne pas exiger des gens la précision du souvenir.
Une sensibilité pleine d'humilité. Une renaissance.
Difficile de raconter ce livre qui se vit, qui s'absorbe, qui nous absorbe le temps de belles pages poétiques.
Que dire sinon que ce roman est à savourer d'urgence ?
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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LYONEL TROUILLOT

Dès les premières pages de ce roman, la question est posée : « Ai-je fait un bel usage de ma présence au monde ? Si la réponse est non, ce sera trop tard pour vous plaindre comme pour changer. »
Anaïse, jeune touriste accompagné de son guide Thomas, entreprend de visiter un petit village côtier nommé Anse-à-Fôleur, dans l'île d'Haïti .Elle désirer recueillir des informations sur le sort de Robert Montes, son grand-père et accessoirement du colonel Pierre André Pierre, ami de son grand-père.

C'est un roman à plusieurs voix, dont celle de Thomas, le guide, n'est pas la moins significative .Ce dernier restitue ainsi avec force ironie et dérision les contours d'un certain tourisme de masse, peu porté vers la compréhension réelle des lieux visités par ses pratiquants : « La colère me gagne quelquefois quand je pense à ceux qui ne peuvent pas bouger et à ceux qui arrivent ici en clamant qu'ils sont venus « matérialiser leurs fantasmes »
« Là-bas, je suis un peu un touriste qui profite gratuitement de leur disponibilité. Je fais comme mes clients, je prends sans donner et j'en ai honte. »


L'histoire d'Haïti, celle de la dictature, celle des rapports engendrés par l'esclavage est évoquée très clairement au travers des récits concernant Robert Montès et Pierre André Pierre .On y perçoit le rôle respectifs de ces deux personnages dans cette histoire .Il est cruel, implacable : « Costaud et habile au corps à corps, il avait consacré sa jeunesse à casser la gueule aux grimauds (désigne un individu de type afro-caribéen à la peau claire) et aux mulâtres .Par principe. Pour l'exemple ».
Au-delà de la simple dénonciation des comportements de nos contemporains , Lyonel Trouillot nous invite à nous repositionner , à nous demander quelles sont les véritables voies d'accès au bonheur. Tout d'abord, la maîtrise des mots : « Justin en conclut que dans la distribution inégale des richesses qui règne sur le monde, le partage inéquitable des mots n'est pas le moindre mal. » Constat encourageant pour ceux dont c'est la raison d'être.

Hommage à la vie et à la réussite de notre présence au monde, le bel amour humain nous suggère l'issue possible : « Alors, n'attendez pas. Les circonstances de la mort n'offrent pas de clé pour comprendre .La mort ne nous appartient pas, puisqu'elle nous précède .Mais la vie… »
La belle amour humaine, du bel ouvrage à recommander pour mieux configurer sa propre présence au monde

Lien : http://bretstephan.over-blog..
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Ce roman est comme un grand monologue dans lequel Thomas, un chauffeur de taxi, parle à Anaïse, venue à Haïti sur les traces de son grand-père. Il s'adresse à elle alors qu'ils vont à Anse-à-Fôleur, un village isolé pour retrouver l'oncle de Thomas qui a connu le grand-père et le père d'Anaïse.

Dans ce village, il y a bien longtemps, deux hommes, le grand-père d'Anaïse et son ami le Colonel, ont tenté de s imposer mais ont fini par disparaitre dans l'incendie de leurs maisons.

En parlant de cette époque à la jeune femme, Thomas raconte la vie du village avant, pendant et après la venue de ces hommes. Il raconte même plus, il raconte la vie. Il parle du monde au sens large. Il y a toute une réflexion sur la modernité, la nature, la simplicité de la vie, le tourisme...

Au-delà de la recherche d'une certaine vérité sur le passé, il y a toute une étude du monde qu'est Anse-à-Fôleur.

"Ma vraie ville c'est ici. J'y suis né et je connais ses bruits par coeur. Ses recoins. Ses désastres. Mais là-bas c'est ma ville aussi. Enfin, mon village. J'y ait planté mes rêves. Et la terre qui t'appartient c'est celle où tu plantes tes rêves. Celle que tu aimerais léguer à tes enfants. [...] Là-bas, dans le lieudit d'Anse-à-Fôleur où tu souhaites que je te conduise, c'est peu de monde, quelques copains, une poignée de vivants qui s'appellent par leurs prénoms et ne cultivent pas le vacarme. Les enfants y ramassent encore des coquillages, les portent à leurs oreilles et la mer y chante quelque chanson secrète, sans déranger les autres..." (P 22-23)

C'est très difficile de parler de ce roman car plus qu'une histoire, c'est tout une atmosphère qui domine. J'ai aimé le style plein de poésie, j'ai aimé les images, les sensations qui se sont dégagées de cette lecture.

J'ai dégusté ce roman qui ne ressemble à rien de ce que j'ai lu, comme un grand poème, comme un essai sur la vie. C'est un vrai petit bijou.

Je pense que je lirai à nouveau cet auteur, c'est une belle plume!
Lien : http://ennalit.canalblog.com..
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Dans un taxi qui la conduit de l'aéroport à un village de la côte haïtienne, Anaïse se laisse guider par Thomas, son chauffeur. La jeune femme est pleine d'une absence de mémoire, pleine d'incompréhensions. Elle part sur les terres de son grand-père, Robert Montès, un puissant homme d'affaires, et de son acolyte, le colonel Pierre André Pierre. Il y a déjà bien longtemps, les deux hommes ont disparu la même nuit dans l'incendie de leurs maisons, les Belles Jumelles. Anaïse veut aussi comprendre ce qui a poussé son père, mort depuis des années, à quitter ce village de pêcheurs. Elle espère que le vieux peintre Frantz Jacob pourra lui donner des réponses. Mais Thomas la met en garde : « Ce n'est pas sûr qu'il puisse te faire écouter la voix qui manque à ton enfance. » (p. 31)
Thomas est plus qu'un simple chauffeur de taxi, plus qu'un simple guide. Dans un long monologue, il ouvre le chemin vers la réalité simple d'Anse-à-Fôleur : là-bas, les gens donneront plus qu'ils n'ont, mais ils ne remuent pas le passé. Sur un trajet qui semble ne jamais finir, Thomas fait les questions et les réponses, il encourage et il imagine. Il attend d'Anaïse qu'elle se confie, mais il lui laisse le loisir de s'ouvrir à son heure. Thomas donne les réponses qu'Anaïse attendait du village, simplement parce que ces réponses n'ont pas d'importance, ce ne sont pas elles qui combleront le vide qu'Anaïse porte en elle. le mystère de son grand-père est rapidement résolu : il lui suffit de savoir que l'homme d'affaires et son ami colonel étaient des hommes mauvais, « rien, mis à part la cruauté, ne pouvait justifier l'amitié qui lia jusque dans la mort le colonel Pierre André Pierre et l'homme d'affaires Robert Montès. » (p. 86) Ce qu'Anaïse trouve à Anse-à-Fôleur, c'est davantage qu'un roman familial, c'est un vadémécum, presqu'une panacée.
Dans le village d'Anse-à-Fôleur, les gens vivent de bonheur et de simplicité, selon la loi de Justin, un législateur bénévole qui n'impose pas ses règles. « Là-bas, à vivre de mer et d'arc-en-ciel, les couleurs souvent leur suffisent. » (p. 16) Les habitants s'appliquent à être heureux là où ils sont et avec ce qu'ils ont. « le bonheur n'est-il pas le seul mérite naturel auquel tout humain a le droit d'aspirer ? » (p. 147) Et surtout, ils s'appliquent à mener une vie juste et utile. À la question « Ai-je fait un bel usage de ma présence au monde ? » (p. 24), les habitants d'Anse-à-Fôleur sont fiers de répondre par l'affirmative. Cet usage n'est pas celui du pouvoir ou de la richesse, ni celui de l'orgueil ou des gloires. le bon usage d'une présence au monde permet de se présenter devant la mort sans regret ni culpabilité. La mort-même n'est pas à craindre : « la mort ne nous appartient pas, puisqu'elle nous précède. Mais la vie… » (p. 24) le bon usage d'une présence au monde, selon l'oncle de Thomas, c'est enfin « la belle amour humaine » : « Mon oncle a une thèse. […] Il l'appelle : la belle amour humaine. Selon lui, chacun y tient sa place. Et il ne faut pas demander à quelqu'un d'y occuper la place d'un autre. » (p. 42)
D'ordinaire réservé au pluriel du mot « amour », l'usage du féminin dans le titre du roman a quelque chose de barbare pour tout inconditionnel de la grammaire. Mais ce féminin, en dehors de toute considération de genre, introduit une dissonance sublimement poétique. Comment ne pas comprendre que l'amour ne peut être qu'humaine, qu'il ne peut pas être humain ? Cela ne s'explique pas et c'est tout le talent de Lyonel Trouillot d'en faire une évidence. L'exotique Haïti se profile sans s'imposer, elle est le cadre d'une prise de conscience, d'une connaissance de soi. Si voyage initiatique il y a, il est modeste : Anaïse ne se révolutionne pas, elle s'équilibre. Tout le roman, au fil du monologue de Thomas et de la brève réponse d'Anaïse, déploie une langue riche et chantante et se fait porteur d'une voix caribéenne légendaire et mystique.

Lien : http://www.desgalipettesentr..
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