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3,82

sur 219 notes
"Quel usage faut-il faire de sa présence au monde ?"

C'est cette question qui revient tout au long du roman et peu importe les réponses possibles, l'important c'est de se la poser.

Forcément cette question me fait penser au merveilleux "L'usage du monde" de Nicolas Bouvier. Il semble que le voyage soit propice à la découverte d'une réponse.

Ici aussi, Lyonel Trouillot inscrit son thème dans le déplacement. La quasi totalité du roman se passe dans le taxi qui amène Anaïse de Port-au-Prince à Anse-à-Foleur. Thomas, le chauffeur, lui raconte, à sa manière, comment et peut-être aussi pourquoi, il y a une vingtaine d'année, le grand-père d'Anaïse et son meilleur ami sont morts dans l'incendie de leurs deux maisons jumelles; et elle comprend, comment et pourquoi, son père a quitté à ce moment-là, sa ville natale.

Mais Thomas raconte surtout les gens de son entourage, leur manière de voir, de vivre, de s'aimer, si éloignée du mode de vie de la grande ville (américaine?) d'où vient Anaïse.

Un livre très fort, profondément humain - le titre ne ment pas - qui nous invite à nous poser à nous-même la question de notre présence au monde.

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Les vies et les morts mystérieuses du grand-père d'Anaïse et de son ami le colonel occupent la majeure partie de ce récit, faisant entrer le lecteur dans un autre monde.



Ce livre est aussi celui d'un haïtien amoureux de son pays et qui nous le fait aimer au fil des pages, au point qu'à la fin nous irions bien nous aussi le visiter...







Vous l'aurez compris au travers de ces quelques lignes, Lyonel Trouillot est aussi un poète. Et si je me rappelle bien de ce qu'il a dit lors de la rencontre que vous évoquait plus haut, à Haïti, il n'y a pas de différence marquée entre le roman et la poésie. Ce livre pourrait d'ailleurs être une ballade, au sens médiéval du terme, par son côté presque mélodieux et travaillé. Toutes les phrases sont ciselées avec une beauté époustouflante, qui me font comparer le talent littéraire de Trouillot à celui de certains grands écrivains dits classiques.

C'est une lecture pour laquelle on a envie de prendre le temps, de la savourer mot par mot car les 170 pages passent vite...

Ce livre m'a donc profondément touché, bouleversé, je suis sortie de ce livre grandie et émerveillée.
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Anaïse, une jeune femme est venue à Haïti sur les traces de son père. Thomas, un chauffeur de taxi autochtone l'emmène de Port-au-Prince jusqu'au petit village côtier de l'Anse-à-Fôleur. Durant le voyage, Thomas raconte Haïti, l'histoire du village et de la famille d'Anaïse... Il est question également de deux hommes, un colonel à la retraite violent et un homme d'affaires (le grand-père de la jeune fille). Ils étaient différents des habitants d'Anse-à-Fôleur, ils avaient faire construire deux maisons jumelles qui dépareillaient dans ce village de pêcheurs. Un soir, les maisons et leurs occupants ont été incendiés et l'on a jamais su qui était le coupable...

Voilà une magnifique histoire pleine de poésie, de couleurs, d'odeurs et de sons qui enchantent le lecteur et le fait réfléchir sur le vrai sens de la vie.
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A Anse-à-Fôleur, les pêcheurs sont heureux. Quand la pêche a été bonne, ils consacrent de longues soirées à remercier le ciel avec des chansons de mer, des baisers, de bons mets. Ils semblent ignorer que pendant ce temps là, les belles demeures jumelles du riche colonel et du riche homme d'affaire partent en fumée. L'ignorent-ils vraiment ? Eux dont les lois se mettent au service du bonheur, eux qui accompagnent les mourants dans la joie pour alléger leur passage en réalisant leurs plus tendres souhaits ? Il y a "eux". Il y a les "autres"


"De mémoire de villageois, jamais ils ne vécurent meilleur matin ni meilleure nuit, et, n'était le souvenir charnel des mets et des baisers, ils pourraient croire avoir rêvé. Voilà ce que les hommes te diront. Les femmes ajouteront pour leur part qu'il ventait ce soir-là un air de parfum frais, mélange de petit baume, de jasmin et d'ilang-ilang. Heureuses, elles redevinrent petites filles et s'endormirent fenêtres ouvertes en rêvant de beaux capitaines."



Une jeune femme entend sans l'écouter le guide qui la conduit la-bas, sur les traces de son père, celles de son grand-père et de sa grand-mère. Il lui raconte, les gens de la bas, la vie de la bas et ses mystères. Qu'est-elle venu chercher, et que va-t-elle trouver ? Peut-être "La belle amour humaine" ?

Ceci pour vous parler de l'ouvrage de Lyonel Trouillot, que le Goncourt ne récompensera sans doute pas bien qu'il soit sur la liste. Une petite poésie en prose comme le fut "Parle moi de batailles, de rois et d'éléphants" de Mathias Enard qui n'a pas été récompensé l'an passé.
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Il est toujours compliqué de commencer une chronique lorsqu'on adore l'auteur, de peur d'user de superlatifs à en dégoûter le lecteur. Je veux juste suggérer ici que Lyonel Trouillot soit dans toutes les bibliothèques.
Alors, La belle amour humaine, c'est entre le monologue, le roman sur la route, la chronique locale et bien d'autres choses encore. C'est un long récit, un peu comme une mélopée scandée par Thomas, le chauffeur qui emporte Anaïse de Port-au-Prince à Anse-à-Fôleur, le village familial qu'elle a quitté très jeune pour aller vivre loin de l'île, on ne sait où, mais dans une grande ville occidentale, c'est sûr.
La plus grande partie du récit est donc ce monologue de sept heures environ durant lesquelles Thomas raconte l'histoire de ce village de pêcheurs, la tradition, les rapports humains, les coutumes, les rapports à la collectivité, mais surtout l'enquête à propos de l'incendie de deux villas jumelles dans lequel deux hommes ont perdu la vie, le grand-père d'Anaïse et son ami. Vingt ans après, le mystère reste entier, l'enquêteur dépêché sur place par le ministre n'est pas arrivé à le percer… mais quelqu'un le veut-il vraiment ?
Toutes les hypothèses sont permises, car ces deux hommes dénotaient vraiment dans le village, un ancien colonel et un homme d'affaires qui ne se mélangeaient pas aux autres, voire les évitaient avec un peu de mépris. Les deux villas jumelles en tout point que ces deux hommes avaient fait construire avaient mystérieusement brûlé, les emportant dans le même trépas, comme pour gommer leur différence, leur déférence envers les autres.
Les kilomètres défilent et Thomas évoque l'enquêteur qui a démissionné, l'oncle, peintre devenu aveugle et qui, depuis, passe ses journées assis sur une chaise face à la mer, et tous les autres figures marquantes. le fond de l'enquête n'est que prétexte pour dresser une galerie de portraits des habitants du village, leurs relations, leur rapport à la famille, à la mer, la fraternité qui les lie. En fait, les deux portraits des personnages décédés sont posés en miroir pour faire ressortir la vie modeste et harmonieuse, l'occasion de poser la question “Quel usage faut-il faire de sa présence au monde ?”.

Au bout de ces longues heures, Anaïse est prête à pénétrer ce village autrement qu'en étrangère, un peu comme si elle savait déjà, facilitant son séjour éphémère auprès des adultes et des enfants en toute simplicité de l'être. Comme si les mots entendus l'avaient aidée à ôter les couches superficielles de sa personnalité pour mieux s'intégrer instantanément aux habitants d'Anse-à-Fôleur.
Durant la dernière partie du livre, c'est au tour d'Anaïse de livrer son impression sur ce court séjour, qui ressemble à un long voyage, et l'on ressent bien l'effet des mots de Trouillot/Thomas, tout en sagesse et en sérénité…

Lyonel Trouillot, peur ceux qui ne le connaîtraient pas, c'est avant tout une poésie d'écriture, des phrases dont on se délecte, une douceur qui nous berce.
Si, au départ, cette histoire peut sembler ordinaire à certains, le lecteur peut se laisser prendre par cette mélopée au mouvement circulaire qui nous enveloppe l'esprit, tout en suggestions, en images allusives, et que le lecteur pourra colorer à sa façon, selon son humeur…
Je connaissais Lyonel Trouillot grâce à le doux Parfum des temps à venir, un texte magnifique sur la transmission d'une mère à sa fille pour qu'elle devienne femme, mis en scène par Christine Matos au festival d'Avignon et dans d'autres villes en 2019. J'en profite pour la remercier de m'avoir conseillé La belle amour humaine

Je ne sais pas si Lyonel Trouillot est étudié en classe, mais autant pour le fond humaniste que pour sa prose poétique, la profondeur de ses textes accessibles à tous, il permettrait d'éclairer l'esprit des enfants vers un monde meilleur…
Lien : http://dominiquelin.overblog..
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Ce roman est une belle évocation d'Haïti, de la misère de Port au Prince aussi bien que de la vie paisible en bord de mer. L'auteur porte un regard moqueur sur l'étranger, le touriste qui vient chercher le dépaysement mais qui refuse les réalités du pays.L'écriture est très belle, poétique et dynamique, mais j'ai trouvé qu'il n'y avait pas vraiment d'intrigue ou du plutôt que le dénouement de l'histoire est tellement secondaire dans le récit qu'il est "oublié".
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Coup de coeur littéraire pour ce roman ...
Ce court roman se déroule à Haïti (pays d'origine de l'écrivain) et raconte le voyage d'une jeune fille à la recherche des origines de son père qu'elle n'a quasiment pas connu.
Mais plus que l'histoire apparente, le plus beau, à mon sens, c'est le descriptif de la vie à Haïti, la philosophie de vie qu'ont les gens de ce village à prendre la vie comme elle se présente et la réflexion sur l'usage que l'on fait de sa place dans le monde, tout en respectant autrui.
Tout cela dans une langue que j'ai trouvé très poétique.
Une petite citation :
"Dans le lieu-dit d'Anse-à-Fôleur, quand la mort menace un adulte, on lui fait des blagues et on lui chante des chansons gaies, et il rit sans forcer. Et, homme ou femme, on lui offre la possibilité de faire l'amour avec une personne qu'il désirait depuis longtemps. C'est une loi que Justin a inscrite dans son code sous la rubrique " Cadeau de départ ", le rire et le plaisir sexuel constituant peut-être les seuls états de grâce réservés aux humains."
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A Anse-à-Folêur, un village côtier d'Haïti, Anaïse est venue chercher des traces de son père. Un homme qu'elle a peu connu et qui était parti d'Haïti sans aucun remord à sa majorité. Assise dans le taxi de Thomas, elle l'écoute raconter l'histoire de son grand-père.

Quelle écriture magnifique! Une écriture riche de poésie, de musicalité et de profondeur ! Thomas parle en s'adressant à Anaïse et c'est comme s'il s'adressait à nous lecteurs. Avec un sens profond de l'observation et une connaissance de de l'âme humaine, il nous fait découvrir son pays, son village et nous fait partager ses réflexions. Des réflexions pleines de sens sur les touristes qu'il prend à bord de son taxi, sur notre mode vie et le sens que nous lui donnons.

la suite sur :
http://fibromaman.blogspot.fr/2012/06/lyonel-trouillot-la-belle-amour-humaine.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Thomas, chauffeur mais aussi peintre à ses heures, emmène Anaïse à Anse-à-Fleur, là où tout a débuté. Son grand-père et son ami le Colonel sont morts il y a de cela vingt ans dans l'incendie de leurs maisons. Maisons jumelles. le lendemain, le père d'Anaïse part pour ne plus revenir. Anaïse est à la recherche de son passé et de ce père qu'elle a très peu connu.
Tout le long du voyage en voiture, qui va durer sept heures, Thomas lui raconte tout ce qu'il sait ou tout ce qu'il croit savoir et a cru comprendre sur ces morts, non résolues, malgré la venue d'un commissaire puisque les deux hommes étaient des personnalités. Et on va en apprendre des choses sur ces deux-là et sur la vie à Anse-à-Fleur.
La belle amour humaine et l'auteur nous offrent des mots, de la poésie. Des mots qui nous font réfléchir sur la condition humaine et sur ce que peuvent vivre les gens. Des personnes qui habitent des contrées différentes. Certaines sont pauvres financièrement et vivent dans des lieux reculés. D'autres sont plus riches et vivent en ville. Mais qui est le plus heureux, là-dedans ? Qui profite de la vie et de ce qu'elle peut offrir et de ce que les autres peuvent offrir ?
L'auteur commence par Thomas. Thomas qui raconte à Anaïse qu'Anse-à-Fleur est un village pauvre, isolé, qui vit de la mer et qui, ce soir-là, n'a rien vu, rien entendu. Sont-ils tous coupables ou tous innocents ? le colonel et le grand-père d'Anaïse vivaient là trois mois par an avec sa famille pour ce dernier. Mais ils ne se mêlaient pas aux gens du village qui s'étaient désintéressés de ces hommes qui semblaient n'apporter que la violence avec eux et qui voulaient que ce village ait peur d'eux. La peur doit-elle régir le monde ? La loi du plus riche doit-elle être la plus forte. Lorsque l'on a des habitants plus ou moins soudés, c'est difficile à ceux qui arrivent, comme ça sur une fleur, et même s'ils ont beaucoup d'argent, de faire valoir leurs prérogatives et surtout faire croire qu'ils sont supérieurs aux autres. Malgré leurs différences, ces deux hommes sont devenus des amis et des amis très proches.
Nous avons de nombreux personnages attachants, comme l'oncle de Thomas, qui est en train de mourir. Justin, le législateur bénévole, qui propose des lois mais qui ne seront jamais votées. le père d'Anaïse, dont on ne sait pas grand chose, est aussi attachant. Il a rencontré l'amour et s'est enfui. Pour, comme le raconte Anaïse, dans la courte partie qui lui est consacrée, trouver l'amour auprès d'une femme et mettre au monde une fille.
Magie et également poésie des mots dans la description des paysages, des personnages qui font la trame de ce roman. Ah, c'est vrai, ce sont des tranches de vie que nous proposent Thomas. Vie de chauffeur en proie à toutes sortes de touristes, ceux qui ont l'argent et qui veulent profiter des plaisirs de la vie sans tenir compte des habitants des pays qu'ils visitent. Mais il y a aussi ceux qui voudraient être chez soi. Nous avons toutes les catégories de voyageurs. Certains, qui pourraient lire ce livre, se reconnaitront-ils ?
La pauvreté est partout. Description d'une société en attente d'aides, qui ne viennent jamais. Description de gens qui vivent leur vie, de pays avec ce que l'on peut trouver de bon ou de mauvais. La société se révèle donc décadente car elle veut profiter de tout. La différence de classe est partout. La différence est également dans la vie de tous les jours. Ceux qui veulent obtenir le plus en étant violents et ceux qui sont plus pacifiques dans leur vie de tous les jours et qui profitent d'instants de bonheur. La différence se situe également dans la mort. le colonel et le grand-père d'Anaïse n'ont pas eu d'enterrements au contraire de l'oncle de Thomas à qui tout le village a rendu un dernier hommage dans la plus grande tradition. Il vaut donc mieux ne rien avoir et être aimé.
Anaïse a-t-elle trouvé ce qu'elle était venue chercher ? Un passé, un père. Peut-être pas. Mais en définitive, elle a trouvé ses racines, son pays, un village où elle sera toujours bien accueillie car elle a pris le temps de rencontrer les gens, de leur parler. Anaïse semble avoir trouvé sa place.
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"Will it alter my life altogether?
O tell me the truth about love."
"Bouleversera-t-il toute mon existence?
Ô, dis moi la vérité sur l'amour."
Et si c'était cette vérité là chantée par le poète W.H. Auden, que recherchait Anaïse, suite à la disparition de son père et aux meurtres de son grand-père, l'homme d'affaires Robert Montes et de son ami le colonel Pierre André Pierre dans le village côtier d'Haïti, un village tissé de silence et de vent, un village parfumé au ilang-ilang à sept heures de route des rumeurs de Port au prince?
Thomas, guide touristique, va aider Anaïse,l'occidentale dans sa quête, car dans ce village de pêcheurs, pas bien riche,certains pinceaux s'activent pour fixer le beau sur la toile et des hommes, comme l'oncle de Thomas qui a une thèse tissée de fraternité,croient en la belle amour humaine.
La belle amour humaine:un titre que Lyonel Trouillot a pioché dans un message de voeux que Jacques Stefen Alexis a publié dans Les lettres françaises.
La belle amour humaine aux Editions Actes Sud:un roman écrit sur un registre poétique porteur d'espoir et de paix, par une belle plume, celle de Lyonel Trouillot, auteur né à Haïti, intellectuel engagé et écrivain connu qui fera encore longtemps parler de lui puisqu'il est sélectionné pour le prix Goncourt 2011.
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