Fou
Assurément cet homme-là doit être fou
il veut jeter un pont sur le grand Océan.
Il se tient là-bas à la pointe extrême du promontoire,
il jette chaque jour dans les flots quelque chose,
une histoire, une peinture,
un thème de musique,
jusqu’à ses insomnies,
même jusqu’à ce pleur.
Il se tient là,
l’abîme béant engloutit les hirondelles
ses âmes quotidiennes
qui se mettent en route vers l’autre rive de la terre.
Une invitation aussi fervente,
le pont sur l’Océan à coup sûr est construit,
pense-t-il,
et l’homme avance,
il doit être fou,
il avance dans le bleu
un point d’amour,
dans le bleu infini.
ÉLÉGIE – Deuxième partie du recueil « Et l’épi lourd », 1971.
(La première est dédiée à Georges Séféris, frère de Jeanne Tsatsos, mort en septembre 1971). Traduit du grec par Octave Merlier, p. 94
Au fleuve
Toi seul, jour et nuit, perçois la beauté,
entends sa chanson douce
et toi seul la perds.
Extrait, LE CYCLE DE L'HORLOGE (I. Messages), 1976.
Traduit du grec par Néoclis Coutouzis, p. 27