Saül Weissmann, un vieil homme de 70 ans qui a connu les camps, rencontre une quadragénaire juive en mal de mari. Ouf ! ils vont se marier, elle aura enfin une descendance et lui quelqu'un pour ses besoins sexuels et pour s'occuper de lui pour ses jours assez comptés vu son âge. Mais, catastrophe, le jeune rabbin de 24 ans consulté pour le mariage apprend à Saül qu'au regard de la loi de la torah, il n'est pas juif sa mère ne l'ayant pas été. Comment ? il a été déporté, sa famille décimé et on ne le déclare non juif… Il traverse alors une crise d'identité.
Un récit plein d'humour qui interroge vraiment sur être ou être au yeux des autres…
Commenter  J’apprécie         10
Humour juif ?
Mauvaise blague en tout cas pour Saül Weissmann : il se voit contester sa judéité par le rabbin qui doit le marier à Simone :
« Il faut être juif de mère en fils. Exclus les autres ! Dehors ! »
Un comble pour cet homme de soixante-dix ans rescapé des camps nazis !
Cette fable loufoque et cruelle pose la question de la judéité, et plus généralement de l'identité.
Qu'est-ce qui nous définit ? Notre apparence ? Le regard des autres ? La 'communauté' à laquelle nous sommes censés appartenir ? Ce que nous avons vécu ?
La situation absurde et désespérante fait évidemment penser à Kafka ('La Métamorphose').
La libido débordante du vieil homme et l'humour grinçant m'ont rappelé Edgar Hilsenrath ('Fuck America').
La schizophrénie est proche de celle du 'Horla' (de Maupassant).
Associé au côté 'théâtre' et aux références obsédantes aux six millions de Juifs assassinés, le dédoublement de personnalité renvoie aussi à 'Le vieux juif blonde' (Amanda Sthers).
Et enfin, les métaphores sur le corps féminin 'habité' rappellent 'L'Ecume des jours' (Boris Vian).
Un mélange dérangeant que j'ai lu davantage par curiosité que par plaisir. Ayant beaucoup aimé le dernier roman de Karine Tuil ('Les Choses humaines'), je m'intéresse à son oeuvre et la découvre à rebours.
Commenter  J’apprécie         352
Quand Saül Weissmann, survivant d'Auschwitz, accepte de se marier religieusement, il découvre... qu'il n'est pas vraiment juif et qu'il devra se convertir. Ce qui prouve que personne n'est à l'abri d'un anathème, même pas un ancien déporté. Roman acerbe, parfois drôle, et intelligent.
Commenter  J’apprécie         00
Saül est juif, ou du moins vit depuis 70 ans en pensant que tel est le cas. Et puis Simone entre dans sa vie et tout bascule. Saül est-il juif ? Ne l'est-il pas ? C'est ce qu'il va tenter de comprendre dans les bras d'infirmières, dans le bureau d'un psychiatre .... en s'efforçant de ne pas sombrer dans la folie : « Deux hommes cohabitent en moi : l'un est juif, l'autre pas. Ils ne me laissent jamais en paix ». Très court roman aussi cruel que drôle, une écriture sensible et féroce pour raconter cette quête d'identité
Commenter  J’apprécie         10
Tout commence lorsque Saül Wissermann à l'idée saugrenue de vouloir se marier à 70 ans, avec Simone 40 ans, rencontrée 3 mois auparavant lors d'une sortie organisée par les randonneurs juifs de France. Simone, vieille fille aussi vilaine physiquement que le pêché et juive très pieuse, veut une cérémonie religieuse. En foi de quoi, le couple se rend chez le rabbin en vue d'organiser le mariage.
Là les complications commencent. le rabbin, blanc bec de 25 ans, sûr de lui et fier de ses cinq ans d'études pour l'obtention de son rabbinat, s'ingénie avec insistance, à leur demander l'acte de mariage religieux de leurs parents respectifs, attestant de leur judaïté. Ce que Simone, prévoyante lui remet sans problème, alors que Saül n'a aucun papiers. Ceux-ci ayant disparus ainsi que toute sa famille dans les crématoires d'Auschwitz. de fait, Il ne peut fournir ni document, ni les quatre témoins nécessaires pour justifier de sa judéité. le mariage ne peut avoir lieu.
S'ensuit une situation kafkaïenne, ou le rabbin s'entête, et malgré les explications de Saül sur sa circoncision, sa déportation, sa récitation par coeur du Kaddish, il lui affirme qu'il n'est pas juif ! En effet, selon la loi religieuse, c'est par la mère que se transmet la religion. Ne pouvant le prouver, il est considéré comme non juif pour la loi religieuse, alors que pour la loi civile européenne et israélienne il est considéré comme juif. Suite à cette révélation, Simone refuse de l'épouser civilement et le rejette, de même que son père du domicile duquel il se fait jeter manu militari.
Désemparé, en pleine crise identitaire, Saül Wissermann se débat avec sa double personnalité. le juif et le non juif, qui s'épient et se querellent l'un et l'autre sans cesse….
Je ne vous en dis pas plus hormis que ce livre est un petit bijou. L'auteure manie la théorie de l'absurde et l'humour citronné avec brio. On s'amuse beaucoup à sa lecture.
Commenter  J’apprécie         10