C'est un roman marquant, interpellant et puissant que je donnerais à lire tous car personne ne semble complètement à l'abri. Ce roman a paru en août 2019, collant à l'actualité du #metoo et du #balancetonporc et l'histoire racontée illustre l'incertitude évoquée lors de certains viols ou agressions sexuelles.
Le violeur présumé est fils d'une famille éduquée, brillant étudiant à Stanford et qui a « tout pour lui », comme on dit. La victime est une jeune fille, jeune femme issue d'une famille juive en partie orthodoxe dont elle tente de se libérer.
L'écriture est juste, précise, affutée et intelligente. le rythme est soutenu. L'auteur nous narre les faits bruts et tour à tour, le lecteur se forge son opinion et balance d'un côté ou de l'autre des antagonistes. La narration du procès est excessivement réaliste de même que les interrogatoires, les détails psychologiques et les réactions des personnages autour de ce triste gâchis de vies. Car ce ne sont pas seulement les prévenus qui sont touchés par le drame mais, par ricochet, l'ensemble de leurs familles, carrières, raisons de vivre.
Karin
Tuil pose efficacement la question de la zone grise. A partir de quand et pourquoi peut-on dire qu'il y a ou non viol ? Elle pose également celle de la présomption d'innocence en pleine rupture sociétale et libératoire de la parole féminine quant aux violences sexuelles. Elle ne tranche pas la question et laisse le lecteur seul juge.
A mettre entre les mains de tous nos jeunes, tant filles que garçons pour les positionner face aux dangers d'une soirée alcoolisée qui peut si vite déraper. Et à lire en tant que parents pour regarder nos peurs en face.