Ce tome fait suite à
Batman Detective Comics, tome 2 : le Syndicat des Victimes (épisodes 943 à 949) qu'il vaut mieux avoir lu avant. Il comprend les épisodes 950 à 956, initialement parus en 2017, tous écrits par
James Tynion IV. Comme dans les tomes précédents, la série continue de paraître à un rythme bimensuel qui a pour conséquence la succession de plusieurs équipes artistiques :
Marcio Takara (dessins & encrage) +
Dean White (couleurs) pour l'épisode 950, Christian Duce (dessins et encrage) +
Alex Sinclair (couleurs) pour l'épisode 951, Christian Duce &
Fernando Blanco (pour les dessins et l'encrage) +
Alex Sinclair & Allen Passalgua (couleurs) pour les épisodes 952 & 953, Christian Duce +
Fernando Blanco,
Alex Sinclair + Allen Passalgua,
Marcio Takara (dessins & encrage) + Marcelo Maiolo (couleurs) pour les épisodes 954 à 956. le tome contient également une histoire de 10 pages, écrite par James Tynion IVI, dessinée par Alvaro Martinez, encrée par Raul Fernandez, avec une mise en couleurs de Brad Anderson, mettant en scène Azrael (Jean-Paul Valley) et Batwing (Lucas Fox). Il se termine avec 4 pages d'introduction à l'événement Metal, écrites par
James Tynion IV, dessinées par
Eddy Barrows, encrées par Eber Ferreira, avec une mise en couleurs réalisée par
Adriano Lucas. Suivent encore les 7 couvertures alternatives réalisées par
Rafael Albuquerque.
-
- Épisode 950 - Comme tous les jours, Christine Montclair arrive à 04h30 à l'opéra métropolitain de Gotham pour commencer à s'entraîner avant les autres. Elle se rend compte qu'une autre personne masquée se tient derrière elle, en essayant de reproduire ses gestes. Il s'agit d'Orphan (Cassandra Cain) qui essaye d'utiliser son corps à autre chose que de tuer avec efficacité. Orphan se sauve et va espionner l'entretien de Batman avec le préfet James Gordon sur le toit du building où se trouve le Batsignal.
Depuis le premier tome,
James Tynion IV a fait la preuve qu'il sait gérer une équipe, avec des menaces à la hauteur d'une telle réunion de superhéros, en montrant comment ils se coordonnent et en leur accordant un peu de temps pour que leur personnalité puisse apparaître, ainsi que ce qui les différencie les uns des autres. Cette histoire est construite un peu différemment puisque Orphan (Cassandra Cain) devient le personnage principal le temps d'un épisode. Si le lecteur a déjà lu la version de 2000/2001 dans
Batgirl Vol. 1: Silent Knight par
Kelley Puckett,
Scott Peterson et
Damion Scott, il retrouve ce qui fait la spécificité de cette superhéroïne. le scénariste sait rendre compte de son manque de confiance en elle, de son dégoût d'elle-même, et surtout de ce que sa formation a fait d'elle. Tynion IV fait exister Cassandra Cain avec un grande justesse, et en plus ce développement nourrit l'intrigue principale de manière naturelle.
Marcio Takara utilise des traits beaucoup plus épais que ses prédécesseurs sur la série, avec des aplats de noir aux formes irrégulières, et de contours parfois un peu irréguliers. Certains dessins ont une apparence bien terminée ; d'autres pages semblent plus inabouties, plus spontanées. Il sait très bien donner l'impression d'assister aux pas de danse de Christine Montclair, et la texture de Clayface donne l'impression de pouvoir toucher la boue. En outre, le lecteur n'éprouve pas l'impression de regarder des dessins précipités ou mal équilibrés. Il se rend compte que la mise en couleurs apporte énormément d'informations visuelles. Une petite vérification faite, cet épisode a bénéficié du travail de
Dean White, pour une mise en couleurs toujours aussi sophistiquée et tactile.
Ce prologue constitue une excellente surprise, permettant au lecteur de retrouver Cassandra Cain dans toute sa complexité, bien mis en valeur par l'association entre un dessinateur inégal et un coloriste incroyable. 5 étoiles.
-
- Épisodes 951 à 956 - Lady Shiva est de retour à New York. Batman est en communication avec Batwoman qui surveille l'entraînement de l'équipe dans la salle des dangers du Beffroi, avec une simulation sur la base de Penguin (Oswald Cobblepot) surarmés. Batman se dirige vers l'appartement du maire Sebastian Hady pour voir s'il va honorer sa promesse de collaborer avec lui pour améliorer la sécurité des citoyens de Gotham. Il le découvre transpercé par des épées qui le clouent au mur. Batman revient au Beffroi et va interroger, avec Batwoman, le colonel Jacob Kane qui est toujours leur prisonnier dans le Beffroi. Ce dernier évoque l'existence d'un groupe clandestin, une ligue des ombres dont l'objectif serait de déstabiliser l'ordre en place, sans jamais se faire connaître, sans revendiquer leurs actions, en les faisant plutôt attribuer à d'autres criminels. D'ailleurs, Batman, Batwoman, Clayface, Azrael, Orphan et Batwing doivent intervenir au centre-ville pour contenir un groupe d'individus qui semblent être sous l'emprise du venin du Joker.
Après l'organisation secrète de la Colonie (menée par Jacob Kane), puis l'organisation secrète du Syndicat des Victimes,
James Tynion IV introduit une nouvelle organisation secrète, mais encore plus secrète : la Ligue des Ombres. Ça ne rate pas non plus : la base secrète des superhéros à l'emblème de la chauve-souris est à nouveau envahie par une autre organisation secrète. de ce point de vue, le lecteur se dit que le scénariste commence à se répéter et pas dans ce qu'il sait faire de meilleur. D'un autre point de vue, il intègre à nouveau l'histoire personnelle d'un superhéros (Orphan) pour nourrir le scénario de manière organique, avec la présence de sa mère. Cette dernière entraîne également la présence d'un autre ennemi emblématique de Batman, de manière naturelle, dont l'intervention est logique. Il agit de manière habituelle pour lui, avec une motivation solide, et dans une situation qui introduit assez de différences pour ne pas avoir l'impression de relire une scène déjà mille fois vue.
Même si
James Tynion IV donne l'impression de répéter le même schéma que dans les 2 premiers tomes (et même le crossover Night of the Monter Men), il sait aussi concevoir des situations originales qui retiennent l'attention du lecteur et qui lui apportent un bon niveau de divertissement. Il en est ainsi de l'armée de Penguin que combattent Orphan, Clayface et Batwing dans la salle d'entraînement du Beffroi, Christian Duce réalisant une belle scène d'affrontement. Il imagine des utilisations amusantes du pouvoir de Clayface dans l'épisode 952, avec à nouveau Duce qui sait bien le mettre en scène. La scène d'explication de l'ennemi emblématique de Batman dans la Batcave se déroule de manière fluide avec Marcia Takara ayant des éléments visuels à dessiner, allant au-delà de juste des têtes en train de parler.
James Tynion IV conserve sa capacité à tisser une aventure qui ménage des moments personnels pour les superhéros, et des moments de bravoure, avec des affrontements physiques qui ont leur place, et qui ne se limite pas à remplir le quota d'action. Christian Duce prend plaisir à réaliser des cases pour rendre compte de la dimension spectaculaire du récit : le maire cloué au mur par les épées, Orphan repérant les points faibles de ses adversaires, ou encore le duel entre elle et Batman. Après
Dean White, il bénéficie du travail complémentaire de la mise en couleurs d'
Alex Sinclair, le coloriste attitré de Jim Lee, qui effectue lui aussi un travail de qualité, un peu moins consistant que celui de White.
Marcio Takara revient pour les 3 derniers épisodes, avec ses dessins plus pâteux dans les traits de contour, et de fait bien adaptés aux nombreux affrontements physiques. En particulier, le scénariste a décidé d'établir les capacités physiques d'Orphan quand elle n'est pas obligée de se retenir. Takara réussit à montrer sa force et sa vivacité avec conviction, alors même que le scénario met la dose, et peut-être même en ayant la main trop lourde. Ce dessinateur est tributaire du scénario, mais il sait montrer la détermination obsessionnelle d'Orphan, ainsi que l'efficacité des autres superhéros, et le comportement plus normal des civils. Ses pages sont également bien mises en valeurs par la mise en couleurs plus tranchée de Marcelo Maiolo, le coloriste attitré d'
Andrea Sorrentino.
La première histoire courte permet de préparer une future intrigue avec Azrael, la seconde de faire la jonction avec le crossover Metal.
Ce troisième tome de la série confirme que
James Tynion IV sait trouver le point d'équilibre pour une série d'équipe, avec à la fois des moments d'interaction, quelques passages consacrés à un personnage, et des intrigues qui trouvent leur source dans les personnages. Il montre aussi qu'il a parfois tendance à se reposer sur des schémas tout faits, donnant une sensation de répétition ponctuelle. Ces épisodes sont mis en images par de bons artisans qui sont impliqués dans leur tâche, donnant ainsi de la conviction à leurs planches.