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3,95

sur 3809 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une petite heure de lecture, agréable mais sans plus, qui prend soudain une toute autre dimension à la dernière ligne. Que d'émotion alors, j'en étais toute retournée, larmes et frissons à la clé.

Comme le souligne Arthur Koestler dans l'introduction, Fred Uhlman a écrit un récit court, mais abouti et complet, de la même façon que le peintre qu'il était faisait rentrer une oeuvre dans le cadre délimité d'une toile. C'est très impressionnant, surtout pour moi qui ai habituellement besoin de longs développements pour rentrer dans l'histoire et ressentir des émotions. Là, j'ai certes lu avec tiédeur les débuts de cette amitié délicate entre un adolescent juif et un jeune nazi dans les Années Trente, mais tout a pris du relief et de la force à la lumière du dénouement. Moi aussi j'ai eu l'impression d'un ami retrouvé.

En un mot comme en cent, j'ai beaucoup aimé ce livre, pour l'amitié, l'héroïsme et l'humanité, et le recommande chaudement, aux adultes comme aux adolescents.
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Fred Uhlman, cet artiste-auteur à la vie mouvementée, prouve par ce court récit que la qualité n'est définitivement pas liée à la quantité.

Un peu plus de 100 pages, à peine 1 heure de lecture mais quelle intensité !

Je doute que vous n'ayez pas connaissance du synopsis : Hans est le fils d'un médecin juif ; Conrad est comte, descendant d'une des plus nobles familles du Wurtemberg. Tous deux vivent à Stuttgart et étudient dans le même collège. Si leur rencontre n'a rien d'improbable - étant tous deux issus des classes aisées de la société il n'est pas étonnant que leurs chemins se soient croisés -, leur amitié était, quant à elle, moins prévisible. Pourtant, ces deux adolescents de 16 ans vont s'approcher, s'appréhender, s'apprivoiser pour finalement s'apprécier au-delà de toute mesure. Pendant un an, temps dévolu par le Destin à leur complicité, ils sont comme "les deux doigts de la main", inséparables. Leurs goûts communs, leur attirance pour les mêmes marottes et le respect mutuel qu'ils s'inspirent font d'eux les meilleurs amis du monde.

Tout serait donc idéal et charmant si nous n'étions en Allemagne, en 1932 et si un politicien autrichien, petit, agité, fanatique et moustachu, n'avait conquis l'opinion publique et le gouvernement d'une Allemagne empêtrée dans une crise économique grave et hantée par le spectre menaçant du communisme stalinien...

Tout aurait pu continuer ainsi, de façon fort bucolique, sur les verts coteaux souabes qui descendent en pente douce jusqu'au superbe Lac de Constance, sous la protection de la basilique baroque de Birnau qui étend sur les flâneurs l'ombre fraîche de ses murs roses, si l'idéologie nazie n'avait gangrené cette société lettrée et éclairée avec une telle fulgurance !

Bien sûr, le lecteur, fort de la connaissance des faits historiques qui est la sienne, se doute bien que la guerre va gravement fragiliser cette amitié en renversant les comportements. Quelle guerre n'exerce pas ce rôle de chien lancé dans un jeu de quilles ? Mais, pour autant, cette guerre va-t-elle irrémédiablement gommer tout sentiment entre nos deux protagonistes ?

La jeunesse et le manque de maturité de Hans et de Conrad, leur contexte familial respectif, L Histoire en marche... toutes ces données vont concourir à une situation qui finira dans la douleur et la souffrance. Souffrance de l'incompréhension et du rejet, souffrance de la marginalité et de la xénophobie, souffrance de la séparation.

Mais le titre de ce récit (on peut difficilement l'appeler "roman" ou "nouvelle", c'est plutôt une chronique, à rapprocher d'un journal intime même si ce n'en est pas réellement un) est tout de même "L'ami retrouvé" ("Reunion" en VO) alors, au-delà de la réalité historique, nul doute que ce soit un message d'espérance en la nature humaine que des sentiments aussi purs et puissants que l'amitié et l'amour peuvent seuls sublimer.


Challenge ABC 2012 - 2013
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Avant de me plonger dans les premières lignes de ce petit livre, je l'imagine déjà comme l'une des belles histoires d'amitié de la littérature. Hans et Conrad, deux amis fidèles pour la vie. Hans Schwarz est juif, mais bon peu importe, vit dans un univers plutôt bourgeois. A 16 ans, au lycée Karl Alexander Gymnasium de Stuttgart, il ne brille pas plus que ses camarades, mais se fait remarquer par sa solitude. Si les autres le méprisent par moment, il n'en fait guère une affaire personnelle et laisse couler les guerres personnelles comme l'eau de la Neckar qui traverse majestueusement la ville.

Un matin comme tous les autres, ou presque, le soleil plonge la ville dans les reflets de sa Neckar. Ce matin, un nouvel élève entre en scène, Conrad Graf von Hohenfels, une tête d'un blond princier, la noblesse dans ses vêtements et dans son maintien. Une cour s'affaire autour de lui à la cour de récréation, mais il n'en semble guère touché par ses marques de fausses attentions, conscient de son statut familial et de la noblesse de son sang.

Un coup de foudre dans le genre amitié. Hans et Conrad, deux adolescents qui, à priori, n'ont pas grand-chose en commun, sauf la volonté de s'isoler des autres, commencent à échanger des regards, des invitations, des silences surtout des silences. Les histoires d'amitié sont toujours belles, mais Conrad ne semble inviter Hans dans sa noble demeure que lorsque ses parents y sont absents… Un signe ? Pendant ce temps-là, les moqueries anodines devenues insultes méchantes envers Hans se font de plus en plus fréquentes. Et plus… le nazisme s'installe tranquillement au pouvoir, et dans les nobles demeures de la région.

Le nazisme, plus fort que l'amitié. Les hommes sont devenus fous. Mais ce n'est qu'une passade, ils vont revenir à la raison, se dirent les plus optimistes. le père de Hans est décoré d'une noble distinction au cours de la précédente guerre, il n'a guère de soucis à se faire, pourquoi un ancien combattant serait montré du doigt, simplement pour ses origines… Pourtant, il envoie son fils à l'autre bout de ce monde, en Amérique…

Pourquoi me suis-je mis à lire ce court roman, ou cette longue nouvelle ?
Bien sûr, j'en avais entendu parler depuis quelques années, il me faisait envie même, puis j'aime beaucoup les bières allemandes, des blanches qui ont du goût, ou des blondes qui ont du corps, en écoutant quelques vieux disques de Krautrock d'un autre temps, et je me vois bien lire et relire Hermann Hesse. Alors pourquoi pas Fred Uhlman…
Pour ce récit historique d'une justesse d'émotions, pour découvrir les prémices de l'antisémitisme à travers le regard d'un enfant, pour accompagner mon fils dans cette lecture, programme de 4ème et parce que les histoires d'amitié recèlent souvent des trésors d'humanité, ce qui semble beaucoup manquer à cette époque.
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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« L'ami retrouvé » aurait pu se résumer en une simple histoire d'amitié entre deux garçons adolescents. Une amitié forte, exclusive, qui ne supporte aucune trahison.
Ces deux-là sont comme Castor et Pollux : indissociables.

Seulement voilà. C'est l'entre-deux guerres et l'histoire se déroule en Allemagne. L'ombre d'Hitler plane.
Nous sommes en 1932 et le nazisme est en pleine ascension.

Hans Schwarz, fils unique d'un médecin, est juif.
Conrad von Hohenfels est un jeune aristocrate, dont la mère déteste les juifs.

Inutile de vous faire un dessin. Vous comprenez bien que cette amitié ne tient qu'à un fil.

C'est un roman qui s'écoule paisiblement avec des moments forts, des instants lyriques, et son apothéose finale.

Un roman à faire lire aux collégiens, aux lycéens. Sans nul doute !

(Tiens, tout ça me donne envie de réécouter la Moldau de Smetana. Ce morceau se prête magnifiquement au cours de cette histoire.)
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Ce petit roman est un bijou qu'il faut lire et faire lire,un roman où la haine viendra à bout d'une extraordinaire amitié mais où le respect,l'honneur,l'humanité, l'amour des autres auront le dernier mot,sans doute même la dernière phrase.C'est magnifique et,malgré l'horreur des propos,porteur d'un bel espoir en la nature humaine.Un livre qui vous arrache des larmes mais qui nous incite à ne jamais désespérer.
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L'amie qui m'a offert ce livre m'a dit l'avoir étudié durant sa scolarité et qu'il l'avait beaucoup marquée.

Il est fort regrettable que cet ouvrage ne soit pas dans les programmes de fin de collège au XXIe siècle. Cela permettrait peut-être à tous ces ados influencés par des adultes guère plus éclairés qu'eux ou manipulés par de malveillants illuminés, de connaître le véritable sens de mots tels que : stigmatisation, exclusion, facho, nazi, qu'ils bêlent à qui mieux-mieux s'en imaginant les victimes.

Née au début des années 50, j'ai eu la chance, moi aussi, de ne pas connaître la guerre. Mais, contrairement à la jeunesse actuelle, j'ai eu une autre chance... cette tragédie était encore trop proche de nous pour ne pas savoir que certains mots étaient lourds de sens.
Aussi modestement vivions-nous, nous n'aurions jamais osé qualifier nos petites insatisfactions par des termes dont seuls l'horreur, le sang et les larmes, justifient l'utilisation.

Cela étant, même si leur manque de discernement me consterne bien souvent, je ne leur en fait pas reproche. Nous avions nos parents, notre famille, pour nous rappeler à la décence, nous transmettre, nous faire prendre conscience que, si matériellement, ça pouvait être mieux, humainement, ça pouvait largement être pire et que, sur ce plan-là, nous avions toutes les raisons de ne pas nous plaindre.
Que leur reste t-il aux mômes d'aujourd'hui qui grandissent autocentrés, sans repères, sans références, sans histoire, comme "hors sol" ? À défaut de transmission parentale, il leur reste les livres... Malheureusement si peu d'âmes bienveillantes et responsables pour les leur proposer.

Ce petit livre-là, par exemple, 120 pages qu'ils dévoreraient, j'en suis certaine. 120 pages sur la vie d'adolescents de leur âge. 120 pages d'une histoire dont ils ne savent rien, qu'ils ne soupçonnent même pas qu'elle ait pu exister. Ils auraient tant à en apprendre. Tant à réfléchir. Tant à en dire. 120 pages qui leur feraient voir la vie, leur vie, autrement. 120 pages qu'ils n'oublieraient sans doute jamais.
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Miracle de l'amitié qui ne connaît ni frontière, ni différence de culture ou de religion, amitié vraie capable de se placer bien au-dessus de considérations politiques.

Tout les oppose : il se nomme Hans Schwarz, son ami se fait appeler Comte Conrad Hohenfels, il est issu d'une vieille famille allemande noble, son compagnon est juif Polonais.

Hans,que son origine juive condamne désormais, dans cette Allemagne où on exacerbe la haine du juif, et après maints effort pour lier amitié avec ce nouveau qui arrive dans sa classe, découvre que la famille de son ami fait partie des relations du führer.


Une histoire poignante, d'autant plus que l'auteur déclare que ce roman est pour moitié autobiographique et que toutes les scènes qui se passent au collège sont réelles.

Et l'on suivra le parcours de cet enfant juif.

Ce livre, je pensais qu'il s'adressait aux adolescents et je m'aperçois en le lisant que cet écrit ne sera vraiment lisible que par des ados effectivement, mais pas avant la troisième, non pour une question de sensibilité, car il y très peu de scènes difficiles à supporter, mais pour une question de culture générale : beaucoup d'allusions à des événements historiques, à des auteurs antiques ou de l'époque, beaucoup de récit en référence à l'art, à la mythologie. Il se dégage de ce roman, une impression que Fred Uhlman est obligé de parler d'antisémitisme tout en noyant le sujet dans la connaissance, sans doute pour éviter de tomber dans le pathos.

Ecriture admirable, on a envie de se laisser porter par ce beau texte !

Surprise à la toute dernière ligne du roman, je dois le préciser, je me suis sentie parcourue de frissons…

Une belle découverte.

Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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L'Ami retrouvé nous raconte la naissance d'une amitié entre Hans, fils d'un médecin juif allemand et Conrad, fils d'un aristocrate durant l'année 1932. Un courrier inattendu va rappeler à Hans cet épisode de son adolescence, une partie de sa vie qu'il a voulu à tout jamais oublier sur fond de montée du nazisme.

Ce récit court est fait de beaucoup d'ellipses, selon moi c'est même son intérêt principal. Hans se souvient des paysages allemands, des odeurs, des moments passés auprès de cet ami. La partie historique n'apparaît que par petites touches.

Par certains aspects, ce récit m'a rappelé la lecture de ‘Inconnu à cette adresse' de Kressman Taylor, bien que la forme soit très différente. Une histoire personnelle se mêle habilement à la grande histoire. Ce ‘retour aux sources' indispensable permet à Hans d'être enfin en paix avec lui-même.

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J'avais envie de lire ce livre depuis au moins quarante ans et j'ai toujours remis à plus tard. Ce n'était jamais le bon moment. En participant au challenge ABC, il me fallait un auteur commençant par la lettre U et ils ne sont pas très nombreux.

J'avais un peu l'impression que ce livre se méritait comme disaient les adultes quand j'étais enfant. Je prenais peut-être des risques en attendant si longtemps, le risque d'être déçue, la peur de passer à côté car je l'avais idéalisé…

Et bien, non. Ce roman correspond tout à fait à mes attentes. Fred Uhlman nous raconte l'amitié qui unit pendant environ une année entre Hans (derrière lequel se cache probablement Fred) et Conrad. Ils ont des centres d'intérêt communs : la collection de pièces de monnaie, les livres. Conrad est accepté dans la famille de Hans, où règne une certaine harmonie où les gens s'aiment, mais, chose étrange qui intrigue notre héros, jamais Conrad ne le laisse pénétrer dans la demeure familiale.

L'auteur décrit la naissance de l'amitié, la façon dont il faut l'entretenir car elle fragile, le comportement des adultes qui change lorsqu'un comte leur rend visite, leur déférence soudaine autant qu'inexplicable. Peut-on tout partager avec son ami quand on est issu d'une classe sociale différente ? Qu'y-a-t-il de commun entre une famille juive bourgeoise et cultivée et une famille noble qui n'est considérée que pour son titre.

Doit-on faire trop de concessions pour conserver intacte une amitié ? Jusqu'à ressentir de la honte quand le père de Hans appelle Conrad Monsieur le Comte avec déférence ? Peut-on éprouver parfois de la haine en même temps que l'amitié ?

Fred Uhlman décrit très bien ces familles juives présentes dans le pays depuis très longtemps, qui ne pratiquent pas et qui n'envisagent pas une seconde, pouvoir être en danger et devoir quitter ce pays qu'ils aiment, cette langue, cette culture germanique qui fait partie d'eux-mêmes et dont ils sont fiers. « Nous étions, Souabes avant toute chose, puis Allemands, et puis Juifs. »

La personnalité du père de Hans est frappante, par sa foi en la nation allemande, il banalise le danger, il ne veut pas y croire car il est partisan de l'absorption complète des Juifs, si cela peut être profitable à l'Allemagne. « Pour lui, le nazisme n'est qu'une maladie de peau sur un corps sain et le seul remède est de faire au patient quelques injections, de le garder au calme et de laisser la nature suivre son cours »

L'écriture est belle, avec ses passés simples, les mots choisis avec précision. Bien-sûr, les idées héritées du Romantisme sur l'amitié peuvent sembler désuètes voire incompréhensibles pour les jeunes lycéens actuels, tant les valeurs ont changé.

J'ai beaucoup aimé ce livre ; l'attente ne l'a pas mis sur un piédestal. Je l'ai lu en deux jours (alors que certains l'ont lu en une heure) car un parallèle se faisait dans ma tête avec la montée des intégrismes dans le monde d'aujourd'hui qui n'a tiré aucune leçon du passé (cf les révisionnistes). Je pense que la lecture de ce livre devrait être obligatoire non seulement à l'école mais chez tout un chacun pour obliger à réfléchir. Sans doute est-ce trop tard ?

Une belle rencontre donc qui rappellera des souvenirs à ceux qui lu ce livre et donnera envie aux autres de s'y plonger. J'aimerais bien trouver « La lettre de Conrad » où l'ami explique pourquoi il a participé à un complot contre Hitler.
Note 8,5/10

Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Stuttgart 1933.
Hans, 16 ans, est élève dans un lycée très côté, fréquenté par des enfants issus de milieux aisés. Lui-même est fils de médecin, d'origine Juive.
Enfant solitaire jusqu'à l'arrivée de Conrad, Hans, impressionné par l'élégance et le charisme du jeune homme fera tout pour attirer son attention et devenir son ami.
Avec des mots simples Fred Uhlman signe un magnifique roman d'amitié sur fond de montée du nazisme.
Un récit court, émouvant qui m'a tenue en haleine jusqu'à la dernière phrase.
122 pages pour sublimer l'un des plus précieux cadeaux de la vie : avoir un ami.
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