Le pitch en 2 mots... lors d'une réunion d'anciens élèves d'une promotion, un des anciens entame une expérience "scientifique" en séquestrant tout le monde et en commençant à lancer des défis mortels. Les inimitiés et les rancoeurs vont vite pourrir l'atmosphère et briser la nécessaire solidarité entre les jeunes gens.
Le scénario est assez éprouvé. Pas mal de mangas sont bâtis sur le même pitch global. Sorte de jeu de quilles, façon "Ils étaient 10", avec les morts qui s'enchaînent petit à petit. On pense au mauvais King's Game, à Monkey Peak dans un autre registre.
La réussite d'un tel scénario dépend largement de la gestion de l'atmosphère. Pas trop de morts au départ. Une lente progression des haines et des rancoeurs. Dévoiler peu à peu les tensions. Faire intervenir au compte-gouttes les événements extérieurs, antérieurs au moment présent.
C'est ce que fait très correctement
Yae Utsumi. Déjà on démarre au terme des 52 heures de séquestration et d'expériences. Tout s'est déroulé, et on récupère les survivants. Mais le lecteur ignore qui sont ces survivants. Dans le cours du premier tome, on a parfois les auditions par la police de certains élèves qui s'en sont sortis, et qui rapportent les événements, avec leur filtre, leur subjectivité. Et c'est un élément-clé de ce genre de scénario: les faits objectifs viennent s'entrechoquer avec la perception des choses par les protagonistes. Ici, c'est bien pris en compte.
Au terme du premier tome, peu de gore (c'est bien vu de l'auteur, à mon avis), juste ce qu'il faut de folie meurtrière dans le chef du "méchant". Les premiers tests et défis sont soft, mais mortels quand même. Ils en appellent à la solidarité, à l'amitié... dont on se rend vite compte qu'elle existe assez peu. Quelques événements passés viennent vite montrer que les choses ne sont pas comme elles paraissent. Et c'est plutôt bien mené. Et si certains protagonistes profitaient de l'aubaine pour régler leurs comptes avec d'autres anciens élèves...? La question va évidemment se poser. Peut-être est-elle même posée trop tôt par l'auteur, à mon avis. Idem pour le fait qu'on sache assez vite qui va jouer un rôle-clé parmis les otages. Nezu, en l'occurrence, va vite endosser le rôle du gars qui veut aider tout le monde mais à qui on va reprocher ses faux pas sans l'aider. C'est un brin caricatural, ce qui est dommage.
Le rythme est lent, oppressant. Et les personnages semblent se construire dans une certaine complexité, ce qui n'est pas plus mal. La plupart des mangas de ce genre sont rapides, gore et binaires. Ce n'est pas (encore/trop) le cas ici.