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3,73

sur 687 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Encore une fois, l'auteur nous emmène dans des contrées glacées, voire désolées, tellement la vie y semble rude pour les personnages qu'il choisit de nous présenter.
Gary et Irène, un couple d'une cinquantaine d'années habitent sur les rives d'un lac en Alaska et projettent de construire une cabane en rondins au beau milieu d'une île isolée, et ce, alors que l'hiver est déjà là et qu'Irène est de plus en plus souvent malade.
Leur fille, Rhoda, la trentaine, essaie quant à elle de s'accrocher à ses rêves d'une vie de famille idéale en dépit des interrogations du futur mari, et leur fils, pêcheur saisonnier, passe tous ses hivers à fumer des joints.

Nous les regardons se débattre contre leurs sentiments, leurs angoisses et surtout contre les éléments, dans cette région où la nature peut être très hostile si on ne la respecte pas.
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On n'avait pas cédé aux sirènes de Sukkwan Island, le précédent roman de David Vann : trop d'engouement, trop de ferveur sur les blogs, l'effet de mode nous avait paru suspect.
Mais on ne pouvait pas bouder trop longtemps et le pitch de son second roman, Désolations, semblait prometteur.
Au fin de fond de l'Alaska, Gary et Irene sont à la retraite, leurs gosses élevés et devenus adultes.
Gary n'a plus qu'une obsession : construire sa cabane sur Caribou Island (c'est le titre en VO), l'île perdue au milieu du lac en face de chez eux.
Irene est prête à la suivre, tout, même la folie de Gary, plutôt que d'être abandonnée à nouveau (elle ne s'est jamais remise de la fuite de son père et de la pendaison de sa mère).
Dès les premières pages tout est dit : on sait qu'on va accompagner ce vieux couple finissant dans une lente mais certaine descente aux enfers, jusqu'à un dénouement qui ne pourra être que tragique.
Bientôt Irene sera prise de maux de tête terribles, qu'on devine psychosomatiques. Tous deux s'entêtent, chacun de son côté, Gary à bâtir sa cabane de travers, Irene à ne pas le lâcher pour ne pas lui laisser l'occasion de la planter sur la rive.
Et pour être sûr que cette histoire soit vraiment terrible, David Vann va nous emmener chez lui en Alaska.
Un pays de désolation. Pluies, neiges, vents et moustiques. Un pays de pêcheurs : à la ligne ou au chalut, mais David Vann ne nous donne certainement pas envie d'aller pêcher le saumon avec eux ! Rien à voir, par exemple, avec la pêche de la truite à la mouche dans le Maine où nous conviait William G. Tapply (dans la même collection). le Maine c'est quand tu veux, mais l'Alaska sûrement pas !
Autour de Gary et Irene, leurs deux enfants qui sont restés à proximité : le fils Mark plante de la marie-jeanne dans son jardin, Rhoda quant à elle rêve d'un mariage avec un riche dentiste qui court le jupon. On se dit qu'ils ont des excuses, ils vivent en Alaska.
Voilà pour l'histoire et son décor.
Reste le bouquin de David Vann : passées les premières pages, c'est terrible. On dévore ce bouquin à vive allure, impossible de le reposer, c'est pire qu'un polar. L'obsession de Gary, pourchassé par les muets reproches de sa sorcière de femme, est devenue la notre. On partage les affres d'Irene qui s'obstine à sauver son couple et à suivre son abruti de mari. Tous les personnages, couple, enfants, conjoints, sont attachants, épais et vrais. On croit prendre parti pour l'un ou l'autre, on aimerait bien s'identifier à quelqu'un, ne serait-ce qu'un demi-héros, mais le chapitre suivant le dépeint sous un jour encore plus sombre et plus désolant. Même Rhoda la fille qui nous paraissait longtemps bien sympathique.
David Vann écrit là où ça fait mal. Et il écrit bien. Vraiment très bien.
Lien : http://bmr-mam.over-blog.com..
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Irène et Gary sont un couple à l'aube d'une nouvelle étape: ils ont eu deux enfants, devenus adultes, ont mené une vie de couple avec ses hauts et ses bas, mais là, Gary a décidé de réaliser le rêve de sa vie: bâtir une cabane sur une île du lac au bord duquel ils vivent, en Alaska, et y habiter "à la dure". Irène le suit plutôt contrainte et forcée, affaiblie par d'étranges migraines. Un ressentiment mutuel va se manifester entre les époux, elle, car elle voit bien le manque de préparation dans ce projet, forcée d'obéir sans discuter, lui, frustré par la faiblesse de sa femme, à qui il reproche de ralentir son travail.
Un hiver précoce fragilise encore plus cette entreprise, et on se retrouve à assister, impuissant, à la dure prise de conscience de leurs limites.
En parallèle, on suit aussi les atermoiements des deux enfants du couple, car chez David Vann, on est quasi constamment dans le désespoir, et les rancoeurs. J'ai encore une fois beaucoup aimé la montée en tension très maîtrisée, les descriptions de la nature hostile qui nous laissent presque transis, la galerie de personnages désabusés, tourmentés par l'insatisfaction. L'univers de David Vann: un puits sans fond, noir, dans lequel je m'engouffre avec plaisir !
Lien : https://instagram.com/danygi..
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A peine un an après la parution de Sukkwan Island, nous retrouvons David Vann avec un roman qui à première vue lui ressemble beaucoup. Caribou Island, le titre original que j'aurais volontiers conservé, accentue encore un peu cette ressemblance. le cadre est le même : l'Alaska et ses îlots. Les thématiques sont proches également, puisqu'il s'agit encore d'un rêve de pionnier, d'une histoire de famille, et d'un suicide qui cette fois survient dés la première page. Mais Désolations est aussi très différent et surtout plus abouti.

Dans Désolations, plusieurs histoires s'enroulent autour de l'histoire principale. le coeur du roman est l'histoire d'Irène et Gary qui tentent désespérément de construire leur cabane, malgré les tempêtes et les réticences d'Irène. Autour de ces deux personnages principaux, gravitent ceux de leurs enfants et leurs conjoints. Leur fils Mark, bien qu'habitant tout près, a pris beaucoup de distance par rapport à sa famille et est de ce fait un personnage secondaire. En revanche leur fille Rhoda, très proche de sa mère, est un personnage très important du roman, aux côtés de Jim, son conjoint. Rhoda rêve de mariage jusqu'à l'obsession et refuse de croire au délitement du couple de ses parents. Enfin deux vacanciers, Monique et Carl, vont croiser la route de Mark, Jim et Rhoda…

La nature de David Vann rappelle celle des littératures scandinaves, une nature menaçante mais à laquelle l'homme ne peut résister à se confronter. le lecteur chemine dans Désolations conscient de tous les dangers : la tempête, le froid, les ours… la maladie d'Irène, son « héritage », l'amour-haine qui la lie à Gary… Il sait qu'un drame va se produire, la catastrophe est inéluctable. Mais quel drame ? Quand ? Comment ? Comme un plaisancier pris dans la tempête, le lecteur sent son angoisse monter à mesure que l'étau se resserre autour des personnages. Pour cette raison, Désolations est de ces romans que l'on ne peut lâcher.

La fin du roman laisse le lecteur anéanti. Ce qui arrive finalement est pourtant d'une évidence absolue. Mais la circularité du roman, d'un pessimisme inouï, achève le lecteur. Pas de grands effets pourtant chez David Vann, une écriture très sobre, mais une construction diabolique et une histoire qui renvoie chacun à son propre parcours de vie. Magistral !
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Après 30 ans passés dans la péninsule de Kenai, en Alaska, Irène et Gary, tout juste retraités, se lancent dans la construction d'une cabane en bois, sur l'île isolée de Caribou, dans lac de Skilake où ils ont vécu avec leurs deux enfants, Rhoda et Mark, maintenant adultes.
Mais avec David Vann qui nous a déjà éprouvés avec Sukkwan Island et sous un titre comme Désolations, on comprend vite que ce ne sera pas une simple partie de plaisir et l'expédition oscille entre dépassement de soi et bilan d'une vie, et finit par ressembler à un chemin de croix.
Cette histoire est avant tout une réflexion sur le couple et la vie à deux. On y retrouve des couples qui se construisent dans l'illusion et l'apparence, d'autres qui se délitent par manque d'amour ou par l'usure du temps. de promesses en faux espoirs, de trahisons en ruptures, seule la solitude semble émerger de toutes ces relations, et si le fond de l'histoire est émouvant, il est aussi très dérangeant.
De sa superbe écriture, hypnotique et poétique, David Vann livre un récit qui nous plonge dans l'abîme des relations humaines et nous entraine dans ses profondeurs, déconstruisant tout sur son passage, comme un tsunami émotionnel qui ne nous fera plus jamais voir le couple de la même façon.
Absolument passionnant, un très grand roman.
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Si c'est le troisième roman de David Vann que je lis, Désolations est le deuxième qu'il a écrit après le terrible Sukkwan Island. Un roman qui se déroule lui aussi dans le froid et la rudesse d'un petit bourg de pêcheurs en Alaska. On suit en parallèle les vies de couples où chacun se retrouve en fait dans sa propre solitude. Pas d'enchantement ni d'espoir en vue, on suit chez les personnages les désillusions et les rancoeurs accumulées et au départ encore contenues qui finissent pourtant par menacer d'exploser.
La nature y est dépeinte comme hostile et désolée, tout comme les âmes des personnages qui ne sont guidés que par la désillusion, l'égoïsme ou la fatalité.
Rien de bien gai dans ce roman, on pressent rapidement la tragédie à venir et une partie de l'intérêt est d'assister à la manière dont les événements vont finir par totalement basculer. le style est très réussi, sans coup de théâtre ravageur comme dans Sukkwan Island mais c'est un roman fort et marquant sur des personnages perdus dans leur couple et dans leur vie, au milieu d'une nature magnifique mais impitoyable.
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Parfois, comme c'est le cas pour moi en ce moment, t'as envie de tout lire d'un auteur. Et puis tu te dis aussi qu'il faut alterner, parce que tu vas finir par ne plus raisonner qu'à travers ses écrits à lui, et que tu vas passer à côté d'autres livres, que tu ne vas plus savoir lire autrement qu'à travers un prisme qui va déformer ta vision de la littérature.
Je suis clair, là ? Pas trop en fait.
Je veux simplement te dire que si tu as eu l'impression que je référençais systématiquement mes lectures aux bouquins de David Vann, je peux pas te dire que c'est totalement faux. Mais je les référence aussi à travers d'autres auteurs, ceux que tu as pu découvrir à travers les mots que je te file régulièrement. En fait, je me réfère à ceux qui m'ont bousculé, ceux qui m'ont fait marcher dans la neige avec eux, et David Vann en fait partie. Mais juste partie.
Voilà, ça c'est fait.
Jusqu'à présent, j'avais un peu tendance à penser, comme plein de gens sans doute, que quand tu lis David Vann, tu prends le risque le risque de basculer du côté obscur de la vie. Tu prends aussi le risque de te retrouver marchant dans la neige au fin fond de l'Alaska à te demander ce que tu fous là, et que finalement, t'aurais mieux fait de rester sur ton canapé, dans ton salon, au bord de la mer ou dans ton jardin. Pourquoi ?
Parce que l'Alaska, ça caille grave. Parce que l'Alaska, c'est le contraire de la plage de sable fin et du soleil qui te bronze doucement la peau si tu as pris la précaution de rester à l'ombre pour ne pas devenir rouge carotte comme ces gens qui croient que c'est un moyen de montrer à quel point on est beau et qu'on a réussi parce qu'on est parti en vacances au bord de la mer…
Un peu, donc, comme si les personnages racontés dans ses romans n'étaient que les morceaux embryonnaires d'une vaste conspiration où l'humain va finir par disparaître, avalé par ses propres peurs, et puis par la nature qui va en avoir assez de ses conneries. Parce que la nature, elle est beaucoup plus balèze que toi, que moi, et que tout le monde. Surtout la nature alaskienne. Elle rigole pas la nature alaskienne. Quand il fait froid, là-bas, c'est du vrai froid qui fait mal aux dents.



La suite, sur le blog...


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L'histoire est d'une cruauté sans nom, comme dans "Aquarium" ou "Sukkwan Island" : c'est ça qui me plaît. Il est vrai que les personnages ne sont guère plaisants. On a très envie de les secouer et de leur donner de multiples paires de gifles pour les réveiller ou les raisonner tout simplement. Verrait-on ça dans la vraie vie ? Difficile à dire mais justement ! La lecture des romans est intéressante pour cette raison : nous secouer et David Vann y arrive toujours merveilleusement bien. Bon, sauf dans son dernier roman complètement nul à mes yeux et que je n'ai pas su terminer "L'obscure clarté de l'air". Celui-ci est tout autre et me donne envie d'en lire encore et encore pour me repaître de la médiocrité crasse de ses personnages.
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Après le choc de son premier roman Sukwan Island, c'est sur Caribou Island que nous entraîne David Vann dans Désolations, un autre îlot désert en Alaska.

Gary et Irène s'apprêtent à déménager sur Caribou Island. Mais avant cela, ils vont construire eux-mêmes leur nouvelle habitation. Ce sera une cabane en rondins. Gary a tout décidé et Irène le suit, bon gré mal gré. L'absence de préparation, de plan et de conseils fait partie du jeu. C'est un rêve de pionnier. Gary veut construire sa cabane sur Caribou Island comme s'il était le premier homme à découvrir l'Alaska. Mais son couple bat de l'aile et Irène souffre d'inquiétants maux de tête. Rhoda, leur fille, désapprouve leur projet. Et quelque chose nous dit dés que le début que ça va mal finir…

Gary et Irène sont les parents de Rhoda, la seconde femme de Jim, le personnage principal de Sukkwan Island. La tragédie familiale racontée dans Désolations était déjà annoncée brièvement dans le premier roman de David Vann, dont l'action est postérieure. Il est vraiment dommage de ne pas avoir conservé le titre original Caribou Island, si proche du titre précédent de David Vann. La ressemblance entre les deux romans est pourtant bien réelle. David Vann creuse le même sillon au risque au de se répéter. Mais les inconditionnels de Sukkwan Island ne sont pas mécontents de retrouver le même univers et sont justement curieux de la manière dont David Vann va réussir à reprendre le thème de la cabane en Alaska pour malgré tout raconter autre chose. Plus dense, Désolations combine quatre histoires de couple qui interférent les unes avec les autres. Ce deuxième roman est tout aussi fort que le premier et peut-être même plus abouti, son écriture plus travaillée, sa construction irréprochable. Sa fin, rendant le roman presque circulaire, est effroyable. Un deuxième coup de coeur !

Lien : http://liresurunbanc.wordpre..
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Après avoir lu Sukkwan Island que j'avais adoré, il était logique que je poursuive avec cet auteur !!!

Comment résumé ce livre ? L'histoire est simple mais il y'a tellement d'angoisses, de noirceurs. Un mal être prend de l'ampleur au fil des pages. Un couple marié depuis de nombreuses années et se retrouve nez à nez lors de leurs retraites.

Cela commence tout de suite en pleine tempête, le même paysage glaciaire que dans Sukkwan Island mais bien plus détaillé. L'Alaska, pour sûre je n'irais pas y vivre !
Les deux personnages principaux, Irène et Gary sont mariés depuis de nombreuses années. Irène est une institutrice de maternelle tout juste à la retraite et se retrouve à vivre chez elle, avec un homme, son mari Gary...
De leur union ils ont eu deux enfants ; Rhoda, vétérinaire, qui est à l'écoute et toujours au petits soins et inquiète pour ses parents.
Puis Mark, pêcher, qui lui ne se préoccupe pas de ses parents et préfère fumer des joints avec sa copine et faire des virées avec les copains.
Rhoda est en ménage avec Jim, dentiste, elle l'aime et souhaite se marier avec lui. Mais est-ce la même chose pour Jim ? Jim se pose énormément de questions. Une crise de la quarantaine ! Entre eux deux, rien ne va être simple et joyeux... Autant continué ainsi...
Entre temps il y aura un jeune couple de touristes, Monique et Carl. Quelques personnages font leur apparition mais tout tourne autour d'Irène et Gary.


Irène a d'horribles migraines et après différentes visites chez des médecins, rien n'est trouvé, ce qui n'arrange pas les tensions entre elle et son mari. Irène se rend compte qu'elle ne connait pas cet homme qui est son mari, c'est un étranger. Elle se pose beaucoup de questions sur son passé, le fait d'avoir retrouvé en rentrant de l'école, sa mère pendu.
Gary, lui, ne pense qu'a construire une cabane sur une ile déserte mais il n'anticipe pas suffisamment que ce soit au niveau matériel mais aussi au niveau météorologique. Sa cabane ne deviendra pas la cabane de ses rêves comme à l'image de son mariage, de sa vie entière.

Une femme mal ou pas aimé, un homme égoïste et insatisfait. Des couples tous en dérive et au bord de la rupture ? Où est-ce que cela mène ? Tout simplement en une fin dramatique.

Un livre à lire !
Lien : http://masatgiera.blogspot.c..
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