Judith, qui vit avec sa mère, se fait faucher dans sa prime adolescence. Par qui et pourquoi ? C'est le mystère qu'elle essaye d'élucider ne gardant aucun souvenir de l'événement l'ayant fait passer l'arme à gauche.
Cette petite nouvelle arrive en quelques pages à vous remuer et à vous faire ressentir un puissant sentiment de mal-être. Il faut dire que l'histoire est sombre et cynique à souhait ! Il est certain que si vous êtes un humaniste dans l'âme, vous risquez de ressortir de votre lecture quelque peu chamboulé dans vos certitudes.
Dans ce récit, aucun être humain n'est sympathique ni courageux ni à plaindre, même pas la victime. Alors oui, au début, je n'ai pu que plaindre cette jeune fille qui se fait tuer sans ménagement, et dont le corps souffre de la bassesse humaine même lorsque le dernier souffle de vie le quitte. Néanmoins, au fil de la lecture, son cynisme que j'ai d'abord apprécié a fini par m'agacer d'autant que Judith se révèle plutôt antipathique. Si l'on comprend sa condescendance envers sa mère, sa méchanceté envers sa meilleure amie me semble plus discutable… Bref, Judith est un personnage ambivalent dont vous ne pourrez que regretter la mort (personne ne mérite de mourir si jeune), mais dont vous vous demanderez si finalement, ce n'est pas une bonne chose pour son entourage ou les personnes qu'elle côtoyait.
Je vous rassure, ce n'est pas parce que je n'ai pas aimé Judith que je n'ai pas pris plaisir à lire son histoire. C'est juste que c'est le genre de personne qui génère des sentiments contradictoires chez le lecteur, ce qui est, du moins pour moi, une excellente chose. Personne dans la vie n'est tout à fait ange ni tout à fait démon. Amélia a donc réussi à retranscrire cette dualité qui est présente en chacun d'entre nous même si clairement, la lumière n'est pas ce qui nous aveugle chez Judith.
Mais avec une telle mère, peut-on être une adolescente épanouie et aimante ? C'est là un débat entre déterminisme et acquis dans lequel je ne me lancerai pas, mais force est de constater que l'environnement dans lequel a grandi notre protagoniste n'est pas des plus sains et des plus sereins. Sa mère, ou plutôt sa génitrice, son comportement étant à des années lumières de celui d'une mère aimante et responsable, n'est pas vraiment un exemple à suivre. Entre addiction à des substances illicites et au sexe, elle offre plus l'image de la déchéance que de l'amour maternel…
Quant à la plume de l'auteure, elle est incisive et percutante à l'image de Judith. le récit se lit donc très vite que ce soit en raison de son nombre de pages ou du style de narration très direct. Pour autant, ce n'est pas une nouvelle que je conseillerais à tous, car Amélia met en scène des personnages malsains avec d'un côté une victime qui se fait bourreau, et un bourreau dont on ne sait pas grand chose si ce n'est qu'on ne souhaiterait vraiment pas croiser sa route et encore moins, se retrouver seul avec lui.
Nouvelle oblige, la psychologie des personnages n'est pas très développée, ce qui ne permet pas de comprendre les motivations profondes de ce tueur qui a d'ailleurs une particularité originale. J'avoue que je n'ai pas trop su saisir si son envie de cracher sur ses victimes était seulement le symptôme d'un esprit dérangé ou si cette pratique revêtait un caractère plus ou moins symbolique… Est-ce que c'est une manière pour lui de souiller ses victimes ou de leur rendre un hommage comme l'on jetterait de la terre sur un cercueil ? Je serais curieuse de découvrir votre propre interprétation si vous vous laissez tenter par la nouvelle. Amélia a accepté de m'éclairer sur ce point, mais je n'en dirai pas plus pour ne pas gêner votre propre réflexion sur le sujet… Si, comme moi, à l'issue de votre lecture, vous désirez comprendre ce que le comportement de ce fanatique des crachats cache, n'hésitez pas à contacter Amélia notamment sur sa page FB.
Enfin, je sais que vous êtes nombreux à abhorrer le format nouvelle, mais j'ai trouvé qu'il était parfait pour ce récit. Un roman avec une atmosphère aussi malsaine m'aurait paru difficile à supporter. A l'inverse, ce format plus court rend l'histoire supportable, intense certes, mais supportable même pour les lectrices comme moi peu coutumières de ce genre de récit.
En conclusion,
le fanatique des crachats est une nouvelle à l'image de son titre : aussi intrigante que dérangeante. C'est le genre d'histoire qui n'a pas besoin de longs développements pour faire réagir le lecteur et le plonger dans une ambiance presque poisseuse. A réserver donc aux personnes prêtes à lire des récits sombres hantés par des personnages inquiétants et baignés de violence et de sexe.
Lien :
https://lightandsmell.wordpr..