- Monseigneur, j'ai pensé que la charité devait avoir le dernier mot. Après tout, cette statuette, ce n'est rien : un morceau de bois sculpté et mal sculpté pour mon goût et celui de mes paroissiens et paroissiennes. Je l'ai transformé en quelque chose de vivant et même de divin, qui est le bonheur des bonnes gens auxquelles j'ai pu apporter quelques secours depuis trop longtemps attendus. Le Bon Dieu, celui qui n'est pas en bois et qui ne date pas du XIIIe siècle, car il est éternel, le vrai Bon Dieu ne doit pas m'en vouloir d'avoir ainsi tiré parti de son image, d'autant qu'il ne la trouve certainement pas ressemblante : pas possible qu'il soit si moche que ça !
C'est vrai, j'ai été un peu fort. J'ai dit, à propos du dernier mandement de Votre Grandeur sur la toilette des femmes à l'église, que le Bon Dieu préférait voir chez lui de jeunes et jolies chrétiennes, même décolletées, que tant de vieilles toupies collet monté dont la dévotion vient trop tard pour que ça lui fasse plaisir. Le Bon Dieu n'a pas assez de succès auprès des femmes qui font honneur à sa fabrication...
Et les grands chefs sont toujours moins durs que les petits.