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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est un témoignage poignant écrit par Simone Veil, survivante de l'Holocauste et figure politique importante en France. Simone Veil nous raconte son expérience déchirante dans le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau durant la seconde guerre mondiale. Elle partage ses souvenirs d'horreur, de souffrance et de perte, mais aussi de courage et de résilience. C'est le récit remarquable d'une femme qui c'est battu pour la cause des femmes et qui a marqué l'histoire à tout jamais.

Cette lecture restera à jamais graver dans ma mémoire.
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Poignant.
Ce témoignage m'a beaucoup retourné. On a beau en apprendre tant qu'on peut sur la Shoah, la vie dans les camps... Les mots des survivants, c'est vraiment différent. Et encore ce n'est rien, car ce qu'ils ont vécu reste inimaginable. Mais au moins à défaut de l'imaginer peut on tout faire pour ne pas oublier.
C'est la lecture de Adieu Birkenau, le témoignage de Ginette Kolinka mis en BD, qui m'a donné envie d'enchaîner avec ce livre qui était dans ma pile à lire. Les histoires se croisent évidemment puisque les deux femmes étaient ensemble dans le camp de Birkenau et se connaissent.
L'expérience de lecture est très différente et j'aime à penser ces deux ouvrages complémentaires. le témoignage de Simone Veil est plus complet, l'avant est pris bien plus tôt, le pendant est plus complexe car elle a un parcours un peu plus compliqué, mais surtout l'après y est raconté aussi. le juste après et le longtemps après. Et c'est essentiel car c'est loin de ce qu'on pourrait s'imaginer, même en sachant les difficultés rencontrées par les déportés juifs à la sortie des camps, ce n'est pas assez. Simone Veil raconte bien plus longtemps après et son parcours professionnel et politique y est aussi résumé et raconté sous le spectre de la déportation et l'antisémitisme qui ont évidemment joué un rôle majeur durant toute sa vie.
J'ai particulièrement aimé la discussion avec Marceline Loridan-Ivens que j'ai trouvé très touchante.

À lire donc, je recommande d'avoir le coeur bien accroché, ce n'est pas une lecture dont on ressort indemne.
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David Teboul retranscrit plusieurs entretiens avec Simone Veil, ainsi que des rencontres auxquelles il lui a été donné d'assister, mettant en présence Simone et sa soeur Denise (ancienne résistante), Simone et Marceline Loridan, Simone et Paul Schaffer.

Simone Veil, puis Simone et ses proches, évoquent leurs souvenirs.

Dénonciation. Arrestation. Déportation. Déshumanisation.
Famine. Froid. Promiscuité. Humiliations. Injustice. Maladies. Vermine. Corvées. Survie.
Parfois, au milieu de tout cela, un éclair d'humanité, une main tendue, un sourire.

Plus tard, la solitude et la difficile reconstruction.
Une vie qui plus jamais ne pourra être « normale ».

Simone Veil raconte également ses débuts en politique et sa peur de ne pas être légitime. Ce qui ressort de ces entretiens, ce sont sa ténacité et sa droiture. Simone Weil n'a jamais renoncé à ses convictions, même après avoir essuyé moqueries et propos antisémites.

L'auteur s'efface totalement, laissant au lecteur l'impression d'être dans un coin de la pièce, témoin direct du récit de Simone. Ce parti pris narratif, parsemé de petites digressions et même de quelques répétitions, confère à ce témoignage des accents de sincérité, d'humilité et de spontanéité.

Simone ne se pose pas en victime. Dans ses mots, aucune rancoeur ni désir de vengeance. Seulement la dignité d'une femme qui, en butte aux pires humiliations, a toujours su garder la tête haute. Une femme au destin « hors normes », qui de part son histoire et ses combats ne peut qu'inspirer le plus grand respect.

L'ouvrage est enrichi de photographies montrant les parents de Simone, Simone enfant puis adolescente (donc avant et pendant la guerre), seule ou aux côtés des membres de sa famille, ainsi que Simone adulte au moment des rencontres avec Denise, Marceline et Paul.

L'aube à Birkenau est une histoire bouleversante (car elle n'en est pas une…) qu'il convient de ne jamais oublier.
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Après lui avoir consacré un documentaire à la fin des années 90, David Teboul a enregistré au fil des ans, plus de 40 h d'entretiens avec Simone Veil. de leurs rencontres est née une réelle amitié.

Ce livre bouleversant restitue le récit de Simone Veil sur son enfance, sa déportation, son retour des camps, la mémoire et l'antisémitisme, et l'impact des événements sur ses engagements ultérieurs , notamment la cause des femmes.

Il restitue aussi les dialogues entre Simone Veil et sa soeur aînée Denise, déportée comme résistante, puis ceux avec Marceline Loridan-Ivens et Paul Schaeffer, ses anciens camarades de déportation.

La partie heureuse de son enfance, a vite été balayée par la guerre, la déportation, l'éclatement de la famille et le sort atroce réservé aux juifs. Elle n'avait pas 16 ans lorsqu'elle a plongé dans l'enfer des camps, a Birkenau puis a Bobreck.

Par tout ce qu'elle a vécu ou vu, et par le regard qu'elle porte sur cette période et sur celle qui a suivi, cette femme d'exception, nous exhorte à ne jamais oublier ce que 6 millions d'humains ont subi au seul motif qu'ils étaient juifs….

Un récit bouleversant et digne d'où n'émerge aucune plainte ni sentiment de haine. Respect pour cette grande dame.

L'intimité entre Simone Veil et David Teboul a été telle que les enfants de Simone lui ont confié la cérémonie du Panthéon.

📌 …. « Il ne m'est pas possible de dissocier le souvenir sans cesse présent, obsédant même, de 6 millions de juifs exterminés pour la seule raison qu'ils étaient juifs, 6 millions dont furent mes parents, mon frère et nombre de mes proches. Je ne peux me séparer d'eux. Cela suffit pour que, jusqu'a ma mort, ma judéité soit imprescriptible. le Kaddish sera dit sur ma tombe. »
Simone Veil
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C'est un livre assez émouvant grâce à toutes les photos qui l'illustrent. A la différence de "Une vie" (autre Bio de Simone Veil) cet ouvrage tient plus de conversation entre vieille connaissances qu'en un récit pur et dur.
La conversation avec sa soeur fait penser a une réunion de famille, on évoque certains souvenirs plus que d'autres, et toujours avec bienveillance.
Les deux autres conversations sont des retrouvailles avec des "amis des camps". Je trouve qu'il faut une force de caractère incroyable pour se faire des mais et avoir des souvenirs heureux dans ce genre de circonstances.
Mon passage préféré est avec le courageux Paul 😊
J'ai vraiment passé un très bon moment avec ce livre, et je sais que je me répète, mais Simone Veil était vraiment une grande dame qui a vraiment toute sa place au Panthéon
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Simone Veil revient ici sur son passage dans le camp de Birkenau et de Bobrek, sur la longue marche qui a suivi, sur son retour à la "vie normale", sur les liens tissés avec d'autres détenus.
David Teboul retranscrit ici sa rencontre avec Simone Veil. Il évoque aussi les rencontres auxquelles il a participé entre Simone Veil et sa soeur Denise, entre Simone Veil et Madeleine Loridan-Ivens et entre Simone Veil et Paul Schaffer. Lors de ses rencontres, chacun évoque ses souvenirs. le lecteur a vraiment le sentiment d'être témoin de ces conversations, en spectateur neutre. Ici pas de regrets, pas de larmes, pas de rancoeur ni de désirs de vengeance. Malgré le thème, cet écrit est presque serein...
En tant que lectrice, Mme Veil m'inspire le respect, dû à son histoire, à ce qu'elle a accompli par la suite, mais surtout par sa façon d'être, cette dignité qui semble se dégager naturellement de tout son être.
Merci pour ces témoignages, merci à toutes les personnes qui ont participé à ce livre.
Je me suis toujours demandé comment certains déportés ont pu survivre à cette époque, comment ile ont pu aussi vivre après cela. Au fil de mes lectures, j'en arrive à penser qu'il n'y a pas de réponses; Ils n'ont pas eu le choix... Ils ont survécu, ont continué à se lever le matin et ont chacun vécu leur vie comme ils ont pu... sans peut-être se poser la question du pourquoi...
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Un livre très intéressant (à mi-chemin entre mémoires, biographie, et album photos commenté) qui donne à découvrir une Simone Veil enfant, jeune fille, femme puis femme politique.
J'ai été particulièrement touchée par le ton de la conversation qui ressort dans l'écriture, et pour cause, puisque qu'il s'agit de la retranscription d'entretiens menés entre Simone Veil et David Teboul, photographe, réalisateur de films documentaires et écrivain. le style est simple et fluide. On a vraiment le sentiment de partager l'intime de cette grande dame (dont pour ma part je ne partage pas les idées politiques mais qui a tout mon respect pour son vécu, son combat politique en faveur de l'IVG, et sa droiture).
Un livre sensible donc et touchant quand elle évoque sa fascination pour sa maman, ses liens avec ses soeurs, la perte de son père et de son frère, ses souvenirs de la déportation, et son difficile retour à la vie dans une France qui n'a que faire de ce qu'ont vécu les Juifs et qui se désintéresse totalement de leur devenir.
Un livre sensible et touchant quand elle dialogue avec sa soeur Denise (ancienne résistante et déportée "politique" car elle avait caché son vrai nom) et nous fait partager ses photos de famille, quand elle se lâche aux côtés de Marceline Loridan, son amie rencontrée à Auschwitz-Birkenau (dont j'ai également lu le témoignage d'ancienne déportée) ou revient avec Paul Schaffer sur les quelques mois passés au camp de travail de Bobrek où elle travaillait pour l'usine Siemens.
Des voix multiples mais unanimes pour dire l'indicible avec une grande pudeur tout à l'honneur de ces personnalités.
La colère, elle s'exprime à plusieurs reprises, chez ces anciens déportés, non pas tant en direction de leurs bourreaux d'hier auxquels ils n'ont rien pardonné, mais plutôt en direction de leurs contemporains d'aujourd'hui. Tous trois sont en effet douloureusement effarés de constater que l'expérience de la Shoah telle qu'elle a été vécue et relatée par les historiens et les victimes n'a hélas pas permis de mettre un terme à l'antisémitisme... Ils sont tous trois outrés de constater que certains relaient, sans complexe aucun, encore aujourd'hui, des thèses outrancières prônant la domination d'une race sur une autre (ou encore d'une religion sur une autre).
Triste constat donc et sentiment désabusé d'échec pour la femme politique qu'a été Simone Veil.

Seul bémol : le corps de caractère choisi par l'éditeur (vraiment trop petit) et les pages de commentaires de la plume David Teboul écrites en rouge. Des choix graphiques qui gênent vraiment la lecture.

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Je tiens un compte instagram sur lequel je publie mes chroniques littéraires : labibliothequedepam

« Aujourd'hui, lorsque les gens vont à Birkenau ou à Auschwitz, ils voient l'étendue des baraquements, ils observent un certain nombre de choses, mais on est loin de la transmission d'une expérience. Lorsque les jeunes disent qu'ils « imaginent », ils n'imaginent rien du tout. Cela reste inimaginable. »

C'est avec beaucoup de pudeur et de retenue que Simone Veil s'est confiée à David Teboul sur son expérience de la déportation et des camps de concentration. David Teboul fasciné par cette grande dame digne et remarquable a recueilli le récit de Simone Veil et s'est fait le témoin de ses échanges avec sa soeur Denise, son amie Marceline Loridan-Ivens avec qui elle a partagé une partie de sa vie dans les camps et Paul Schaffer, un autre camarade rencontré dans le camp de Bobrek.

Entrecoupé de photos de famille et d'archives, ce recueil nous livre un témoignage bouleversant, captivant et intense, qui ne laisse pas indifférent. Un récit criant de vérité qu'on ne peut lâcher tant qu'on ne l'a pas terminé tant il est poignant.

Ce livre ne nous apprend rien de plus que ce que l'on ne sait déjà, Simone Veil ne fait aucune révélation, mais se livre sans retenue, elle habite le livre et c'est en cela qu'il est si singulier.

Derrière les mots de Simone et de ses interlocuteurs, on devine l'émotion, malgré une retenue qui peut être assimilée à une forme de détachement, une expérience qui les aura à jamais marqués et qui aura façonné leur existence, elle-même dit que sa vie d'adulte n'aurait pas été la même sans.

Cette lecture a été un moment suspendu dans le temps, un instant durant lequel l'on s'échappe du présent pour essayer de comprendre la terreur, l'inimaginable, cette impression d'être l'interlocuteur privilégié de Simone Veil ne nous lâche pas jusqu'à la fin.

Un livre que je ne peux que conseiller.

« Celui qui sauve une vie sauve l'humanité entière » Proverbe Juif
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Dans les camps, des barbelés les enfermaient à l'écart du reste du monde. Rescapés, une barrière est restée. Une séparation persiste entre ceux qui ont connu cette funeste expérience des camps de la mort et les autres. Il y avait ceux qui étaient dedans et les autres nous dit George Semprun dans le grand voyage. Les premiers savent que nul ne peut envisager, imaginer et même croire à cette vie hors du temps, hors de l'humanité. Mais au-delà de ce souvenir de l'enfer, l'amertume qui assombrit la renaissance à la vie des rescapés est de constater, de déplorer que leur expérience ne rend pas le monde meilleur.

Voilà un ouvrage auquel nul ne peut rester insensible. Emotion pure que les paroles retranscrites par David Teboul dans ce recueil d'entretiens en forme de témoignage de la part de cette grande dame dont la gravité nous troublait lorsqu'il nous arrivait de la voir à l'écran : Simone Veil.

Outre le texte, cet ouvrage comporte nombre de photos : les visages fermés de ceux qui ont échappés au sinistre destin auxquels ils étaient promis, les visages juvéniles de ceux qui le resteront parce que figés pour l'éternité. Des photos qui fendent le coeur quand on sait qu'elles nous disent l'innocence, l'espoir d'avenir qu'il y avait dans les yeux des enfants. Que leur sourire a été effacé par une volonté humaine, laquelle avait conçu et mis en oeuvre une industrie de mort.

Simone Veil nous raconte les camps. Et la vie après. Quand il a fallu vivre avec ce souvenir qui lui a volé son adolescence. David Teboul lui a suggéré des entretiens avec d'anciens déportés : sa soeur Denise, Marceline Loridan-Ivens, Paul Schaffer pour qu'ils échangent leurs souvenirs. Sachant qu'entre eux il n'y aurait pas cette barrière de l'incrédulité. Car même ceux qui ont visité Auschwitz-Birkenau ou autre sinistre lieu de mémoire ne peuvent se faire la moindre idée de ce que c'est d'avoir été déchu de son statut de personne humaine, et promis au sort des choses : l'incinération ou l'enfouissement sans autre forme de considération.

Les chapitres sont séparés de pages entièrement noires. Les mots sont lourds de souvenirs glaçants. Les visages sont beaux et graves. Les sourires appartiennent au passé, avant les camps. Après, c'est la maturité sévère. le regard tourné vers l'intérieur, vers la mémoire. Voile noir tendu au travers d'un chemin de vie.

Ils resteront des personnages solitaires de ne pas être compris à hauteur du traumatisme subi par un monde oublieux et futile. Leur peur est désormais de voir à nouveau le voile noir fermer l'horizon. Tant que l'enfant n'est pas tombé, on peut lui dire que le sol est glissant. Il ne le croit pas.

Grande, grande restera cette dame qui a mis toute ses forces dans le combat pour que l'humaine nature n'oublie pas qu'elle porte aussi en elle le gène du mal, et que celui-là il ne faut le laisser prospérer. Pour que cela ne recommence pas. Jamais.
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J'avais lu « Une vie » rédigé par Simone Veil elle même et j'avais peur, en achetant ce livre, de retrouver sensiblement le même récit mais il est différent. Cette fois, c'est David Teboul qui recueille le témoignage de cette grande dame que j'admire énormément, un témoignage glaçant, effroyable, innommable et bouleversant.

J'ai beau avoir lu beaucoup de livres sur la shoah, je suis toujours autant chamboulée et horrifiée par ce que je lis et découvre au fil des pages, mais c'est un passage obligatoire, nous devons savoir pour transmettre et pour ne jamais oublier.

Même si le thème ne s'y prête pas, le livre est beau, il est agrémenté de photographies de Simone Veil enfant avec sa famille, puis adolescente, une magnifique jeune fille avec deux longues tresses et des yeux extraordinaires. On la retrouve aussi, lors d'un voyage de commémoration à Auschwitz, accompagnée de l'auteur du livre, David Teboul, un moment très douloureux pour elle. Elle livrera ces quelques mots « Rien ne ressemble au camp, je vois un immense parc, Birkenau c'était la boue, un ciel noir et des odeurs'. le camp lui semble minuscule, dans son souvenir de déportée, tout était plus grand.

Quand on lit ce livre, c'est la voix de Simone Veil que l'on entend. Elle nous parle de son enfance, de ses parents, de ses soeurs et son frère, leur vie à Nice. La montée du nazisme, les mesures anti-juives, la peur qui s'installe. Puis c'est l'arrestation par la Gestapo et le départ pour Drancy qui ne sera qu'une étape avant la déportation pour Auschwitz-Birkenau. Simone Veil sera déportée avec sa mère et sa soeur ainée Milou.

Après plusieurs jours d'un voyage horrible, le convoi arrivait durant la nuit.

"LES WAGONS S'OUVRAIENT AVEC FRACAS, LES SS HURLAIENT RAUS, RAUS !! ON NE VOYAIT QUE DES HOMMES, PAS UNE SEULE FEMME. CES HOMMES SE PRÉCIPITAIENT SUR LES WAGONS POUR EN EXTRAIRE LES PASSAGERS. NOUS EN SORTIONS SANS NOS BAGAGES, À PEINE SI CERTAINES GARDAIENT LEUR SAC À MAIN. TOUT LE MONDE SE RETROUVAIT SUR LE QUAI, QUELQUES FAMILLES, QUELQUES AMIS PARVENAIENT À RESTER ENSEMBLE. MAIS SOUS LA PRESSION DES SS TOUT ALLAIT TRÈS VITE. NOUS ÉTIONS AHURIS, ABATTUS, COURBATURÉS SURTOUT. LES CHIENS NOUS MORDAIENT"
Le récit est glaçant. Ce n'est plus de la vie mais de la survie. Se battre pour rester un être humain alors que l'ennemi vous réduit à l'état d'animal. Il y a le froid, la faim, la soif, la promiscuité, les odeurs, les insultes, les coups, le travail physique, les appels dans le froid la nuit qui durent une éternité et le manque de sommeil. « le sentiment qui domine est celui d'un corps et d'un esprit humiliés »

C'est au camp que Simone Veil fait la connaissance de Marceline Loridan-Ivens, des liens indéfectibles qui perdureront même après la fin de la guerre et le retour en France. Elle rencontrera aussi Paul Schaffer au petit camp de Bobrek, l'annexe du camp d'Auschwitz. A la fin du livre David Teboul retranscrit des échanges entre Simone Veil et Marceline Loridan ainsi qu'avec Paul Schaffer. C'est un dialogue très intéressant et enrichissant, tellement prenant qu'on a l'impression d'être avec eux, dans la même pièce.

Puis vient la libération, le retour à Paris, Simone Veil et sa soeur Milou, très gravement malade, sont hébergées chez leur oncle et tante, des médecins qui n'ont plus rien, un appartement pratiquement vide parce qu'il a été pillé. de cette période Simone dit « Il y avait comme un trou dans nos vies, je ne l'ai jamais comblé. le plus difficile fut sans doute le regard que les autres portaient sur nous » « Après guerre j'ai été profondément humiliée par la curiosité dont je faisais l'objet et par ce doute que je lisais dans les regards, ces regards ont empoisonné mon retour »

C'est une étrange période, les déportés sont comme des étrangers, rien ne filtre des camps, personne ne raconte l'horreur vécue, qui pourrait y croire ? Simone Veil va reprendre de brillantes études, se marier. Il y a son engagement citoyen, d'abord avec les politiciens où on ne lui fait pas de cadeaux, c'est une femme et dans les années 70 c'est presque avant-gardiste, elle est aussi de religion juive, même si elle est laïque, les vieux démons de l'antisémitisme ne sont jamais bien loin. Elle s'engage en tant que rescapée des camps, elle transmet. Elle n'aime pas que l'on parle de devoir de mémoire, « chacun réagit selon ses sentiments ou son émotion. La mémoire est là, elle s'impose d'elle-même ou pas. Autre chose est le devoir d'enseigner, de transmettre, là oui il y a un devoir ».

Très bel ouvrage que ce livre de David Teboul qui est cinéaste, photographe, vidéaste et ami de Simone Veil. C'est une lecture enrichissante et instructive. C'est un bel hommage pour cette grande dame qu'est et restera Simone Veil. Elle n'aura pas pu lire ce livre, c'est dommage.
Lien : https://jaimelivresblog.word..
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