Vie et mort d’un apprenti sorcier

J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération Masse critique.
Il traite de Saint-Domingue, en particulier sous la dictature de Trujillo, mais pas seulement.
Esculapio Ramirez, opposant politique à Trujillo, agonise suite aux tortures subies. Il ne survivra que quelques heures au dictateur qui vient d'être assassiné. Tandis que le nouveau président prononce l'éloge funèbre de son prédécesseur assassiné Trujillo, ses paroles interfèrent dans le mental du moribond Esculapio, qui, sujet au délire, invente à sa manière la dissolution de la dictature. Pour cela il raconte des histoires surnaturelles, dont les personnages, immuables, traversent les âges, de la période précolombienne à l'assassinat de Trujillo en 1961. On voit donc se dérouler une histoire symbolique de Saint-Domingue à travers ses rites vaudous, ramenés d'Afrique par les esclaves béninois et congolais.
De livre est foisonnant, je retiens surtout le réquisitoire systématique contre la dictature.
Mais dans le même registre j'ai nettement préféré La brève et merveilleuse vie d'Oscar Wao, qui traite également de la dictature de Trujillo à Saint-Domingue : car ce dernier roman, tout en laissant une large place à l'histoire et à la culture dominicaines, possède une trame narrative plus solide. Alors que dans Vie et mort d'un apprenti sorcier (hormis les passages à l'ironie subtile d' éloge funèbre à Trujillo ) on a l'impression de lire un livre de légendes vaudoues (presque sans queue ni tête pour qui ne possède pas les références adéquates) qui pour être sincère m'ont ennuyée.

Vie et mort d'un apprenti sorcier nous propose une plongée dans l'univers étouffant de Saint-Domingue. À la fois lugubre et haut en couleur les personnages qui s'y croisent sont tout droit sorti de l'imaginaire dominicain et se déploient avec excès ; la faune et la flore ne font qu'un dans ces visions marquées par les croyances populaires comme le vaudou.

L'histoire s'étend de la période précolombienne à la mort du dictateur Trujillo en 1961, mais ne possède pas de chronologie propre, chaque personnage est hors du temps et rapporte sa tranche de vie, ajoutant sa pierre à l'édifice.
Le récit se veut un hymne à la liberté, chaque personnage est en quête de liberté, du dissident politique qui subit la torture, aux esprits qui « montent » (possèdent) un corps. L'île ayant été fortement marquée par la traite négrière, les esclaves ci-présents ont fui leurs maitres pour retrouver la forêt luxuriante ; ils se réunissent en sociétés secrètes où se déroulent d'étranges rituels. le roman témoigne de la culture syncrétique de l'île, les peuples se rencontrent et les populations importées se mêlent aux indigènes capricieux dans des cérémonies outrancières. Ici les cimetières sont à la fête, et les noyés reviennent hanter l'imaginaire des vivants.

Un peu déçu au final, car malgré l'originalité du cadre il m'a été pénible de poursuivre jusqu'au bout. Il est difficile d'apprécier la représentation de ces croyances importées d'Afrique (Bénin et Congo) et exacerbées en Hispagnolia sans avoir le moindre repère, l'avant-propos se montrant à cet égard insuffisant. Pour nous faire perdre un peu plus pied, plus le récit avance, plus la réalité affronte la magie de l'animisme, l'un des personnages ayant décidé de dicter sa loi aux phénomènes naturels.
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malgré l'exotisme, les paysages, la culture colorée, je ne suis pas rentrée dans l'histoire...dommage ..

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