Un court recueil de 23
poèmes. Mais quelle qualité, quelle rythme, quelle musicalité. Pas étonnant que ces
poèmes aient inspiré Debussy qui en mit en musique six, et Fauré, qui en fit de même pour trois d'entre eux.
Verlaine, sans doute sous l'influence de
Rimbaud, avec lequel il était en couple à cette période, y crée des
poèmes totalement novateurs, "impressionnistes", l'exemple le plus frappant étant le poème Charleroi, mais aussi Chevaux de bois, Streets, Malines,..qui mettent en avant la sensation pure, ainsi que les ariettes 8 et 9 qui expriment la tonalité mélancolique du paysage.
Et puis, on est sous le charme des Ariettes oubliées, et des Aquarelles utilisant souvent des vers impairs, dont le rythme et la musicalité évoquent parfois de façon étonnante le rythme ïambique des
poèmes allemands ou anglais. Mais aussi, que de mélancolie latente ou exprimée dans beaucoup d'entre eux, et pas seulement Spleen.
Un de mes favoris est l'incroyable poème Beams, remarquable par son propos: l'évocation quasi-christique d'une femme blonde (mais n'est-ce pas un
Rimbaud blond?) marchant sur les flots de la mer, sa sérénité, et par son rythme que je trouve merveilleux, notamment dans les deuxième et troisième quatrains.
Par exemple, ces trois vers:
"Des oiseaux blancs volaient alentour mollement
Et des voiles au loin s'inclinaient toutes blanches
Parfois de longs varechs filaient en longues branches"
Qui semblent s'accélérer d'un rythme 2/2 à 3/3 puis 6/6.
En conclusion, pour moi, le meilleur recueil de
Verlaine, avec juste un ton au-dessous les
Fêtes Galantes. Dommage que
Verlaine n'ait pas toujours suivi cette voie, mais on trouve aussi des merveilles dans
Sagesse, dans
Jadis et Naguère (le stupéfiant "Crimen Amoris"), et puis de temps en temps par la suite...