La Biosphère

Dans les terres cultivées, ce n’est plus au prix d’un immense effort que l’homme civilisé peut obtenir des récoltes nettoyées des herbes sauvages qui poussent partout. Avant que l’homme n’apparaisse sur la Terre, la végétation avait certainement atteint partout sa plus grande étendue, un état d’équilibre, fruit de siècles de croissance, comme on le retrouve dans les steppes sauvages qui existent encore dans certaines régions de Russie […]. L’homme, seul, viole l’ordre établi et, en cultivant, brise l’équilibre. […] Il s’en aperçoit quand il est obligé de s’opposer à la pression de la vie en défendant contre elle les champs envahisseurs qu’il veut cultiver. Il s’en aperçoit aussi quand il observe attentivement la nature qui l’entoure ; le combat secret, silencieux, inexorable que le végétal mène partout autour de lui pour exister. C’est en prenant conscience de ce mouvement qu’il peut comprendre la réalité de l’assaut que la forêt donne à la steppe, ou l’asphyxie progressive de la forêt, envahie par les lichens de la toundra.

La biosphère est tout autant (sinon davantage) la création du soleil que la manifestation de processus terrestres. Les intuitions religieuses antiques de l’humanité qui considéraient les créatures terrestres, en particulier les hommes, , comme des enfants du soleil, étaient bien plus proches de la vérité que ne le pensent ceux qui voient seulement dans les êtres terrestres la création éphémère, le jeu aveugle et accidentel de la modification de la matière et des forces terrestres. p5

Les seuls phénomènes qui ont lieu dans la biosphère ne peuvent donner une représentation de cette dernière, si l’on ne tient pas compte du lien évident qui l’unit à la structure de tout le mécanisme cosmique. p12