Pigalle - Odilon se voit confié une mission qui l'entraînera en territoire plus hostile que son diocèse guinéen de Popolé : le Vatican l'envoie à
Pigalle retrouver des "reliques" dérobées par une certaine Herminie. Dans les rues d'un Paris canaille, Odilon et Laurent croisent une certaine môme Piaf, évoquent une autre Casque d'Or, vont boire quelques ballons de rouge au Chat Noir et parcourent les allées du Père Lachaise. Si le dialecte papou est assez inintelligible, la langue verte est également obscure. Mais Odilon a un passé peu reluisant et une connaissance du tapin plutôt suspecte pour un homme de Dieu. Son argot et ses suggestions choquent mêmes les endurcies du trottoir. "Après les morues, les maquereaux, les poulets, les lucioles, les boeufs et les cochons... les poules à présent... C'est plus
Pigalle, c'est l'arche d'Odilon." (p. 30)
Laurent se demande vraiment qui est cet acolyte en soutane qu'il a rencontré dans la jungle. Certaines pratiques et relations laissent à penser qu'Odilon s'est frotté d'un peu trop près aux charmes féminins et aux boxons parisiens. "Odilon, un doute m'assaille ! Croyez-vous en Dieu ?"(p. 27) Mais droit dans ses godillots qui ont fait la Nouvelle-Guinée, Odilon reste un homme d'Église qui sait rassembler son troupeau :"Mon enfant, je vois une étincelle de foi dans votre pupille atone engorgée par l'alcool." (p. 40) C'est en usant de telles circonvolutions qu'il rassemblent des informations sur les fameuses reliques, bijoux de la famille de Dieu...
Cet album regorge de références parisiennes en tout genre, qu'elles soient musicales, picturales, littéraires ou cinématographiques. À en croire les planches, c'est Odilon qui a inspiré à la môme Piaf un de ses textes les plus connus : "Il était grand, il était beau, il sentait bon l'encens chaud son presbytère. Il m'a confessée toute la nuit mon missionnaire." (p. 15) Si ça ne vous dit rien, je ne peux pas grand-chose pour vous... le Paris des années 1930 est là, sous nos yeux et nos oreilles. Reprenez-en une bouffée, c'est un fumet divin !
L'humour se fait canaille, à la façon d'un gavroche. La petite voix des notes de bas de page est même carrément désinvolte. En réponse à une astérisque, elle indique : "Authentique, quoique tout le monde s'en foute !" (p. 4) Ne cherchez pas ailleurs, une paire d'acolytes ensoutanés plus rigolarde, vous n'en trouverez pas ailleurs ! Foi de lectrice !
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