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EAN : 9782253027249
378 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
3.91/5   17 notes
Résumé :
Certains romans de René Fallet se résument' aisément.

Pas celui-là qui, d'une part est son livre le plus volumineux et d'autre part emprunte beaucoup, dans son écriture et dans sa Construction, aux techniques du roman populaire.

Il s'agit en fait d'un véritable western qui débute pendant la Libération de Paris.

Toutes les premières scènes décrivent assez irrespectueusement - car la fibre patriotique ne vibre pas très f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
On connaît tous les deux célèbres veines qui irriguent la plume de René Fallet, tout au moins si on l'écoute commenter lui-même son oeuvre : une veine du Beaujolais qui donnera des personnages hauts en couleurs et la deuxième, celle du whisky qui alimentera la mélancolie…
Hors de ce classement revendiqué par l'auteur, trois romans, les trois premiers que d'aucuns n'ont pas hésité à qualifier de « trilogie acide » : « Banlieue sud-est », publié à dix-neuf ans, « La Fleur et la souris » et « Pigalle ».

A en croire son auteur, « Pigalle » est un roman médiocre qu'il aime peu et qu'il préfèrerait oublier. Peut-être est-ce parce qu'il a fait un bide à sa sortie… Il faut dire qu ‘après le succès de « Banlieue Sud-Est » et un « petit » roman gentillet - mais très beau -, « La fleur et la souris », « Pigalle » a pu être considéré comme un retour à un thème qui marche…Une bande de jeunes, l'immédiat après guerre, le jazz…

Soit, mais franchement, on peut aussi, comme moi, penser le contraire : ce livre est brillant, drôle et cynique à la fois ; troisième volet de la trilogie acide , il marque l'entrée de son auteur dans la cour des grands...
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En me renseignant sur l'auteur, je suis tombé sur une photo réunissant René Fallet, Jean Carmet, Brassens et Audiard , une belle brochette de copains, tous un verre à la main et clope au bec .... Qu'est ce que j'aurai aimé être à la table à coté.
Je ne fume plus , je ne vais plus au bistrot , je fais du sport, les copains vieillissent, moi aussi ...
Il me reste des bouquins comme "Pigalle" qui en 2018 , me paraissent avoir été écrit par des intelligences supérieures, pétries d'humanité, et d'origine extraterrestre ...
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Un René Fallet, renié par René Fallet. le style de l'auteur est bien là, son amour des individus qui vivent en marge est là aussi. Sur fond de fin de guerre et de libération, la vie des combinards de Pigalle. Il ne s'agit pas d'un roman policier, mais d'une tranche de vies. Par contre Fallet a voulu faire un livre plus gros qu'à ses habitudes et ça se ressent, le dernier tiers est d'une écriture moins inventive et traîne un peu en longueur.
A recommander aux fans de Fallet, sinon pour ceux qui ne connaissent pas l'auteur, il vaut mieux commencer par des oeuvres plus abouties.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
(p.240)
- Vrai l L'animal est saoul !
Il lui attrapa les deux pieds et tira violemment. Gonzague décrivit un arc de cercle et s'affala sur le sol, de tout son long la tête heurtant la première. Il rigolait toujours, insensible. Bruno le poussa du pied jusqu'à la cuisine et fit jouer le loquet. Il piquait une colère lorsque la porte s'ouvrit en grand, et qu'une horde cosmopolite, beuglante et survoltée, fit son apparition. Il y avait des filles, des Américains, deux officiers russes, des civils échevelés, voyageant à dos de folie et de cris. A la queue de cette farandole se trouvaient Rocky, Tarin et Ginette. Béatrice suivit Bruno derrière le comptoir afin de l'aider à servir cette foule assoiffée de gloire et de spiritueux. Rocky happa Fred et Thierry :
- Venez sur le boulevard ! C'est fantastique!
Ils ressortirent en bousculant les nouveaux venus. Un soldat anglais, égaré dans le tas, couchait de force une fille sur une table, lui relevant sa robe aux cuisses en poussant des « V day ! » convaincants.
Fred, agrippé de droite et de gauche par ses amis descendit avec eux la Cité du Midi au galop. Un océan humain se formait de minute en minute, roulant pêle-mêle sur le boulevard de la Chapelle au boulevard des Batignolles, en un tohu-bohu de tonnerre et d'immeubles dynamités. De ce magma émergeaient des drapeaux, des têtes de militaires portés en triomphe, des chapeaux hissés sur cannes, des fleurs montant au ciel et retombant en pluies légères sur les épaules. Des jeeps recouvertes de jupes, d'oriflammes, de types exhubérants accrochés aux roues, montés sur les pare-chocs, allaient, poussés en avant par la foule. Les cafés, les cinémas, les boîtes de nuit, les brasseries et les dancings, clos tout à l'heure, s'ouvraient à la volée, prêts à la bonne affaire. De ce roulis apocalyptique montaient d’immenses clameurs faites de chants et de hurrahs assourdissants où les mots de « Victoire ! », « Vivent les alliés ! » prenaient des inflexions d'éruptions volcaniques et de batailles navales.
Et toujours, telle une inexorable marée, cette foule s'enflait, se gonflait, par les rues adjacentes, par les métros, descendant des maisons, accourant de tous les horizons. Les fenêtres s'ouvraient grandes sur cette journée de mai, s'étoilant de drapeaux et de têtes serrées. Fred et Tarin furent séparés du groupe par une poussée sans raison qui renversa une dizaine de personnes. Malgré leurs efforts, ils ne purent rejoindre Thierry, Ginette et Rocky entraînés implacablement par ces centaines de coudes et d'épaules, entraines de force à la Concorde, peut-être, ou encore plus loin...
Tarin prit la main de Fred. Au moins, ils ne se lâcheraient pas.
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(p.250)
Fred, un soir, annonça à table qu'il passait la nuit dehors, sans autres précisions.
Il revint trois heures du matin. Thierry l'accompagnait. Ils s'étaient retrouvés au «Dupont-Bastille », par hasard, et avaient décidé de rentrer se coucher, l'atmosphère de Paris la nuit les ayant pour une fois accablés d'amertume. En traversant à pied Pigalle Thierry murmura :
- C'est marrant que tu sois venu à la Bastille.
- Je voulais passer la nuit avec une poule. Je n'en ai pas trouvé de potable...
«L'Oeil de Bœuf » était fermé. La Cité du Midi n'était plus éclairée que par l'ampoule de la porte d'entrée de « La Rumba », le dancing à demi endormi. Thierry suggéra :
- On va danser cinq minutes ?
- Vas-y, moi j'en ai marre.
- Si tu n'y vas pas, rentrons.
Ils passèrent par le couloir. Ils se séparèrent sur le palier. Fred resta un moment dans le noir sans bouger. Quelle lassitude... Quelle vie... Il eut mal à la tête. La baraque était d'un calme de tombeau. Fred eut un grand mouvement fatigué des épaules et ouvrit la chambre de Béatrice. Il fit la lumière et s'arrêta net.

Béatrice, dans le lit était assise et blême. A côté d'elle, sous les draps, remuait une forme. Fred eut un sourire nerveux. Allons, ça y était. A peine annonçait-il qu'il découchait qu'il était remplacé... Il mit une main dans sa poche et referma la porte. Les yeux de Béatrice le fixaient bêtement. Il avait mal à la tête. Ce silence était merveilleux, reposant. Fred s'adossa au mur. Cocu. Il se découvrait tangiblement cocu. Il n'y avait donc pas entre eux que des pressions de mains, mais tout. Il ricana. Son rire avait quelque chose de blasé, d'indifférent, d'épuisant. Tout s'écroulait en lui, même la haine. Il rigola encore et appela doucement :
- Omer ! Omer ! Vous pouvez sortir... Ne Jouez pas les amants en caleçon, voyons. Omer ?
Plus rien ne bougeait sous les draps. Fred regarda alors Béatrice. Elle tremblait... Il comprit brusquement, fit deux pas rapides vers le lit. Il s'arrêta encore et dit à la fille :
- Qui est avec toi ?
- Freddo... Freddo...
- Oui, ça va, ça va !
Il arracha les couvertures. A côté de Béatrice nue se trouvait Gonzague nu, pelotonné, livide, et dont les dents claquaient à un rythme de fièvre de cheval.
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(p.268)
- Tu me trouves toc ?
- J'aime mieux gagner mon fric tout seul. Si je me mettais avec toi, il me semblerait trouver des poils de chose dans mon assiette
- Méchant...
Elle lui serra le bras. Ils arrivaient Cité du Midi. Les payés montaient la petite côte achevée en impasse. Fred ne les revoyait plus sans songer à des tas d'images : la fille-mère descendant la rue son bébé sur les seins, dans la neige... Samovar titubant, s'écroulant comme un empire, le nez en avant... Aparicio projeté au-dehors par le pied de Bruno... Annie était redevenue sombre. Ses gaîtés avaient des intermittences de lampe électrique.
Ils pénétrèrent à l'intérieur du bar. Bruno enseignait à son nouveau barman, un nommé Richard, l'art du cocktail. Richard était un humble voyou au front bas que Rocky avait déniché dans une kermesse à chansons. Omer, Tarin et Rocky jouaient aux dés sous l'œil alangui de Béatrice. Celle-ci se leva d'un bond devant l'apparition du couple. Elle s'élança sur Fred :
- Qu'est-ce que tu fais avec cette roulure?
- Roulure ! Roulure ! Et toi, peau de fesses ?
- T'occupe pas de ça, Annie.
Il saisit sa cousine par le petit doigt et la fit se mettre à genoux d'une simple torsion. Elle hurla. Il la fit basculer d'une gifle terrible. Il se tourna vers le comptoir :
- Deux martinis.
Se penchant sur Béatrice, il dit :
- Ça t'apprendra à être jalouse, bébé !
Omer, placide, triompha : « 4-21 ! »
Béatrice se releva, rouge de rage, et monta dans sa chambre en courant.
- Rien de neuf, Bruno ?
- Rien. Fred. Le secteur est calme. Il n'y a même pas de clients,
ce soir.
- Ça viendra.
- C'est ta souris, la fille que tu as tabassée ?
Si l'on veut, Annie...
- Elle n'est pas mal. Elle vaut du fric.
- Oui... On me l'a déjà dit.
- Il faut que je rentre, l'amour m'attend. –
A bientôt...
Il la raccompagna poliment jusqu'à la porte, qu'il lui ouvrit
- Bon, disait Tarin. On fait « Les petits, les gros ». Je commence. 18, les petits.
- 102, larmoya Rocky.
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(p.87)
Chapitre X
Le taxi roula une vingtaine de mètres sur les pavés de la Cité du Midi et s'immobilisa devant un bar crème où s'étalait en lettres rouges et cubiques : «L'Oeil de Boeuf-bar dancing ».
Thierry faillit prendre au collet le chauffeur pour une vile question de pourboire. La transaction faite non sans jurons, les quatre jeunes gens descendirent.
- Tu vois, dit Thierry, à Fred, y a un gymnase pas loin, tu pourras t'entraîner. Ah ! Une minute de silence ! Je fais ma rentrée à « l'Oeil de Bœuf ». Parole ! Je suis ému comme une gosse qui va le perdre. Passez devant, vous deux.
Rocky entra, suivi de Ginette et des deux autres. Il n'y avait personne dans la salle. Derrière le comptoir, un gros garçon fourra le livre qu'il lisait sous le torchon à verres. Il ricana longuement en apercevant Thierry. Il parlait lentement, mollement.
- Te voilà revenu, t'es en perme?
- Ouais. Bruno est pas là ?
- Papa est à la cave. Tu veux que j'aille le chercher ?
- Remue-toi, sac à limaces !
Le gros garçon lança un regard sur le torchon à verres et disparut péniblement par une trappe.
- Ca, c'est Gonzague, le fils du patron, un drôle de type, construit en graisse de chandelle et faux comme mes billets. T'apprendras à le connaître...
Fred regardait autour de lui. Des vitraux rosés ôtaient par toutes Saisons à la lumière du jour ce qu'elle pouvait tenir d'agressif et de corrosif. Une dizaine de tables rouges flanquées de banquettes rouges s'en allaient en perspective jusqu'à une double porte masquée par une tenture de velours rouge. Les tabourets de même teinte encerclaient le comptoir orné d'un pommier d'amour, du téléphone et de trois verres à liqueur vides. Le crème et le vermillon se partageaient partout les faveurs de la décoration.
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Lorsque je relis Le Rouge et le Noir, je me demande toujours ce qui va arriver à Julien Sorel. Pour le coup, il va m’arriver quelque chose d’unique : pour la première fois de ma vie, je vais lire du Fallet. Je ne sais rien de ce jeune auteur. Pourvu qu’il ne me déçoive pas trop !… Pourvu que je n’aie pas à regretter d’avoir pris, un jour, le bus numéro 38 !…
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Vidéo de René Fallet
22 janvier 1977 René Fallet, dans son bureau parle du chat en général et présente son chat Siamois, Bonnot. Pour lui il y a quelque chose de féminin chez le chat. Photographies de Georges Brassens.Photographie de chat.
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