Sans retour

Voilà une nouvelle enquête du Capitaine Thébault avec Sans retour de Séverine Vialon, servi sous un jour différent des précédents romans. Originalité, prise de risque.
L'autrice enchaîne donc les points de vue, changeant de narrateurs, ce qui donne un autre rythme au roman et nous offre une palette d'émotions, de réactions et de réalisme. J'ai bien aimé la façon dont l'autrice joue avec les différents niveaux de langage selon la personne qui prend la parole. L'objectivité n'est pas toujours de mise car chacun expose ce qu'il ressent et les réactions ne sont pas toujours logiques ou évidentes. Cela permet d'enrichir un peu plus le suspense de l'histoire. Cependant, j'ai moins aimé cette façon d'aborder le récit, mais l'histoire et la lecture reste addictive. Il y a du suspense, on est tenu en haleine jusqu'au bout, frôlant parfois l'agacement de ne pas comprendre où on est amenés. La thématique abordée est intéressante : une disparition, de la manipulation… une situation originale et qui nous pousse à vouloir comprendre, connaître les tenants et les aboutissants de ce fait que je ne détaille pas davantage pour ne pas spoiler.
Les personnages sont toujours aussi creusés, vrais, certains excessifs même, par contre, je les ai trouvés moins attachants et j'ai eu un peu de mal à me confronter au Capitaine Thébault à la première personne. Je l'ai trouvé différente de d'habitude.
Bref, l'histoire tient en haleine et la lecture est agréable. L'autrice nous livre pas mal de mises en garde sur un fait de société à travers son histoire et j'aime cet aspect qu'on retrouve chaque fois dans ses enquêtes, toujours d'actualité et pleines de vérités. Seule la narration est différente par rapport aux précédents romans, mais c'est un style intéressant qu'il fallait oser.

Ce que j'ai aimé avant tout dans ce récit, c'est la kyrielle de sentiments par lesquels il m'a fait passer.
Tout d'abord, comment ne pas s'identifier avec cette maman qui perd complètement les pédales suite à la disparition de sa fille. Moi-même maman de deux filles, je n'ai eu aucun mal à me mettre à sa place et à ressentir ses blessures et son angoisse. le papa m'a aussi beaucoup émue, tout à la fois dans le contrôle et la retenue.
Quant à Léana, quelle histoire et quel courage ! Comment se reconstruire après avoir vécu ce genre d'expérience ?
Le fait que le point de vue change d'un chapitre à l'autre permet de vraiment rentrer dans les sentiments de chaque protagoniste, et donne ainsi à l'intrigue une véritable profondeur.
Malgré la noirceur du propos, j'ai apprécié ce cri d'alarme sur un phénomène de société actuel, tout en lui donnant une porte de sortie vers une réparation des violences subies par les victimes, une pointe d'optimisme qui rassure.
En conclusion, un polar relativement addictif que je vous conseille vivement.

Une histoire de disparition. de la manipulation.
Je me suis demandé un peu pourquoi ça avait été mis dans les enquêtes du Capitaine Thébault.
Même si l'idée d'un roman à plusieurs voix est intéressante, j'ai eu vraiment difficile de ressentir quelque chose durant ce roman, une première avec l'auteur qui a toujours des sujets de société à faire vibrer la corde sensible.
La mise en silence du motif de la disparition m'a poussé à lire jusqu'au bout mais je ne sais pas si ça vient de moi ou de la façon de narrer cette fois ci mais je n'ai réussi à m'attacher à aucun personnage.
Cela reste un sujet sensible à ne pas mettre de côté et dont on doit parler.