Un peu plus loin ils débouchèrent dans une autre prairie encore chaude de soleil.Puis le sentier s’enfonça de nouveau dans un petit bois et courut entre des ronciers. Il faisait sombre,sous le couvert.L’air était humide et frais.La rivière avait disparu mais ils continuaient à entendre le friselis du courant tout près de la.François l’avait prise par le poignet.Elle le suivait tête baissée,souffletee par les basses branches.Maintenant le vent secouait la cime des arbres en longues bourrasques dans le couloir de la vallée.Le jour s’obscurcissait.C’est à peine s’ils distinguaient encore les peupliers de l’autre rive.Les premières gouttes de pluie cinglerent le feuillage et la surface plombée de la rivière.Ils s’arrêtèrent au milieu d’une petite clairière.L’herbe épaisse était parsemée de crocus,de sauges et de giroflées sauvages.François prit le visage de la fille entre ses mains,enfonça les doigts dans sa chevelure et l’attira doucement contre lui.
Leurs connaissances géographiques étaient singulières. Ils ignoraient absolument la situation d’une cité, le non du cours d’eau qui la traversait, à quelle industrie elle devait sa prospérité, quels grands hommes avaient vu le jour dans ses murs, quelle fameuse bataille s’y était déroulée, mais ils se souvenaient de certains détails : le goût de l’air, la couleur de l’eau et de la lumière, la forme curieuse d’une montagne qui la dominait, les deux vents constants balayant ses rues et ses places, la physionomie de ses habitants qui ressemblaient à des aigles, à des moutons, à des chats, et souvent ils apprenaient ainsi beaucoup plus sur une ville, en dix jours, que ses citadins n’en avaient appris en dix générations.
Serge Reggiani chante Les loups sont entrés dans Paris. Paroles d'Albert Vidalie, musique de Louis Bessières.