Le livre s'ouvre sur une partie de pêche en mer : tout à coup, un homme est passé par-dessus bord et le bateau s'éloigne malgré ses appels au secours. le lendemain, Martial Kermeur est arrêté après la découverte du corps du promoteur immobilier Antoine Lazenec et déféré devant le juge d'instruction chargé de l'enquête. Commence alors le récit de la longue dégringolade de Martial, de licenciement en licenciement, de déboires conjugaux en déroute financière. Comme il y a quand même une justice en ce bas monde, fût-elle la justice d'un homme et non celle de l'institution, Martial Kermeur sera entendu.
Que dire de ce court roman ? Il ne m'a pas vraiment intéressé car il reste d'un bout à l'autre dans les clous de l'attendu. L'écriture volontairement plate, morne, de Viel se met au service du récit d'un homme traqué par la fatalité : il perd son boulot d'ouvrier à l'arsenal, il vivote en homme d'entretien d'une propriété rachetée par la mairie et, au lieu de se construire un quotidien pépère en achetant un bateau avec ses indemnités de licenciement, il les confie à un margoulin qui a un projet de résidence de luxe sur le littoral. Nous assistons donc à la descente aux enfers d'un « petit », d'un « sans-voix », d'un malmené de l'existence qui ira jusqu'à commettre un crime.
Tanguy Viel déroule un fil sans surprise, ponctuant la sobriété de son écriture et de son histoire de petites touches poétiques. À force de trop bien calculer cette voix presque éteinte, de retoucher sans cesse le paysage de la misère sociale, de dépeindre la grisaille des vies lentement étouffées, on suffoque avec son personnage. de l'air ! a-t-on envie de crier, du grand large, de la révolte pour de bon !
J'ai eu le sentiment que l'écrivain tombait dans une caricature sociale qu'il sait très habilement portraiturer. le retournement final qui se veut transgressif a tout du tour de passe-passe pour nous offrir une satisfaction assez factice.