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3,99

sur 385 notes
Ma curiosité a été piquée dès la lecture des premières pages : nous sommes en 2061 en Dordogne, trois enfants pêchent au harpon dans une rivière. La vie sauvage, ses renards et ses bécasses des bois semblent avoir repris leurs droits. Loin de là se jouent des guerres et des désastres écologiques, s'entassent les humains dans les jungles stériles que sont devenues les villes, sous l'oeil de milliers de caméras. Vincent Villeminot préfère développer son intrigue dans les marges de ce monde, là où un jour, des jeunes désespérés ont décidé de faire sécession et de fonder une société d'un type nouveau. Quelle est la menace qui plane sur les trois enfants ? Quel est leur lien avec le mystérieux ermite qui semble les observer de loin ? Et surtout, comment en est-on arrivé là ?

Ces différents fils narratifs sont admirablement imbriqués pour nous tenir en haleine. Mon fils a lu les 500 pages de ce roman d'un trait, j'ai été à peine plus longue. Les allers-retours entre différentes époques reconstituent pas à pas un puzzle fascinant. le futur imaginé par Vincent Villeminot est d'autant plus crédible qu'il s'ancre résolument dans le monde actuel, ses clivages sociaux, ses réformes absurdes, son mépris des jeunes générations, sa crise du sens collectif. L'étincelle qui embrase tout, c'est la publication, en 2024, du livre Do Not Count On Us dont les extraits brûlants ponctuent le récit. Un porte-voix de la rage et du désarroi face à l'inertie d'un monde verrouillé, du rejet des valeurs de pouvoir et de consumérisme, de la contestation de la légitimité du droit. Mais surtout un texte qui éveille des rêves d'une société alternative et identifie la sécession comme forme d'action : « Nous pouvons encore nous asseoir à l'écart, pour travailler à des sociétés plus modestes, liées par l'amitié, gouvernées par le souci de ne renoncer chacun à aucune souveraineté, et qui ne ressembleront pas à celle-là. »

« L'espoir et la trouille, soeurs jumelles »

Le récit et les questionnements des personnages portent une réflexion passionnante sur le contrat social, les fondements possibles de la vie commune, les utopies. J'ai rarement lu un livre qui parle aussi bien de la façon dont peurs et rêves s'entremêlent non seulement quand sévit une répression implacable, mais aussi lorsqu'il s'agit de mettre en application de grands principes, de recréer quelque chose – des fondements matériels, des institutions et des formes de régulation – quand on a fait table rase. Et pourtant, l'exaltation du retour à la nature et à l'essentiel, la redécouverte de l'entraide et du partage, le bonheur pour les plus marginaux de pouvoir envisager de trouver une place dans une communauté en devenir insufflent d'émouvants moments de grâce. La construction du récit permet à Vincent Villeminot de restituer la vie des rêves sur le temps long et sur plusieurs générations – j'ai été touchée par le regard bienveillant, mais lucide posé par la Houle sur ses propres rêves de jeunesse et sur ceux des nouvelles générations.

« La forêt est ce monde où la mort fait partie de la vie. »

Cette imbrication entre rêves et peurs s'incarne de façon saisissante dans la forêt nourricière, protectrice, d'une beauté émouvante, mais sauvage, en proie à la violence d'un état de nature où pillards, braconniers et cannibales sévissent et où la famille apparaît comme un repère ultime. J'ai probablement un prisme particulier en tant que chercheuse en science politique, mais en lisant ce livre, j'ai pensé sans cesse aux théories de l'état de nature et du contrat, dont ce roman restitue avec beaucoup de finesse les implications. Cette lecture nous a donné l'occasion de parler de Rousseau et de Hobbes avec mon fils qui a été très intéressé par ces débats. Les mots du dernier chapitre, qui alertent sur l'urgence de redonner une perspective à tous, m'ont, curieusement, évoqué la théorie de la justice de John Rawls : « le risque que nous voulons courir, c'est que pour le plus malheureux d'entre nous, celui qui aura à en payer le prix le plus haut, le départ vaille mieux que ce statu quo. »

Je reste époustouflée par la façon dont ce roman parvient à incarner ces questionnements certes abstraits, mais puissamment révélateurs des problématiques de notre temps. Tout en restant une lecture-plaisir haletante.

Nous ne tarderons pas à découvrir les autres livres de Vincent Villeminot !
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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J'ai beaucoup aimé ce livre malgré ma difficulté à le lire. Il nous transporte dans un univers très semblable à ce que le notre pourrait ressembler dans quelques années. J'ai trouvé excellente l'idée du livre rouge, symbole de la désobéissance et de la révolte. Je me suis beaucoup attachée aux personnages ayant tous un caractère différent. J'aurais quand même aimée qu'on s'attarde plus sur les enfants et leur lien avec la forêt. Je trouvais aussi les changement d'années assez compliqués à suivre mais malgré toutes ces complications et enchevêtrements j'ai réussi à m'accrocher et croyez moi, une fois plongé dans cet univers mi fictif mi réel vous ne pourrez plus lacher ce gros pavé.

Zoé

Contrairement à Zoé je n'ai pas du tout aimé ce livre. Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages (ce que je fais toujours d'habitude). Je ne le recommande pas aux personnes voulant une lecture simple, car la chronologie est dure à suivre. Effectivement, je me suis accrochée même si je n'ai pas aimé : on a envie de savoir la suite.
J'ai été très déçue par Vincent Villeminot, dont j'ai préféré Ciao Bianca qui est aussi dans le défi Babelio Ado +.

Faustine

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J'aurais un peu de mal à dire ce que j'ai vraiment pensé de ce roman, si j'ai aimé ou pas. Parce que peut-être que je ne l'ai juste pas lu au bon moment, ou que je suis passée à côté de quelque chose.

On a là un récit post-apocalyptique, mais pas trop copié-collé des autres (nombreux) bouquins du même genre. Il arrive à se différencier, tout en explorant des thèmes importants et notamment, l'écologie.

Je reconnais, à la fois dans l'ambiance générale, et dans le scénario, qu'il y a quelque chose. L'histoire est intéressante - elle aurait pu clairement m'intéresser. C'est plutôt bien fichu, c'est suffisamment complexe pour qu'on ne s'ennuie pas... Mais c'est peut-être ça le problème. Trop complexe ? Trop de multiplications des points de vue, un récit trop éclaté. Une temporalité difficile. Au fond, on se dit que ça part un peu dans tous les sens, et c'est difficile de ne pas s'y perdre. Et c'est ça le problème, je pense : l'auteur m'a perdue, je n'ai pas réussi à rester suffisamment concentrée, et donc difficile de vraiment accrocher. Pourtant, y'avait de la matière. Y'avait des choses intéressantes. du potentiel, tout simplement.

Mais la narration n'était pas faite pour moi. Dommage.
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Livre coup de poing, livre coup de coeur. Une épopée écologique haletante, complexe et ambitieuse, qui s'étale sur plusieurs générations, avec des allers retours pour expliquer les événements. Les espoirs et les impasses d'une utopie, d'un retour à la nature, mais aussi à la sauvagerie. Violent et passionnant, à relire et à partager : que voulons-nous faire de demain ?
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Un roman d'anticipation, une dystopie, qui nous pousse à réfléchir sur notre propre monde et nos actions ... tout commence à l'enlèvement des trois enfants de la forêt par des braconniers. 3 histoires s'entremêlent alors, retour 40 ans en arrière, où les jeunes ont voulu se construire un avenir différent de ce qu'on leur proposait, mais également 16 ans auparavant à l'époque où les parents de ces enfants se sont rencontrés, dans une société devenue vegan, où l'on prônait l'écologie tout en entassant les gens dans les villes, où la violence, y compris policière, était souvent de rigueur.
Ce livre nous pousse à la reflexion, mais est aussi un hymne à l'amour, à la famille, à la protection des siens qui dépassent tout, un vrai coup de coeur.
Cependant, je pense que ce livre ne peut être proposé qu'à des élèves de 3e, grands lecteurs, il devrait très bien fonctionner en lycée ! (C. Soubic)
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Un roman d'anticipation, une dystopie, qui nous pousse à réfléchir sur notre propre monde et nos actions ... tout commence à l'enlèvement des trois enfants de la forêt par des braconniers. 3 histoires s'entremêlent alors, retour 40 ans en arrière, où les jeunes ont voulu se construire un avenir différent de ce qu'on leur proposait, mais également 16 ans auparavant à l'époque où les parents de ces enfants se sont rencontrés, dans une société devenue vegan, où l'on prônait l'écologie tout en entassant les gens dans les villes, où la violence, y compris policière, était souvent de rigueur.
Ce livre nous pousse à la reflexion, mais est aussi un hymne à l'amour, à la famille, à la protection des siens qui dépassent tout, un vrai coup de coeur.
Cependant, je pense que ce livre ne peut être proposé qu'à des élèves de 3e, grands lecteurs, il devrait très bien fonctionner en lycée !
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"La solution c'est la révolution"....en 2025 des milliers de jeunes décident de rompre avec la société dans laquelle ils évoluent et de repartir de zéro dans la Forêt. Utopie ? Dystopie ? Les deux ? Une chose est sûre ce livre nous pousse à réfléchir à nos modes de vie et nous emmène ailleurs....
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Un très bon roman d'anticipation jeunesse qui implique le lecteur amené à suivre les trajectoires de plusieurs générations de personnages à différentes époques. L'histoire est prenante, originale, parsemée de citations fictives ou non. le sujet amène à la réflexion sur notre devenir et sur le comportement humain. C'est relativement violent et la lecture est exigeante, donc plutôt destinée à des lecteurs d'au moins 14/ 15 ans assez aguerris.
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Je ne suis plus du tout objective s'agissant de Vincent Villeminot, et je ne m'en cache même pas ! Mais ce roman !! Je m'attendais à une dystopie, et non en fait, il s'agit d'un roman d'anticipation, mâtiné d'utopie.
En 2061 Montana, Dan et Judith pêchent, jouent, dans la forêt de Dordogne, quand ils sont capturés par une bande de braconniers. C'est que la société a changé. Des villages autonomes et des clans se sont formés, une partie de la population a retrouvé le contact avec la nature. Dans des allers-retours entre le passé de leurs parents et le présent des enfants, nous allons comprendre comment une partie de la jeunesse a fait le choix de tout "évolutionné", pour sortir du monde de précarité qui leur est promis, et créer leur société utopiste.
Une grande claque que cette vision à si court terme. Un coup de coeur +++, un coup au coeur aussi. A lire, faire lire, que ce soit à nos ados ou aux adultes.
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Wahouu ! Nous somme l'étincelle, c'est de la bombe. J'avais été un chouïa déçue par Ciao Bianca de même auteur, pas suffisamment abouti, mais là, c'est un feu d'artifice. le roman commence en mai 2061, en Dordogne, dans la “Grande Forêt”. On fait connaissance avec trois frères et soeurs, des enfants, Montana, Daniel et Judith, qui vivent visiblement dans la forêt, avec leur parents. Si la forêt leur procure de quoi vivre, elle est également un espace à apprivoiser, potentiellement dangereux. Les trois enfants ne tardent d'ailleurs pas à se faire capturer par des braconniers armés jusqu'aux dents (armes blanches, armes à feu), particulièrement dangereux (ils seraient cannibales), fortement intéressés par la jeune Montana et ses courbes naissantes. du haut des arbres, une espèce de sauvage qui ne possède pas la parole a tout vu. Bon, alors ce roman va sûrement raconté le sauvetage des enfants. Oui mais non, car le récit opère un virage à angle droit et nous ramène 19 ans plus tôt. Roman hyper exigeant dans sa construction, qui fait faire au lecteur un certains nombre de va-et-vient jusqu'à ce que toutes les pièces du puzzle soient en place. Remarque dystopie, très politisée, ôde à la jeunesse, à ses rêves, au champ des possibles qu'elle peut ouvrir, mais sans se voiler la face quant au résultat. L'auteur convoque à de nombreuses reprises Thomas More et son roman Utopia, grâce à la création d'un personnage, Thomas F., dont les citations de l'oeuvre “Do not Count on Us” jalonnent le roman. Cet ouvrage va mettre le feu aux poudres, poussant de nombreux jeunes à refuser les cartes qui leur ont été distribuées d'avance, préférant se retirer de la société et vivre tranquillement en autarcie. Mais est-ce seulement possible ? Dans une société de plus en plus directive (on voit les jeunes enfermés sur des campus universitaires comme dans des prisons afin de contenir leurs possibles révoltes et débordements, quelle place pour le libre arbitre et la non violence ? Un point fort du roman est également son refus du manichéisme. le pays est devenu vegan par décret de l'Etat, afin de préserver la diversité des espèces (la viande est devenue une marchandise de contrebande). Est-ce une mauvaise chose ?
Roman exigeant et complexe, autant dans ses thèmes que dans sa forme, je quitte La Houle, Antigone, Pibe, Allis et les autres à regrets, en ayant le sentiment d'avoir fini une histoire incroyable. Merci pour ce roman d'une rare intelligence.
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