Gênes, Italie, juillet 2001, la torture en marge du G8
Maxime VIVAS
La presse unanime et soudain débloquée (20 juillet 2017) : « G8 à Gênes : des manifestants ont été torturés, admet le chef de la police italienne ».
En 2003, j'ai publié aux éditions le Temps des cerises, un polar : «
Comme le scorpion, mon frère » . le titre est emprunté à un vers du poète Turc
Nazim Hikmet : « La plus drôle des créatures » (la créature qui ne voit pas le monde où elle vit) :
«
Comme le scorpion, mon frère,
Tu es comme le scorpion
Dans une nuit d'épouvante.
[…]
Tu es la plus drôle des créatures, en somme,
Plus drôle que le poisson
Qui vit dans la mer sans savoir la mer… ».
« L'action se déroule à Gênes en Italie, en juillet 2001, lors du sommet du G8, réunion des chefs d'Etat des pays les plus puissants de la planète. La rue est envahie par des opposants hétérogènes : des catholiques et des végétariens, des trotskistes et des zapatistes, des chômeurs et des cadres surmenés, des communistes et des anarchistes, des pacifistes et des adeptes de la castagne, des ouvriers et des étudiants, des écolos des villes et des paysans bios, des gays, des maos, des défenseurs des animaux, des acteurs et des chanteurs, des cinéastes, des SDF, des syndicalistes, le tout se désignant volontiers sous l'appellation de ramassis de gens bien.
Les services de renseignements italiens ont repéré des Français, Grecs, Allemands, Hollandais, Espagnols, Anglais, Irlandais, Portugais, Argentins, Brésiliens, Russes (cette dernière appellation désignant aussi des Ukrainiens, Biélorusses, Kazakhs). Et l'on entendait les noms de Saint-Pétersbourg, Omsk, Astrakan, Voronej, Penza, Minsk, Kiev).
Vingt mille hommes en armes, secondés par des provocateurs disséminés dans la foule, les attendent avec leurs matraques, leurs grenades, leurs fusils à balles de caoutchouc et… à balles réelles.
Les événements violents auxquels ont été mêlés les personnages de mon roman sont authentiques ainsi que les déclarations des personnalités politiques citées. J'ai travaillé sur des documents écrits, filmés et des témoignages. En introduction, j'ai remercié les organes d'information traditionnels ou diffusés sur le Net (dont Indymedia et Grain de Sable d'ATTAC), les photographes, les cinéastes (amateurs et professionnels), les témoins (dont deux Toulousains), auprès desquels j'ai puisé les informations irréfutables pour écrire ce roman qui est sans doute le premier (ou un des tous premiers) polar altermondialiste français.
J'ai dédié le livre à Carlo Giuliani. (14 mars 1978 – 20 juillet 2001), ce jeune italien, de vingt-trois ans dont je raconte en détail l'assassinat à bout portant par un carabinier de vingt ans.
Mais surtout, je révèle dans deux chapitres (dont on lira ci-après des extraits en 2 articles) ce que les médias traditionnels savaient (et taisaient) et ce que les médias alternatifs rapportaient sans avoir la « surface » nécessaire pour atteindre un vaste public.
Or voici qu'en 2017 (16 ans après les événements) ce que savaient les « journalistes libres » des « journaux libres » (bien notés par le DECODEX du Monde), ce que j'ai rapporté, s'étale au grand jour.
Seize ans plus tard !
C'est avec un mélange de soulagement (enfin, la vérité !) et d'amertume que je vois crédibilisé (par l'aveu d'une autorité) les choses qui m'avaient été dites et celles que j'ai vues.
En effet, le chef de la police italienne, Franco Gabrielli, vient de reconnaître les exactions et je reconnais, à l'entendre, les lieux de torture que je citais : la caserne Bolzaneto (Franco Gabrielli : « A Bolzaneto, il y a eu des actes de torture »), l'école Diaz (« ...la funeste irruption à l'école Diaz... » dit Franco Gabrielli).
Je vous propose donc deux chapitres sur des événements terribles qui se sont déroulés en deux endroits cités aujourd'hui par… le chef de la police italienne qui aurait dû lire mon polar plus tôt. Oui, j'ai l'air de me vanter, mais comment me taire sans les dédouaner tous : les politiques, les médias ?
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