Tout est étonnant autour de la réception de ce roman d'
Eric Vuillard.
Le choix est fait de zoomer sur l'annexion de L'Autriche par l'Allemagne hitlérienne et de dénoncer l'ensemble des compromissions et des bassesses qui l'ont permise.
Sur le fond, c'est d'une naïveté assez confondante. S'étonner que des magnats de la finance et de l'industrie allemande participent à la montée en puissance du nazisme, leur prêter des caractères physiques avilissants est tout aussi étonnant.
Regardez- bien, ils sont 24 vieux, abjects et très vilains ne servant que leur intérêts, et lui Halifax, « L'aristocrate anglais, le diplomate qui se tient fièrement debout derrière sa petite rangée d'ancêtres, sourds comme des trombones, cons comme des buses, bornés comme des fields, voilà qui me laisse froid. »
C'est lourd, vulgaire.
De tous temps, les hommes les plus puissants ont toujours étaient du côté de leurs intérêts et uniquement de cela. Il n'est aucune nation, aucun peuple qui ne se soit pas avili par esprit de pouvoir et de domination. Angleterre, Belgique, France ont largement profité de l'esclavagisme dans leurs multiples colonies, combien de morts misérables cela a-t-il provoquées ? Espagne, Portugal, Pays-bas, Angleterre encore, ont asservi, humilié les natifs des Amériques au Nord comme au Sud. Les chinois aujourd'hui continuent à massacrer et à parquer, à « assimiler » les tibétains et les ouïgours. La grande URSS a interné et laissé mourir de faim et de froid des milliers d'opposants politiques.
Talès, Airbus, Dassaut vendent leur armes aux plus offrants…
L'homme, être peu pensant, reste cruel et lâche.
Et encore, ce récit n'offre que vers sa toute fin, la notion que non, tout le monde n'a pas accepté la tyrannie hitlérienne. Beaucoup d'autrichiens ont tout tenté pour l'éviter, quitte à vouloir être protégés par Mussolini, beaucoup d'autres ont fui leur pays, ou bien, oui, se suicidèrent du désespoir de se voir sombrer dans la barbarie.
On pourrait alors espérer se reporter à la forme puisque le fond est si primaire, si décevant. le livre vaut moins qu'autrefois une bonne émission d'
Alain Decaux ou mieux qu'une conférence d'
Henri Guillemin, historien suisse, autrement clair et incisif et souvent du même manichéisme.