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sur 2892 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Au travers d'une succession d'anecdotes historiques sur la période qui précéda l'Anschluss, Eric Vuillard nous narre les dessous de l'Histoire.

Du financement du parti nazi par les dirigeants des grandes entreprises allemandes, au fiasco de l'invasion autrichienne du fait d'une panne générale sur les chars du Reich, en passant par les coulisses des réunions des dirigeants politiques de l'époque (chancelier autrichien, chancelier allemand, premier-ministre, ministres, ambassadeurs...), c'est l'impact de la petite histoire et de ses intrigues sur la Grande qui nous est détaillé.

Mais c'est aussi la démonstration que "le monde cède au bluff. Même le monde le plus sérieux, le plus rigide, même le vieil ordre, s'il ne cède jamais à l'exigence de justice, s'il ne plie jamais devant le peuple qui s'insurge, plie devant le bluff".

A mon avis :

Il est toujours surprenant pour moi de découvrir que les lauréats de prix divers sont finalement souvent des livres assez banals.

Certes, l'écriture est belle et les explications limpides.
Certes aussi, l'auteur est très bien documenté et possède une excellente connaissance de cette période historique sur laquelle il nous éclaire de son regard aiguisé.

Mais l'Histoire est ce qu'elle est... et on ne peut pas y ajouter grand-chose, si ce n'est, comme c'est le cas ici, quelques anecdotes historiques, même s'il ne faut pas en ignorer parfois la portée et les conséquences abominables.

Cependant, la lecture de cet ouvrage assez court est aisée et plaisante. Et pour tout lecteur qui se respecte, curieux du (ou des) dessous de l'Histoire, il lui permet d'assouvir cette faim.

Et pour ceux que cela rebute habituellement, vous pourrez enfin dire que vous avez lu un Goncourt.

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Son style pompeux m'exaspère. J'avais déjà essayé avec « 14 juillet », ça m'avait fait le même effet... Toujours pareil, le sujet m'intéresse, mais je n'y arrive pas. « Ils étaient vingt-quatre, près des arbres morts de la rive » : ce sont les premiers mots de la quatrième de couverture et je commence déjà à décrocher (!?), j'ai quand même essayé quelques pages mais rien n’y fait. Un jour peut-être...

Abandonné en novembre 2017.
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Quel est l'ordre du jour ? C'est un récit, pas un roman, au contraire des Bienveillantes. J'y reviendrai.

Récit : donc pas de faits inventés, et on attendrait une continuité. Il me semble que ces seize courts chapitres couvrent trois sujets. Commençons par le deuxième et le troisième, qui sont liés : comment Hitler a-t-il fait avaler la couleuvre Anschluss aux dirigeants autrichiens et européens, et comment s'est déroulée l'invasion. La plupart de ces faits sont bien connus, les sources, en particulier le procès de Nuremberg et les mémoires du chancelier autrichien Schuschnigg ont été largement commentées. Je ne connaissais pas l'affaire des avaries des chars allemands, dont 70% sont tombés en panne pendant l'invasion. Mais est-ce un événement capital, puisque l'occupation se faisait surtout par d'autres moyens ? Eric Vuillard utilise probablement ce fait anecdotique pour souligner que les pays européens n'avaient pas de raison de céder aussi facilement aux exigences de Hitler, après avoir rappelé que les intentions de l'Allemagne nazie étaient déjà claires. L'autre sujet, qui ouvre et referme le livre, montre la complaisance avec laquelle les grands industriels et financiers allemands ont financé le parti nazi, et les bénéfices qu'ils en ont tiré, en particulier en exploitant la main d'oeuvre des déportés.

Par sa position dans le récit, ce sujet est souligné par l'auteur, qui nous rappelle que ces sociétés sont restées très puissantes après la guerre et jusqu'à aujourd'hui. Je le répète, tout cela est bien connu . le sujet est grave, mais traité sans commentaires politiques ni moraux, avec juste la qualité de ton et de langue qui convient pour obtenir un prix Goncourt, quand on a déjà choisi un thème propice. Quelle différence entre cette présentation, soignée et polie, et la prose hallucinée, tantôt brûlante, tantôt glaciale, de Jonathan Littell dans les bienveillantes (Goncourt 2006) ! le roman de Littell pouvait faire hurler, le récit de Vuillard est trop consensuel pour moi, malgré son humour discret.

Le franchissement de la « ligne rouge » par Bachar el-Assad, et la non réaction de Barack Obama et des dirigeants européens nous ont rappelé que les dictateurs cyniques, qu'ils soient allemands, syriens ou russes abuseront toujours de la volonté de paix des pays démocratiques. Ce livre illustre sinistrement cette réalité ; j'ai admiré son écriture et regretté sa distanciation.
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Le Goncourt, quand même, c'est un peu fort...
C'est très moyen, c'est pas les Bienveillantes, ni Au revoir là haut, et de très loin.
En fait, ça ressemble à Hhhh, en moins idiot (cela n'engage que moi, hein)...Cette nouvelle idée de faire la leçon à ceux qui auraient dû empêcher le grand méchant loup d'agir...Mais alors bien au chaud en 2018, dans une gentille démocratie et par des gars qui n'ont absolument aucune idée de ce que c'est que la guerre, les bombardements, les tranchées, la crise de 29, la révolution russe, les SS, la Gestapo, Auschwitz, le totalitarisme au jour le jour, la terreur et la faim, toutes ces joyeusetés du début du XXème siècle, qui ont fait...euh, allez, 50 millions de morts...Moi non plus, je n'en sais rien. Heureusement. Mais on peut quand même se faire une idée de ce que c'est que de résister à la terreur quand on constate la difficulté qu'on a, à l'heure actuelle, où l'on ne risque ni la mort ni la torture ni les camps, à soutenir, je ne sais pas, un ou une collègue harcelé.e contre n'importe quel petit chef. Courage fuyons. le silence est souvent effarant. Donc bon. On reste calme, les mecs. J'ai vu une caméra cachée sur du harcèlement de rue. Un acteur insultait et cherchait à attraper une actrice. Elle criait et se rebellait. C'était en pleine rue. Aujourd'hui, en France. Personne ne s'est arrêté, sauf deux filles, qui sont intervenues. Donc du calme, les mecs, Vuillard, Binet et compagnie...Je voudrais bien vous voir face à des SS avec la casquette à tête de mort et le permis de tuer.
Excusez-moi de cette petite mise au point.
Il s'agit donc dans ce "récit" de reprendre des dates clés d'avant guerre, pour montrer avec quelle facilité les grands de ce monde ont cédé devant les nazis. Combien ils ont été lâches, cyniques, diaboliques. Je suis entièrement Vuillard sur les pages tout à fait pertinentes qui concernent les grands industriels. Je n'ai jamais compris comment il était possible qu'on puisse encore de nos jours voir inscrit partout Opel, Siemens, IG Farben et Hugo Boss, qu'il a oublié, sachant qu'ils se sont servi des nazis pour s'enrichir, servi de la chair humaine des déportés d'Auschwitz, Buchenwald, Ravensbrück, Dachau etc...pour continuer à produire pendant la guerre. Et à faire de l'argent dans le sang de ces pires qu'esclaves. Toutes ces entreprises, s'il y avait une justice, auraient dû disparaître, ou tout au moins leurs dirigeants être pendus à Nuremberg, leurs noms être changés, le tout nationalisé. Vuillard traite ce thème au début et à la fin de son récit, comme un péché originel jamais condamné.
Par contre, le milieu du "récit", les histoires de lord Hallifax, de l'Anschluss, de Münich...En cent pages, ça me paraît un peu rapide. Tout le monde est des crétins qui s'écrasent devant Hitler alors qu'ils auraient pu l'écraser. OK, comment, pourquoi ? Parce que tout le monde est des crétins lâches et aveugles. Qui ? le chancelier d'Autriche, Chamberlain, Daladier. C'est un peu facile, il me semble. Et si je veux juger, je préférerais un livre d'histoire. Là, on rejoint Binet. Je ne vois pas l'intérêt de ce genre de récit détaché du contexte historique. C'est un non-sens complet. On peut sans doute les accuser, car nous savons la fin de l'histoire. Mais eux, ils ne connaissent que leur propre passé récent : la sale guerre, les tranchées. Ils ne veulent pas y retourner. Ce sont les mêmes hommes que vingt ans avant. Et pourtant ils y retourneront, et c'est comme ça qu'on a des hommes qui ont fait Verdun et qui sont morts à Auschwitz. Ca a existé.
Ce genre de récit ne m'apporte rien que l'idée que décidément, les hommes ont la mémoire courte, la langue bien pendue, et que l'histoire est la matière la plus essentielle à l'école.
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Quel cynisme ! Ce livre, qui nous parle de népotisme et de collaboration entre politiques et industriels/financiers, a obtenu le prix Goncourt en 2017, alors même que la Ministre de la Culture, Françoise Nyssen, était également à la tête de la maison Actes Sud (éditeur de ce roman), héritée de son papa.
Qui croit encore que le monde de l'édition est indépendant, comme celui de la presse ? Quant à la mascarade des prix littéraires...

Je l'ai quand même lu (mais pas acheté), parce que ce sujet m'intéresse - affaires et nazisme, marchands d'armes d'hier et d'aujourd'hui, main d'oeuvre exploitée, etc.
Un thème toujours d'actualité : c'est l'argent qui gouverne le monde, et les politiques sont à genoux devant les lobbies.

Eric Vuillard ouvre ce bref roman sur cette réunion du 20 février 1933 où vingt-quatre industriels mettent la main à la poche pour un certain Hitler, afin de financer sa campagne. Parce que « la corruption est un poste incompressible du budget des grandes entreprises, cela porte plusieurs noms, lobbying, étrennes, financement des partis. »

Entre la première scène et la conclusion, l'auteur revient sur quelques étapes de l'Anschluss, l'alliance de l'Autriche et de l'Allemagne en 1938 - était-ce un viol ou un mariage ? Entre les deux, les bras tendus balancent...
C'est cette partie que j'ai le moins appréciée : trop de noms, et trop de références historiques qui m'ont échappé. Malgré l'ironie intéressante et bienvenue, le ton grandiloquent m'a agacée.
J'aurais préféré en apprendre davantage sur les grands groupes qui ont fait fortune pendant la seconde Guerre Mondiale (en finançant, en fournissant du matériel, en exploitant les détenus de camps nazis...) et qui continuent de prospérer, faisant partie de notre quotidien : BASF, Bayer (marié depuis à Monsanto), Agfa, Opel, IG Farben, Siemens, Allianz, Telefunken.
Le passé sanglant/meurtrier de ces entreprises (et de tant d'autres) ne figure souvent que de manière édulcorée dans leurs biographies officielles.

A lire, pour la page d'Histoire.
___

PS : j'ai appris récemment dans une BD que Hugo Boss fournissait les uniformes nazis ; en 2012, cette marque vendait un costume sur six dans le monde.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hugo_Boss
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Sentiment mitigé à l'issue de cette lecture - rapide - de L'ordre du jour.

Le premier réflexe est de souligner la qualité de la langue et l'habileté de son usage par Eric Vuillard. le texte est profond, les mots touchent juste, l'atmosphère est vite posée.

Mais ça ne suffit pas pour moi à effacer ce sentiment de trop peu : tous ces petits bouts d'histoires autour de l'Anschluss forment évidemment un tout, de l'abondement des grands industriels allemands au projet nazi jusqu'à Nuremberg en passant - c'est étonnant - par Hollywood.

Mais j'aurais aimé que chacun de ces petits bouts soit davantage creusé, exploré, confronté aux autres. Quelque chose de plus conventionnel probablement, là où Vuillard cherche dans l'épure et dans ces moments de la "petite histoire", un sens à la "grande".

Il n'en reste pas moins que L'ordre du jour est un livre éclairant sur hier comme sur aujourd'hui. Et en plus, il a eu le Goncourt, alors...
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Durant cette période d'internationaux de France de Roland-Garros, pas beaucoup de temps pour la lecture. Par chance Éric Vuillard nous propose un livre très court de 160 pages. Juste ce qu'il faut pour ne pas louper les balles de match de Nadal, Murray, Djokovic et les autres.

Dans « L'ordre du jour » Eric Vuillard nous fait vivre ce qui à son avis sont les prémices de la Seconde Guerre mondiale juste avant l'Anschluss de mars 1938 et les revendications allemandes sur la région tchèque des Sudètes
L'auteur nous fait vivre ces quelques jours qui ont précédé l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazis. Bien loin de l'histoire officielle « L'ordre du jour » nous fait pénétrer dans ces petits détails insignifiants mais qui font l'histoire. L'attitude des dirigeants autrichiens. le diner offert par Chamberlain, le Premier ministre Anglais, à Ribbentrop alors que les troupes nazies envahissent l'Autriche. La glorieuse Wehrmacht en panne d'essence.
Eric Vuillard nous rappelle les noms de ceux qui ont soutenu et financé le début du nazisme, les Gustav Krupp, Wilhelm von Opel, BASF, Agfa, Bayer, Opel, IG Farben, Telefunken, Siemens, Allianz, ces sociétés que nous connaissons encore aujourd'hui et qui utilisèrent les déportés des camps de la mort, de Dachau à Auschwitz.

Eric Vuillard a l'art pour raconter. C'est condensé mais tout y est. Il nous rappelle surtout que l'établissement de tout régime autoritaire n'est autre que le fruit de l'indifférence.
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Lecture sur ma tablette de ce livre, Prix Goncourt 2017.

Lecture numérique lors de mes vacances d'hiver (oui ce sont déjà les vacances nous sommes en première zone... )

Une lecture très très rapide, je n'avais pas les numéros de pages dans cette version numérique (même si je les ai vu après...) et alors que j'ai été surprise de me trouver à la fin de ce roman, un peu sur ma faim aussi ...

Par contre avouons que j'ai pris du plaisir avec cette écriture qui annonce en quelque sorte et assez froidement cet ordre du jour.

On fait la connaissance des "grands" du monde des affaires et on comprend très vite leurs bassesses au sacro-saint nom de l'argent.

Ils ont recouvert très facilement de leurs différents succès, les magouilles et autres vilenies concédées au diktat nazis !

Le nerf de la guerre étant l'argent, Hitler saura très vite mettre dans sa poche tous les industriels allemands.

L'écriture est à la fois sobre ( on entre pas dans les sentiments...) et riche lexicalement parlant.

Eric Vuillard dresse un constat dérangeant de la période de l'Anschluss comme pour une mise en garde actuelle.

Une récompense, le Goncourt 2017 pas moins, mais pourquoi une si petite quantité ( de pages), on ouvre une brèche, on montre l'abîme juste derrière le rideau du grand théâtre de la vie ?

Oui, Eric Vuillard nous montre les coulisses des prémisses de la seconde guerre mondiale, on se rend alors compte que peu d'homme ont su résister....

On croisera très rapidement, Churchill qui heureusement saura dire "Non" mais un peu plus tard... ( Allez voir les "Heures sombres " au cinéma excellent film sur Wintson Churchill !). En attendant Halifax et Chamberlain "parlementent" avec des dictateurs !

Les hommes ici capitulent, démissionnent, laissent faire, s'arrangent avec la vérité, mentent et pactisent avec le diable ...

Et sinon, les gens ordinaires se meurent...

L'ordre du jour est terminé, Mesdames, Messieurs
Le rideau est tombé ... Pour cette fois encore...
En espérant qu'il ne s'ouvre pas à nouveau
avec les mêmes acteurs
rejouant inlassablement
la même terrible scène ...
Lien : https://imagimots.blogspot.f..
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Cet élégant monsieur, sur la couverture, c'est Gustav Krupp (vous savez, vous connaissez maintenant le grand groupe Thyssen-Krupp... vous savez sans doute aussi que ce monsieur devait être jugé à Nuremberg comme criminel de guerre...). Lui, comme 23 autres députés, hommes d'affaires et industriels allemands, ont signé un blanc seing à Hitler et son régime en lui accordant une manne financière (et, plus tard, en profitant du système nazi et de sa main d'oeuvre bon marché des camps). Ça, c'est le début du roman. Ensuite, cap sur l'Autriche, où l'annexion par Hitler se joue en sous-main...

Manoeuvres politiques et financières, jeux de pouvoir, tout est très bien rendu dans ce court ouvrage qui choisit donc un angle original pour traiter la seconde guerre mondiale, celui des grands patrons, de l'enrichissement, des intérêts personnels. J'ai beaucoup aimé le style, c'est certes un peu intello mais ça le mérite !
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Eric Vuillard décortique, dans un style concis, les compromissions des grands industriels allemands lors de l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Ces mêmes industriels, dont nous continuons d'ailleurs à acheter la production encore aujourd'hui... Il raconte aussi la veulerie des gouvernants occidentaux (ça, on le savait), mais aussi les mécanismes qui ont présidé à l'annexion de l'Autriche. de l'Anschluss, on retiendra surtout la rencontre du chancelier autrichien Schuschnigg (triste sire !) avec Hitler, et les conditions rocambolesques de l'arrivée des chars allemands passée la frontière (comme Blitzkrieg, on fait mieux !). Il y aussi l'impayable rencontre Chamberlain - Ribbentrop au 10 Downing Street, morceau de bravoure du récit, récit qui vaut, à tout prendre, de volumineux essais historiques. A lire !
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