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sur 553 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Des Cow-boys, des Indiens et des bisons – pas morts – sous le toit d'un grand chapiteau. Il parcourt la France entière, de Marseille à Nancy. Il vient de Londres, de Vienne ou de Florence. le Wild West Show en tournée mondiale. Les hommes se précipitent pour voir ces sauvages indiens, des plumes sur la tête. Les enfants se cachent derrière les gradins pour regarder les cow-boys tirer sur les Indiens et violer les Indiennes. Un parc à thème itinérant, le grand cirque où les éléphants et autres tigres sont remplacés par des chevaux et des bisons – sages, et les fouets par des Winchester. Au sommet du show, la rencontre entre Buffalo Bill et Sitting Bull.

Sous le chapiteau, de la poussière. Des sabots des chevaux et des bisons, sur le parterre de terre aménagé en l'occasion de cette festivité, la poussière se soulève et s'envole. le rythme sourd des sabots qui cognent la terre comme ma tempe. Quelle est triste cette terre, cette poussière d'antan, où des gouttes de sang s'y trouve mêler, du sang d'hommes, du sang de bêtes. Une odeur de poudre et de sueur embaume le chapiteau, comme les grandes plaines de l'Ouest sauvage. Les yeux piquent, par la fumée des carabines, par les incendies des terres, par les camps d'indiens brûlés.

Soleil. Au petit matin, la brume lève le voile sur les collines rougeoyantes. Au sol, des dizaines, des centaines, des milliers d'indiens morts. Au sol, des dizaines, des centaines, des milliers de bisons couchés, abattus plus par jeu que par nécessité. C'est la tristesse de la terre. Mais the show must go on… Sur cet air frais qui transperce les poumons de sa lame d'acier, je tente de respirer sur ce spectacle bouillonnant pour l'époque, affligeant avec le recul de maintenant. le chapiteau se démonte en une nuit, la poussière est balayée d'un coup de vent, cap sur d'autres horizons. Retour à Cody, Wyoming.

Avec une très belle écriture, teintée d'une ambiance froide et mélancolique, cette « Tristesse de la Terre » se trouve être un parfait complément d'une autre lecture très ancienne mais inoubliable, « à la grâce de Marseille » de James Welch.
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Qu'est ce qui peut bien se cacher dans ce court roman derrière ce titre ?
Honnêtement, aucune idée avant de l'ouvrir et surement aucune raison de penser croiser Big Foot, Buffalo Bill et Sitting Bull .
Et pourtant, ce tristesse de la terre nous narre le destin de Buffalo Bill et bien plus que cela.
Qui est pour vous Buffalo Bill ?
Pour moi, un cow boy, tout sauf un pied tendre , un mateur de peaux rouges , un gars qui aveugle l'adversité avec un sourire ultra brite . Une légende de la ruée vers l'Ouest .
Mouais , j'avais tout faux.
William Cody de son vrai nom a bien fréquenté les vastes plaines de l'ouest dès son jeune âge, il a bien servi de guide à la cavalerie , mais c'était une tanche en tant que militaire .
Par contre, c'était un "dégommeur" hors pair de bisons (d'où son surnom) et entre deux beuveries , il raconta son histoire qui allait être enjolivée par un peu scrupuleux scribouillard qui allait le pousser vers la légende . Et William y crut à sa légende et monta le premier grand show avec quelques autres escrocs. Un show mondial, le Wild West Show , qui s'est produit en France et qui est cité au pied du Bataclan. Des millions de spectateurs .
Et quand comme moi, tu n'en savais rien , tu prends ton pied à lire un truc pareil, l'écriture de Vuillard faisant le reste.
Parce que tout est surprise . Bill était une escroc mais un très bon "faiseur" de spectacles. Il alla chercher Sitting Bull (c'est un peu con pour un nom de chef indien je trouve pourquoi pas Sleeping Bull non plus ?) pour le faire jouer, traversa l'Atlantique pour enrôler des survivants du massacre de Wounded Knee . Il réécrit l'histoire aussi , transformant les massacres en batailles, fonda sa ville.. Quel génie !!!
Mais derrière le personnage , il y a la persécution d'un peuple, le génocide pourrions nous dire et le rôle de "l'entertainment" dans l'écriture de l'histoire. Des thèmes abordés avec finesse, intelligence .
Buffalo Bill le chainon entre les spectacles de proximité et la mondialisation du divertissement.
Un livre extraordinaire.
Mais j'ai un doute. Il y a dernier chapitre sur un Wilson Bentley. Je me suis dit, putain , tu vas voir que Buffalo Bill lui a inspiré ses futures bagnoles ...
Ben non , rien , je n'ai pas vu le lien .Que vient faire ce chapitre ? Un peu comme quand je devais faire des rédactions de 200 lignes que c'était plié en 150 et que je parlais de mon chien les 50 dernières :). Dommage.
Mais sinon , je tire mon stetson à l'auteur.

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« Rien n'arrête le démon de la mise en scène. Rien ne remplit assez le tiroir-caisse. Et aussitôt les curieux se pressent, la foule veut mieux voir. »
Voir quoi au juste ?
Voir la poudre aux yeux du célèbre Buffalo Bill Cody et de son inoubliable Wild West Show.
Un spectacle qui revisite à sa façon (celle qui plaît à la foule hurlante) la conquête de l'Ouest et le massacre des indiens.
Chasseur de bisons puis employé des chemins de fer (où ses collègues l'affuble de ce fameux surnom) il sera ensuite éclaireur pour l'armée américaine pendant les guerres indiennes. Seulement, les historiens s'accordent tous aujourd'hui pour affirmer qu'il n'y jouera aucun rôle majeur, loin de là.
Alors d'où vient la légende ? de son incroyable capacité à enjoliver la réalité pour créer sa propre légende. Un grand conteur, doublé d'un publicitaire hors norme, capable de fabriquer de toutes pièces une mythologie de l'Ouest, à grand renfort de costumes extraordinaires (on lui doit le bandana rouge et les grandes coiffes de plumes), et d'exploits chevaleresques, voilà le personnage.
Buffalo Bill, scénariste et producteur du premier reality show, n'hésite devant rien pour améliorer son spectacle : du remaniement historique à l'invention de coutumes folkloriques (les fameux cris sioux, main devant la bouche, sont de lui !) en passant par l'embauche de survivants du génocide ou même d'achat d'enfant pour la figuration... C'est pas joli tout ça,
mais quand les chevaux tourbillonnent dans l'arène, au milieu d'un immense nuage de poussière, le public exulte.

Avec une plume sublime et acérée, Eric Vuilard raconte lui aussi une histoire du Far West : celle de l'exploitation de la culture indienne par l'industrie du grand spectacle, mais sans les paillettes et le vernis : Avec une pointe d'amertume et une infinie tristesse.
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"Mais d'où vient-elle, bon Dieu, cette sympathie, depuis le début des temps, d'où vient-elle ? On ne sait pas. C'est une chose qui vous traverse le corps, les yeux, et qui prend la gorge et remplit la poitrine de larmes. C'est bizarre, la sympathie."

Un livre poignant sur l'histoire de Buffalo Bill Cody. Je découvre ici Eric Vuillard dont les mots collent à une réalité tragique, humaine, trop humaine...
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En flânant dans une librairie une vraie, mes yeux ont été attirés par cette couverture, ce visage, ce personnage , sa main en visière, regardant loin devant, que pouvait donc scruter ce regard ? Intriguée, je retourne le livre, bon, oui Buffalo Bill, je ne connais que de nom, une enseigne bien présente dans tous les zones commerciales, Buffalo Bill oui j'en ai vaguement entendu des échos dans mon enfance. Aucune idée qui était réellement le personnage. Et bien voilà, maintenant la lumière a jailli de ce petit livre à la plume superbe. Tout est positive pour cette lecture, je viens de rencontrer un auteur, je ne connaissais pas non plus, bien oui, je suis pas Madame je sais tout ni connais tout.
L'histoire de Buffalo Bill, et un vaste cirque, dans tous les sens du terme, c'est une fois de plus la trahison d'un peuple, celui des Indiens d'Amérique. Nous Français, on ne connait que l'histoire de ce peuple à travers les films, on ne connait ce que la TV a bien voulu nous montrer, jamais on nous a pointé du doigt l'horreur dans toute sa vérité. Et Buffalo Bill, n'échappe à la règle se faisant de son show, une parodie mensongère. Les rescapés jouant leur propre rôle, le décor, les objets, étant le fruit de larcin sur des cadavres. Et j'en passe... je dois dire que l'auteur ne nous épargne pas, c'est un pavé dans la marre. Loin de moi d'imaginer , cette face de Buffalo Bill. Bien sûr depuis l'âge où je regardais les Westerns , j'ai appris à connaitre la réelle histoire des Indiens d'Amérique, la naissance de ce soi-disant grand pays, cette grande puissance, qui s'est faite dans le sang et le massacre, et l'anéantissement d'une humanité à jamais disparue.
C'est triste, et ce titre est vraiment à l'image de cette tranche d'histoire, Tristesse de la Terre.
J'ai beaucoup aimé la plume de cet auteur, on sent une certaine légèreté et à la fois une puissance mais sans violence, il sait par la douceur nous faire imaginer le pire tout en nous préservant.
Une belle découverte, tant pour l'auteur que par cette histoire sur cet épisode des Indiens d'Amérique, car leur histoire a commencé dès le premier colon installé et a perduré longtemps après, au-delà de Buffalo Bill et ses shows dont le terrible massacre de Wounded Knee que nous relate l'auteur et dont Buffalo Bill en a fait un nouveau show.
Il y a beaucoup à dire par cette lecture, mais le mieux c'est bien sûr de découvrir par soi-même en ouvrant ce livre à la couverture parlante.
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Vuillard raconte un Buffalo Bill qui a décidé d'entretenir sa légende. En effet, l'homme a mis en scène ses batailles qui ont fait de lui ce qu'il est. le hic, c'est que dans ces représentations, il y fait ‘'jouer'' de vrais Indiens. le Wild West Show fait le tour des États-Unis. Succès retentissant. Mais derrière se cache un visage moins glorieux. Celui d'un peuple dépossédé, martyrisé, humilié. Les Indiens d'Amérique ont souffert, beaucoup, se sont vus exploités, déracinés, de leurs terres, de leurs. Un texte bouleversant, au ton juste. Un texte fort, marquant. Une lecture nécessaire, pour la mémoire.
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C'est fabuleux un mensonge. Ça rend l'histoire affable. Une uchronie de la pensée ! Une fable.Un conte. Qui a souvent valeur de trahison, d'usurpation. Ça laisse des traces dans la mémoire, dans l'histoire. On voudrait faire bien net mais ça fait tâche. The reality show ! On fait commerce de tout alors on fera spectacle de tout. Un crime pour peu qu'on sache planter le décor, dissimuler les pièces, effacer les traces, saupoudrer quelques indices manufacturés à l'école de tous les vices, on en viendrait à classer le dossier sans suite. On en viendrait à.., et d'un tour de manège et de passe passe malheureusement on y arrive. Demandez le programme ! The Wild West Show ! Ça vous fait le tour du monde une bataille ! Une épopée ! Oui mais voilà, il s'agit d'un massacre. Un massacre d'innocents pour rafler une terre. Alors peu importe...pas de quartier ni de détail. Il faut construire une légende, une légende ça porte loin, même si ça ne vole pas très haut, un peu comme les corbeaux En 1883, Buffalo Bill Cody , le massacreur de bisons, l'employé des glorieux chemins de fer américains fait le Show. En 1966, la France ouvre la « Vallée des Peaux Rouges », elle aura été la grande récréation familiale jusqu'en 1988 . The Show must go home…Qu'en est il de nos reconstructions historiques, de nos spectacles, de nos parcs, de nos jardins d'acclimatation , de nos zoos humains ? « Ces exhi­bitions n'apparaissent pas brutalement à la fin du XIXe siècle ; elles arrivent à la suite d'une longue tradition. » le rappelle par Charline Zeitoun du CNRS dans son article « À l'époque des zoos humains ». Qu'en est il de nos exhibitions, Qu'en est il de nos statues ? Qu'en est il de la Statue de Sherman à Manhattan , Sherman qui déclarait qu'il fallait "D'abord, régler son compte au bison ... Ensuite, régler leur compte aux Indiens... » ?
La tristesse de la terre rend ici justice à l'histoire telle qu'elle fut et non comme elle nous fut vendue.

Astrid Shriqui Garain

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Un roman passionnant et tellement bien écrit, je l'ai englouti en un rien de temps tellement j'ai été happée par l'histoire et hypnotisée par les mots de l'auteur.

On est bien loin des clichés habituels sur le Far-West et les indiens et j'ai découvert les débuts du show business. le roman est court mais intense, aucun mot n'est superflu, un bien bel hommage aux indiens. Avec talent l'auteur nous captive et nous conte l'histoire fantasmée de Buffalo Bill, inventeur du Wild West Show.

L'idée de mettre des petites photographies est très bonne et apporte un effet miroir au texte. J'ai été saisie par l'horreur subit par les indiens qui est bien rendue dans ces 158 pages. J'ai adoré le choix du titre (qui m'a attiré en premier lieu) et la puissance des mots, un très beau, très juste roman qu'il faut avoir lu et qui mériterai d'être plus mis en lumière. C'est le roman de la naissance de l'Amérique et de la disparition des indiens. Buffalo Bill a inventé le divertissement de masse en mettant » en route l'implacable culture commerciale. » Mais qui aujourd'hui verra sur les photos le sourire triste de ces indiens déguisés ?

Rires des spectateurs avides de nouveautés contre le sourire triste d'un peuple désormais sans terres et sans souvenirs.

L'auteur nous livre un roman historique qui ne serait pas là sans la photo de la couverture. Bien contente qu'elle lui ai donné l'idée de faire ce roman car je me suis régalée.

VERDICT

Ne surtout pas faire l'impasse sur ce court récit d'aventure qui saura plaire au plus grand nombre. J'ai adoré.
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Féroce chronique de la naissance du divertissement de masse sur les cendres amérindiennes.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/09/25/note-de-lecture-tristesse-de-la-terre-une-histoire-de-buffalo-bill-cody-eric-vuillard/
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"Tristesse de la terre" est un livre fort, puissant, concis.
Un livre violent aussi, puisqu'il relate les massacres indiens au travers de la destinée du très célèbre Buffalo Bill et de son tout aussi célèbre Wild West Show où les indiens jouent les figurants de leur propre malheur.
Un livre qui reste encore présent une fois les dernières pages terminées. Un livre plein de nostalgie, de regrets et de tristesse.
A LIRE!!
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