« Mes pas me ramènent, à mon insu le plus souvent, vers l'horizon qui scintille là-bas tout au bout des pans de terre en mouvement, en lévitation, se fondant et s'éthérisant sous nos yeux émerveillés. En quête d'ombre, le regard se détourne de la matière en fusion, admire l'étoile du berger avant de ricocher sur le plancher des vaches: pierraille et amas de sable emmêlés, graminées et touches de vert végétales rehaussant le paysage austère, d'apparence hostile. C'est ici, on le sait que l'homme la première fois s'est mis debout. C'est ici que l'humanité a mis un pas devant l'autre. Érection, arrachement et marche. Et c'est dans le souffle que s'ancre le mouvement, l'origine du geste. Je tente de capter cet instant passé, présent et futur. »
Auteur africain reconnu - il a été cité par
Jean-Marie Gustave le Clézio dans son discours de réception du prix Nobel -,
Abdourahman A. Waberi, un djiboutien d'origine qui vit entre la France et les États-Unis, reste attaché à ses racines: « Attiré par le
désert, son silence, sa vastitude et son vent brûlant, je demeure. » Levant les yeux au ciel, il nous convie à marcher dans les traces séculaires de ses ancêtres, nous parlant de leur mode de vie, peut-être les poèmes que j'ai le plus appréciés, de même qu'il se montre contemporain dans les préoccupations qu'il aborde, nous sensibilisant entre autres au sort de l'Afrique. Une belle rencontre qui me donne envie d'aller vers ses romans.
l'humanité est un maillage
et que dire de ce grand ciel
couleur de terre ?
(Caravane de mots)