Je termine donc tout juste cette grande saga de l'empereur Napoléon, racontée comme si nous y étions par l'homme qui l'approchait au plus près, homme de confiance, son valet
Constant Wairy. Constant aura été 14 ans au service de Napoléon : il nous raconte aussi bien la vie à Saint-Cloud ou aux Tuileries, le métier d'homme d'Etat de Napoléon, et dans ce second tome, il insiste davantage sur les campagnes militaires, lors desquelles il accompagnait Napoléon.
J'ai aimé le premier tome, mais ce second m'a paru plus intéressant, peut-être parce qu'on y devine l'imminence de la chute, et que
Constant Wairy a su donner une force tragique au récit de ces trois dernières années avant l'exil sur l'île d'Elbe. Nous avions quitté l'Empereur à la fin du premier tome au moment où il divorce de Joséphine, voulant se remarier et avoir un héritier. La personne de
Marie-Louise d'Autriche n'aura pas marqué le récit de ces "mémoires intimes" autant que Joséphine par sa personnalité généreuse, sa gaieté, son caractère aimant - bien que Constant ne dise pas pour autant de mal d'elle. Il est vrai qu'avant de passer au service de l'Empereur, il était attaché à celui de Joséphine.
Nous suivons Napoléon dans l'épopée de ces dernières années, la deuxième campagne d'Italie, la terrible campagne de Russie - ah ! ces pages sur l'incendie de Moscou, le passage de la Bérézina, la bataille de Leipzig... Curieusement, il ne mentionne pas Waterloo, et passe assez vite sur cette dernière année 1815, pétrie de soucis et sans doute de fatigues. Nous verrons la malchance s'accumuler à l'encontre des entreprises militaires de Napoléon, et, plus tristement, les trahisons se multiplier (comme celle de
Joachim Murat, roi de Naples)... Dans les tout derniers chapitres, on sent que Constant veut surtout se dédouaner d'avoir "abandonné" l'Empereur, pour une complexe histoire d'argent donné puis redemandé par Napoléon (ou un de ses ministres). Toujours est-il qu'il reste fidèle à l'image du Grand Homme, indiquant avoir pris conscience de son importance avec l'éloignement. Comme dans le premier tome, il ne manque pas non plus de faire part de réflexions plus générales, sur les pauvres toujours victimes des guerres, sur les misères des soldats.
C'est vraiment un témoignage vivant et prenant que nous livre
Constant Wairy sur la personnalité de Napoléon et l'ascendant qu'il avait sur les autres, ainsi que cette relation unique qu'il avait avec ses soldats. J'ai beaucoup aimé, et bien que je considère Napoléon avant tout comme un autocrate, j'ai saisi de lui des aspects personnels qui me l'ont rendu humain plus que mythique, et qui m'ont intéressée à l'histoire de cette période. Je mettrais 4,5/5 à ce tome-là.