Alors autant le dire, j'ai ouvert ce livre à reculons, la couverture ne m'inspirant que peu de confiance en ce que je risquais d'y trouver dedans ; j'avais peur que ça soit de la littérature sentimentale, genre que je n'aime pas du tout. Mais, que nenni, il n'y a rien de cela ici, du moins pas dans ce premier tome.
Nous suivons donc Sacajawa, jeune squaw Shoshone, ayant vraiment vécue aux alentours de 1792. L'histoire commence alors qu'elle n'a à peine que 8 ou 9 printemps et qu'elle vit encore paisiblement avec ces parents dans une petite tribu Shoshone.
Mais, hélas, cela ne va pas durer, très vite elle va être enlevée par une autre tribu et être traitée en esclave (elle sera même violée). A partir de là, débute pour elle une longue et terrible épopée qui va l'emmener de tribu en tribu jusqu'à dans les bras d'hommes blancs. Ce premier tome s'arrête au moment où, fraichement mariée à un blanc et venant juste d'accoucher alors qu'elle n'a pas plus de treize printemps, ils se préparent, tous les trois, à guider une expédition Américaine sur les sentiers qui la ramèneront au milieu de son peuple.
Le style est assez agréable et l'histoire intéressante, mélangeant subtilement la fiction et le documentaire ; on en apprend pas mal sur les Amérindiens, surtout grâce aux introductions de chapitres qui sont eux-mêmes des passages tirés d'archives et autres livres encyclopédiques.
Attention se pendant, parfois les actions décrites sont assez violentes, comme celle de la cérémonie de l'Okeepa et pourraient donc choquer le jeune public.
Bon, je m'arrêterais là pour vous faire une critique plus complète lorsque j'aurais fini le second tome.
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D'anciens textes gallois et anglais prouvent que le moine gallois Madoc et ses hommes découvrirent l'Amérique en 1170 et ancrèrent neuf ou dix navires dans la baie de Mobile. Ces Gallois quittèrent la côte pour échapper aux indiens hostiles et atteignirent finalement les montagnes de l'ouest du Tennessee. On ignore combien d'années ou de mois passèrent jusqu'au moment où ils furent contraints de quitter leurs villages fortifiés attaqués par un grand nombre d'Indiens Cherokees. Ces hommes blancs regagnèrent le Mississippi qu'ils remontèrent lentement en direction du nord-ouest et des pays du Missouri et construisirent des fortifications autour de leurs villages de huttes en terre. Ils ne portaient pas les mêmes vêtements que les tribus du Missouri supérieur. Certain d'entre eux parlaient et comprenaient le gallois, possédaient des parchemins qu'ils étaient incapables de lire et des pièces d'or romaines et galloises, devenues au fil des années, en quelque sorte le talisman de leur nation. Ils disaient en outre se souvenir que leurs ancêtres venaient de loin et avaient traversé une immense étendue d'eau avant d'atteindre le Missouri supérieur. Ils s'appelaient alors les Mandans et occupaient la vallée du Missouri.
Paul Herrmann, Conquest by Man, 1954.
Quatre Ours alla jusqu'au bout de la place et ramassa une grosse pierre ronde. Quand il regagna sa place dans le cercle du conseil, ses yeux brillaient. Il tourna sur lui-même et contempla le peuple de son village ; puis il parla. Le rythme de son discours fut semblable au battement du tambour :
-Nous sommes tout petits, commença-t-il. Égarés dans le temps. Nos actes n'ont pas plus d'importance que ceux des puces. Combien d'hommes ont subi le rituel, et que reste-t-il aujourd'hui de leur courage et de leurs pensées ? Tout homme a ses limites, et il ne peut échapper à ce qui fait de lui un homme. Mais au fil des expériences, et en mêlant ses idées à celles des autres, il peut faire un pas hors de lui-même et acquérir puissance et sagesse. Cela constitue un grand progrès pour lui, mais ne signifie pas grand chose, comparé à la puissance et la sagesse de la pierre que je tiens. (Il leva la pierre pour que tous puissent la voir.) Chaque matin, l'homme fait un pas vers sa mort. Cette pierre a vu de nombreuses générations. La vie d'un homme a moins d'importance pour cette pierre que la vie d'une puce pour nous. L'homme croit que les plus petites choses sont les plus négligeables et que ce qui vient d'un passé lointain compte moins que ce qui appartient au présent ou à l'avenir. Mais l'homme n'approche pas la sagesse ultime du rocher. Le rocher ignore le temps, qu'il s'agisse du début du monde, d'hier, ou de savoir si le soleil se lèvera demain. (Sa voix se gonfla de passion.) Nous ne faisons rien nous-mêmes. L'homme est une flèche. La corde est tendue et, à un certain moment, libérée. La flèche file alors dans la direction où elle a été pointée. Et, après avoir un instant fendu l'air comme l'oiseau, elle retombe sans vie sur le sol.
Quatre Ours se tut, puis il se pencha, le visage calme et grave, les bras tendus et les mains jointes, comme pour bénir la foule.
Okeepa : Cérémonie annuelle des Mandans, destinée à la fois à commémorer la fin du déluge et à assurer aux guerriers leur entrée future dans les merveilleux terrains de chasse du paradis. Ses deux temps forts sont la Danse du Bison Mâle, qui doit être strictement exécutée pour que viennent les bisons, et un rituel d'initiation des jeunes gens à travers une série de privations et de tortures (N.d.T.).