Black Panthers, juste à entendre ou lire ces deux mots et c'est bon, toute mon attention est captée (ça laisse imaginer les torrents de déception que je remonte en dos crawlé depuis la sortie du film Marvel, mais bref...) alors quand la Masse Critique Graphique a balancé sa liste de trésors, j'ai évidemment bloqué (même pas au courant de cette sortie qui datait de plusieurs mois... la honte !) sur cette bande dessinée racontant l'histoire de ce parti crée dans la foulée des luttes pour les droits civiques des afro-américains.
Donc j'ai coché, prié Huey P. Newton trois fois par jour (et autant de fois
Elaine Brown la nuit) en attendant les résultats et, ô joie et ivresse, quel pied à la réception du mail triomphant. J'en profite d'ailleurs pour remercier Babelio et les éditions Massot pour cette merveilleuse offrande.
D'entrée, un préambule qui plante le décor en revenant rapidement sur les grands évènements (de l'esclavage à la ségrégation, des meurtres d'Emmett Till, MLK ou Malcolm, guerre de Sécession, été rouge, lynchages etc.) qui ont émaillé la sanglante Histoire noire américaine. Un contexte qui, si besoin en est, éclaire sur le sentiment d'injustice et d'urgence qui à la fin des années 60 pesait lourd sur les épaules des jeunes noir·es dont la sécurité, la santé, l'emploi et la vie même étaient en permanence menacés.
Sentiment d'une nécessité à agir vite ressenti entre autres par Huey P. Newton et
Bobby Seale qui, en 1966 et après quelques tergiversations, fondèrent le Black Panther Party for Self-Defense devenu plus tard et plus simplement le Black Panther Party.
And the rest is History...
Malgré l'unité du parti (tout du moins à ses débuts)
David F. Walker ne cherche pas à uniformiser les personnalités mais au contraire dépeint avec précision l'individualité, le caractère et la complexité de chacun des membres ; facettes parfois si discordantes qu'elles les amèneront inévitablement à des dissensions fratricides difficilement surmontables (
Eldridge Cleaver remportant la palme en se ralliant aux conservateurs républicains dans les années 80). Dissensions auxquelles s'ajouteront le contre-espionnage par infiltrations, menaces et parfois même meurtres (celui de Fred Hampton, lâchement abattu dans son lit, en étant l'illustration la plus flagrante) initié par un Edgar Hoover tout affolé devant l'ampleur et les sympathies qu'en quelques mois le BPP avait réussi à créer.
Mais avant cela, quelle histoire, quelle force et quel espoir ils ont insufflé aux minorités, aux opprimés et aux sans-voix.
Et pour nous, quel plaisir de retrouver Angela, Kathleen, Huey, Ericka, Bobby, Assata, Fred, Emory, Bunchy et tant d'autres rendus si vivants dans leur lutte sous les illustrations de
Marcus Kwame Anderson dans un roman graphique à conseiller à toute personne s'intéressant aux mouvements de la gauche révolutionnaire américaine et qui ne connaîtrait pas bien le BPP et à celles et ceux qui souhaiteraient simplement le découvrir.
Pour les autres, déjà au fait de l'histoire de ce parti, eh bien, s'il n'y a pas de révélation exclusive dans cette BD, ça reste un superbe ouvrage qui permet de réviser un peu les grands noms de ces Panthers et de se plonger à nouveau dans les annales de cette organisation qui avait mis en branle un début de révolution qui, s'il n'avait pas subit les attaques incessantes du FBI et les guerres intestines, aurait pu changer bien des choses dans l'Histoire de l'Amérique.