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4,17

sur 637 notes
La bande qui présente ce roman le qualifie de merveilleux, je préfère cet épithète à celui de gothique, il est à prendre au sens propre du terme.
Dans les années 50, pas très loin de New York, vit une famille très aisée, les Chapel, le père est fabricant d'armes, leurs relations ont pour nom ; Colt , Ruger Winchester, etc … et ne s'occupe que de ses affaires.
La mère Belinda , vit avec ses morts et laisse « pousser »ses 6 filles dans ce milieu clos ;
Mais comme leur mère et celles qui l'ont précédée, ces filles sont frappées d'une malédiction horrible qui se manifeste dés qu'elles veulent se donner , ou plutôt se marier à un homme.. S'il en reste une, seule la fuite et une nouvelle vie pourra la sauver C'est elle qui raconte cette saga fort agréable à lire, un page-turner intense , profondément féministe.
Le patriarcat de ces années là en sort ébranlé , ce sera le début d'une nouvelle ère pour les femmes.
Belle traduction et belle lecture .
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C'est l'heure d'aller à contre-courant ! Que de promesses sur cet ouvrage à côté duquel je suis totalement passée, m'ennuyant ferme jusqu'à me forcer pour le terminer, résistant pour ne pas l'abandonner. Maso, moi ? Rien qu'un peu. Une quinzaine de jours avec le sentiment d'un énorme gâchis de temps précieux quand d'autres livres méritaient bien plus mon attention. Ici, le féminisme se décline en une brochette de clichés bien lourds. Les 50's c'est sexy et glamour, il paraît. Et ce, même à travers une malédiction “trop gothique”. C'est cela, oui. Malédiction ne tenant qu'en une phrase très spontanée qui a fait rire et sourire mes proches : . Tout est dit. Des descriptions dans le moindre détail à n'en plus finir pour chaque mariage, rencontre, shopping etc. - journal ou pas - cela fait beaucoup de remplissage, sans oublier les incohérences vu que c'est écrit 60 ans plus tard. Personnage hypermnésique ? Tout cela pour "apprendre" que pour survivre en tant que femme, . L'amour peu importe sa forme, ses contours, et sa profondeur, c'est ok. La diabolisation, alors là pas du tout. En 2023, j'attends autre chose de récits prétendument féministes, loin des excès, loin des extrêmes, loin des métaphores lourdingues (On en parle du symbole phallique des armes ?), loin d'une propagande poussive, à diaboliser, cliché (on les aura vraiment tous eu), et qui ne chemine en aucun cas vers l'équité ou l'évolution des mentalités.

J'ai beau recadré avec l'époque, la quête d'émancipation etc., je reste convaincue qu'il y avait de quoi faire la part belle à des personnages d'envergure et marquants d'une bien meilleure façon et d'une bien plus belle écriture avec des femmes capables de se réaliser par et pour elles-mêmes - d'autres autrices savent exploiter cette époque et ses codes de manière bien plus intéressante (lessons in chemistry adaptée en série par ex, et on comprend pourquoi, je me pencherai sur le roman également). Je conseille, par ailleurs, la chaîne youtube Virago qui nous présente des portraits historiques de femmes admirables, et souvent peu connues, ayant marqué leur époque. Bref, merci mais non merci.

Lu dans le cadre du pumpkin autum challenge - l'esprit indomptable de jo march (Femme, sororité, indépendance, écrivaine...).
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1950, dans le Connecticut, dans une énorme bâtisse victorienne, six soeurs de 11 à 19 ans vivent avec leur mère Belinda, que tout le monde considère comme folle sauf Iris, la cinquième soeur, la narratrice et un père qui se désintéresse de sa famille et ne s'occupe que de son entreprise florissante de fabrication d'armes. Un sort semble s'acharner sur les jeunes filles ; aussitôt mariées, elles meurent le lendemain dans une crise de folie. Iris refuse ce destin.
Ce roman foisonnant, étonnant, nous emporte dans une atmosphère gothique, tendue, angoissante, dans un conte macabre assez allégorique. Toutes les soeurs veulent échapper à la maison-prison, à l'atmosphère délétère de leur famille et le seul moyen que la plupart d'entre elles trouve est le mariage ou du moins un homme qui les emmène loin. La mort après le mariage, comme la mort en couches des aïeules des soeurs, sont le symbole de la mort de la liberté des femmes. Seule Iris, qui choisit l'art comme mode d'expression, aura une vie de femme libre mais à quel prix!
L'art et la nature sont très présents dans ce livre et le personnage d'Iris, en particulier quand elle s'installe au Nouveau-Mexique, m'a fait penser à la peintre Georgia O'Keeffe (1887-1986) connue, en particulier, pour ses représentations en gros plan, très détaillées de fleurs, évoquant le corps de la femme. Seule la rose bénéficie d'un traitement spécial; normalement symbole de beauté, son parfum est, ici, vénéneux, annonciateur de malheurs.
Autre thème important : le contact intime et doux avec les défunts, le sentiment qu'ils accompagnent ceux qui les ont aimés, le sentiment de leur présence et que la mort permettra de les rejoindre. le diagnostic de la folie permet de rejeter celles qui vivent cette proximité dans le domaine de la médecine, de l'enfermement pour ne pas se poser de questions sur ce que l'on ne comprend pas. le roman n'apporte, d'ailleurs, aucune réponse définitive sur ce qui a causé la mort brutale et inexpliquée des soeurs mais ce n'est pas ce qui importe vraiment.
Les 624 pages de ce roman vous saisissent et ne vous lâchent plus malgré quelques longueurs qui ne gâchent cependant pas la lecture ; nous vivons avec les soeurs, avons peur pour elles, souffrons avec celles qui restent, l'atmosphère de cette maison-tombeau nous oppresse.
Une belle découverte.
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Un excellent roman qui se dévore à toute vitesse malgré ses 600 pages.
Sylvia Wren est une peintre dont l'oeuvre est reconnue dans le monde entier. Très secrète, elle vit depuis plusieurs décennies, isolée, dans un petit village du Nouveau Mexique avec sa compagne Lola. La sérénité de son quotidien est soudain bousculée par les mails insistants d'une journaliste qui demande une interview et dit avoir des informations sur son passé.
La vieille dame replonge alors dans l'histoire de sa famille. Une histoire marquée par le deuil de ses cinq soeurs.
Aster, Rosalind, Calla, Daphné, Iris - la narratrice - et Hazel forment la fratrie Chapel. Dans l'immense résidence Bellflower, la mère Belinda, erre, aux prises avec les fantômes des victimes de la carabine Chapel – fabriquée en masse depuis plusieurs générations par sa belle-famille. Elle trouve son réconfort dans la culture de fleurs et la peinture de grandes fresques florales. Ce n'est pas un hasard si toutes ses filles portent un nom de fleurs. Est-elle folle cette femme qui hurle de terreur la nuit et semble toujours inaccessible ? Ou bien est-elle particulièrement sensible, intuitive et réceptive à ce qui nous entoure et que nous ne savons nommer ? En tout cas, lorsque l'aînée de la fratrie fait le projet de se marier, Belinda prédit un drame si l'union se réalise.
Personne ne la croit, à part Iris qui pressent le pire, elle aussi accablée de visions macabres.
La lecture se fait dans une tension permanente car nous savons d'emblée que toutes les soeurs, sauf une, vont décéder et que rien ne pourra empêcher leur destin. Certaines le bravent, d'autres le provoquent mais toutes vont mourir.
Le style est parfait, l'atmosphère très particulière vraiment séduisante. le propos de l'auteur est radicalement féministe, parfois métaphorique mais pas toujours : les personnages masculins incarnent la domination et la violence sociale : du père, à la tête d'une industrie meurtrière, aux différents fiancés en passant par les policiers ou le médecin de famille – tous sont des hommes persuadés de leur supériorité qui prennent, s'approprient et méprisent les femmes mais pas que. A l'inverse, les filles de la famille Chapel sont des artistes, elles peignent, écrivent de la poésie, sont sensibles au monde qui les entoure, de même pour les personnages féminins secondaires.
Hymne à la liberté et à l'autodétermination, le roman est à la fois violent et romantique, traversé par les couleurs et les odeurs : j'ai adoré !
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Ce livre est trop court.
J'en aurai bien pris pour 300 pages de plus.

Quelles histoires !
Une famille dont la mère, le père et les six filles vivent dans une maison de style colonial appelée le gâteau de mariage, famille argentée car propriétaire de la fameuse maison Chapel, fabrique de fusils célèbres aux États-unis.

On aurait pu intituler ce livre "Maman est folle".
Cette malédiction familiale a un fameux terreau ; dans la lignée féminine, les femmes enfantent puis meurent tout de suite après, avec une concomitence effrayante.
La mère de cette famille Chapel est un peu médium, un peu sorcière,un peu voyante, un peu dérangée. Elle a passé son enfance à crier plutôt que parler car elle a entendu sa mère crier à sa naissance puis mourir.
Un bon début dans la vie ....
Du coup, elle crie de temps en temps, puis parle d'une malédiction qui toucherai ses six filles ; ne pas se marier, ne pas enfanter, ne pas côtoyer d'hommes sinon de grands malheurs arriveront.

Et bien, effectivement, cinq de ses filles, après leur nuit de noces ou au motel, après une baignade ou encore avec simplement des projets avec un garçon, meurent sans aucune explication médicale.
Si vous commencez le livre comme on entre dans un thriller, vous allez être déçu : nous ne saurons jamais pourquoi tant de morts étranges dans une même famille.
D'ailleurs, ce livre m'a fait penser à Charlotte de Foenkinos dont les femmes de la famille se suicident en sautant par la fenêtre. Donc, non, on n'en saura pas plus.

Si vous aimez les romans un peu étranges, genre gothique, ce livre est fait pour vous, comme un vêtement qui serait à votre taille très exactement sans retouches.
Si vous aimez les romans des soeurs Brontë, ce livre est également fait pour vous.
Par contre, si votre choix se porte surtout sur des récits bien structurés, avec des explications rationnelles à tout bout de champ, alors ce livre n'est pas pour vous.
Il vous faudra mettre dans votre poche tout esprit rationnel, logique, scientifique.

Ce livre est d'une beauté rare.
De par son écriture, et puis par ses mystères.
Et puis par ses intrigues.
Et par son pouvoir addictif.
Et puis par les descriptions de la nature environnante, les chants des oiseaux, le crépuscule un soir d'été, les préparatifs d'un mariage bientôt avorté, l'espoir de ces filles d'être heureuses en ménage, remplies jusqu'à la gueule de projets, et surtout de s'éloigner de cette maison maudite.

La mère folle sera reléguée dans sa chambre, puis dans une maison de santé (pour ne pas dire asile...).

Les hommes présentés dans ce livre n'ont pas la part belle ; idiots, imbéciles, vantards, gamins. Et le père est un taiseux qui travaille toute la journée.
La sororité est de mise dans la maison, on se tient les coudes entre femmes.

L'avant-dernière des filles Chapel aura une orientation sexuelle et amoureuse à l'opposé de celles de ses soeurs. Elle sera homosexuelle. C'est peut-être ce qui lui a sauvé la vie. Mais non, en fait : c'est elle-même qui s'est sauvé la vie toute seule.
C'est d'ailleurs elle qui est la narratrice dans le roman.

Certains ont trouvé l'ouvrage trop long ou bien ennuyeux, avec trop de descriptions.
C'est ce qui fait que l'on est tous différents dans la vie.

Car moi, je suis triste de l'avoir terminé.
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Je dois avouer être très mitigé sur cette lecture car si ce récit se lit plutôt bien, je n'ai pas trouvé de porté féministe dans ce récit comme beaucoup pourtant le prétende.

L'écriture est fluide, je ne me suis pas ennuyé cependant je n'ai tout de même trouvé ce récit super haletant non plus, j'ai cependant aimé suivre cette sororité et les morts mystérieuses de celles-ci dans cette famille, chacune des filles ayant in prénom de fleur.

Je ne sais pas si j'ai lu de la littérature gothique précédemment donc je ne suis même pas certaine de pouvoir classer un livre dans cette catégorie, même si ici clairement le cadre et l'ambiance joue un rôle prépondérant.

Beaucoup d'avis mentionne le fait que certaines soeurs ont un don mais j'ai trouvé cela beaucoup trop court à mon goût et j'aurais aimé que ces passages soient plus long.

Je trouve que ce récit reste flou de manière contrôlé par l'auteur pour que le lecteur ne sache pas réellement s'il se situe dans un monde réel ou totalement inventé.

Je ne suis cependant pas certaine pour ma part de garder trace dans mon esprit très longtemps de ce récit qui m'a happé ou début et que j'ai trouvé plus long par la suite.
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2017 : Sylvia Wren est une artiste contemporaine majeure. Exposée dans les plus grands musées, elle vit pourtant en recluse dans sa maison au Nouveau-Mexique, évitant toute apparition publique. Lorsqu'une journaliste se met en tête de déterrer son passé, elle se retrouve confrontée à celle qu'elle était autrefois : Iris Chapel.
Ainsi commence pour le lecteur le voyage dans les années 50 avec les six soeurs Chapel, un nom connu pour être celui d'un des plus célèbre fabricant d'armes. Aster, Rosalind, Calla, Daphne, Iris, Hazel, 6 filles au prénom de fleurs. 6 qui vont devenir 5, puis 4, puis 3….

Un parfum d'étrangeté plane sur cette histoire avec des morts mystérieuses qui s'enchaînent, une mère torturée par des fantômes, persuadée pouvoir prédire l'avenir et une grande maison victorienne qui ressemble à un gâteau de mariage.

Fresque familiale aux accents gothiques, « Les voleurs d'innocence » est une très bonne surprise. Pas du tout friande de ce genre d'ambiance, je me suis totalement investie dans cette lecture. Je voulais savoir !

Derrière l'intrigue proche de celle d'un thriller psychologique, Sarai Walker, nous convie très habilement à scruter les normes sociétales et la perception des femmes dans les années 50. Une époque où les filles aspirant à s'échapper de leur famille n'ont pour seule issue que le mariage. La vie de Sylvia Wren, qui emprunte à la fois à celle de Georgia O'Keeffe et à celle de Sarah Winchester, vient à l'opposé célébrer la liberté et une certaine forme de féminisme.

« Tu ne comprends pas ce qu'est réellement le mariage. Comment, une fois mariée, tu appartiens à un homme et cesses d'être toi-même. 
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Sous l'apparence d'une saga familiale rehaussée d'une touche de fantastique,
Un roman profondément féministe, une dénonciation de l'emprise, du joug mental, du silence imposé. « S'enfuir, comme je l'avais soupçonné, n'était pas facile ; sinon, davantage de femmes le feraient. »
Une histoire de mères, de filles, de soeurs « Notre lignée maternelle est un collier enroulé si serré autour de notre cou qu'on ne peut pas respirer. »
Une ode au sexe et au corps de la femme.
Une atmosphère victorienne, les soeurs Brontë, Emily Dickinson et Tennyson ne sont jamais très loin.
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Une maison bourgeoise en forme de gâteau de mariage. Un couple, six filles prénommées Aster, Rosalind, Daphné, Calla, Hazel dites Zélie et Iris.

Les filles ont leur aile dans la maison. Monsieur Chapel, lui, s'adonne à un business qui peine un peu au début des années 50, après les années fastes de la guerre. Il fabrique et vend des armes à feu.

Belinda, la mère, ne sort que pour se rendre au jardin. Elle déteste son époux. Elle est totalement habitée par une peur transmise par les femmes de la famille qui l'ont précédé. Elle met en garde ses filles contre la malédiction Chapel. Elles mourront, si elles se marient.

Les fantômes de Belinda et d'Iris symbolisent-ils les hommes qui en les épousant les aspirent, les obligent à s'oublier pour fonder un foyer au centre duquel ils s'épanouiraient sinon pourquoi prendre épouse. Monsieur Chapel a rappelé à Belinda quel était son devoir, qu'elle le veuille ou non. Six filles en ont été conçues.

Ce roman d'ambiance, allégorique, est addictif parce qu'il plonge le lecteur dans le noir destin de ces femmes que l'on pourrait envier, confortablement installées dans des maisons bourgeoises, aidées d'une domesticité, mais sans plus d'importance qu'un meuble que l'on remise s'il dérange.

Sarai Walker nous propose une vision de la vie des femmes dans les années 50, sans outrance envers les hommes, avec délicatesse, soulignant simplement les renoncements qu'ils imposent aux femmes : études, aspirations artistiques. Tout ce qui constitue une individualité leur est nié au profit du foyer, du réconfort qu'elles doivent apporter à leur époux.

Un roman délicatement féministe et engagé que l'on peut lire comme tel, ou choisir de ne voir que l'aspect roman à suspense, selon son inspiration.


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Nous sommes dans les années 1950, aux États-Unis, et nous allons faire connaissance avec les filles Chapel, six soeurs aux prénoms de fleurs. Par une belle journée d'été, alors que les demoiselles s'amusent avec insouciance sur la plage, deux jeunes hommes vont émerger des flots. Un évènement anodin qui va pourtant changer la vie d'Aster, l'aînée des six soeurs. Iris, la cadette, va nous conter leur triste sort. Grâce à son récit, nous allons découvrir l'histoire des femmes de cette famille, celle des soeurs et de leur mère, Belinda, mais aussi celle de sa mère encore avant elle.

Chapel, c'est d'abord l'illustre nom d'un des plus grands fabricants d'armes des États-Unis. Une entreprise prospère, qui leur confère une position sociale respectable, et une grande demeure qui "semblait sortie tout droit d'un conte de fées", le « gâteau de mariage ». Une bien jolie maison, parfaite pour rêver au prince charmant.

Mais le nom de Chapel est aussi un poids lourd qui pèse sur les épaules de Belinda, qui ne peut souffrir d'être associée, même indirectement, à tant de morts et de barbarie. Des morts qui reviennent la hanter, nuit après nuit, jour après jour, jusqu'à la folie. Cette femme m'a énormément touchée, car elle semble vivre perpétuellement dans un autre monde, l'oeil hagard, habituée à ne plus être considérée par les membres de sa famille. Elle est l'épine dans le pied, l'ombre au tableau de ce beau « gâteau de mariage », celle qu'on aimerait à tout prix éviter de présenter aux invités. Surtout quand, pétrie d'angoisse, elle avertit Aster du danger imminent qui la guette si elle persiste à vouloir se marier. Seule Iris prête une oreille attentive à sa mère, compréhensive car porteuse elle aussi, parfois, des mêmes étranges visions.

Rapidement, la légèreté des premières pages laisse place à une ambiance plus angoissante et lugubre. Les rires, qui résonnaient autrefois si chaleureusement dans l'aile des filles, s'estompent jusqu'à disparaître. Chaque drame les éloigne un peu plus les unes des autres, et le « gâteau de mariage » n'est plus qu'une vaste demeure silencieuse et oppressante, où les filles Chapel sont réduites à des épitaphes sur des pierres tombales.

Comment ne pas être touchée par le destin tragique de ces jeunes femmes, dont on ne peut qu'observer, impuissants, la chute inévitable ? de quoi sont-elles mortes exactement ? Quelle malédiction s'est invitée à leur naissance ? La mort d'Aster, la première que nous devons affronter, est particulièrement choquante, troublante, incompréhensible. Une mort qui laisse les hommes perplexes, aussi la conclusion officielle du médecin paraît si hypocrite qu'elle en devient presque risible. Comment, dès lors, ne pas songer au titre du roman, si évocateur ? À ces hommes voleurs d'innocence, qui rappellent l'existence et la condition de tant de femmes à travers le monde. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, je pense, même si le sujet est abordé sous un aspect plus métaphorique. Car dans ce monde, en cette époque, tu nais fille, tu deviens épouse puis mère et tu ne seras jamais rien d'autre que cela. Tu ne seras pas botaniste, tu ne seras pas une femme libre ni indépendante, tu seras une épouse ou une vieille fille pointée du doigt.

Un roman à l'atmosphère mystérieuse, avec une petite pointe de fantastique, qui m'a envoûtée. Si j'ai trouvé quelques longueurs, j'ai toutefois beaucoup aimé ce récit qui parle de femmes et de sororité. Ce n'est pas spécialement un sujet que je recherche dans mes lectures, pourtant, j'ai vraiment apprécié la façon dont il est traité par l'autrice. Un propos soigneusement amené, à travers une histoire originale et passionnante.

Ma chronique est sur le blog.
Caroline - le murmure des âmes livres
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