Je me souvenais d'avoir lu surtout de bons retours sur
Morwenna et j'ai donc profité d'une séance de dédicace pour l'acheter mais, suite à cela, quelques personnes m'ont mise en garde : soit on aime, soit on n'accroche pas du tout à ce roman. Je me suis donc demandée si je n'allais pas regretter cet achat.
1979.
Morwenna est une adolescente de quinze ans qui est envoyée en pensionnat par son père et ses tantes. On apprend qu'elle a laissé derrière elle sa soeur jumelle et leur folle de mère. Tout cela est au début très obscur mais les choses vont se dévoiler au fil des pages.
Le roman se présente sous la forme d'un journal intime. La jeune
Morwenna nous parle de sa famille, de ses cours et de ses camarades, mais elle nous parle surtout de sa passion : lire des romans de SFFF (science-fiction, fantasy et fantastique). Autant le dire tout de suite, il y a énormément de références, que ce soit à des oeuvres très connues comme d'autres plus obscures et, de ce que j'en sais, ça ne plaît pas à tout le monde pour diverses raisons (on s'y perd avec ce trop-plein de références, ça coupe le récit…). Pour ma part, je n'ai eu aucun problème avec cela – peut-être parce que j'étais déjà au courant qu'il y en avait beaucoup ? – et j'étais même contente de découvrir des auteur·rices, de voir que j'en connaissais déjà (sans forcément avoir lu ne serait-ce qu'un seul de leurs livres, ce qui me pousse encore plus à les découvrir). En fait, toute cette partie sur la lecture, c'est certes abondamment référencé, mais c'est surtout une ode à la lecture, aux romans de SFFF, aux prêts entre bibliothèques (merveilleuse idée, en effet) et à la critique (qu'elle soit bonne ou mauvaise) puisque notre héroïne en est adepte. Cette partie de
Morwenna occupe effectivement pas mal de place dans le récit ; la jeune femme a peu de loisirs et son moyen de s'occuper et de s'évader, c'est grâce à la lecture.
Morwenna est une héroïne un peu étrange dans le sens où, quand elle décrit ses journées, je me suis souvent demandée ce qui était vrai ou faux, quelle était la part d'imagination et de fiction qu'elle glissait dans les lignes de son journal intime. À dire vrai, je me suis demandée jusqu'à quel point ce roman pouvait être autobiographique,
Morwenna étant alors un double de
Jo Walton.
Il y a, dans ce livre, un certain nombre de personnages et, excepté le père pour lequel je reste très mitigée, je les ai beaucoup appréciés, que ce soit les bibliothécaires et leurs attentions, les membres du club de lecture, même si certains ne sont finalement pas très présents ; et il y a la présence constante non seulement de la mère et de la soeur de
Morwenna – une présence plutôt sombre -, mais aussi celle des fées qui s'avère assez lumineuse, ce qui crée un bon équilibre. Ces créatures font parties des choses pour lesquelles je me suis longtemps interrogée sur leur présence réelle ou fictive dans l'histoire, jusqu'au moment où je me suis dit que, peu importe, je n'avais qu'à vivre la magie aux côté de l'héroïne de Walton. Cette magie, elle opère un certain charme dans le roman, elle en imprègne chaque page et, pourtant, elle ne nous étouffe pas.
Enfin, l'écriture. J'ai adhéré. Certes, c'est un journal intime et c'est donc un ton peu littéraire, plus franc, sans circonvolutions, mais cela n'en reste pas moins agréable à lire et l'écriture couplée au texte donne un récit addictif alors qu'il ne se passe pas tant que ça de choses (ça reste le journal intime d'une ado qui parle aux fées et lit des romans ; il n'y a pas de grande quête pleine d'aventures).
Morwenna est un roman qui transfigure les genres, que ce soit le fantastique, la littérature jeunesse, le folklore gallois, la biographie voire l'autobiographie… Par le biais de l'histoire d'une adolescente,
Jo Walton nous offre une superbe déclaration d'amour aux livres et aux bibliothèques. C'est juste merveilleux et on en ressort en se disant que, nous aussi, nous verrons prochainement des fées (et avec plein d'envies de lectures!).
Lien :
https://malecturotheque.word..