Après "
La Dernière Maison avant les bois",
Catriona Ward joue une fois encore avec nos nerfs avec le thriller psychologique "
Mirror Bay" !
Plus qu'un magistral roman de genre, d'une singularité confondante, elle nous propose ici une réflexion sur la mémoire, le passé, les traumatismes et les récits que l'on s'en fait. Un ouvrage méta-fictionnel qui hante le lecteur bien
après avoir tourné la dernière page.
« Hanté et perturbant, ce roman sombre et atmosphérique est un nouvel exemple de la manière unique dont
Catriona Ward s'est emparée de la littérature d'angoisse. »
The Guardian
« Un roman à combustion lente, à mi-chemin entre
Lewis Carroll et
Stephen King. » The Times
Été 1989. Les parents de Wilder Harlow viennent d'hériter d'un cottage dominant les côtes du Maine. L'adolescent, plutôt mal dans sa peau, fait la connaissance sur la plage d'une jeune fille, Harper, et d'un garçon, Nathaniel.
Très vite, le trio devient inséparable. Mais malgré le tableau idyllique du bord de mer, des balades en bateau, des amitiés naissantes et des secrets partagés, des rumeurs courent à Whistler Bay. On parle d'une mystérieuse noyée dont
le corps n'a jamais été retrouvé, d'un homme qui s'introduit la nuit dans les foyers pour prendre en photo les enfants pendant leur sommeil…
Bientôt, l'inquiétude est avivée par des événements beaucoup plus sombres. Pour les trois adolescents, les portes de l'enfance se referment à jamais. Profondément marqué, Wilder entreprend de rédiger ses mémoires. Prenant un visage totalement inattendu, l'horreur frappe à nouveau…
Je remercie les @Editionssonatine et @NetGalleyFrance de ma'voir permis de lire ce second roman très déroutant.
Comme j'avais eu un coup de coeur pour la singularité de "
La Dernière Maison avant les bois", j'avais hâte de découvrir "
Mirror Bay" qui s'avère être tout aussi perturbant.
Tout d'abord, j'y ai retrouvé l'atmosphère sombre, pesante, angoissante et malaisante du premier roman. L'intrigue débute comme un roman initiatique d'amitié idyllique entre trois adolescents de seize ans : Wilder Harlow rencontre Nat et Harper en juin 1989 à Whistler Bay où circule l'étrange histoire du mystérieux Rôdeur. de qui s'agit-il ?
Ensuite, d'autres récits s'entremêlent les uns aux autres, comme dans une sorte de mise-en-abyme multiple, ou comme un labyrinthe de miroirs déformants. D'où le second niveau d'interprétation avec ce côté méta-fictionnel (récit dans le récit) qui apparaît peu à peu pour se développer de plus en plus au fil des pages et tout finit par se brouiller.
Cet effet de miroir est aussi reflété dans la structure narrative très complexe qui change constamment de perspective, ce qui est très déroutant et perturbant car le lecteur doit remettre en question ce qu'il croyait avoir compris. Il faut attendre le dénouement pour découvrir l'autre côté du miroir qui se révèle enfin, à la manière d'une anamorphose.
Cet état de confusion fait aussi écho à l'instabilité psychologique des différents personnages dont le récit mélange fiction et réalité, passé et présent, ce qui les rapproche dangereusement de l'abyme de la folie. Comme le dit Wilder : "Le livre est un miroir que je dois traverser" et il en est de même pour le lecteur qui reste en apnée et se fait manipuler par l'autrice du début à la fin de ce roman.
Difficile d'en sortir indemne car comme le dit Wilder : "Chaque fois que je tente de remonter, les abysses m'aspirent". Un roman déstabilisant !