Pour la première fois de sa vie, Stavros perdait sa foi dans l'an qui vient, sa certitude que l'année nouvelle apporterait des jours meilleurs. Chez certains hommes, cela aurait inspiré de la mélancolie ; chez Stavros, cela aiguisa sa rancœur et aggrava son impatience habituelle. Ce qu'il fallait à cet ambitieux Anatolien, c'était du mouvement, un triomphe ou un désastrue, une réussite ou un échec, un changement, une délivrance, une querelle. Stavros aimait mieux reculer que rester sur place. La défaite le stimulait. En être au même point que l'année passée, cela lui brisait le moral.
Elia Kazan : la mort de Tennessee Williams (1983)