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Hardy et sa bande quittent la grotte et vont vers la mer. De la vie d'avant la 'cassure' ils ne savent que ce que le Vioque racontait, les canettes de Coc-Cla, les clopes Malbro, les chansons de John Holiways, 'Que je t'aime' ils fredonnent.
La terre est pourrie, les animaux rares et ils mangent l'inconnu qu'ils ont rencontré.

Au milieu de cette bestialité qui est en fait normalité, il y a la horde, le sexe libre, l'amour plein de poésie et de tendresse de Hardy aussi bien pour Marthe, avec son désir hystérique d'enfants, que pour son ami Ossip, l'amitié du jeune Frog qui se cache dans la bouche de 'métr'.

A sa manière, ce récit post apocalyptique est un monument.
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« Rien ne menace l'homme. Les hommes, ce sont des survivants comme les cafards. Alors que la civilisation... c'est elle qu'il faut préserver. » Glukhovsky, Métro 2034.

Parce que sans la civilisation, l'Homme devient-il la menace de lui-même ?

J'ai ressenti de la tristesse et de la peur pendant ma lecture. Je me disais que ce seraient peut-être mes enfants, là, dans cet horrible futur, avec leurs amis, leur famille et la communauté qu'ils auraient choisi. Et du coup, je me suis vite attachée à ce groupe.

Divisé en micro-chapitres qui vont juste à l'essentiel, cela me faisait penser à un poème en prose où l'horreur alterne avec le sexe, et parfois avec les souvenirs, la mort et l'Amour. Je me demandais pourquoi la douleur n'était jamais exprimée. Parce qu'elle est innommable dans ce monde de barbare. Perdre quelqu'un qu'on aime est déjà horrible mais là les morts sont absolument violentes et effroyables. C'est impossible d'y exprimer de la peine.

J'y ai vu beaucoup d'Amour, d'attachements les uns pour les autres, Hardy pour Marthe, Marthe pour sa communauté. Ils sont empreints de rêves : « voir la mer », de souvenirs du passé déformés par le temps, peut-être un jour jusqu'à l'oubli, des mots, des expressions légués avec maladresse. le respect pour le Vioque qui racontait le Monde d'avant, Marthe qui souhaite imprégner la vie de la Vie en faisant beaucoup d'enfants. Ils recherchent le Savoir en transmettant tout ce que le Vioque leur a communiqué dans l'espoir de préserver un semblant de civilisation. Ils se perdent dans ce naufrage de violences atroces parce qu'ils n'ont pas tellement d'autres choix. Comme l'écrivait Philippe Testa dans L'Obscur : « L'éthique, c'est un luxe de personnes bien nourries. » Et pourtant, malgré tout, nous la voyons cette humanité, cet amour, cet espoir toujours présents.

Merci à Indimoon pour ce conseil de lecture.
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L'Apocalypse vous effraie? Il y a pire voyez vous. C'est d'y survivre. Etre la génération O, celle où le compte des jours a cessé, celle où on ne les comptera plus désormais car il y aura mieux à faire: survivre tout simplement. Survivre au froid car aucun abri ne subsiste, à la faim car animaux et végétaux se font rares et ne sont plus forcément comestibles, comparé à vos compatriotes encore debout. Il vous faudra aussi survivre aux autres, du coup. le chaos. La folie vous guette. La nostalgie du passé que "le Vioque" de son vivant encensait. le désespoir de devoir quêter chaque jour de quoi continuer à vivre, et à espérer.
Hé bien!!
Il est court ce roman.
Mais c'est sans doute préférable.
J'ai ainsi pu le relire après l'avoir d'abord envoyé paître au fond du lit "dépriiimant!!".
J'ai été davantage sensible à ce que ce livre dégage d'humanité, à la relecture. Davantage touchée par les personnages, à la force d'union de cette "horde", même si la vie de chacun est fragilisée car un coup de hache est vite arrivé .
Davantage convaincue également par ce degré 0 de la civilisation selon l'auteur; pas celle des cavernes, où tout était encore à découvrir, mais celle qui doit se relever après l'échec de la première, après "la cassure". Comme dans beaucoup de romans posts-apocalyptiques la cause n'est pas le sujet (les causes possibles sont nombreuses, on les connait déjà), le sujet c'est l'urgence, le mouvement, la nécessité de bouger pour subsister: trouver de quoi se nourrir, échapper à plus fort que soi, trouver des cieux plus cléments. Est-ce pour servir cette urgence que le texte est si dynamique? Les paragraphes courts de ce roman sont numérotés, comme autant de scénettes vues au travers du narrateur, Hardy. On change ainsi de sujet sans transition, passant de la scène la plus gore de meurtre, à une scène de sexe, au désespoir le plus noir à contempler la lune désormais bleue. Des sortes de flashs aveuglants du stroboscope d'un futur cauchemardesque.
.

Ce qu'il fallait absolument ajouter à tout celà, pour que ce ne soit pas frontal et indigeste, c'est créer un second degré si possible, merci! Antoine Wauters est d'accord avec moi. Si l'on songe comme le dit le vieil adage, que "l'humour est la politesse du désespoir", il a même été très poli. Je n'ai pas ris pas à gorge déployée, je précise, mais j'ai souris notamment de ces bribes de repères d'un monde anéanti auxquelles s'accrochent les rescapés, issues par exemple de l'admiration que le Vioque, qui a été l'un des plus vieux du groupe, avait pour notre Johnny national.
"Quelque chose de Tenessee" de John Holiways (les termes du monde d'avant ont perdu de leur justesse) devient ainsi l'hymne mélancolique qui les rassemble, et "allumez le feu" un rituel de crémation (ça n'a pas l'air fin dit comme ça, mais dans le livre c'est mieux tourné...) D'autre part, si chaque paragraphe est numéroté, les numéros bis, ou post scriptums de Hardy m'ont également généralement décroché un sourire.
.

Bref le bilan reste tout de même très sombre, mais non dénué de poésie et d'un humour tendre pour ses personnages. Je suppose qu'il en sera tout autant le cas dans "Mamhoud ou la montée des eaux" que j'ai réservé à la bibliothèque, surprise de constater que cet auteur avait écrit par ailleurs un roman post apocalyptique dont la petite tranche jaune me faisait de l'oeil depuis plusieurs mois.
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Deuxième livre lu de cet auteur.

Paris, la France, ont été ravagés par on ne sait quel événement. Ce qui est sûr c'est que tout est calciné, tout manque, et il faut survivre dans un monde où la mémoire de ce qui s'est passé, la mémoire d'un avant, sauf des lambeaux, font défaut, de même que les repères moraux que l'on attache à l'idée d'humanité.

C'est dur, très dur. Mais bien écrit et suffisamment court pour être lu en un souffle, en pure apnée.
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Moi, Marthe et les autres pourrait ressembler à un titre pas très français, il aurait été moins choquant de lire "Marthe, les autres et moi" avec le pronom personnel situé à la fin.
En même temps, quand la France n'existe plus, ses usages grammaticaux on s'en fiche un peu.
Paris est en ruines, les mots le sont tout autant.
La fin du monde a eu lieu il y a bien longtemps, nul ne se rappelle comment, et tout ce qui demeure ce sont des vestiges.
Le langage mais aussi les monuments et les hommes sont à cette image de ruines.
Notr-Dam, les Gallefayette, la Biblioth Natniale, le coc-cla, la mousse à raser Gilep's : les lettres s'effacent et le passé avec.
La préhistoire recommence sur les béquilles d'un monde qui était à son apogée.
"Certains peignent des choses dans la terre, d'autres peignent des poèmes sur les parois."

Je n'ai pas lu énormément de romans post-apocalyptiques : Vivants d'Isaac Marion, Bird Box de Josh Malerman ou encore Et toujours les forêts de Sandrine Collette. Des romans qui n'ont que peu de points communs mais qui inéluctablement décrivent les survivants former des groupes d'entraide, des groupes d'individus qui s'affrontent les uns les autres, le pillage des biens restants pour tenter de prolonger un peu plus les cendres d'une existence.
Moi, Marthe et les autres ne fait pas exception à ces règles aussi tacites que probablement visionnaires. le groupe d'une cinquantaine de femmes et d'hommes composé autour d'Hardy lutte pour conserver une part d'humanité mais en vain. Dans cette capitale où il fait froid, où la nourriture se raréfie au point de se sustenter d'araignées, de cafards ou de vers, où la terre ocre semble toxique, ils doivent s'adapter.
"Dieu que cet homme est bon !" ne fait pas écho à la foi et à l'abnégation des êtres mais à leur goût en bouche, quand le cannibalisme est devenu la règle.
Quand les réserves de nourriture manquent, se régaler d'un mollet humain cuit à point est un délice.
"Demain, nous irons voir si les chairs sont carbonisés. Si oui, nous les écarterons. Si non, nous les mangerons."
C'est un nouveau monde hostile, fait d'affrontements, de cadavres, de faim et de peur.
Les hommes vivent dans les sous-sols du métro, nouvelles grottes de Lascaux.
Ils réinventent les outils ou les armes.
Leur amour a quelque chose de bestial.
"Ils disent que nous sommes des babouins, que nous nous accouplons comme des babouins."
Mais l'amitié et la force des liens qui les unissent permet de dresser une barrière fragile face au désespoir.
"Vivre comme nous, c'est composer avec le manque. Sourire de notre morcellement. Et beaucoup pleurer."

La véritable originalité dans les thèmes abordés est celui de l'oubli.
Si parfois la réalité est trop cruelle et que l'abrutissement par des drogues peut permettre d'y échapper un instant ( "Il n'est plus question que d'oubli" ), si les mots se déforment ( "On n'est que des orfolins." ), si personne ne se souvient de son identité ( "Dans la bande aussi, nous nous étions rebaptisés, nos noms ne nous étant pas connus." ), on ressent cependant une véritable lutte pour que L Histoire soit retransmise de génération en génération. Et c'est avec un sourire désabusé qu'on les regarde perpétuer ce qui deviendra des légendes sur des sujets aussi divers que la charrue, les oiseaux, le gouda ou internet. Comme des flashs sans aucun lien du monde d'avant.
Avec le même humour triste, les chansons qui ont traversé le temps de John Holiways ont été reprises dans différents contextes, Quelque chose de Tennessee devenant par exemple leur hymne.
Tout passe par un langage qui devient absurde et dénué de sa signification première. Leurs sonorités comptent davantage.
"Nous ne disons que des mots que nous aimons : pus, canette, moufles, fétide, furoncle, chafouin."
Mais l'oubli a déjà commencé à l'emporter, aucun peintre ne s'est jamais appelé Francesco Dali et aucun cycliste François Fignon.
Est-ce la mémoire transmise qui leur laisse encore ce semblant d'humanité ?

Autre originalité : La forme.
Celle-ci m'a beaucoup moins enthousiasmé.
Je ne pense pas avoir déjà lu un roman aussi court ni un roman contenant autant de chapitres.
Et pourtant, 192 chapitres en soixante pages.
Ca, c'est fait.
Et dans ce format, évoquer autant de personnages, c'est passer à côté de chacun d'entre eux. Hardy, Marthe et tous les autres : Josh, Ossip, Frog, Kéké, Gaby, Harm, Azzuto, Begraaf, Yu, Mad, Olmo, Moshé. Et la liste pourrait continuer. Alors évidemment, ils sont à peine esquissés, tout juste effleurés, et à l'exception de quelques phrases joliment tournées je n'ai jamais ressenti quoi que ce soit. Je suis resté à quai, totalement dépourvu d'émotions. Pas de colère, pas de joie, pas de souffrance, pas de peine. Leur sort m'indifférait totalement.
J'aurais du ressentir la cruauté de leur environnement, être choqué par la diminution progressive du groupe, être ému en différentes circonstances, sourire à leurs bêtises, m'étonner de leurs envies ou de leurs attitudes, me révolter face à ce monde impitoyable et m'émerveiller de la couleur bleue de la lune.
Mais rien.
Je n'ai pas compris l'intérêt de cette forme qui prive tous les protagonistes de passé et de développement, je veux bien comprendre que l'essentiel du propos n'était pas là mais si je ne suis pas parvenu à éprouver la moindre empathie c'est qu'à mes yeux le livre était un échec.

Je considère donc le roman d'Antoine Wauters classique dans son propos post-apocalyptique désespéré. Pas de zombies ici, pas d'idée de la façon dont a eu lieu l'apocalypse, des humains qui forment différents groupes qui s'affrontent et dont la liste de répartition des pillages - inintéressante au possible - aurait mieux fait d'être consacrée à donner de la consistance à des personnages qui nous laissent de marbre.
Nous ne sommes pas dans une nouvelle et pourtant le mot roman me paraît tout aussi inadapté quand tout est survolé à ce point.
Je ne pensais pas sortir autant de ma zone de confort avec un tel récit, je dois bien l'avouer, et Moi, Marthe et les autres n'avait finalement que peu de points communs avec les autres romans du genre. Avec les autres romans tout court.
Heureusement, il restera après ma lecture toute une réflexion sur la transmission du langage, des légendes, des chansons, de l'Histoire telle que nous ne l'avions jamais lue auparavant. Et l'image des mots qui s'effacent au même rythme que les enseignes, les marques ou les stations de métro pourrait laisser penser qu'ils sont encore pour quelque temps le dernier rempart de la civilisation telle que nous la connaissions.

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Est-ce une bonne idée de lire un roman post-apocalyptique en ce moment? Peut-être que non mais autant sombrer dans le pire pour se dire que...
Tout est détruit, un petit groupe d'humains survit dans un monde détruit qui ne ressemble plus à rien. Déjà lu ce genre? oui sans doute mais là l'histoire est brève, l'auteur nous donne juste quelques éléments pour dire la violence, la peur, la "baise" Ah oui il reste encore ça.
"La grotte" lieu de protection; "La fuite" pour trouver un meilleur? Lequel ? Il n'y a plus rien, juste des sauvages aussi violents que nos héros dont le groupe diminue. " Les raisons d'espérer" Ah oui? je ne les ai pas vues je crois.
Très court roman ( 72 pages) dont les texte est partagé en de très brefs paragraphes numérotés ( 192) il nous dit la cruauté, l'horreur, la vie en déliquescence.
Je n'y ai pas vu d'humour, comme dit en 4e de couverture.
J'ai lu et je crois que je n'ai pas vraiment aimé. Mais je me suis dit que c'était à lire.
Après se dire que ce n'est qu'un livre....
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Une fable post-apocalyptique fort noire mais très très bien écrite.

Il ne reste plus grand-chose de Paris, seulement des bandes de jeunes. Tout le monde focalise son énergie sur la survie, c'est-à-dire se défendre de l'autre, se cacher, chercher éternellement à manger, se chauffer, aimer, copuler, se souvenir de ce qui est encore possible de se souvenir, rester en bande.

Une fable parce que c'est un futur possible, parce que la communauté prime sur l'individu.

Une fable écrite en 192 paragraphes numérotés, qui permettent d'aligner les réflexions, les sentences, ou les morceaux d'histoire, sans devoir relier les paragraphes entre eux.

Une fable fort noire car, in fine, c'est la mort qui gagne et parce que pour survivre, il faut se déshumaniser.

Je ne regrette pas mon choix à la Bibliothèque.
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Dans un au-delà de la catastrophe, futur proche et indistinct où l'humanité est quasiment retombée à l'état animal, sans que l'on ne sache ni comment ni pourquoi, un petit groupe d'hommes nés après « l'événement » – Marthe, Josh, Hardy, les petits, le narrateur et les autres – arpentent les rues d'un Paris dévasté, veillent toute la nuit pour échapper aux menaces, patrouillent pour trouver de la nourriture, restes de ce texte humains ou aliments non encore irradiés, et tentent ardemment et désespérément de s'aimer et de se reproduire.

« 1. Nous arpentons le boulevard SainGerm et inspectons les restes des combats de nuit. Nous regardons devant nous, nous agenouillons, Josh dit : y a que des macchabées par ici, Hardy, que de la chair carbonisée. Il prend ma main et nous nous en allons, empruntant les petites rues et le funicul nous menant en droite ligne chez nous. »

Antoine Wauters publie ce court texte impressionnant de souffle en cette fin d'été aux éditions Verdier (à paraître le 23 août, ainsi qu'un superbe roman « Pense aux pierres sous tes pas » dont nous parlerons prochainement ici) dont la noirceur du propos et la beauté de la prose résonnent sourdement avec la poésie insensée de résistance à l'agonie de Lutz Bassmann, mêlant la sauvagerie d'une société détruite à la sensualité d'un narrateur écrivain qui collecte les phrases des membres de son groupe et compose des chants avec les lambeaux de la mémoire et les fragments du chaos.

"Quel jour on est ? dit Mad comme chaque matin. Nous la regardons, effondrés. Pauvre Mad, dit Josh. Pauvres de nous. Depuis combien de temps ne compte-t-on plus les jours ? Depuis combien de temps le monde nous a-t-il été repris ?"

Tandis que les lettres désignant les lieux, les objets, les enseignes peu à peu tombent et s'effacent, en dépit du désespoir et d'une histoire incendiée, le narrateur, comme l'enfant de « Nos Mères », utilise les mots et le rythme de la poésie pour contrer l'oubli, pour transmettre les traces et les mots du monde tel qu'il fut. Parmi les ruines indéchiffrables du vieux Macdo ou de la Biblioth Natniale et les traces d'une culture anéantie, quelques miettes ont été racontées et transmises par le « Vioque », aujourd'hui décédé, comme cet air de John Howlidays dont ils ont fait leur hymne de vie ; les scènes de meurtre, de sexe chaotique, d'amour et de cannibalisme, l'effroi et les effets comiques s'entremêlent, dans les strophes de ce texte d'une beauté hallucinée.
Avec ce qui reste du langage dans une nature dévastée et une société détruite, le narrateur tente de donner une forme à leur vie car dire c'est résister et peut-être même davantage : aimer voire reconstruire.

"Nous avions tout, dit Azzuto. Nous avions trop. Aussi était-il juste de et bon de tout perdre, puis de tout recommencer. Nous étions gros, enchaîne Patrap. Beaucoup trop gros. Obèses. Pourris gâtés. A présent, nous devons tout reprendre à zéro, tout recréer : la vie, l'espoir, et la joie tout au fond de nous.

Vivre comme nous, dit-il encore, c'est marcher au milieu de rues recrues de chiendent, de chardons, de broussailles. C'est sourire sans comprendre pourquoi. C'est beaucoup pleurer."

Avec un art du montage qui caractérisait déjà «Césarine de nuit», Antoine Wauters forge un texte d'une beauté intense teinté de cruauté et d'humour, où l'écrivain narrateur voit ses souffrances s'atténuer dans la joie du langage, avec l'espoir, même ténu, que la poésie panse la perte des temps passés, la cruauté du présent et l'ombre pesant sur tout futur.

"Il n'y a plus que des chardons bleus. Que des blattes et des genévriers. Des alignements de roche et ce vent ronge-pierre soufflant d'est en ouest. Regarde, Marthe. Il n'y a plus que des lieux sans garance, sans lin, sans lièvres. Et la faim, toujours elle, dans le fond des yeux."

À la frontière des genres poétique et science-fictif, jouant de ce motif classique de l'effondrement de l'humanité et du langage, « Moi, Marthe et les autres » transforme en un texte de 192 strophes les errances d'après l'apocalypse en un chant poétique qui semble plonger ses racines dans les origines de l'écriture.

Retrouvez cette note de lecture et beaucoup d'autres sur le blog Charybde 27 ici :
https://charybde2.wordpress.com/2018/08/17/note-de-lecture-moi-marthe-et-les-autres-antoine-wauters/
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C'est un tout petit roman de 80 pages mais qu'il est dense et riche en réflexions sur notre société.

Je retrouve avec plaisir l'écriture d'Antoine Wauters, faut-il le repréciser lauréat du Prix Première en 2014 avec "Nos mères".

Un roman, une dystopie même qui nous emmène dans un Paris dévasté - par quoi ? - on l'ignore, au lecteur de faire son choix : catastrophe nucléaire, guerre, cataclysme climatique?. La ville est méconnaissable, la nature l'a envahie par endroits, tout n'est que violence et hostile dans un monde en lambeaux.

Hardy, Marthe, Josh, Begraaf et les autres essaient de survivre. Ce groupe erre dans la ville, se cachant dans "La Grotte" en chantant les chansons du Vioque, un certain Johny Holiways. ☺

Un peu d'humour qui est bienvenu dans ce court roman chargé de noirceur et de violence.

C'est dur, réaliste à la fois, cela nous parle de l'évolution de notre société, de sa dérive, nous pose un tas de questions sur nos responsabilités face à cette planète, notre société de consommation, sa violence, nos croyances, notre culture.

Le livre se décompose en 192 paragraphes numérotés, une configuration étrange qui me semble-t-il m'a permis une respiration, un temps de réflexion.

Les protagonistes sont constamment tiraillés entre espoir et désespoir, tristesse et joie, faut-il tout abandonner ou au contraire ne rien lâcher ?

J'ai beaucoup aimé retrouver cette écriture épurée dont chaque mot est choisi, lourd de sens poussant à la réflexion.

Quel est le sens de notre existence ? notre raison de vivre ? de continuer ? le tout ponctué d'humour car "il suffira d'une étincelle ..; ☺ pour poursuivre les combats, pour continuer d'y croire et .."d'allumer le feu". ☺

L'espoir au-delà de la mort, l'envie de se reproduire, de s'oublier, de donner la vie. L'oubli de ce que l'on n'a pas connu qui pousse à inventer pour continuer.

Un tout petit livre, très riche, très dur qui secoue, lucide sur ce qui pourrait attendre notre société.

Mon plaisir de lecture : 9.5/10

Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Dans un monde détruit par on ne sait quoi , une bande de jeunes tente de survivre .
Il ne reste que ruines et puanteur.
Ils se nourrissent de terre ,d'orties et de cadavres .
Ils ont froid .Les souvenirs du monde "d'avant" ont disparu ,alors ils en inventent et pour se sentir bien ils font souvent l'amour sans vraiment de préférence pour leurs partenaires .
C'est un petit roman , très dense , bouleversant ,qui laisse derrière lui beaucoup d'interrogations .
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