J'ai un peu tardé entre le jour de sortie du p'tit dernier d'
Aurélie Wellenstein et aujourd'hui toutefois, j'avais vraiment hâte de plonger dans ce nouveau one-shot. Or, c'est avec plaisir que j'ai retrouvé la plume envoûtante, poétique, fluide et cruelle de l'autrice. Bien que les choses soient un peu moins sombres que ce à quoi on a été habitués, certaines révélations seront tout de même sensibles… Quant à la fin, j'ai été ravie de retrouver ce petit soupçon amer qui me prend toujours dès que je lis une publication d'
Aurélie Wellenstein ! Pour moi, c'est un bon roman d'ambiance, terriblement humain et fascinant. Nul doute qu'il ne laissera pas son lectorat indemne.
On va plonger dans un monde post-apocalyptique où les Hommes ont anéanti la planète. Comme dans le très bon «
Mers mortes », ce n'est pas l'eau qui règne, mais la sécheresse et le sable. Au fil des ans, l'humanité s'éteint lentement et tente de retarder l'échéance ou de trouver un moyen pour renverser la tendance. Pour cela, les survivants organisent des voyages à travers le désert : deux explorateurs partent régulièrement à l'aventure et tentent de trouver des réponses. Malheureusement, les lieux sont dangereux. Outre les créatures surnaturelles qui s'y cachent, les humains foulant les dunes perdent peu à peu la mémoire. Un à un, ils s'échappent, laissant alors le propriétaire devenir un corps sans âme, ni passé. Chaque grain de sable constitue un souvenir oublié. le désert est donc un cimetière de souvenirs… Voilà une métaphore aussi belle que tragique…
Pour contrer ce phénomène, il existe des mimorians, des humanoïdes étranges étant le fruit d'une union entre une humaine et le Marchand de sable (une sorte de djinn). Kabalraï est l'un de ces nourrissons. Sa nature lui permet de grandir plus vite que les humains normaux, mais il peut surtout revivre les souvenirs perdus. Cet acte n'est cependant pas sans conséquence… Mais je ne vous en dis pas plus ! Sachez toutefois, que ce don est incroyablement fascinant ! L'autrice a beaucoup d'imagination ! Pour préserver notre monde, Kabalraï partira dans le désert avec sa demi-soeur, Irae. Tous deux ignorent à quel point ce voyage leur permettra de se découvrir… À travers l'imaginaire, on va donc explorer les thèmes de l'écologie, de la transmission, des souvenirs, de la famille, des traumatismes, de la tolérance, de la résilience, de la vie et du futur. L'ensemble est vraiment original et se laisse lire avec délice ! En outre, il est à noter que, malgré certains sujets et quelques rebondissements terribles dans les dernières pages, le message final est porteur d'espoir ! C'est assez rare venant d'
Aurélie Wellenstein, mais cela fait du bien !
La seule chose qui posera problème selon les lecteurs, c'est le rythme. En effet, même si ce voyage ne s'interrompt jamais, on est sur une dynamique calme et sans trop de tensions. Si vous avez lu «
Et le désert disparaîtra » de
Marie Pavlenko, sachez que l'on est dans la même idée de lent périple en plein désert. C'est assez contemplatif, sans réel danger. Néanmoins, ce n'est pas ennuyeux pour autant, car le développement psychologique des protagonistes et leur relation progressive sont très intéressants. Pour ma part, j'ai pris plaisir à découvrir ce duo demi-frère / soeur réellement bien construit. La force de cet ouvrage résident dans la complexité de son tandem qui, malgré leurs désaccords, leur personnalité diamétralement opposée et les secrets qui les éloignent, vont apprendre à se cerner.
Bien que ce ne soit pas mon
Aurélie Wellenstein favori («
Mers Mortes » et «
le Dieu Oiseau » conservent leur place sur le podium), ce titre plein d'humanité et de sensibilité m'a fait passer un bon moment. J'espère voir «
le désert des couleurs » parmi les 80 romans sélectionnés pour le prochain PLIB ! Alors ?! Prêts à partir dans ce monde de souvenirs et de dunes mouvantes ?
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