AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,03

sur 275 notes
5
7 avis
4
16 avis
3
6 avis
2
1 avis
1
0 avis
J'avoue que je ne reconnais pas mon Oscar dans son De Profundis. Dans la première moitié de sa lettre à Bosie, il est vindicatif et se répand dans un sordide règlement de comptes - par ailleurs fréquemment chiffré, ce qui manque notoirement d'élégance venant d'un homme de sa classe. Et s'il apparaît nettement que Douglas n'était qu'un petit coq infatué et cupide, il n'en ressort pas moins que Wilde a perdu beaucoup de son panache dans cette lettre réquisitoire.
On peut, en effet, s'interroger sur ce qui a pu conduire cet homme d'esprit, dont l'intelligence et la finesse ne sont plus à démontrer, à s'amouracher de ce philistin de Bosie au point d'y sacrifier sa vie, sa famille, ses biens, son art, son honneur, sa liberté. Et cela alors même que ses propres amis n'ont cessé de le mettre en garde.
Et, quand bien même semble t-il avoir recouvré la vue et son bon sens dans cette longue lettre à son amant ingrat, sa faiblesse et son aveuglement durant ces trois ans d'une liaison dévastatrice restent, de mon point de vue, inexplicables émanant d'un homme tel que lui.
Alors, bien sûr, on peut aussi convenir que seule la part du poète esthète, idéaliste et tourmenté s'est exprimée durant cette relation. Mais que diable n'a-t-il pas pas voulu donner plus de crédit aux quelques étincelles de lucidité dont il admet avoir eu parfois la fulgurance.

Dans la seconde moitié de sa lettre, le ton change : de vindicatif, il passe à désespéré et s'emploie à une sorte d'auto-flagellation - "c'est ma faute, ma responsabilité, j'aurais dû, j'ai essayé en vain...". Mais, là aussi, il en fait trop. Et surtout trop tard.
Il se lance alors dans des tirades dithyrambiques sur la douleur car, dit-il "le secret de la vie est dans la souffrance". Puis, touché par la grâce, il enchaîne sur une éloge à Jésus durant une vingtaine de pages dont la lecture m'est apparue pesante par trop de lyrisme et de nébulosité.
Et, enfin, il termine son de Profundis en se recentrant sur Bosie mais de façon plus apaisée, cette fois. Il semble avoir épuisé sa rancoeur et ne lui reste qu'une sorte de fatalisme où, perle toujours cependant la force de cet amour insensé qui a ruiné sa vie.

Tout au long de ma lecture, j'avoue avoir réagi à la manière de Bosie en ne supportant pas que l'extraordinaire Wilde chute du piédestal où je l'avais toujours placé. Et ce n'est qu'en refermant le livre que j'ai admis qu'il n'en était pas descendu mais que ce n'était là que le superbe chant du cygne d'un artiste remarquable.
Commenter  J’apprécie          394
- de Profundis, longue lettre, cri d'angoisse, de douleur, de regret mais aussi d'amour-passion d'Oscar Wilde adressée en 1897 à son amant, Lord Alfred Douglas, depuis la prison de Reading, où il fait le bilan de leur relation et, où il lui clame l'amertume qui blesse son coeur .
- La Ballade de la geôle de Reading , long poème lyrique sur la douleur de l'enfermement , de la privation de liberté , écrit par Wilde lors de son exil en France,
Deux textes bouleversants découverts en étudiant, une fois de plus, une préface d'Albert Camus « l'Artiste en prison » (pour une exposition estivale à Lourmarin "Camus, l'engagement critique "). Pour Camus, Wilde, incarcéré , paria, affligé , mis au ban de la société aurait découvert dans le pénitencier de Readinge dans le comté de Berkshire, la solidarité , et même « un bonheur dont il n'aurait jamais eu l'idée auparavant ».
J'ai apprécié les nombreux renvois et annotations en bas de page enrichissant cette lecture et permettant de mieux saisir et d'approfondir ces deux textes fort émouvants.
Commenter  J’apprécie          302
Deux magnifiques textes De Wilde, particulièrement poignants.
La ballade de la geôle de Reading, le lieu même où Wilde fut incarcéré, raconte l'histoire vraie, et dramatique, d'un soldat condamné pour avoir égorgé son épouse.
De profundis est une longue lettre adressée à Lord Douglas par Wilde qui lui reproche de l'avoir abandonné à son sort.
Oscar Wilde, qui nous avait jusque là habitués à de très belles réflexions sur la vie et sur son esthétique nous livre ici une sorte de dernier témoignage très émouvant qui sera, d'ailleurs, publié après sa mort survenue en 1900.
A lire après tous les autres écrits De Wilde, à l'exception des aphorismes, que l'on lit et relit sans cesse.
Commenter  J’apprécie          251
Des profondeurs de sa geôle, un prince des lettres et de l'hédonisme magnifie dans ses vers le désespoir du prisonnier tombé dans l'enfer de Reading.
Dans une scénographie quasi cinématographique est dépeinte la déambulation d'un homme vers la potence de la prison, puis de son cadavre souillé le regard se retourne vers le prisonnier narrateur qui à travers un "nous" déshumanisé psalmodie et pleure sans larmes la mort de l'âme de l'homme enfermé.
Un texte d'autant plus poignant dans cette courte édition Folio que, précédé de poèmes de jeunesse, il reflète d'autant plus la déchéance d'un homme qui a payé au plus fort ses transgressions, et sonne comme le sombre chant du cygne d'un poète qui ne se remettra jamais de cette expérience sinistre.
Commenter  J’apprécie          220
Voilà un texte qui m'a surpris.
La longue lettre adressée par Oscar Wilde à son amant (180 pages!), depuis sa prison, ne rend pas les tonalités auxquelles je m'attendais.
La première partie en particulier, longue énumération de griefs, pas toujours fondés semble-t-il, est d'une lecture un peu assommante. Manifestement sa relation avec Bosie était toxique. La seule chose saine à faire dans ces cas-là est de fuir, de couper, trancher sans retour. Ses amis le lui recommandent. Mais lui se laisse à chaque fois attendrir. Probablement, quoi qu'il en ait, il ne pouvait se passer de cette relation.
Mais la longue litanie des récriminations précède le pardon. Et probablement fallait-il exprimer tous les reproches avant de pouvoir pardonner.
À partir de là, la lettre devient plus intéressante, dans le dépassement du désespoir, dans le sens donné à la douleur, dans l'ouverture à l'empathie, dans la possibilité d'une nouvelle vie, dans l'attente de la beauté du monde.
Au total, pourtant, on reste sur sa faim. La personnalité de l'écrivain irlandais se révèle très centrée sur elle-même, et fort complaisante. Sa propension à conseiller d'éviter la superficialité est peut-être avant tout destinée à lui-même.
Commenter  J’apprécie          182
♫ Ça balance pas mal sur Bosie, ça balance pas mal ♪

Dans cette longue lettre qu'Oscar Wilde écrivit dans sa geôle à Reading, il y a de la passion, des questions et surtout des reproches à dressé à Bosie, lord Alfred Douglas, fils du 9ème comte de Queensberry.

Partant d'une connerie, Wilde a intenté un procès en diffamation au Queensberry et l'a perdu, se retrouvant ensuite sur la sellette avant de finir en matricule C.3.3 dans une prison.

Dans cette lettre, qui fut souvent censurée afin que l'on ne sache pas qu'elle s'adressait à son amant de Mes Deux où il balance tout, ce qui nous brosse un portrait pas très flatteur de ce Bosie.

Enfant gâté, capricieux, égoïste, méchant, ne s'intéressant qu'à l'argent et à ce qu'on peut acheter avec, considérant Wilde comme son banquier personnel, ce Bosie me fera dire une fois de plus que si son père avait mis une capote lorsqu'il s'envoya en l'air avec sa femme, et bien, le destin De Wilde eut été différent…

Où alors, il aurait mieux fait d'aller de masturber ou d'aller chez les putes, ce satané comte de Queensberry, celui qui réglementa le noble art qu'est la boxe alors que lui-même était une brute.

C'est violent, le texte que Wilde écrivit, ça suinte la passion, les regrets, les reproches, les sentences, les questionnements.

Bosie est coupable d'avoir utilisé Wilde et ce dernier est coupable d'avoir trop souvent cédé aux caprices de ce gamin de merde, d'avoir trop souvent passé l'éponge après ses esclandres, d'avoir trop souvent toléré sa présence et d'avoir épongé ses dettes.

Wilde était dépensier, mais avec son amant Bosie, c'est le quasi le budget de l'Angleterre qu'il dépense, ce qui le ruinera, sans compter que ce petit merdeux lui fit faire des mauvais placements.

Comment un homme de l'intelligence De Wilde, qui possédait la finesse des mots, qui balançait des aphorismes magnifiques à longueurs de journée, qui était épris de culture a-t-il pu foutre tout en l'air, famille et travail, pour cette espèce de petite merde qu'était Bosie, pour ce petit mec infatué de sa personne et qui était plus cupide que les banquiers de chez Godman Sachs ??

L'amour ? D'accord… Mais après des années de liaison destructrice, on ouvre en général les yeux, on redevient lucide. Là, même lucide, jamais Wilde ne mit fin à cet amour qui ne disait pas son nom mais qui vous pompait le compte bancaire plus rapidement qu'une actrice du porno le ferait de la chose à Rocco !

On ne sort pas grandi après avoir écrit cette lettre et le lecteur en ressort lessivé, avec moult questions auxquelles Oscar ne répondra jamais. le savait-il lui-même ?

Cette édition bilingue comprend le texte original de la lettre intitulée "De profondis" (qui, sans l'intelligence de Robert Ross – un saint homme ! – qui en fit faire une copie, aurait fini brûlée par le Bosie en question), suivi du poème qui retrace les derniers jours d'un soldat exécuté pour avoir égorgé sa femme par jalousie, ainsi que la version originale en anglais et la version dans les deux langues.

Après avoir digéré tout cela, vous aurez droit aussi au récit du procès De Wilde contre Queensberry et de toutes les erreurs qui furent faite par lui pour une simple diffamation qu'il aurait mieux fait d'ignorer. Mais cet enfoiré de sa mère de Bosie en voulait à son père et à entrainé Wilde sur une pente savonneuse qui fut sa descente aux Enfers.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          160
Le 25 mai 1895, au terme des procès l'opposant au marquis de Queensberry, Oscar Wilde est condamné à deux ans de travaux forcés en vertu d'une loi interdisant l'homosexualité. Ruiné par son amant Alfred Douglas, alias Bosie, le fils du marquis, Wilde est déclaré en faillite et ses biens sont confisqués.
Après quatorze mois de travaux forcés, le directeur de la prison de Reading lui accorde le privilège de posséder du matériel d'écriture, à la condition de le remettre chaque soir, accompagné des écrits, aux gardiens. C'est ainsi que Wilde rédigea cette longue lettre à son amant de seize ans plus jeune. A sa sortie de prison, il remettra le texte à son ami Robert Ross, lui demandant de le faire copier et d'en envoyer un exemplaire à Bosie, qui affirmera par ailleurs ne jamais l'avoir reçu. C'est Ross qui donnera le titre de profundis à l'ouvrage.

Dans cette longue lettre, Wilde dresse un portrait sans concession de Bosie, libérant ainsi ce qu'il a sur le coeur : le jeune homme apparait égoïste, dépensier (il serait à l'origine de la faillite de l'écrivain), immature, ne comprenant rien à l'Art. Il jette un regard amer sur leur relation qui aurait gâché une partie de son talent, tout en reconnaissant que c'est lui qui n'aurait pas dû se laisser entrainer dans ces habitudes luxueuses et stériles.
Malgré tout, Wilde déclare avoir pardonné tous les caprices de son amant, ne pouvant se permettre, au fond de sa prison, de se laisser submerger par la haine. C'est l'une des parties de l'oeuvre qui m'a semblé la plus intéressante. L'écrivain évoque avec une grande sensibilité l'amour, la haine, le pardon, le chagrin.
Le tout est truffé de références à ses autres oeuvres, à celles des grands écrivains de son siècle, à la Bible, laissant entrevoir une grande culture. Cela me pousse à lire d'autres oeuvres De Wilde, que j'ai découvert ici.
Je ne m'étendrai pas davantage sur ce livre, sinon pour dire que c'est un coup de coeur. Que ceux qui souhaitent le lire en anglais ne s'en privent pas : l'écriture est facilement compréhensible.

Challenge ABC 2014/2015
Challenge Petits plaisirs 2014/2015
Commenter  J’apprécie          160
Dernière décennie du 19ème siècle, Oscar Wilde habite à Londres avec son épouse et leurs deux enfants mais vit au grand jour son idylle avec lord Alfred Douglas, un jeune aristocrate surnommé Bosie. Cette liaison homosexuelle est interdite par les lois de l'époque victorienne mais l'écrivain se croit trop célèbre pour être inquiété. Or c'est justement à cause de sa notoriété que la justice va être très dure en le condamnant à deux ans de travaux forcés.
Oscar Wilde a été traîné dans la boue, traité comme le plus grand pervers d'Angleterre et cela me bouleverse.
C'est après être sorti du bagne qu'il écrira "La ballade de la geôle de Reading" qui montre que l'injustice ne lui a pas fait perdre ses talents de poète (ce poème a été écrit après "De Profundis" qui est une longue lettre adressée à son amant quand il était emprisonné).
On imagine son enfermement dans la geôle de Reading, aux travaux forcés avec les autres prisonniers et la terreur qui les saisie face aux conditions épouvantables de détention et à la potence qui attend certains d'entre eux.
Certes, celui qui va mourir est coupable de féminicide mais ce que dit si bien Oscar Wilde c'est que la prison rend mauvais et que tuer celui qui a tué est aussi un crime. J'y ai vu une façon de s'opposer à la peine de mort.
Il faut dire que l'écriture de l'homme de lettres, même traduite de l'anglais, est d'une grande fluidité pour raconter sa descente aux enfers.


Challenge Riquiqui 2023
Challenge XIXème siècle 2023
Challenge ABC 2022-2023
Commenter  J’apprécie          130
Magnifique éloge que celle-ci retraçant la condamnation à mort d'un homme qui a tué la femme qu'il aime ! L'auteur, qui avait lui-même été enfermé pour avoir accompli des "actes immoraux" avec une personne du même sexe que lui, a côtoyé cet homme qui fut pendu par la suite.

On sent dans ce magnifique ouvrage, en version bilingue (ce qui ne fait que rajouter du charme à ce texte puisque le lecteur peut tout à loisir passer de la version française à la version originale) un engagement et une détermination à montrer au lecteur l'ignominie de la soit-disante Justice pratiquée par les Hommes. L'auteur est révolté que l'homme s'octroie le droit de juger et de condamner à la place de Dieu, qu'il se croit supérieur et qu'il se permette d'ôter la vie à un de ses semblables qui, même s'il est vrai que ce dernier est un assassin, se dit justicier en condamnant la mort par la mort !

Un très court ouvrage à vous couper le souffle (et je ne pèse pas mes mots !). A découvrir !
Commenter  J’apprécie          131
De Profundis d' Oscar Wilde
De profundis est la lettre qu'écrit Oscar Wilde du fond de sa prison dans les dernières semaines de son incarcération. C'est une lettre pleine de haine et de ressentiment mais également derrière laquelle l'amour est encore bien présent. Cette lettre est adressée à Alfred Douglas, l'homme avec lequel Wilde a vécu plus de deux ans, elle est l'opportunité pour lui de faire la lumière sur lui et son ami. Dans cette missive aucune allusion sexuelle ou relative à l'homosexualité, Wilde tente de faire un état des lieux, tout ce qu'il a fait financièrement et sentimentalement pour Douglas contre le peu et l'indifférence qu'il a reçu en retour. Il y a un côté comptable dans l'exposé factuel De Wilde, on sent combien ce retour en arrière sur leur vie commune est douloureux mais indispensable, il en sort ruiné, en faillite et le nom de sa famille est déshonoré. Wilde est il honnête dans son analyse, mystère, Douglas contestera dans un livre toutes les assertions De Wilde, un Wilde transformé par la douleur physique et morale dans lequel on discerne à peine l' auteur du Portrait de Dorian Gray.

L'histoire de cette lettre est également une aventure entre le papier qu'illégalement le directeur de la prison fournira à Wilde, les directives qu'il donna à Ross sur son utilisation qu'il ne respecta pas et enfin sa transmission au British museum avec interdiction de la divulguer pendant 50 ans, ce qui fait que le texte original ne fut divulgué et traduit qu'en 1960. Un texte surprenant par son ton tout autant que sa teneur.
En complément de de Profundis se trouve une lettre adressée par Wilde au rédacteur en chef du Daily Chronicle au sujet d'un gardien de la prison licencié pour avoir donné des biscuits à un petit enfant incarcéré et des conditions infâmes dans lesquelles sont tenus les prisonniers. L'année suivante une loi réformera le régime pénitentiaire en tenant compte des notes De Wilde. Intéressant.
Commenter  J’apprécie          120




Lecteurs (772) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz sur Oscar Wilde

De quelle nationalité est Oscar Wilde ?

écossaise
irlandaise
anglaise
galloise

10 questions
253 lecteurs ont répondu
Thème : Oscar WildeCréer un quiz sur ce livre

{* *}