Il existe parait-il un autre livre plus récent sur ce pèlerinage de Shikoku : "Une feuille de thé à Shikoku", par
Marie-Edith Laval. Mais après avoir lu quelques critiques du livre de M-E Laval, je peux affirmer que les deux livres sont fort différents.
Le récit de
Ariane Wilson est celui d'une érudite qui s'intéresse à la culture et à l'Histoire du Japon, et en particulier à l'Histoire de ce pèlerinage. Malgré sa formation d'architecte, elle nous donnera plus de détails sur l'histoire du Temple ou sur la légende qui l'entoure que sur son architecture. J'ai beaucoup apprécié cette approche courageuse et peu commune.
Ariane Wilson ne nous donne pas de leçon (comme beaucoup trop de voyageurs connus que je ne nommerai pas…) ; elle nous donne des explications, elle nous instruit, tout en émaillant son récit d'anecdotes et de rencontres sympathiques. C'est un livre qui s'adresse à ceux qui veulent connaître, et comprendre ce pèlerinage. Il aborde l'histoire de son fondateur, maître Kûkai et la religion dont il s'est inspiré, le bouddhisme ésotérique.
Parmi les rencontres et anecdotes,
Ariane Wilson nous décrit ses nombreuses expériences du « settai » qui l'a émerveillée ; c'est une pratique qui consiste à faire l'aumône aux pèlerins. Les chemins le long des autoroutes l'ont par contre beaucoup déçue, surtout à l'entrée des villes, avec les enseignes lumineuses des magasins et des « makudonarudo » (Mac Donalds :). Sa description des toilettes japonaises avec leur nombreux boutons (nettoie-siège, chauffe-lunettes, jet d'eau lavant, jet d'eau rinçant, sèche-fesses, diffuseur de parfum, petit musique pour couvrir les bruits…) m'a bien fait rire ainsi que le moment où l'un de ses compagnons de marche se croit perdu en pleine forêt et tient à appeler le bureau central du Pèlerinage : « Nous sommes des pèlerins perdus » - « Avez-vous suffisamment prié ? » - « Perdus dans le forêt ! » - « Désolés, nous ne sommes pas équipés pour ce genre de demande ».
Cette critique ne serait pas complète si j'oubliais de mentionner « leur abri » de nuit, qu'elles ont transporté et utilisé lors de ce voyage. L'auteure en raconte la genèse et la construction en début de livre. Sur cet abri modulable à volonté, s'inscriront au fil des étapes les « sceaux » des temples qu'elles auront visités.
Anne Wilson aime le Japon et on se rend vite compte qu'elle fait ce voyage pour son propre plaisir. Ecrire un livre, se raconter, est une autre étape. Elle ne cherche pas à se mettre en scène ni à nous convaincre d'un quelconque « message ». Elle souhaite simplement faire connaître ce Japon qu'elle aime et ce pèlerinage extraordinaire de Shikoku.