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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Je sortis une main de dessous les draps et sonnai Jeeves
- Bonjour, Jeeves.
- Bonjour, Monsieur.
Je m'étonnai.
- Est-ce le matin ?
- Oui, Monsieur.
- En êtes-vous sûr ? Il me semble qu'il fait bien sombre dehors.
- Il y a du brouillard, Monsieur. Si Monsieur se rappelle, nous sommes maintenant en automne, saison des brumes et des maturations succulentes.
- Saison des quoi ?
- Des brumes et des maturations succulentes, Monsieur.
- Hein ? Ah ! Oui, oui, je vois. Eh bien ! Quoi qu'il en soit, préparez-moi un de vos cocktails reconstituants, voulez-vous ?
- J'en ai un tout prêt au réfrigérateur, Monsieur.
Il s'éclipsa et je me redressai dans mon lit avec l'impression que j'allais mourir dans cinq minutes, impression désagréable, mais que l'on éprouve quelquefois. J'avais donné la veille un petit diner de célibataires au Drones en l'honneur de Gussie Fink-Nottle......"

Ces quelques lignes sont les premières d'un roman de P.G.Wodehouse, paru en 1938. le titre original et extrêmement britannique en était « The Code of the Woosters », et le traducteur en a fait « Bonjour, Jeeves », ce qui n'engage à rien, mais présente l'avantage de marquer son appartenance à une longue série d'aventures de Bertie et Jeeves.
Dans la littérature anglaise, Bertram (Bertie) Wooster et Jeeves sont aussi connus que Lady Macbeth, Sherlock Holmes et Father Brown.
Pelham Grenville Wodehouse (1881-1975) a créé et fait vivre pendant plus de cinquante ans ce jeune gentleman gentiment stupide, totalement oisif et plein de bonne volonté maladroite (c'est Bertie) et son valet de chambre, dévoué, génial, cultivé et discrètement sarcastique (c'est Jeeves). Et voici ce qui se passe en général : entre deux diners à son club des Drones, Bertie se met dans une situation extrêmement délicate, à moins que ce ne soit l'un de ses vagues cousins ou camarade de collège, le plus souvent du même niveau d'intelligence que Bertram ou pire. Les dites situations délicates concernent en général des dettes de jeu, des troubles à l'ordre public londonien ou des amourettes inopportunes, toutes choses qu'il convient de régler sans que le scandale éclate ou que les oncles ou tantes à héritage en soient avertis. le jeune gentleman tente tout d'abord de traiter la situation par lui-même, mais, ce faisant, il n'arrive qu'à la compliquer encore davantage. A contrecoeur, il demande alors à Jeeves de prendre les choses en main, ce que fait Jeeves, de façon brillante, compliquée et efficace.
C'est du vaudeville, mais à l'anglaise. En effet, tout se passe dans les Clubs londoniens, les châteaux du Westchester ou du Surrey, les roadsters décapotés, les interminables et impeccables pelouses. On joue au croquet ou au whist. On se croirait à Downton Abbey ou dans un roman d'Evelyn Waugh. Les héros font partie de la gentry et n'ont pas d'autre souci que leurs dettes de jeu, leurs gueules de bois, et l'ouverture de la saison des courses à Ascott. Ils portent les jolis noms de Hildebrand "Tuppy" Glossop, Augustus "Gussie" Fink-Nottle, Oofy Prosser, Marmaduke "Chuffy" Chuffnel, Claude "Catsmeat" Potter-Pirbright ou Cyril "Barmy" Fotheringay-Phipps.

Leurs aventures sont ineptes, leurs intelligences limitées, leur culture évaporée. Mais ils sont toujours plein d'invention et se donnent beaucoup de mal pour monter des stratagèmes qui les feront s'enfoncer davantage dans les sables mouvants de leur bêtise. Ceci jusqu'à ce que Jeeves invente un stratagème encore plus sophistiqué qui sortira son jeune maitre et ses amis ou cousins de l'embarras.
Le tout est raconté dans une langue très riche, pas toujours bien traduite, mais guidée par ce qui fait pour moi le charme principal de la littérature comique anglaise : l'understatement.(1)

(1)Désolé, je trouve que les mots euphémisme ou litote ne définissent pas assez fidèlement cet art anglais qui consiste à parler par exemple de « quelques énergumènes agités » quand on a affaire à une foule déchainée. Je développerai davantage cette notion un de ces jours.
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Décidément Bertie Wooster a l'art de se trouver dans des situations inextricables. Heureusement que son fidèle « butler » (majordome) Jeeves, doté d'un cerveau hors-normes l'accompagne et finit par tout régler au gré de l'improvisation. Car Bertie se doit de respecter ce fameux « code des Woosters » (d'où le titre original – je m'étonne toujours des traductions des titres des « Jeeves .» ) qui est de ne jamais laisser tomber un copain dans le besoin. Ainsi va-t-il aider les amours de son meilleur ami, Gussie Fink-Nottle avec sa dulcinée, Madeline Watkyn-Bassett (Wodehouse a toujours un choix extraordinaire dans le nom de ses personnages jusqu'à ce fameux « vicaire » nommé Harold Pinker !) dont le père n'est autre que le juge qui a jadis condamné Bertie d'une amende de cinq livres pour le vol d'un casque de gendarme. Mais c'est aussi sans compter sur sa tante Dahlia ,qui, afin que son mari collectionneur lui bâille des fonds destinés à engager une chroniqueuse dans son journal mondain, charge le pauvre Bertie de voler un pot à crème hideux au juge pour ledit mari, collectionneur tout aussi fou. A cela s'ajoute, chez Watkyn-Bassett, la présence d'une espèce de garde du corps surdimensionné et à l'ambition dictatoriale qui terrorise Bertie et Gussie car l'homme est épris de Madeline. Et puis il y a cette Steffy , nièce du juge qui voudrait épouser ce fameux « vicaire » (probablement « vicar » en anglais qu désigne le curé chargé d'une paroisse, un pasteur anglican, donc…) et qui s'oppose au gendarme du village…
Tout retombe sur Bertie qui a le dos large et qui, à chaque fois qu'il croit qu'une affaire est définitivement en bonne voie, ses chers « ami s» se chargent de la faire rebondir à son grand dam.
Il est toujours rafraîchissant de revenir à Wodehouse et son humour anglais décalé. Car il y a bien sûr tout ce « nonsense » cher à Albion dans son oeuvre mais en filigrane, un hymne à l'intelligence et l'amitié et un rabaissement grotesque de l'autorité et de la dictature des lois et des hommes. Ce qui fait la force de l'intrigue est que Bertie est sans cesse tiraillé entre deux choix impossibles, seul Jeeves parvient à louvoyer avec son flegme incomparable. Quant aux tenants et aboutissants qui créent le drame, on retiendra que les petites choses entraînent les grandes et qu'un pot à crème peut être à l'origine de bien des vicissitudes, c'est l'aile du papillon quoi. Je dis : « C'est en effet très fâcheux, Monsieur… ». J'adore toutes les phrases de Jeeves l'imperturbable!
Un ouvrage qui vaut tous les anti-dépresseurs.
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Toujours aussi savoureuses les histoires de ce cher Jeeves.....
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