Difficile d'écrire une critique sur un livre qu'on n'a pas trop aimé personnellement, mais dont on reconnait la valeur, dont on sait que c'est un bon livre. Encore plus s'il s'agit d'une auteure pas connue en France, et d'une première critique ! Il faut, dans ce cas, être un peu moins personnel et un peu plus objectif, je pense.
C'est donc certainement un bon livre.
Kira Wuck avait déjà écrit un recueil de poèmes. Elle écrit des phrases courtes, jolies, et utilisant peu de mots, ainsi elle obtient un style sobre. Avec lequel elle parvient à chaque fois à créer un monde entier en quelques pages seulement. Selon moi, ce n'est pas un style de très haut niveau, à vous couper le souffle, mais joli, certainement.
Pour le contenu des nouvelles, elle balance entre la limite du possible et ce qui est complètement absurde. La plupart des lecteurs (moi aussi) trouvent cependant que les nouvelles sont trop peu élaborées, elles en deviennent éphémères. On les a juste lues, et on a déjà oublié l'histoire. Il aurait fallu soit une histoire plus élaborée, soit, ce que j'aurais préféré, un absurdisme plus poussé. Parfois je rêve que ces nouvelles seraient filmées par les
Monty Python. Elles deviendraient magnifiques. Mais
Kira Wuck ne fait pas cela. Elle a pourtant le sens de l'humour. C'est un humour noir, parfois très noir. Mais ça s'arrête là. C'est sans l'absurdisme poussé des
Monty Python.
Si les nouvelles sont éphémères, ce qui reste, par contre, c'est une ambiance générale.
Kira Wuck, dont la mère était Finlandaise, dit qu'elle aime l'absurdisme et la mélancolie de la littérature nordique. Pour moi, il ne s'agissait pas de mélancolie ici. C'était noir, c'était sombre, très sombre, lourd, sinistre, voire morbide. Et, souvent aussi, brutal, violent. Voilà pourquoi j'ai eu un problème avec ce livre. Ce n'est pas un critère littéraire valable, c'est personnel. Un livre peut être très beau, même s'il est très noir. Mais s'il est très noir, il ne me plaira pas. C'est le cas avec ce livre. D'autres pourront aimer.
Pourtant, j'apprécie. le langage est joli. Les personnages, très centrés sur eux-mêmes et comment ils veulent vivre leur petite vie à eux, ces personnages sont égocentriques voire égoïstes. En plus, ils ne sont pas capables de communiquer avec les autres. Cette absence de communication donne une lourdeur à l'ambiance. La seule échappatoire pour les personnages semble être la sexualité - le plus souvent un grand problème également pour ces personnages, car la sexualité est abordée de façon égoïste / égocentrique également. Autre échappatoire, parfois, sont les animaux domestiques... là aussi, c'est très, très noir.
J'apprécie car même si nous ne sommes (en général) pas des caricatures comme dans ce livre, nous avons tous des aspects de ces personnages qui ont le regard essentiellement tournés vers eux-mêmes, et la vie comment ils veulent la vivre eux-mêmes. Nous sommes tous un peu des personnage de
Kira Wuck. C'est absurde, et si on supporte la noirceur, on peut même en rire.
Pour moi c'était trop noir ou trop peu absurde, mais j'ai certainement apprécié.
Encore un avertissement : le livre n'est pas long. Sur 123 pages, il y a 12 nouvelles, chacune précédée d'une grande page de titre. Certaines nouvelles ne font que quelques pages, d'autres un peu plus. Un recueil de nouvelles court donc, mais de qualité - si on supporte que ce soit noir. Vous voilà avertis !