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Je remercie les éditions Albin Michel pour l'envoi de ce bel ouvrage.
Ayant adoré certains livres de Irvin Yalom, je voulais mieux connaître celui qui se cache derrière une telle virtuosité.
Pétri d'informations intéressantes, ce témoignage évoque le temps qui passe et les souvenirs qui affleurent de nos vies lorsqu'on prend conscience de notre finitude. Irvin Yalom exhume ses mémoires lointaines, enfouies et met à nu certains passages de sa vie, ses doutes, ses blessures, ses fêlures. Dans une auto-analyse sensible il écrit ses mémoires passant en revue le cheminement qui lui a fait devenir celui qu'il est aujourd'hui.

L'obsession et le fantasme sont le terreau de l'écriture et doivent façonner une langue, une voix singulière. La voix de Irvin Yalom a été modelée par des années consacrées à aider les gens, à les comprendre et à leur apporter un peu de réconfort. Acharné du travail, il a apporté sa contribution dans le développement des psychothérapies, notamment les thérapies de groupe. Son intérêt par la philosophie va inspirer fortement certaines thématiques de ses livres le poussant à imaginer des scénarios fictifs où il exploite les bases de la psychanalyse.

Avec modestie et sans prétention, cette autobiographie/témoignage sensible, remplie de références et illustrée de quelques belles photos nous aide à prendre conscience de la nature éphémère de la vie, elle agrandit le coeur et me fait redoubler d'admiration pour ce grand écrivain d'une grande érudition.


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Comme un p'tit coquelicot ...


Ç'aurait pu, mais ce n'est pas pour sa jolie couverture où se cache comme une perle le nombre d'or ... Au nom d'Irvin Yalom, j'ai levé la main pour cette autobiographie, d'avoir été ébloui par cette fine intelligence lors de la lecture de deux de ses romans, merci Babelio, merci Albin Michel. Pour trois raisons précises, je me défie des autobiographies, cependant trop curieux de vérifier certaines intuitions et d'approcher un psychiatre ? psychanalyste ? psychothérapeute ? que je devinais hors norme, j'optai de sortir de ma zone de confort.


Par le problème Spinosa, j'avais identifié que son auteur aussi était un esprit libre qui ne devait pas se laisser ligoter par des dogmes, religieux ou non. Et bien évidemment dans Et Nietzsche a pleuré, comment ne pas ressentir une bonne part autobiographique enfouie dans le Dr Breuer dont une remarquable finesse intuitive, une empathie vraie, une profonde réflexion, une curiosité en éveil, une approche d'une grande créativité ? D'où fine intelligence et mon intérêt. Pour décrire une masse de connaissances, qui à vrai dire ne m'émeut guère, j'aurais utilisé le terme grande érudition; les deux termes n'étant pas nécessairement mutuellement exclusifs, mais je privilégie le premier.


Les dates, les lieux et moins encore les honneurs n'ont pour moi un véritable intérêt. Je cherche une rencontre plus profonde et plus personnelle, il me faut donc creuser dans ce récit un peu trop lisse à mon goût particulier. Alors imaginons : assis dans un profond fauteuil anglais à l'allure respectable, au cuir élimé, je viens de terminer le cérémonial d'allumer un havane que je tiens dans la main droite, pendant que machinalement je me caresse la barbe de la main gauche tout en laissant mes pensées suivre les volutes de la fumée que je viens d'exhaler. Hum ... Intéressant, très intéressant ce Dr Yalom. Et ce rêve ... Je me demande, son analyse ... Hum ... Oui, oui, oui. Cette autre interprétation me semble plus pertinente encore.


Bien sûr la mère. Bien sûr la mort, cette fidèle compagne, et l'approche de sa rencontre, seul à seul, inévitablement. Mais pourquoi l'angoisse ? Evidemment ! La méthode de construction par addition semble bien conduire à une impasse comme le suggère Milan Kundera dans l'immortalité. L'on trouve des choses plus légères, plus surprenantes et néanmoins éclairantes sur cette riche personnalité comme la passion pour le jeu (échecs, poker) et le courage face à l'inconnu cf. expérimentation LSD, marijuana, ecstasy, opium et cette retraite Vispana en Inde. Curieux de tout et novateur, comme je l'avais déjà cerné. Au point d'intégrer la sagesse philosophique dans la thérapie, pas étonnant qu'on lui doive la psychothérapie existentielle et de le voir parmi les pionniers de la thérapie de groupe.


Ce testament littéraire est un acte de transmission supplémentaire, bon nombre de ses écrits étaient déjà en premier chef destinés à l'édification de ses étudiants et de ses pairs tout en trouvant audience auprès d'un large public. Osez le pari de l'expérimentation et le courage du partage de vos manquements, nous confie-t-il. Facile d'accès pour tout public, les psys dans leur diversité devraient pouvoir y puiser une source d'inspiration. Celle-ci m'étant venue lors d'une promenade à la vue d'un coquelicot, je me dois de partager.


Donc me voilà au milieu des champs me remémorant une très sérieuse émission d'Arte sur les mathématiques dissertant de leur invention ou de leur découverte. Car les mathématiques sont présentes dans la nature et notamment la suite de Fibonacci (1, 2, 3, 5, 8, 13, 21 ...) conséquemment le nombre d'or. L'on y avait présenté un nombre important de variétés de fleurs dont le nombre de pétales appartenaient à la célèbre suite. C'est pourquoi probablement je me penchai pour compter les pétales d'un coquelicot : Problème 4 ! Pas 3, pas 5 ! Pas possible, ce coquelicot devait sortir de la norme. Je me précipitai sur un autre pareil, un autre idem, idem encore et encore. Quel contre-exemple ! Et je continuai ma promenade, tout sourire, me questionnant sur la valeur de l'argumentation de cette émission. Soudain une pensée divergente m'assaillit : qu'aurait fait un psy ?


Pour peu que j'en ai entendu discuter entre eux (sur d'autres sujets) leur réaction en majorité : "comme ces coquelicots doivent souffrir, d'ailleurs ils sont tout rouge. Une population en souffrance ! Nous devons intervenir. Comment appeler cette pathologie ? Il faut bien la nommer, pour ensuite la décrire et voir la pertinence d'un traitement par anxiolytiques bio^^ car impossible de communiquer. Ainsi naquit l'aFibonaccite aiguë." En un instant, ce rouge, de toujours de la passion et du plaisir, devint celui de la honte. Mais laissez-moi vous dire que le Dr Yalom aurait agit tout autrement. S'interrogeant sur cette singularité, sa curiosité l'aurait amené à penser aux trèfles à 4 feuilles ô combien appréciés. Seulement s'il l'avait jugé vraiment utile, il aurait, au besoin bravant l'avis de ses confrères et des jardiniers, réuni dans un parterre une renoncule, une marguerite, une pensée, un myosotis, un trèfle à 4 feuille et bien sûr un p'tit coquelicot, leur expliquant que tout ce qui serait échangé dans le groupe devrait y rester, pour une expérience thérapeutique jamais encore tentée à ma connaissance .


Car les coquelicots représentent tellement, dans leur singularité et leur apparente fragilité. Alors, merci Dr Yalom.

Lien You Tube vers la chanson de Mouloudji
https://www.youtube.com/watch?v=7y-AD4a4l0g

En librairie à partir du 3 septembre 2018
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Ce que j'aime beaucoup dans les autobiographies, c'est qu'elles permettent de comprendre la construction et le cheminement d'un auteur. Voir d'apprécier l'homme sans aimer ce qu'il écrit parfois. Je n'ai jamais rien lu de Sartre, par exemple qui ne m'attire pas du tout hormis son poignant livre: Les mots.
Avec Irvin Yalom, c'est tout autre chose, j'appréciais déjà beaucoup l'auteur avec ses livres qui m'ont marqué comme par exemple : La méthode Schopenhauer.
Avec Comment je suis devenu moi-même, il nous donne bien des éclairages différents sur sa longue vie.
Celui qui m'a le plus touché, c'est celui de ses origines. Né américain sur le territoire américain, il faut remonter à l'origine de sa famille : des immigrés juifs de Russie, d'un petit shtetl pour comprendre ce qu'il l'a façonné.
Il a vécu, enfant puis adolescent dans cet univers, se battant pour pouvoir faire partie des 5% du quota des médecins juifs dans cette Amérique des années 50.
Sa vocation de médecin se décide parce que sa mère l'accuse d'avoir "tué" son père.Un passage bouleversant. Et ces très belles phrases sur la reconnaissance qu'il a envers ses parents
"Quand je les imagine arrivant à Ellis Island sans un sou, sans éducation et ne connaissant pas un mot d'anglais, mes yeux se remplissent de larmes... S'il vous plaît, pardonnez moi d'avoir eu honte de vous"

Irvin Yalom n'a pas eu une vie facile, il l'a construite jour après jour, en s'interrogeant, se questionnant sans cesse.
J'ai beaucoup d'admiration pour cet homme et cette autobiographie le met en valeur en toute simplicité car il est avant tout un homme humble qui nous touche vraiment.















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Irvin Yalom est un thérapeute à l'origine d'un type de psychothérapie qui postule que les raisons qu'a chaque patient de consulter dissimulent toujours un besoin existentiel : exprimer sa peur de la mort et apprendre à faire avec. Irvin Yalom les aide avec ce postulat en tête : la peur de la mort qui nous tétanise est aussi ce qui rend possible l'amour de la vie.

Cela soulève une question. Quand le calendrier se resserre, quand on ne sait pas si la mort viendra dans un jour ou dans dix ans, mais qu'on sait que les deux sont devenus probables, alors profiter de la vie, c'est de moins en moins « entreprendre », et de plus en plus « contempler ». Mais quand on a passé sa vie à entreprendre, comment s'effectue la transition ? Comment vient la sérénité ?

C'est certainement une réponse à ce questionnement que j'attendais en entamant l'autobiographie d'Irvin Yalom, puisque c'est à 85 ans qu'il l'a écrite. Mais la réponse n'arrive pas ; j'ai ressenti au contraire une forte ambivalence. D'un côté, il montre comment il continue d'avoir envie de connaître la suite, de bâtir des projets. Il annonce qu'il réécrira deux chapitres de son manuel sur la thérapie de groupe s'il y a une nouvelle édition. Il émaille son livre d'anecdotes où il s'émerveille de se découvrir toujours en devenir : il continue à comprendre des choses sur lui-même. Bref, il n'est pas arrivé à un moment de pure contemplation et de pure jouissance du présent. Pourtant, d'un autre côté, il n'élude pas le fait que son futur et donc sa capacité à accepter de nouveaux projets se rétrécissent : il annonce que ce livre sera son dernier et qu'il met un point final à ce qui a été un des fils conducteurs de sa vie, écrire. Il voit toujours des patients, mais uniquement pour des thérapies courtes. Son monde change, sa soeur est décédée pendant qu'il écrivait le livre, ses amis proches ne sont plus tous là. Il parle de son sentiment de déclin, de ses pertes de mémoire dans la vie quotidienne. Il y a donc une ambivalence, à laquelle je ne m'attendais pas de la part de cet auteur.

Alors entre projets, contemplation et renoncement, comment va-t-il vieillir maintenant, comment va-t-il continuer ? Son autobiographie laisse la question ouverte. Pour ma part, j'ai noté qu'il mentionne incidemment la « tranquillité » et le « bonheur » apparus depuis la soixantaine : je me plais donc à penser qu'il fera comme Agatha Christie, qui, dans sa propre autobiographie, relit sa vie, exprime le sentiment d'avoir pleinement accompli son destin, d'être allée au bout de ses envies et affirme que cette vie l'a comblée, si bien qu'elle peut dorénavant recevoir chaque jour supplémentaire comme un cadeau.

Mais au lieu de considérer ce livre comme une oeuvre ambivalente, peut-être faut-il tout simplement le considérer non pas comme un opus d'Irvin Yalom le théoricien, mais d'Irvin Yalom le clinicien, fin observateur de lui-même, qui nous livre matière à penser sur ce qu'est la mémoire.

On a l'habitude de concevoir le vieillissement, qu'il soit pathologique ou pas, comme un processus où les souvenirs récents s'effacent, tandis que les souvenirs lointains, ceux de l'enfance, résistent et restent précis. de fait, je le redis, Irvin Yalom décrit de petits oublis qui l'agacent au quotidien. Et à l'inverse, il revient longuement sur son enfance. Mais il le fait en décortiquant le processus qui, selon lui, caractérise la mémoire : ce n'est pas un stockage informatique, mais un processus de reconstruction. Ainsi, à plusieurs reprises, il confronte ses propres souvenirs à ceux qui lui sont livrés par des amis qu'il retrouve sur le tard et qui le démentent sur certains points précis, et à des courriers qu'il retrouve et qui lui prouvent que ce dont il se rappelait était faux.

C'est troublant. Pourtant, il nous fait comprendre qu'il ne s'agit pas d'imperfections du cerveau ou de manifestations de déclin, mais du principe même du fonctionnement de ce que nous appelons notre identité : ce qui fait la mémoire, c'est ce que nous avons ressenti au fur et à mesure des événements, le sens que nous leur avons donné, le fil dans lequel ils ont été pris, l'histoire que nous nous racontons en disant « je ». Ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui constituent notre mémoire et notre identité. N'avez-vous jamais fait l'expérience suivante : relire votre journal intime plusieurs années plus tard, et être surpris d'y découvrir votre propre relation d'événements dont vous auriez juré qu'ils n'avaient jamais eu lieu ? La mémoire, l'identité, dit Yalom en substance, c'est cela : non pas le stockage des faits, mais le décalage avec les faits.

Alors, plus encore qu'une autobiographie, je dirais que Comment je suis devenu moi-même est un témoignage, un matériau clinique, une mine de sujets de réflexion. Nous ne savons pas comment Irvin Yalom souhaite continuer et, le moment venu, terminer sa vie ; mais nous savons qu'il veut témoigner, transmettre, donner, inciter à continuer sa réflexion. Il appelle d'ailleurs cela « l'effet d'entraînement » : générer une influence sur les autres, qui durera après soi. de fait, son livre est un pont entre les hommes et les générations. Une nouvelle fois, merci, monsieur Yalom.

Et merci à Babelio et aux éditions Albin Michel, qui m'ont donné l'occasion de lire ce livre avant sa sortie dans le cadre d'une « Masse critique » privilégiée.
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Devenir soi-même, c'est toujours un peu con, si on le savait on irait droit dessus. Nonobstant, certains bouquins de développement personnel se mettent en tête l'idée de nous faire advenir à nous-mêmes à l'aide de petits trucs et de petites astuces qui permettent également, et assez insidieusement, d'augmenter notre aptitude à entrer dans le rang d'oignons sans faire pleurer les éplucheurs de légumes. La méthode de Yalom est un peu différente : devenir soi-même, c'est vieillir, tout simplement. Appréciez la subtilité de l'idée : chaque instant qui passe, au lieu de vous rapprocher de la mort, vous rapproche de l'essence même de votre être. Bravo à vous, bravo à nous, nous devenons plus authentiques à chaque seconde, même nos égarements finiront par le confirmer.


Le parcours n'est pas aisé pour autant, tout le monde le sait. Les premiers chapitres du livre sont laborieux voire rebutants. Ils présentent le schéma rigide suivant : évocation de la situation d'un patient sur un paragraphe, création d'un lien entre cette situation et celle de l'enfant Irvin, narration du souvenir, brève échappée non détruite par le temps sur le court filament chronologique d'une vie d'enfant. L'évocation du cas clinique semble n'être qu'un prétexte vite écorché, le souvenir peine à remonter à la surface, le vieil Irvin semblant avoir tout oublié du jeune Irvin un peu angoissé qu'il dit avoir été, sans doute parce que le reste de sa vie fut un triomphe relatif, sans doute aussi parce que la colère qu'il dit avoir ressenti dans sa jeunesse semble avoir désormais laissé place à la compréhension et au pardon.


Ce n'est qu'à partir de la page 100 que la biographie devient plus fluide et plus captivante lorsque Irvin, enfin marié et sûr de sa voie professionnelle, nous raconte les petits et grands événements sa vie de couple et de famille, ses découvertes psychothérapeutiques et ses relations professionnelles avec des personnes plus ou moins connues du lecteur. Même s'il se montre parfois un peu agaçant à vouloir nous faire comprendre à quel point sa vie a été merveilleuse, pleine d'amour, d'enfants, d'amis riches et célèbres, de best-sellers et de maisons à Hawaï, il reste aussi attendrissant et il n'hésite pas à mettre à l'oeuvre dans son bouquin ce qu'il a toujours préconisé en tant que psychothérapeute : pour briser la cuirasse de méfiance de son patient, il faut savoir prendre des risques soi-même et ne pas hésiter à révéler sa vulnérabilité la plus profonde. Si la méthode a fait ses preuves en psychothérapie, elle fonctionne aussi en littérature, permettant de surmonter les moments d'ennui et d'agacement et procurant un plaisir de lecture simple sans être non plus transcendant.
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Irvin Yalom ou comment faire le bilan existentiel de sa propre vie.
Voilà un témoignage des plus intéressants que d'entendre le thérapeute faire son anamnese à lui tout seul.
Ici encore on constate que cet homme aura su se libérer et même parler de son manque de confiance en soi dans sa jeunesse, de ses sentiments de honte face à ses parents ou encore de son côté professionnel qu'il a su aborder sur un certain nombre de chapitres un peu trop longuets pour ma part. Cela dit, développer des thérapies de groupe lui a valu une très bonne carrière de psychothérapeute.
Sans oublier les ouvrages dans son domaine comme "le jardin d epicure", "et Nietzsche a pleuré" "la méthode schopenhauer" et la famille qu'il a pu constituer avec sa femme Marilyn, cet ouvrage reste à lire et il ne reste plus qu'à lui souhaiter une bonne fin de vie...
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Irvin D. Yalom nous a offert plusieurs romans incroyables, notamment le problème Spinoza, chef d'oeuvre mêlant psychologie, philosophie et histoire. Ici, ce n'est pas un roman qu'il nous propose de découvrir, mais sa propre vie, son cheminement à lui vers la thérapie existentialiste et le bonheur de vivre. de l'enfance à l'apprentissage de la vieillesse, comme il le dit si bien, il se raconte, partage ses pensées intimes, ses réflexions professionnelles, ses difficultés et ses succès. On découvre un homme extrêmement cultivé, d'une intelligence rare et d'une formidable lucidité sur lui-même et sur ceux qui l'entourent. Un homme bienveillant, tolérant et avide d'apprendre de chacun.

Irvin D. Yalom dit recevoir beaucoup de courriers de lecteurs cherchant à le connaître avant qu'il ne soit trop tard. J'ai du me faire violence pour ne pas être de ceux-là après avoir refermé ce livre. Non, il n'y a pas d'intrigue qui nous tienne en haleine, pas de suspense ni de crime à résoudre. Juste la confession humble d'un homme sage, racontée avec beaucoup d'introspection et d'autodérision. D'une jeunesse compliquée, de ses rapports conflictuels avec sa mère, il a gravi les échelons pour devenir un psychiatre renommé, précurseur de la thérapie de groupe et initiateur de la thérapie existentielle. Il a travaillé avec des populations très touchées, des malades en phase terminale, pour comprendre et combattre la peur de la mort, sa propre peur latente dans tout le récit. Il a voyagé à travers le monde, il a épousé une femme formidable et a réussi à fonder une famille malgré son travail très prenant. Il s'est lancé dans la création littéraire par envie et par passion, et a rencontré un franc succès en Europe. Comment ne pas admirer un tel homme ? Comment ne pas tirer de leçons de son parcours et de ses choix de vie ?

A travers le récit de sa vie, il revient sur ses recherches, sur les cas qu'il a rencontré, sur ses conclusions et le travail effectué, il nous explique les bases de la psychanalyse, les différentes écoles, leurs travers et ce qu'elles peuvent nous apporter. En nous faisant partager sa sensation d'accomplissement, il nous fait réfléchir nous aussi sur le sens de notre vie, sur ce que nous souhaitons vraiment, sur ce que nous voulons bâtir. Il nous amène à réfléchir sur nous-mêmes et à accepter nos failles comme il accepte les siennes en les couchant sur le papier. C'est un dialogue avec Irvin D. Yalom autant qu'une confession à sens unique, c'est sa façon à lui de s'ouvrir à nous tous, qui l'admirons depuis longtemps et qui aurions aimé pouvoir bénéficier de ses lumières. C'est sa façon à lui aussi de nous dire « Au revoir« , dans un dernier livre, le plus personnel.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Irvin Yalom, psychothérapeute et romancier, est surtout connu en France depuis que son roman "le problème Spinoza", a obtenu le prix des lecteurs du Livre de Poche en 2014.
Ce grand monsieur, à la personnalité aussi chaleureuse qu'atypique, se dévoile dans ce livre-testament où il raconte sa vie en faisant participer le lecteur à toutes ses étapes essentielles et non seulement la lecture est passionnante, mais on a le privilège d'entrer dans son intimité à travers son récit et les photos qui l'illustrent, montrant ses amis, sa famille et lui-même au fil des temps (plus il vieillit, plus il est beau ! J'ai cru voir Sean Connery posant pour la publicité d'un célèbre horloger !).
Fils d'un épicier juif immigré de Russie, il a grandi dans un quartier pauvre de Washington. Lecteur boulimique, passionné de biographies, il a dévoré les auteurs russes qui sont peut-être à l'origine de sa décision de se spécialiser dans la psychiatrie, une fois devenu médecin.
Thérapeute engagé, il a développé pour ses patients une empathie qui l'a conduit à s'éloigner du cadre freudien pour devenir le créateur de la thérapie existentielle qui tient compte des grandes questions métaphysiques interpelant l'être humain depuis la nuit des temps.
Convaincu que c'est le lien entre le patient et son thérapeute qui est la pierre angulaire du processus de guérison, il s'est impliqué dans les thérapies de groupes et n'a jamais hésité à se mettre en danger et à participer activement aux expériences qui lui étaient proposées.
Brillant enseignant à l'université de Stanford, conférencier recherché dans le monde entier, il est devenu dans la maturité un auteur de ceslivres extraordinaires qui utilisent la trame romanesque pour illustrer la doctrine d'un philosophe qu'il s'agisse de Spinoza déjà cité ou encore de Nietzsche, d'Epicure ou même de Schopenhauer. Et à chaque fois, c'est passionnant, érudit et cela donne envie d'approfondir les connaissances acquises lors de la lecture.
La modestie de l'auteur va de pair avec son immense talent et cette belle biographie donne plus que jamais envie de rencontrer son auteur, si ce n'est en chair et en os, au moins par l'immersion dans ses écrits ou à travers le beau film documentaire "La thérapie du Bonheur" réalisé par Sabine Gisiger qui révèle tant sa générosité que sa malice.
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Mémoires d'un psy serait un titre plus adapté à ce roman autobiographique qui flirte de près avec l'auto-célébration .
Le profil de l'auteur est séduisant : psychiatre célèbre spécialiste de la thérapie de groupe, écrivain à succès et la quatrième de couverture alléchante « rencontre avec l'empathie, participer à la construction de sa pensée, songer au sens de la vie » pourtant malgré une lecture intéressante l'ensemble s'avère parfois lisse. Irvin Yalom raconte comment il a réussi sa vie, surmonté les obstacles tout en restant un bon fils, bon père, bon professionnel, mari aimant, ami fidèle.

Né dans une famille de migrants juifs européens, il passe sa jeunesse dans un quartier populaire et mal famé où ses parents épiciers ne sont guère proches de lui. Une bibliothèque lui offre le salut et reclus chez lui il se met à lire une quantité impressionnante d'ouvrages notamment des biographies qu'il emprunte par ordre alphabétique ne sachant comment et qui choisir.

Enfant doué, il s'engage dans des études de médecine et s'oriente très vite vers la psychiatrie. A l'université, il rencontre Marilyn qui deviendra son épouse. Etudiante en lettres, spécialiste de littérature et d'histoire française, elle l'entraînera souvent à Paris et en visite en Europe, quatre enfants sans problème, une avalanche de belles rencontres, de conférences à succès, de séjours de longue durée à Bali, au bord du lac de Côme, à Venise ou dans la maison de vacances d'amis en Grèce, des best-sellers salués par la critique, une période de vie paradisiaque dans une maison au bord d'une plage à Hawaï... on a vu pire !
Parallèlement, se construit le spécialiste : il travaillera dans les meilleurs hôpitaux et s'appliquera à comprendre et développer la thérapie de groupe très en vogue à partir des années 70. Très engagé dans sa pratique, il conduit pendant de nombreuses années des séances pour des malades en phase terminale. Sa proximité avec ses patients et sa façon originale d'envisager la thérapie donnent des résultats thérapeutiques qui le place en expert. Son enseignement à Stanfort sera accompagné de nombreuses publications techniques. Lui-même très anxieux à l'idée de la mort - qui lui semble être au coeur de toutes les problématiques humaines - se confronte plusieurs fois à de graves dépressions qui le conduisent chez des thérapeutes renommés.' A 56 ans, les enfants ayant tous quitté la maison, il décide de donner une autre coloration à ses écrits et se lance dans la fiction.
Ce curieux psychiatre ne recule devant aucune expérience LSD, Extasy, méditation, yoga tout ce qui lui permet d'améliorer sa pratique est exploré et lui sert de matériaux pour ses romans.

Si on reste intéressé par ce récit de vie pleins d'anecdotes charmantes, il manque un quelque chose pour que les souvenirs rutilants de vieux monsieur deviennent un savoir-vivre à transmettre, une aide à devenir soi-même.
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Je n'ai lu que récemment Irvin D. Yalom grâce à une amie qui m'a fait découvrir "Le problème Spinoza" que j'ai beaucoup apprécié. Alors quand Babélio m'a proposé de lire "Comment je suis devenu moi-même" de ce même auteur, Irvin D. Yalom, psychiatre de son état, je n'ai pas hésité à accepter soupçonnant que cela serait sans aucun doute passionnant de suivre pas à pas comment on devient psychothérapeute et écrivain. Je ne m'étais pas trompée, je viens de me régaler de cette lecture à la fois très humaine et humble, mais en même temps érudite et passionnante traversée d'émotions parfois mais aussi d'humour. Grand merci donc à Babélio et aux éditions Albin Michel pour cet envoi. L'ouvrage ne sortira en librairie que le 3 septembre prochain.
J'ai beaucoup aimé la sincérité dont fait preuve Irvin D. Yalom, lui le très grand professionnel, psychiatre renommé et reconnu par ses pairs, l'écrivain aux multiples succès, qui à l'âge de 85 ans revient sur sa vie, ses doutes (incroyable qu'un homme aussi doué ait tant douté de lui), ses faiblesses, mais aussi bien sûr ses réussites, ses découvertes, ses joies. On entre vraiment avec lui dans son intimité, dans sa vie de famille, dans son travail de thérapeute (très intéressant), dans sa vie trépidante. C'est, je l'ai dit, passionnant ! Et comme de bien entendu, au détour des pages, il nous explique comme lui est venue l'écriture de ses livres. Et bien sûr, cela m'a donné une très forte envie de me plonger dans nombres de ses ouvrages !! Ma PAL ne va pas s'en remettre. C'est un homme brillant mais également très généreux. Il a beaucoup d'humanité et d'empathie dans son travail auprès de ses patients. Travail qu'il continue encore à l'heure actuelle car il aime profondément aider son prochain. Et peut-être aussi que cela lui évite de trop penser à la mort qui se rapproche. Il est vraiment très sincère dans ses réflexions et ses propres peurs, lui le thérapeute qui a passé sa vie à aider les autres à surmonter leur peur. Je voudrais rajouter que je n'ai pas toutes les références dont parle Irvin D. Yalom, n'étant pas une spécialiste de la psychiatrie, ni de la psychologie et encore moins de la philosophie, mais cela n'empêche absolument pas l'intérêt de la lecture de ce livre qui est très bien écrit, très accessible, et je me répète, d'une grande sincérité.
Je ne peux que vous encourager à découvrir Irvin D. Yalom avec ce très beau livre "Comment je suis devenu moi-même".

Lien : https://mapassionleslivres.w..
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