Quelle série décidément complexe à lire. L'autrice ne nous mâche vraiment pas le travail et nous pousse sans cesse à réfléchir, nous remettre en question et l'interroger sur son message. C'est aussi ce qui fait la force de sa saga.
Depuis le début, j'aime les questionnements de
Tsumuji Yoshimura sur les genres et la façon dont la société les qualifie. Je trouve qu'elle offre vraiment un discours nuancé, plein d'ouvertures, mais du coup, parfois je m'y perds un peu et je ne sais plus trop où elle veut en venir et ce que elle elle pense. Ce fut le cas ici, avec l'introduction de ce tome où elle interroge les activités dites « féminines ». J'ai trouvé cela d'une grande maladresse de réduire les femmes à cela et en même temps subtilement, c'est exactement ce qu'elle dit, même si son héros va dans cette direction en voulant tester des activités féminines comme le maquillage, la mode… et masculines. Elle donc en plein dedans malgré ce qui semble être des maladresses narratives.
J'ai été moins fans de la suite en revanche, plus classique, moins percutante, n'apportant pas grand-chose. Nous avons un doux moment à la place qui est tel un dernier instant dans leur petite bulle d'amitié enfantine avant qu'iel se décide, mais c'est sans grand relief. On a encore droit à un male gaze dérangeant à la fois sur Hinase et sur Ritsu. On a encore droit à un garçon en mode « chevalier servant ». On n'avance pas…
La dernière partie a ainsi plus vocation à faire bouger les lignes, même si j'ai trouvé son efficacité réduite. On nous propose d'aller à la rencontre de l'histoire de Nao et d'une personne non binaire qui n'avait pas choisi son genre, avec qui elle a vécu. Cependant connaissant mal ces personnages, je n'ai pas eu d'effet d'attachement et j'ai plutôt subi cette histoire comme une annexe vaguement liée à la principale. On retrouve encore le propos de : on est le genre qu'on veut, voire aucun genre ou les deux, mais la société n'est pas prête dans on ensemble et on en souffre. C'est déjà vu.
La série reste pleine de bonnes intentions mais elle patauge un peu, ayant du mal à passer à la suite. Elle se répète, ne dégage pas une ligne claire mais c'est en même temps parfaitement voulu pour nous montrer la complexité de ces questions de genre de leurs multiples strates dans notre société. C'est donc aussi brillant dans le fond que maladroit dans la forme. Courage aux héros/héroïnes.
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