En février, Akata nous présentait le projet original d'
Eri Sakai : mettre des hommes enceints afin de souligner tout ce qui dysfonctionne dans nos sociétés lors des grossesses. Elle récidive ce mois-ci avec la suite naturelle de ce projet : la parentalité une fois l'enfant né. C'est une nouvelle réussite !
Prévu en 2 tomes cette fois, la série revient après un premier opus déjà fort réussi qui avait su mettre en lumière les barrières que les femmes doivent enjamber pour porter à bien un projet de grossesse et/ou de famille tout en le conciliant avec leur travail et/ou leur vie sentimentale. La suite est toute aussi éclairante et subversive pour dénoncer cette fois la suite naturelle des choses : élever un enfant dans nos sociétés modernes.
Voici donc une suite dans la droite ligne qui fait du bien par où elle passe car elle met à nouveau le doigt sur bien des points à améliorer dans nos sociétés. Car si l'autrice parle, 8 ans plus tard, de son expérience toute japonaise, on peut retrouver énormément de traits présents également dans nos sociétés occidentales. Les Japonais n'ont pas le monopole du sexisme, loin de là.
J'ai donc apprécié de retrouver M Hiyama quelques années plus tard, alors que son fils est désormais âgé de 3 ans et que de nouvelles problématiques sont à l'ordre du jour pour lui mais également pour la société dans laquelle il vit, l'autrice ayant décidé de continuer à proposer un propos double : intime et universel à la fois. Les questionnements sur la vie d'un père et a fortiori d'une mère qui travaille en même temps étaient très pertinents, notamment celles concernant la crèche, la santé, la façon dont on est perçu par son employeur quand on est parent, notamment concernant ses absences et son rapport différent au travail. Cela l'était tout autant concernant le couple libre que nos héros ont décidé de former, même si c'est peut-être traité de manière moins approfondie, ce que je regrette.
En s'inscrivant dans la droite ligne du tome précédent, l'autrice révèle également l'évolution que la société a connu entre temps. Et après un pic grâce à la popularité de M Hiyama à la télé et sur les réseaux, cela s'est à nouveau tassé et il y a à nouveau un regard négatif porté sur les hommes enceints. Cela en dit long. de même, son projet de restaurant-café pour les hommes enceints est en train de péricliter. Mais notre héros n'est pas du genre à laisser tomber et il se retrousse les manches avec un nouveau projet qui correspond à ses nouvelles attentes et préoccupation : les crèches d'entreprise. J'ai beaucoup aimé ce focus car c'est quelque chose de fondamental dans nos sociétés pour le bien être des enfants et des parents, ainsi que pour l'évolution et l'éducation des premiers. C'est par une stimulation constante dès le plus jeune âge que passe leur éveil et leur sociabilisation. Il n'y a pas photos. J'ai donc vraiment apprécié qu'on mette ceci en exergue, sachant aussi les difficultés des parents chez nous pour trouver une place.
A l'inverse, je regrette une espèce de redite avec la rencontre d'un autre couple qui va passer un peu par les mêmes questionnements que ceux que Hiyama et sa compagne ont vécu : garder ou non le bébé, se déclarer en couple, l'annoncer à l'employeur ? Mais cette fois avec un focus sur le monde du spectacle avec deux idols de concernés. Je n'ai pas été hyper séduite par ce choix car on avait déjà suivi plusieurs couples autour de ce thème dans le précédent opus. Heureusement, cela a permis à l'autrice de revenir sur l'image qu'on a des stars au Japon et de la différence qu'on y fait, jusque dans ce milieu, entre les hommes et les femmes. Il y a le questionnement sur l'attachement bien trop grand à la virginité ou bien de pureté on pourrait dire des femmes, et au célibat des hommes sur lesquels on doit pouvoir fantasmer librement. Mais ce n'est pas forcément quelque chose que j'aurais vu dans une telle série et j'avoue que ça ne m'a pas passionnée.
Il faut dire que le défaut un peu de la série c'est la caractérisation un peu légère et archétypales des personnages. Notre Idol enceint est trop mou, trop fade. Sa compagne est le cliché de la femme qui veut faire passer sa carrière avant tout. Elle ressemble un peu en cela à la compagne de M Hiyama qui est aussi mis en avant comme quelqu'un d'égoïste, juste parce qu'elle ne voulait pas d'enfant et qu'elle veut profiter de la vie. Ne voulant pas d'enfant et voulant profiter de la vie, je n'aime pas trop cette façon de nous voir. C'est notre choix après tout. Et ici, elle fait le choix d'assumer et d'entrer dans la vie de son enfant. Je trouve donc le reproche un peu facile. Heureusement que cela se nuance dans les dernières pages.
Tout comme son prédécesseur, La paternité de M Hiyama est une critique sociétale originale dont tout l'intérêt ici est de voir l'évolution de celle-ci aux différentes étapes de la vie du héros. Ainsi après la grossesse, place à la parentalité car élever un enfant c'est autant si ce n'est plus de travail que de le porter. On retrouve donc de nouvelles problématiques parfaitement d'actualité et surtout universelle avec les questions du regard de la société et de l'employeur, des modes de garde et de la santé. Je regrette juste que vienne s'y greffer des éléments déjà vus dans le oneshot précédent. A la place, ç'aurait été bien de creuser un peu plus les personnages, leur identité et pas seulement leur rapport à la société du fait qu'ils sont parents. Mais c'est une découverte vraiment instructive qui offre une belle sensibilisation aux amélioration à apporter à nos sociétés.
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