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Dans sa trilogie, Yourcenar raconte ses origines, son histoire et commente les événements familiaux. Voici les titres de la trilogie familiale :

Souvenirs pieux (1974)
Archives du Nord (1977)
Quoi? l'Éternité…(1988)

Grâce au Labyrinthe du monde, Marguerite de Crayencourt, dite Yourcenar, devient immortelle sous sa plume. Elle s'est inventée comme un personnage de ses romans et c'est beau. C'est la représentation humaine dans toute sa splendeur et dans sa déchéance qui s'offre à nous.

Pour ce faire, Yourcenar a eu à sa disposition de nombreux documents comme des lettres, des livres, des photos, des archives. Elle a interviewé des gens, elle a donc entrepris une démarche sur le terrain.

J'ai retrouvé cette vidéo sur YouTube où elle accepte de répondre aux questions de Bernard Pivot pour l'émission Apostrophes à propos de Souvenirs pieux et d'Archives du Nord. C'est touchant d'entendre la grande Yourcenar parler de ses écrits.


Souvenirs pieux

Tout d'abord, qu'est-ce qu'un souvenir pieux? Yourcenar le mentionne dans son livre après le décès de sa mère.

«[…] : un feuillet de format assez petit pour qu'on pût l'insérer entre les pages d'un missel, où l'on voit au recto une image de piété, accompagnée d'une ou plusieurs prières, chacune d'elles portant souvent au bas, en très petits caractères, l'indication exacte des heures, jours, mois et années d'indulgence que leur récitation procurerait aux âmes du Purgatoire ; au verso, une demande de se souvenir devant Dieu du défunt ou de la défunte, suivie de quelques citations tirées des Écritures ou d'ouvrages de dévotion, et de quelques oraisons jaculatoires. » (p. 60)

Pour se souvenir des siens, Yourcenar décide de les coucher sur le papier pour leur rendre ainsi un hommage. À cet égard, elle s'interroge sur l'identité des membres de sa famille, du côté de sa mère, du côté de son père. Souvenirs pieux est composé des parties suivantes :

L'accouchement
La tournée des châteaux
Deux voyageurs en route vers la région immuable
Fernande

Yourcenar ouvre son bouquin en relatant sa naissance le 8 juin 1903 à Bruxelles et le termine par un chapitre consacré à cette mère, Fernande, qu'elle n'a pas connue, car elle morte d'une fièvre typhoïde le 18 juin laissant son père, un homme de 50 ans, seul, à l'élever. Entre ces deux parties, une tournée des châteaux belges de Flémalle, de Marchienne et de Suarlée ayant appartenu à la famille de sa mère est présentée, et un portrait de deux grands-oncles est dressé, Fernand dit Rémo qui s'enlèvera la vie et Octave Pirmez, qui a été écrivain, essayiste.

À travers ces parties, Yourcenar cherche à comprendre qui elle est en abordant ses ancêtres maternels. Elle relève des traits chez ces derniers se retrouvant également chez elle.

Ce que je pense

Chaque fois que je lis un livre de Marguerite Yourcenar, je suis toujours fascinée par sa plume. Elle manie la langue comme nulle autre et elle développe son information d'une façon éblouissante, inimitable. Par exemple, je me dis en la lisant : «Mais comment a-t-elle fait pour écrire cette phrase? Où a-t-elle été chercher cette idée?» Son génie m'apparaît bien mystérieux. Ses connaissances sont immenses, son savoir indéniable et sa manière de raconter, unique.

Alors, je pense que j'ai lu Souvenirs pieux en ressentant un immense respect pour cette autrice. J'ai aimé en apprendre davantage sur les siens, sur les châteaux, sur elle. En plus, mon conjoint est Belge et lorsque je vais en Belgique, je me rends avec lui visiter les châteaux et je dois dire que j'ai beaucoup pensé à ce pays, à la mer du Nord, un peu présente, à Liège que nous habitons lorsque nous y allons, à Bruxelles, la toute belle.

Je dois aussi dire que les Belges devraient lire ce bouquin pour connaître un peu plus leur patrimoine, la façon de vivre de leurs ancêtres, le développement de leurs villes.

J'ai apprécié également connaître des traits de la personnalité de Marguerite Yourcenar. Je ne savais pas qu'elle était sensible à la cause animale ou encore à la protection de la planète. Je me suis retrouvée dans sa façon de percevoir l'univers et la cause animale. Comme elle le mentionne :


«Cette fillette vieille d'une heure est en tout cas déjà prise, comme dans un filet, dans les réalités de la souffrance animale et de la peine humaine ; elle l'est aussi dans les futilités d'un temps, dans les petites et grandes nouvelles du journal que personne ce matin n'a eu le temps de lire, et qui gît sur le banc du vestibule, dans ce qui est de mode et dans ce qui est de routine. » (p. 33-34)

La peine humaine m'afflige, les maux de mon siècle me détruisent intérieurement et physiquement tout comme ce que l'on fait subir depuis des siècles aux animaux. C'est l'horreur… et c'est pourquoi je suis végétarienne depuis presque 30 ans. Comme elle, je déteste les futilités de mon siècle et je crois que le temps est précieux et qu'il ne faut pas le gaspiller. En somme, je déteste perdre mon temps.

Mais encore, les souvenirs ouvrent une voie en soi, ils peuvent faire trembler un rêve, ils peuvent creuser un trou dans notre inconscient, ils peuvent nous habiter longtemps. Comme le mentionne Yourcenar sur cette envolée sur la mer du temps :

« C'est à l'intensité que se mesure un souvenir». (p. 199)

Donc, je dois dire que je suis bien heureuse d'avoir lu Souvenirs pieux. Je vous recommande ces souvenirs si vous voulez découvrir un peu plus la destinée de celle qui fut la première dame à être admise à l'Académie française. Elle a ouvert la porte, certaines et certains diront enfin, aux autrices dans ce temple encore si masculin.
https://madamelit.ca/2022/03/28/madame-lit-souvenirs-pieux-de-marguerite-yourcenar/
Lien : https://madamelit.ca/2022/03..
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Je me suis lancée dans cet ouvrage car je voulais en savoir un peu plus sur les liens qui liaient Marguerite Yourcenar au village de Suarlée, proche de chez moi. Sur ce point, me voilà amplement satisfaite. Mais quel ennui pour parvenir au résultat escompté ! Dans Souvenirs pieux, l'auteure retrace ses racines maternelles, elle dont la mère est décédée quelques jours après lui avoir donné naissance, et qui a donc vécu dans le giron de sa famille paternelle. Marguerite Yourcenar est partie de témoignages oraux, écrits, de photographies, de correspondances, pour redessiner, de manière plus ou moins romancée, ce qu'ont dû être les existences de ses aïeux. le résultat est un étalage ennuyeux de son érudition, auquel j'ai pris très peu de plaisir. le tiers du récit est consacré à son grand oncle Octave Pirmez, un écrivain belge reconnu. Dans cette partie, beaucoup trop longue à mon goût, nous retrouvons de nombreux passages des écrits de ce grand oncle, comme une analyse de son oeuvre. J'ai nettement préféré les passages relatifs à l'éducation donnée aux enfants au 19ème siècle, ou les parties consacrées à Fernande, la mère de Marguerite Yourcenar, qui finalement n'aura que très peu vécu à Suarlée, maintenant je le sais.
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Encore enthousiaste au souvenir des Mémoires d'Hadrien, je me suis précipité sur Souvenirs Pieux lorsque cet ouvrage est apparu récemment à portée de mes mains.
Mais sans doute faut-il avoir une disposition d'esprit suffisante car quelle déception de ces souvenirs et de ce roman qui sont véritablement tombés à plat chez le lecteur
que je suis qui n'a pas "accroché".
Et pourtant je ne doute pas un seul instant que cette exploration de la mémoire familiale du côté maternel de Marguerite Yourcenar, publiée en 1974, soit fort bien écrite
et intéressante : l'autrice est plus académicienne que moi-même, à fort juste titre bien sûr ! Mais il est des contextes où l'on peut avoir du mal à apprécier les belles choses, et en l'espèce je le regrette, naturellement.
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Délicieux moment à lire ce livre ! le ton est juste, avec assez d'intimité pour présenter les ancêtres d'où vient Marguerite Yourcenar et assez de distance pour éviter l'hagiographie et instiller une note d'humour. J'ai souvent souris en lisant ce livre, telle cette réflexion sur le généalogiste amateur qui engrange ses millésimes pour parler des dates naissances-mariage-décès des ancêtres ! Les passages sur l'éducation bourgeoise de la fin du XIX° sont nombreux et décrivent très bien la rigueur de cette éducation.
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Dans Souvenirs pieux, Madame Yourcenar nous offre, de sa belle écriture, la vie romancée de sa branche maternelle.

Roman à structure fermée, il débute sur la naissance de l'écrivaine et le trépas de sa mère, quatorze jours plus tard. Ce qui amènera l'envoi d'un souvenir pieux, faire-part de décès agrémenté de versets de la Bible et d'un texte précisant la félicité de la défunte à rejoindre le Seigneur. le livre s'achève par les chapitres relatant la jeunesse et la vie de sa mère jusqu'à son mariage.

Entre ces deux parties, Marguerite Yourcenar décrit la généalogie maternelle en insistant pendant de longs chapitres sur deux de ses grands oncles, Octave Pirmez et son frère Fernand, dit Rémo.

Octave est un auteur belge, qui fut reconnu tardivement dans son pays. Très proche de son frère, il écrira sur sa vie pour lui rendre hommage. Car Fernand est un être passionné, typique du XIXème siècle. Il s'enflamme pour les nouvelles idéologies, progrès, liberté, socialisme, continuations de celles de la Révolution française. Dans ce milieu aristocratique et catholique, Fernand n'est pas accepté. Seul Octave le soutiendra, bien que pris dans son carcan social. Fernand se suicidera, « avec un pistolet qu'il ne savait pas armé », comme l'affirmera la famille soucieuse des qu'en-dira-t-on. Ces deux personnages typiques et presque romantiques influenceront l'oeuvre de Marguerite Yourcenar, d'où ces passages très longs sur eux mais qui s'expliquent.

Souvenirs pieux permet à l'écrivaine de nous faire découvrir ce qui finalement constituera l'essence de sa production littéraire. Elle cherche également à montrer que la vie est loin d'être un chemin rectiligne, qu'elle est faite d'impasses et de longs trajets de contournements. Est-ce la raison pour laquelle Souvenirs pieux appartient à un triptyque appelé le Labyrinthe du monde ? Possible.

C'est un beau roman que nous propose l'auteure, pas le meilleur, mais que je conseille, ne serait-ce que pour l'écriture et la profondeur de la culture de cette grande dame qu'était Marguerite Yourcenar.
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Yourcenar l'explique assez vite à son lecteur : le souvenir pieux est un petit feuillet à glisser dans un missel et invitant, parmi quelques citations tirées des Écritures, à se souvenir devant Dieu d'un défunt ou d'une défunte. Tel est en somme le principe de son livre tout entier. Mais s'il y a ici de la piété, elle tourne le dos à la bondieuserie pour n'être que familiale, sans exclure d'ailleurs l'esprit critique, ni même une touche corrosive souvent savoureuse.

Avant d'être le portrait d'une famille, c'est celui d'une époque et d'une société, et même de la bonne société : l'aristocratie et la bourgeoisie industrielle de Belgique, au tournant des XIXème et XXème siècles. Souvenirs pieux tient ainsi à la fois du portrait de caractères, de la chronique sociale, de l'essai et de l'autobiographie. Yourcenar n'y cache ni son affection ni ses moqueries, voire plus rarement sa détestation d'un personnage. Elle ne dissimule rien non plus de ses questions de petite fille, à l'époque des faits, ou de vieille dame lorsqu'elle écrit ce texte. Il y a un dialogue permanent entre ce qu'était le monde de ce temps-là et celui qu'il a enfanté par la suite. le livre se transforme même parfois en une charge virulente contre l'idéologie du progrès qui a gouverné tout le XXème siècle avec les éclatants triomphes que l'on sait. L'auteure prend le parti de la liberté contre les conformismes, de l'harmonie du monde contre son exploitation effrénée, de la nature et de l'animal contre l'arrogance humaine. Pas trace de militantisme dans son propos, mais une délicate broderie de notations et de rapprochements, dessinant peu à peu une morale que je trouve admirable.

Certes, le lecteur se perd parfois dans les ramifications et les enchevêtrements de cette famille. L'architecture du livre favorise d'ailleurs cet égarement, en invitant à la flânerie et à la rêverie plutôt qu'à l'exploration sèche et méthodique d'archives parcellaires. Yourcenar n'a pas voulu que l'on confonde son oeuvre avec une austère entreprise de généalogiste : l'objet n'est pas pour elle de tracer au cordeau un réseau de filiations ou d'héritages, mais de redonner vie et souffle à quelques figures de son enfance ou de sa mythologie familiale, en des histoires émouvantes qui atteignent à l'universel. On mesure la nature de l'exploit, tant les histoires de famille sont en général aussi incompréhensibles que dénuées d'intérêt, dès lors que ce sont celles des autres. Mais voilà, c'est tout simple : ce qu'écrit Marguerite Yourcenar n'appartient pas au monde des autres.
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Probablement il ne faut pas commencer par ce livre pour découvrir l'oeuvre de Marguerite Yourcenar, il faut déjà avoir un certain intérêt pour l'auteur, au risque de trouver ce récit long, peut-être pénible.
Si l'on accepte la clarté des tournures de ses phrases souvent marquées par une érudition alors ce livre peut devenir un plaisir.
Ici Yourcenar prend toute la liberté de son écriture dans sa propre histoire. Ou plutôt dans l'histoire de sa famille, de ses ancêtres. Car il n'est pas question pour elle de nous ennuyer avec de l'autofiction.
Elle puise dans les archives de sa famille, récolte de nombreux éléments, tout cela est on le devine une partie conséquente de son travail. Puis sautant d'un aïeul à l'autre dans des portraits et souvenirs plus ou moins longs, elle raconte sa vision de la petite histoire. Et tout est prétexte pour partager une vision des choses et du monde.
Preuve en est que Marguerite Yourcenar est très loin de se pavaner dans des fausses mémoires de famille : le choix du titre. "Souvenirs pieux", ces mots qui - on l'apprend vite - sont sur les faire-part de décès de ses ancêtres, et qui sont vides de sens, parfois hypocrites de la part des vivants qui les choisissent quand on songe au mort lui-même...
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Fernande, Mathilde, Zoé... Comme d'habitude chez Marguerite, les hommes ont la part belle, son père Michel (elle aime appeler les gens ou personnages par leurs prénom, sans doute pour montrer une certaine proximité, voire de l'estime ou de l'affection) son grand oncle Fernand mort jeune. Les femmes ont droit à la portion congrue, sans doute un paradoxe cousu de fil blanc...Son français est de qualité, c'est pourquoi, je la relis (surtout Mémoires d'Hadrien). Ici, elle accumule les clichés pessimistes ou ironiques, sans parler de ses descriptions (qui font plutôt sourire mais agace quand même) sur les mangeurs cruels de viande, elle oublie que ses personnages aimaient la bonne chair, elle se garde bien d'en parler. Allez Marguerite, laisse toi aller.
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Un livre interessant dans sa première et dernière partie, consacrées aux parents de Marguerite Yourcenar, sa mère en particulier qu'elle n'a pas connue.
Entre les deux, des passages également interessants sur sa nombreuse famille, les convenances sociales du XIXe siècle et début du XXe, et le rappel terrible de toutes ces pauvres femmes, quelque soit leur milieu social, qui mouraient de mettre au monde.
Mais on se perd un peu dans toute cette généalogie, et j'ai trouvé aussi la place accordée à deux grands-oncles, Octave et Remo, excessive.
Pour finir, j'ai été étonnée de certains thèmes abordés, qui n' étaient pas encore d'une telle actualité à la sortie de ce livre, en 1974, comme la souffrance animale, les dégâts du tourisme de masse ou la démographie mondiale explosive.
Clairement, j'ai préféré Les mémoires d'Hadrien.
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Premier volet assez déconcertant de la trilogie de Yourcenar sur ses origines. Ici, elle se concentre sur la famille belge de sa mère, qu'elle n'a pas connue puisque celle-ci est morte quelques jours après sa naissance, des suites de l'accouchement. Elle aborde au début le récit de la mort, pour s'éloigner ensuite dans le temps (c'est le plus long car difficile d'y voir autre chose qu'une vaste digression sur l'histoire de la Flandre à travers les siècles), passer vers le milieu du livre à un récit plus "romanesque" centré autour de la figure d'un parent éloigné, Octave Pirmez, qui a connu de brefs succès littéraires dans la seconde moitié du XIXème siècle. Enfin la dernière partie revient sur la rencontre de ses parents, leur lune de miel de quelques années à travers l'Europe... le magnifique style Yourcenar est là, mais à la sobriété habituelle s'y ajoute, et je n'ai pas vraiment apprécié, une pointe de coquetterie aristocratique.
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