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Dans ces entretiens, Marguerite Yourcenar retrace sous quelques thèmes (et chapitres) une vie de lectures et de voyages, accompagnée intimement par ses personnages.

Grâce à sa (presque toujours) indépendance financière, elle a pu consolider une indépendance d'esprit et une clairvoyance non moins profonde. Sans en tirer autrement gloire, elle est restée affectée par l'actualité, et solidaire des causes à défendre.
Ces propos sont ceux d'une femme d'une grande intégrité qui s'appuie sur le passé et la patience des choses apprises pour analyser un présent violent et pourtant sans ardeur (p 127).

Lire plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2024/03/19/marguerite-yourcenar-les-yeux-ouverts/
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Dans cet ouvrage, Marguerite Yourcenar revient essentiellement sur son oeuvre littéraire et c'est ce qui m'a souvent ennuyé puisque je ne la connaissais pas.
Je recommande donc de lire ce lire en dernier.
Mais cette femme intelligente et cultivée m'a justement donné l'envie de lire Les Mémoires d'Hadrien et L'Oeuvre au Noir, avant d'élargir le débat au fil des pages, sur sa vision du monde. Moderne et profondément humaniste, avec ses contradictions aussi, mais qui n'en a pas ?
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Marguerite Yourcenar restera un personnage majeur de la littérature française. Ces entretiens avec Matthieu Galey permettent de mieux la connaitre et de mieux appréhender son oeuvre. C'est aussi un bon complément à sa biographie de Josyane Savigneau "L'invention d'une vie".
On y retrouve une personne brillante et visionnaire avec une personnalité avec de fortes valeurs.
On comprend moins la brouille qui s'est installée suite à la parution de ce livre entre elle et Matthieu Galey, lui reprochant de l'avoir amenée à trop se dévoiler !
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Livret impressionnant, avec des entretiens de Matthieu Galey avec Yourcenar, dans lequel son érudition apparaît clairement. Tous ses sujets favoris sont éclairés. Une lecture incontournable pour les fans de Yourcenar, surtout parce qu'elle explique comment elle procède à l'écriture de ses livres.
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Cette écrivain a tellement de sagesse! Magnifique!
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Marguerite Yourcenar a accordé ces entretiens à Matthieu Galey entre 1971 à 1979. le livre est paru pour la première fois en 1980 et a été traduit en anglais, en néerlandais, en italien et en allemand...
Il a provoqué une discorde durable entre eux.
Le titre du livre est inspiré de la dernière phrase des célèbres "mémoires d'Hadrien" : "Tâchons d'entrer dans la mort les yeux ouverts". Mais les yeux ouverts c'est aussi l'attitude qu'a eu Marguerite Yourcenar, tout au long de sa vie. Elle a toujours eu en effet, sur le monde qui l'entourait, beaucoup de clairvoyance.
Celle qui a été la première femme à entrer à l'Académie française en 1981, et non sans mal, se livre donc ici à des confidences tant sur ses oeuvres et sa création littéraire, que sur sa vie personnelle sans toutefois entrer, je le précise, dans des détails intimes.
D'origine flamande, née dans une famille bourgeoise, Marguerite Antoinette Jeanne Marie Ghislaine Clenewerck de Crayencour transformera son nom en Marguerite Yourcenar (anagramme de Crayencour avec un C en moins) pour publier ses premiers écrits à compte d'auteur dès 1921. Elle n'a que 18 ans !
Plutôt que d'entretiens, il s'agit en fait de conversations portant sur divers sujets comme son enfance, les personnes qui l'ont influencées dans sa vie, les livres qu'elle a lus ou écrits, son immense besoin de liberté, de découvertes, de voyages, ses passions, l'importance de la religion qui pour elle est "ce qui relie" l'homme à ce qu'il a été... et sera, son avis sur la politique, sur l'amour, et aussi sur sa vision de la mort.
Elle nous raconte ses premiers souvenirs d'enfance. Sa grand-mère est pour elle LA figure féminine marquante puisque c'est elle qui va l'élever. En effet, sa mère meurt dix jours après sa naissance.
Son père est un homme exceptionnel, très cultivé qui voyage beaucoup et qui la considérera très vite comme une adulte et partagera avec elle ses lectures, ses voyages et ses immenses connaissances. Elle se sent son égale. C'est un homme libre et indépendant, qui tient à sa liberté et qui a adopté comme maxime "On n'est bien qu'ailleurs". Il dit aussi très souvent quand elle lui soumet une difficulté passagère "ça ne fait rien, on s'en fout, on n'est pas d'ici, on s'en va demain", sans doute une phrase employée lorsqu'il était sous-officier de cuirassiers.
Il sera cependant un père aimant...et très présent pour elle. Il lui donnera toujours envie d'avancer dans la vie quels que soient les problèmes rencontrés.
Elle ne fréquentera jamais l'école et pourtant possédera elle-aussi une immense culture, mais sera une petite fille plutôt solitaire.
En 1939, après avoir vécu en Italie, elle part s'installer aux Etats-unis avec sa compagne, Grace Frick, qui deviendra la traductrice de son oeuvre, et avec qui elle restera jusqu'à la fin de sa vie. Elles s'installeront dans le Maine sur l'île des Monts-Déserts, en 1942.

Le lecteur est tout de suite invité à entrer dans son oeuvre immense par les personnages, qu'elle a le plus souvent choisi parmi ses proches ou au cours de ses voyages. Elle nous montre comment ils prennent forme et entrent dans sa vie pour ne plus jamais la quitter, ce qui explique aussi qu'elle nous les décrive aussi bien, qu'ils soient tellement présents et vivants pour le lecteur, qu'il nous semble côtoyer des personnes réelles.
Elle nous parle de l'acte d'écrire, des rituels, de la façon dont un auteur se documente et s'imprègne de l'ambiance d'une époque, avant de prendre la plume. Et du silence qu'il faut savoir faire en soi pour écouter ce que les personnages ont à dire...ainsi elle écrit facilement car elle a déjà "tout écrit en pensée."
Dans ce recueil, on découvre à quel point Marguerite Yourcenar est un être et un esprit libre et indépendant. Elle dit qu'elle laisse les pensées la traverser et les retranscrit tout simplement dans ses livres.
Elle fait preuve d'un grand humanisme. Elle est persuadée que tous les êtres sont importants non par leur possession mais bien par leurs actes, qu'ils soient riches ou pauvres, connus ou pas.
Elle a aussi un avis très marqué pour son époque concernant la planète et la nécessité de la préserver, de protéger la nature et la biodiversité (c'est elle qui a prévenu Brigitte Bardot du massacre des bébés phoques qui a fait tant de bruit ensuite dans les médias de l'époque). Je n'avais pas découvert cette facette de sa personnalité en la lisant.
Enfin, elle nous interpelle, en tant que lecteur : Que recherchons nous en lisant ? Et...à quel point nos choix de lectures sont-ils des miroirs qui nous révèlent à nous-même ce que nous sommes ?
Ce sont, vous l'aurez compris, des entretiens très intéressants qui m'ont fait réalisé à quel point Marguerite Yourcenar avait été une femme d'avant-garde, libre, courageuse, parfois seule à afficher des idées novatrices, comme ses préférences sexuelles, dans notre monde si intolérant et effrayé par la différence. Mais de sa vie intime, il n'en sera pas question ici.
Une belle "leçon" de sagesse parfois un peu pessimiste cependant. Je mets ce terme de "leçon" entre parenthèse car de leçons elle ne voulait justement, surtout pas en donner...à personne !
Des entretiens qui donnent envie de (re)parcourir son oeuvre. Pour une fois, mieux connaître l'auteur peut permettre de mieux la comprendre.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Interviews de Marguerite Yourcenar alors qu'elle rédigeait "Quoi, l'éternité", ce dialogue aborde un peu tous les sujets: éducation, religion, environnement, son père, les humains... et surtout, ses écrits. A ce propos, avoir lu les écrits est fortement conseillé où on risque de passer à côté, dans ce cas, autant sauter les passages, mais surtout, il faut avoir envie de les redécouvrir car après cette lecture le regard sera complètement modifié.

Marguerite Yourcenar montre dans ces interviews non seulement une grande sensibilité et une immense érudition, mais également une intelligence rare, celle d'une femme qui a les yeux ouverts.

Autrefois, un de mes professeurs avait commencé son cours sur Christine de Pisan en disant que quand il mourrait, elle était celle avec qui il espérait pouvoir discuter. Et bien Marguerite Yourcenar serait certainement l'auteure avec qui j'aimerais avoir un tête à tête.
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Plutôt intéressant comme démarche.
Il me reste à découvrir ses livres maintenant.
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En refermant cet ouvrage, j'ai l'impression d'en avoir ingurgité d'innombrables. Les yeux ouverts, c'est une bourrasque de culture. C'est surtout une formidable leçon de sagesse.

Encore faut-il, en écrivant cela, bien prendre garde au choix des mots. Car le terme de leçon comporte une notion de contrainte dont Marguerite Yourcenar se serait, à n'en pas douter, défendue avec force de faire usage. Recommandations de sagesse serait plus approprié. Mais il est vrai que si je crains la réprobation quant à la sélection de mes tournures sémantiques, c'est que je me sais observé depuis le "système sympathique" de l'au-delà dont Marguerite Yourcenar fait désormais partie. M'encouragerait-elle à poursuivre cette contribution sur Babelio ? A n'en pas douter puisqu'il s'agit de parler des livres.

Marguerite Yourcenar nous a laissé au travers de cet ouvrage un recueil de confidences étonnamment copieux pour quelqu'un qui rechigne à parler de soi. J'ai pu y découvrir des facettes de sa personnalité insoupçonnées de ma part. Une lecture plus attentive de ses oeuvres aurait pu me les faire détecter, en particulier par l'entremise de ces deux héros les plus évoqués dans cet ouvrage, je veux parler de Zénon et Hadrien. L'érudition de l'académicienne m'avait certes un peu étourdi, aussi n'y avais-je pas décelé la militante écologiste, amoureuse de la nature, avocate de la cause animale et dénonciatrice de bien d'autres phénomènes et comportements blâmables de notre société moderne que le bon sens récuse. Mais tout cela ne participe-t-il pas finalement de la même sagesse : celle de préserver un monde qui nous a ouvert les bras en même temps que nous ouvrions les yeux. La lecture de cet ouvrage est un grand bénéfice quant à la connaissance de la personnalité, de la vie et de l'oeuvre de cette auteure sublime.

Mon ressenti d'un tel ouvrage, c'est une impression de grande solitude de son auteure. Une solitude certes entourée, mais solitude quand même. Comme celle que notre vie moderne peut engendrer en nous faisant méconnaître notre voisin de palier. Solitude de l'érudite dans un océan d'ignorance. Ne l'a-t-elle pas éprouvée lorsqu'elle enseignait aux étudiants américains, captifs de leur présent, d'un immédiat resserré sur des préoccupations matérielles, quand tout aspire à dépasser le temps. C'est aussi la solitude de la femme désintéressée, face à tant de cupidité. de celle-là même qui fait de l'homme un pourfendeur de son environnement. La solitude encore de celle qui embrasse toutes les religions sans discrimination, reprochant l'imposture de ceux qui se réclament "de ligne directe de Dieu". La solitude toujours de celle qui a conservé son âme d'enfant, se dit sans âge, quand trop d'esprits plaintifs inféodés à leur narcissisme ne font que déplorer la dégradation d'un corps qui subit les outrages du temps.

Mais la solitude est aussi une aubaine. Elle est propice à la contemplation, à la création. Elle permet à Marguerite Yourcenar de s'extraire de l'actualité, "cette couche superficielle des choses", et d'aimer "le passé comme un présent qui a survécu dans sa mémoire". Elle lui permet d'écouter les voix que le tumulte pourrait dissoudre dans la cacophonie ambiante. Les voix de ses propres héros, Zénon et Hadrien, et tous les autres qui ont trouvé au travers de ses ouvrages l'espace et le temps de faire entendre leur vibration. Ce sont ces voix qui lui dictent ce qu'elle couchera sur le papier. La solitude enfin autorise la communion avec ces écrivains innombrables qu'elle a étudiés plus qu'elle ne les aurait seulement lus.

Marguerite Yourcenar ne donne aucun droit à ses semblables. Ils ne savent que trop le mettre en avant. Elle ne leur parle que de devoirs. Au premier rang desquels le devoir d'amour, mais dans l'acception orientale de ce sentiment. Elle seule élève ce transport sensuel au niveau du sacré quand l'éducation chrétienne culpabilise et juge la sensualité grossière. Sa hauteur inspirée lui permet de désigner les calamités dont souffrent ceux de son temps et s'autorise à les mettre en garde : "On n'a pas le droit de combiner les maux de l'âge atomique avec la sauvagerie de l'âge de la pierre."

Avec son humilité légendaire et pour s'exonérer de tout mérite dont d'aucun pourrait la gratifier, Marguerite Yourcenar prend les devants. Elle s'affiche dans son rôle d'écrivain comme un "instrument à travers lequel des courants, des vibrations sont passés…Tout vient de plus loin et va plus loin que nous… tout nous dépasse et on se sent humble d'avoir été ainsi traversé et dépassé."

Et puis comme toute fin qui n'est pas la mort n'est que provisoire, Marguerite Yourcenar voudra clore ces entretiens retranscrits en évoquant cette échéance ultime et inéluctable. Elle seule restitue l'égalité que la naissance a désaccordée. L'état de vie n'étant qu'une parenthèse accidentelle, elle affirme vouloir disposer de sa pleine conscience au moment où la parenthèse se refermera pour ne rien rater de sa sortie. Fût-ce dans la douleur. Elle évoque alors ces mots qu'elle a mis dans la bouche de Zénon et fait en sorte qu'ils soient inscrits en épitaphe sur sa tombe : " Plaise à celui qui est peut-être de dilater le coeur de l'homme à la mesure de toute la vie."

Avec les ouvrages qu'elle nous a légués son esprit sublime plane ainsi encore au-dessus des nôtres, ses lecteurs, grandement moins inspirés, grandement moins instruits de l'héritage des penseurs et philosophes de tous temps. Mais n'est-ce pas le rôle des écrivains que « d'exprimer ce que d'autres ressentent sans pouvoir lui donner forme. »

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Livre de toute une vie qui ne s'oublie jamais. Livre lu à mon adolescence qui m'a initiée à l'univers de Marguerite Yourcenar. Mon regard sur l'existence a changé ce jour là.
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