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4,27

sur 3371 notes
Il est de ces livres que l'on peut relire à tout âge de la vie et les comprendre profondément et différemment. J'ai longtemps hésité à débuter la lecture de cet ouvrage, intimidée par ce qu'on m'en avais dit. Résultat, il m'a plusieurs fois amenée aux larmes alors que je le lisais dans les transports. Cet ouvrage est d'une grande beauté, d'une poésie et d'une humanité magnifique. L'écriture est agréable à suivre, les sentiments de l'empereur aussi vifs que le sont ceux du lecteur en posant les yeux sur ce récit fictionnel de sa vie. Il s'est facilement hissé dans le classement des plus beaux livres qu'il m'ait été donné de lire. Je le relirai dans 10 ans, c'est certain.
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Une rencontre,
une voix mystérieuse,
et soudain, la foudre.

L'on ne présente pas Marguerite Yourcenar, l'on ne résume pas ses Mémoires d'Hadrien. L'on peut, si l'on le souhaite, les rencontrer. Car Yourcenar est devenue Hadrien en lui prêtant sa voix. C'est ainsi que surgit, en plein vingtième siècle, la figure d'un empereur des débuts du second. Étrange alchimie où se mêlent vivants et morts, aristocrates bruxellois et empereurs quasi divinisés.

L'Hadrien des Mémoires est un homme complexe. Érudit, esthète, passionné de chasse mais ne voyant dans la guerre qu'un métier, amoureux épris de femmes et d'hommes mais dégouté de son épouse, s'infligeant une discipline de fer mais horrifié par les limites, contraintes et routines, il sait ne pouvoir réformer le monde mais veut l'améliorer. Ambitieux, passionné par la conquête du pouvoir, il se mue en despote éclairé dès qu'il a trouvé sa place, au sommet. Admirateur des philosophes et des poètes, il n'aime rien autant que régler des problèmes concrets. Un homme qui veut atteindre à une sorte de bienveillance universelle, pratique informée par la fréquentation assidue du bien, du beau et du vrai, et armée du pouvoir impérial. Une sorte de Jupiter éclairé, bienveillant ? Hadrien est ce que l'homme peut espérer devenir, s'il n'est assisté que de ses propres lumières, s'il ne peut s'appuyer sur aucune grâce supérieure à cette condition humaine que même l'empereur partage avec l'affranchi.

Pour ma part, je n'ai lu ce merveilleux roman ni comme un traité de philosophie politique, ni comme une étude historique du personnage d'Hadrien ou de son époque, mais comme une fiction littéraire, basée sur l'impressionnante culture classique de Marguerite Yourcenar. Dès les premiers paragraphes, j'ai eu le sentiment d'entrer, non pas dans un texte, mais dans une oeuvre. Chaque mot est choisi, ciselé, peaufiné. Les phrases, courtes, dénotent un contrôle, une maîtrise du verbe qui n‘admet aucune emphase déplacée. Des paragraphes serrés, des chapitres qui ont des noms là où d'autres mettent des chiffres. La vision d'une vie, un panorama net et clair, sans concessions, sans amertume ni mièvrerie. Hadrien vu par Hadrien, quand il se voit tel qu'il voudrait être vu par son successeur. Même s'il admet quelques omissions, s'il demande pour lui-même la mansuétude qu'il dit avoir accordé à d'autres. Un homme presque sage, dira Marguerite Yourcenar. Presque.

Je quitte ce livre sur l'image qui m'est venue à l'esprit au début de ma lecture : la scène initiale de l'Amadeus de Forman. Salieri, homme vaniteux, peu talentueux, aigri, se trouve à la fin d'une vie qu'il estime désastreuse. Aucune lumière dans l'esprit de cet homme qui, ayant raté même son suicide, se retrouve dans un asile d'alliénés. Un homme qui maudit le jour de sa naissance. Un prêtre essaye de le confesser, et bien vite la conversation porte sur la musique de Mozart. Et là, on voit ce teint cireux reprendre des couleurs, l'on entend la voix de Salieri s'adoucir, les gestes lui reviennent, il reprend figure humaine, et c'est avec une infinie douceur qu'il évoque une musique inconnue, inimaginable, une chose d'une beauté, d'une pureté au-delà de ce qu'il peut concevoir, imaginer, espérer même … C'est l'impression mystérieuse, magique que ce livre m'a fait. Un texte dont la beauté inexplicable m'a sidéré, et me laisse pantois. Ce que Cannetille appellerait “ Au-delà du Coup de Coeur”.



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J'avais lu les Mémoires d'Hadrien au lycée, avant même d'étudier plus tard l'histoire antique de plus près (précisément la période de la Rome des Antonins des Ier- IIe siècles) à la fac.
Pour écrire ces pseudo-mémoires, Marguerite Yourcenar s'est reposée sur une documentation abondante et une bibliographie scrupuleuse, avec à la clé, on le sait, un succès international amplement mérité !
C'est un récit sur la transmission du pouvoir, agrémenté de conseils paternels et avisés, reposant sur une grande expérience personnelle et la sagesse de la maturité.
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« Ceux qui auraient préféré un journal d'Hadrien à des Mémoires d'Hadrien oublient que l'homme d'action tient rarement de journal : c'est presque toujours plus tard, du fond d'une période d'inactivité, qu'il se souvient, note, et le plus souvent s'étonne. »

Arrivé au crépuscule de son existence, l'empereur Hadrien écrit ses mémoires à l'intention de son successeur et petit-fils adoptif, le futur empereur philosophe : Marc Aurèle.

Un regard introspectif sur près de vingt années de règne sur le plus grand empire du monde. Il en tire un bilan fait de réussites : ses succès militaires qui lui ont valu de rentrer dans les bonnes grâces de l'empereur Trajan, son goût pour les arts et la culture hellénique, qui vont connaître un essor culturel encore jamais vu jusqu'alors, et sa compréhension et son respect des cultes qui ont apporté une paix relative au sein de l'empire. Mais aussi un bilan fait d'échecs : son incapacité à régler pacifiquement les révoltes juives en Palestine, peu après la mort de son jeune amant Antinoüs, l'ont plongé dans une profonde mélancolie.

Marguerite Yourcenar offre sa vision de la figure historique qu'est l'empereur Hadrien. Un livre qu'elle a retravaillé pendant trente années. Elle avait songé, au départ, de créer une forme de dialogue, mais se résigna de peur de voir la personnalité de l'empereur Hadrien se noyer au milieu d'autres protagonistes.
Le choix des mémoires est judicieux car il permet à l'écrivaine de fusionner avec son personnage principal. À tel point que le jeu des comparaisons est tentant. L'homosexualité de l'empereur répondant à celle de l'écrivaine.

Là où un banal essai historique aurait affadi Hadrien, le roman historique déguisé en mémoires permet d'animer un personnage, qu'on aurait tort d'imaginer aussi monolithique que le marbre des statues. Sous la plume d'Yourcenar, Hadrien paraît sous un jour réaliste, contenant toutes les vertus et vices des hommes. Loin de s'astreindre à la discipline ascétique des stoïciens, c'est un être fait de passions, un amoureux des arts pour qui la vie est un banquet. Et c'est parce qu'il est un homme d'État éclairé que ses tourments apparaissent touchants au commun des mortels.
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Un livre monde, sur le monde. Antique mais si moderne. Les interrogations sont les même, les ruptures, les sentiments, la recherche d'absolu. Une magnifique lettre, sa dernière, de l'empereur philosophe qui nous livre les secrets de son coeur, de son âme et nous montre combien le pouvoir appartient à ceux qui n'en abusent pas.
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Il en est de ces rares livres qui vous marquent alors que vous n'avez pas tout compris au propos…
Parce que le style est magnifique, la réflexion profonde et que l'intelligence et l'aura de l'auteure transpirent à chaque ligne.
Alors oui c'est compliqué. Mais être allé au bout de ce livre sans jamais avoir décroché, en se sentant obligé, même inconsciemment, de réfléchir sur notre monde et sur soi est un vrai révélateur de la qualité immense de ce pur chef d'oeuvre.
Quand même le lecteur "béotien" finit par se sentir totalement immergé dans un tel niveau de réflexion et de finesse… tout est dit!
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Sans doute trop jeune ou pas assez érudit pour apprécier ce livre à sa juste valeur, il m'a fallu de l'abnégation pour arriver au bout, même si certains passages sont plus abordables et entrainant que d'autres. Je souligne son érudition et son potentiel pour d'autres que moi.
Ce livre fera sans doute partie de ceux qui ne seront plus lus, victime d'une jeunesse qui n'est plus habituée à des ouvrages aussi complexes. Déclin, changement?
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En lisant Mémoires d'Hadrien, je me suis souvent demandé comment serait perçu par le public ce roman s'il paraissait aujourd'hui.
Dans le flot pléthorique des publications, il y a une forte probabilité que celui-ci soit noyé et relégué au rang du récit historique pour spécialistes.
Son année de parution est 1951. La lecture en est soutenue, à l'inverse du roman actuel qui se veut simplifié, direct, accessible, ciselé en de nombreux paragraphes dans des chapitres courts.
Passé le rejet de lecteur face à cette oeuvre semblant hermétique, j'ai modifié ma façon de lire : j'ai pris le temps d'être attentif, de revenir au début de la phrase, voire remonter de quelques pages. Abandonner la gloutonnerie de lecture pour se donner le temps, le temps de se promener dans le texte pour qu'il m'empare. Ce fut un régal de lecture.
À la fin du livre, les notes de Marguerite Yourcenar sur la genèse de Mémoires d'Hadrien sont à elles seules un grand moment de littérature. L'autrice fait un plaidoyer en faveur du roman historique, la part du réel et celle de la fiction, cette appréhension équivoque sous jacente à la lecture du roman historique. C'est remarquable.
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Quelle belle écriture ! Chaque phrase est dense, puissante , ciselée , riche et poétique. Exceptionnel texte qu il faut déguster lentement. On bascule dans l empire romain , on se sent dans la tête de l empereur Hadrien , dans ses réflexions, ses projets , ses espoirs de paix , de développement, de culture pour les peuples conquis. Il désire rompre l expansion pour maintenir l empire en paix dans ses frontières. le modèle de la Grèce, de ses philosophes comme de ses monuments , reste en lui tel un chemin à suivre.
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Très bonne découverte, je n'avais jamais lu du Marguerite Yourcenar, c'était donc une première. Une vrai bonne expérience, un style fluide, très bien écrit, une qualité d'écriture mais à la fois très abordable. de plus le roman en lui même est passionnant, jamais je ne me suis lassé de lire la vie de cet Empereur Romain, ou tout est fait pour que l'histoire "glisse" en douceur, pour arrivé à l'aurore de sa vie et plus loin encore...
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