Ezima ou le jeu des trois sauts

le bon moment de lecture espéré avec mes enfants a eu lieu, deux moments pour être exacte, nous avons partagé ce petit livre de 43 pages et 6 chapitres, en deux petits moments de lecture avant d'aller au lit. Mon aînée qui vient d'avoir 9 ans m'a souvent demandé la suite après le chapitre 3, preuve que l'histoire l'a intéressée.
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"Depuis des mois, on parlait des migrants à la télé, à la radio, sur les réseaux. Tout ça me paraissait loin."
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Je trouve dès la première page ce que j'étais venue chercher en postulant à ce livre pour la masse critique jeunesse de Novembre: Une intro pour évoquer le sujet des migrants avec eux de façon simple, explicite et saisissante, à leur portée. A 3, 7 et 9 ans ils n'ont sans doute pas encore besoin de réaliser que la misère de notre monde est parfois telle qu'il faille décider de fuir son pays, par contre ils peuvent commencer à entendre que la différence (de mode de vie, de personnalité, de culture...) s'accueille avec bienveillance, curiosité et peut même parfois être source de richesse. C'est tout ce à quoi invite Ezima, de part son histoire évoquée en pointillés, juste le nécessaire, sa nature solaire au sourire "éblouissant", et sa capacité de résilience.
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M'est avis qu'une cour de récré n'a rien d'innocent, sorte de reproduction sans les filtres hypocrites du monde adulte. Ezima à l'école est accueillie avec tous les poncifs possibles du racisme et de la méfiance face à "l'étranger". le harcèlement scolaire est ici également évoqué, à l'encontre d'Ezima mais aussi envers son alliée, notre petite narratrice, Sybille. J'ai trouvé particulièrement bien rendus les sentiments de cette dernière, l'évolution de son malaise qui la pousse à ignorer son amie jusqu'à ce "cri du coeur" qui la pousse à assumer fièrement son amitié, à la barbe de la petite langue de vipère (dessin qui a fait sourire mes filles p21) de l'école.
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le message passe, très bien, c'est l'essentiel. Il aurait pu passer encore mieux avec plus de fluidité. J'ai senti l'attention de mes enfants flotter à certaines tournures, certains passages.
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P12, c'est la rentrée scolaire "le soleil avait mis un tee-shirt" aussitôt expliqué "et il faisait bon dans la cour", j'ai baissé mon rythme de lecture, relisant moi même cette curieuse expression. Ou p20 "la récré continua de battre son plein comme si de rien n'était"... Je ne vais pas toutes les lister ceci dit quelques expressions un peu longues et lourdes ou des mots plus compliqués que nécessaire (pourquoi pas "découvrir" plutôt que "dégoter" , p33, cette phrase étant déjà si importante "Riche d'un vrai trésor que j'avais dégoté par hasard" ) n'apportent rien au récit selon moi, et éloignent le petit lecteur de l'action (même si je conviens que c'est sympa d'enrichir son vocabulaire!). Je parle biensûr de mon ressenti par rapport à Mes petits lecteurs.
Même soucis sur un passage entier comme je le disais plus tôt, avec tout le début du chapitre 5 pourtant très beau, avec pour illustration le beau visage d'Ezima. "Elle, ce n'était pas le genre de fille à appuyer son front sur la vitre en regardant la vie défiler." ..."elle cherchait plutôt à voler du temps au temps pour réaliser toutes les envies qui lui venaient". Magnifique mais très abstrait pour un enfant à partir de 8ans, me semble-t-il. Non? Je ne sais pas, ardu pour les miennes en tout cas. Ce très beau portrait et message aurait gagné à être décortiqué, mis en lumière avec la même poésie mais davantage d'un ancrage concret pour que ça fasse "tilt" coté émotion.
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Mais au fait, j'aurais bien aimé savoir en quoi consiste ce jeu "les 3 sauts"? Qu'il symbolise à lui seul le courage dans les épreuves, la capacité à jouir de la vie et de l'instant même au travers des difficultés, oui. Finalement la victoire d'une force positive de vie et de créativité sur l'étroitesse d'esprit, oui, tout de même . Mais au delà du symbole, j'aurais aimé que l'on s'étende davantage sur lui, être plongée dans ce texte de façon plus incisive, là encore. Il me semble avoir compris à quoi sert le 3eme bâton dans le jeu, mais je n'en suis pas sûre, je suis peut-être limitée. Je vais googler, ou écrire un mail aux enfants du collège de Saint-Junien qui ont inspiré les auteurs (LOL).
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Dernière remarque, nous avons été perturbés par le premier dessin qui illustre l'arrivée de la famille de Ezima et son emménagement à l'appartement de la mairie. Car la jeune fille qui est représentée est Sybille, nous avons donc jusqu'à la page 9 (où Ezima est représentée en oiseau migrateur, joli) interverti les deux personnages.
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Nous avons ainsi été séduits par le fond, et pas toujours par la forme. Reste tout de même de bons moments échangés au sujet de ce petit livre, lourd de sens.
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Merci à Babelio et aux éditions UTOPIQUE (basée à Tulle, non loin de mes origines :)
Ce livre fait partie de leur collection jeunesse "alteregaux" : "mêler nos différences et nos ressemblances sans faire de salades, ou alors une salade composée" Miam:)

Une bonne decouverte grace à Babelio : un message positif et d ouverture permettant aux enfants de mieux accepter et comprendre la difference. Les dessins accompagnant le recit sont assez simples mais ne perturberont pas le jeune lecteur, et la taille du livre, ainsi que les caractères, sont bien adaptés pour le jeune lectorat. Même si un adulte y verra une histoire plutôt simple, voire trop simplifiée, l'enfant comprendra mieux son message de l'acceptation de la difference.

Un court roman pour les 7-9 ans sur les thématiques de l'amitié, l'intégration, l'ouverture sur le monde, le harcèlement scolaire.

Cette histoire mêle des illustrations et du texte, l'histoire est très jolie et accessible pour les plus jeunes et est adaptée pour des premières lectures. Mais avec mon regard d'adulte, j'aurais préféré une histoire un peu plus approfondie et détaillée, avec un peu plus de textes !