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sur 118 notes
Palerme, 1965. Antonia étouffe dans sa prison dorée et crache sur les injonctions que lui dicte la société bourgeoise palermitaine : sois soumise, porte un corset, fais la cuisine, organise des dîners mondains, éduque les enfants, et surtout, surtout, reste à ta place de femme. Et que dire de son mariage avec Franco ? Ennuyeux à mourir. Rebelle, Antonia ne veut pas obéir. Elle veut vivre. Son journal intime est sa bouffée d'oxygène dans cette vie qui l'asphyxie. Là où elle peut être elle-même.
À la mort de sa grand-mère Nonna, outre la villa de Palerme, les meubles et les appartements florentins, Antonia hérite de toutes les archives de ses aïeux : lettres, cartes postales, photographies, coupures de journaux, petits carnets. Ces trésors miroitant dans leurs cartons deviennent une douce consolation à son désespoir, une caresse nostalgique sur son corps étriqué. Jour après jour, elle va sortir de la pénombre chaque parcelle du passé, comme autant de souvenirs que l'on ravive. Ce chantier, comme elle l'appelle, sera le point de départ de sa renaissance, l'ancrage qui lui donnera le courage de suivre son instinct.

Premier roman de la plasticienne Gabriella Zalapì, « Antonia » est le journal d'un affranchissement, un cri de liberté. Les photographies que l'on découvre au fil du texte sont d'une beauté mystérieuse et intensifient ce court roman de 100 pages que l'on souhaiterait plus long !
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Ce roman est celui d'une émancipation féminine, dans les années 1960. Rythmé de photographies tirées des archives familiales de l'autrice, ce roman très court (160 pages) se lit par petites rasades. On accompagne Antonia dans ses élans de colère, dans ses hésitations, dans cette lassitude aussi. Elle n'est pas toujours sympathique, mais surement parce que nous avons le même âge, elle m'a embarquée dans ses questionnements. Je ne peux pas dire que j'ai été transportée, mais cette lecture a été pour moi une belle parenthèse.
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Palerme 1965. Antonia, jeune femme presque trentenaire s'ennuie à mourir dans un ménage où elle se sent enfermée, désoeuvrée, méprisée.
C'est dans un journal qu'elle se livre, qu'elle avoue ses déceptions, ses peines, ses doutes, ses rancoeurs.
Ce sont parfois de simples pensées, parfois des flashbacks poignants où, sans chronologie, elle évoque ses souvenirs d'enfance souvent douloureux. Des souvenirs ravivés par l'exploration méthodique de lettres et de photos héritées de sa grand mère, seule personne à l'avoir réellement aimée.
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Tranche de vie, portrait d'une époque, ce livre délicat dresse un tableau sensible de la condition féminine dans les années 60. C'est la voix d'un « desesparate housewife » de la bourgeoisie sicilienne qui, à peu de mots, par touches subtiles, décrit la profonde solitude de ces femmes dont l'unique horizon était d'être de parfaites épouses, oisives et entièrement dévouées à des maris insipides et méprisants.
Ce journal intime est aussi le portrait d'une femme forte. Une femme qui pour s'opposer au poids des conventions, àvl'emprise d'une famille toxique, à la vacuité d'une existence monotone va puiser au plus profond d'elle pour combattre et se libérer.
En quelques mots on est plongé dans l'intimité de cette femme d'une grande modernité. Par bribes, on l'accompagne dans sa prise de conscience, avec intensité mais aussi avec pudeur. J'ai aimé cette construction, comme un puzzle subtil vers l'émancipation, où le vide de certaines pages fait écho au vide de ses « journées lignes » comme elle aime à les qualifier.
Cependant il m'a manqué un peu de densité pour avoir un vrai coup de coeur. J'aurais aimé un peu plus de détails, de profondeur et finalement trop d'ellipses m'ont laissé un peu sur ma fin.
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Très belle première lecture cependant, toute en finesse et en subtilité
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Ce roman n'en ai pas vraiment un. Nous sommes plongés au coeur de la vie d'une femme, Antonia, à travers son journal intime, entre 1965 et 1966. On y suit son quotidien, on comprend ses doutes, on peut également se sentir révolté par sa condition de femme a cette époque. A la mort de sa grand-mère, elle trouve des photos de famille, des lettres, nous permettant de connaître son passé au grès de ses trouvailles. J'ai trouvé ce format très intéressant, court et facile à lire, mais pourtant assez intense, difficile à lâcher. J'ai vraiment été prise dans le tourbillon de la vie de cette femme. Ce fut une jolie petite découverte. Difficile cependant d'en faire un coup de coeur, le récit est trop court et j'aurai aimé en savoir plus, que le texte soit plus poussé.
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Petit coup de coeur que j'ai dévoré ! Ce livre est la démonstration même de la libération d'une femme entravée par son époque et les règles incombant. Tout est juste. Il n'y a pas de surplus, pas de fioriture. Ce livre est d'un style direct et précis.
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[ 𝘈𝘯𝘵𝘰𝘯𝘪𝘢
Journal 1965 - 1966 𝘎𝘢𝘣𝘳𝘪𝘦𝘭𝘭𝘢 𝘡𝘢𝘭𝘢𝘱𝘪 ]
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Encore une belle découverte ; Merci les #68premieresfois.

Lire un journal intime , c'est un peu pénétrer dans la vie d'une personne. Certes Antonia nous y autorise mais certains lecteurs risquent de ne pas vouloir . Quant à moi, j'ai aimé vous lire Madame Gabriella Zalapi. Votre personnage m'a touchée . Epouse et mère , mais dont les sentiments sont absents ou ont disparu , Antonia vit "prisonnière " dans son rôle " d' épouse de ... " mais également de "mère de ... ". Jusqu'au jour où remontant les traces de l'histoire de sa famille grâce à des photos héritées de sa nonna, elle va prendre conscience de beaucoup de choses et décider de...
A lire . Une quarantaine de pages, c'est vite lu 😘


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Un texte émouvant en peu de pages et quelques illustrations. le portrait d'une jeune femme à travers les pages de son journal et son questionnement sur sa vie, sur celle de sa mère, ses grands mères et aïeuls.. Elle retrouve un carton de photos, de lettres lors du décès de sa grand mère et cela va être l'occasion de découvrir la vie de sa mère, de ses grands parents. de Vienne à Nassau, de Palerme à Londres : une histoire familiale au gré des turpitudes des politiques européennes. de Vienne pendant la deuxième guerre mondiale à la Sicile des années 60. le portrait émouvant d'une femme ballotée par L Histoire avec un grand H et qi va décider de se prendre en charge et de faire ses choix de vie. Peu de pages pour nous raconter l'histoire européenne et d'une famille si européenne. Merci aux fées des 68premièresfois de m'avoir permis de découvrir ce texte.
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"Une photographie, c'est un fragment de temps qui ne reviendra pas."
Martine Franck

"Le temps qui passe ressemble à du mercure."

Le 1er roman de Gabriella Zalapì a reçu cette année le Prix Bibliomedia et, l'an passé, le Grand Prix de l'héroïne Madame Figaro.
"Antonia", ce n'est guère plus d'une centaine de pages. Une jeune femme y éparpille ses impressions, au petit malheur et sans égard pour une quelconque régularité. Ce journal intime, tenu sur une année et demie, du 21 février 1965 au 14 septembre 1966, est ponctué de photographies sépia, sans aucune légende, sur lesquelles le lecteur pressé promènera un regard distrait. Tant pis pour lui ! Elles ont tant à raconter. Dans ce billet, il me paraît utile d'en décrire deux car sans ces clichés, pourtant peu nombreux, il ne peut y avoir de vue d'ensemble.

C'est d'ailleurs l'une d'elles qui ouvre opportunément ce petit livre, mi fictif mi réel puisque si le journal a été inventé, les photographies, elles, sont bel et bien sorties des albums de famille de l'autrice.

Une jeune femme monte en amazone un cheval qui se cabre. Étonnamment calme, elle regarde sans ciller l'objectif pendant qu'un homme en uniforme, s'élance pour tenter de maîtriser le fougueux destrier.
Moment d'équilibre autant que du temps suspendu.
On ne sait si l'homme parviendra à empêcher la chute. La femme, oublieuse du danger, est comme étrangère à ce qui se passe, à ce qu'il pourrait lui arriver.

"Ce matin, lorsque j'ai ouvert les yeux, j'étais incapable de bouger. Mon corps semblait s'être dissous dans les draps et baignait dans une sueur toxique. "

Ces premières lignes qu'écrit Antonia à la date du 21 février 1965 sont un écho à cette immobilité, à cette absence à soi-même et le reste du journal sera essentiellement constitué de courtes notes introspectives – une liste, une simple phrase parfois - posées entre deux silences.

Avec lucidité, avec une violence crue qui parfois sourd sous la douceur, Antonia fait un état des lieux de son présent, morne, dans le monde bourgeois palermitain des années 1960. La jeune femme de 29 ans étouffe en silence entre Franco, son mari, "un homme tiède, sans courage. Sa vie s'étend sur quelques mètres carrés. Parler avec lui c'est restreindre mon horizon, restreindre mon vocabulaire, restreindre mon imaginaire" qu'elle a épousé "aveuglée par le désir d'être aimée" et son fils Arturo, 8 ans, qu'elle sait aimer mal "Je me sens une étrangère avec lui. C'est comme si Arturo était né dans mon dos."

Journal de l'émancipation du carcan patriarcal, ce très bref récit de l'enfermement subi témoigne d'une vie corsetée et sans éclat qui peine à s'épanouir, tiraillée entre la bienséance attendue et un pressant besoin d'évasion et de reconnaissance.

Lorsqu'elle récupère les boîtes contenant les archives de Nonna, sa grand-mère paternelle adorée morte 5 ans auparavant, Antonia ne sait pas encore qu'elle tient là de quoi sonder le passé, de quoi mettre des mots et des images sur son enfance, entre sa mère qui peinait à l'aimer et son beau-père. Ses boîtes, riches de l'intimité de lettres, de carnets et de photographies ressurgis de l'enfance vont la faire renouer avec sa propre histoire tout en dressant un premier bilan de sa vie.

"J'ai 29 ans. Mes désirs tombent, s'enfoncent dans l'insonore. Impossible d'envisager une vie de perfect house wife pour le restant de mes jours. J'aimerais abandonner ce corset, cette posture de femme de, mère de. Je ne veux plus faire semblant."

De l'enfance, il reste quelques photos dont une, d'une justesse terrible, retient l'attention.

"Contrairement aux autres, elle ne représente pas une figure qui pose, mais un mouvement. J'y figure presque en pleine chute. Déjà en déséquilibre."

Déjà en déséquilibre...
Le temps, pas plus que les êtres, ne peuvent se figer, se contraindre, se restreindre. Si la chute n'est pas évitable, il appartient à chacun d'apprendre à tomber pour mieux se relever.
Et c'est ce que fait Antonia, en dépoussiérant ces photographies qui l'aident à tisser le passé avec le présent sans toutefois combler les silences et initient le mouvement qui a fait jusqu'alors défaut à ses "journées-lignes" auxquelles manque l'heur de la fantaisie, de l'impromptu et de l'amour partagé.

Les photographies, comme les mots, ont le pouvoir de raconter l'histoire personnelle de cette jeune femme ; elles laissent affleurer les failles d'une enfance ballottée.

"Pour moi, l'enfance est synonyme de cassures."

Comment pourrait-il en être autrement ?
L'arbre généalogique placé en fin d'ouvrage nous apprend qu'Antonia est née en 1936 d'une mère juive d'origine autrichienne et d'un père italo-britannique. Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, elle n'est encore qu'une toute jeune enfant qui va vivre entre Londres et Nassau, avant de revenir en Europe. Ce sera Kitzbühel, Genève, enfin Palerme…
Toujours en mouvement au gré des soubresauts de l'histoire et, en dépit de l'exotisme des destinations, elle n'aura nulle part où connaître le bonheur de s'enraciner durablement. Et quand cela arrive, à Palerme, dans la maison cossue de son mari, ce n'est rien qui ressemble à du bonheur.

Ces vies de papier léguées par Nonna, à défaut de dessiner une trajectoire nette, fournissent le terreau où se (re)constituer une identité même parcellaire, et Gabriella Zalapì nous invite habilement à réfléchir sur le pouvoir fondateur de l'image car il n'y a rien de pire que de ranger les fantômes dans les cartons et de les y oublier.

"Je saute d'une époque à l'autre, d'une voix à l'autre, d'un lien à l'autre. Et toutes ces personnes sur les photographies qui me regardent fixement et que je ne reconnais pas.
Faut-il organiser cette mémoire ou la laisser se décomposer dans le temps ?"

Autre avantage, et non le moindre, ces archives familiales lui offrent, un temps, un refuge dans lequel s'isoler pour déchiffrer sa propre énigme, au grand dam de Franco en colère que cette épouse fantasque ne se conforme pas à ce que la bonne société attend d'elle.

Par la grâce d'une écriture qui ménage des non-dits, ce livre est économe de mots. L'ellipse, assez contradictoirement j'en conviens, favorise la densité ; rien n'est asséné, le tourment et la détresse ne font pas grand tapage, "s'enfoncent dans l'insonore" et reposent dans l'interligne. Ce journal est une confidence sur le poids du passé, sur ce que l'on reçoit en héritage qui corrompt ou éclaire le présent, c'est selon.

"Il paraît qu'un jour on se réveille affamé de ne pas avoir été ce que l'on souhaite. Où ai-je lu cette phrase ? Depuis, au lever, je regarde autrement ce qui m'entoure. le monde prend de l'ampleur, du volume, une odeur. Ce petit miracle s'évanouit très vite pour être remplacé par une implacable journée-ligne."

Entre la comédie des faux-semblants qu'exige sa vie sociale auprès de Franco et ses confidences, Antonia joue des mots pour livrer ses doutes quant à une vie éteinte et toute tracée auprès d'un homme qu'elle n'aime pas

"Il n'y a plus d'oxygène entre lui et moi."

et d'un fils qu'elle délaisse à une "Nurse" qui ne déparerait pas dans un roman de Daphné du Maurier.

À la lecture de ce journal à la tristesse insondable, il m'est revenu quelques images de films de Michelangelo Antonioni où le cinéaste, adoptant ce style qui lui est si particulier, magnifiait les silences, la solitude et la lenteur, et saisissait des instants fugaces, comme les photographies de Nonna ont figé ces moments de possible bascule, d'éventuel abandon.

Antonia est un être de désir qui doit trouver la force d'avancer. L'écriture de ce journal que personne ne soupçonne est un premier pas, mal assuré mais concret, vers une sécession silencieuse.
Un autre suivra.

Ce livre à pages comptées possède une force qui va au-delà de l'histoire individuelle qu'il raconte.

Ce 1er roman est le choix de Emmanuelle Grangé pour la sélection anniversaire 5 ans des #68premieresfois.

Lien : https://www.calliope-petrich..
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Joli objet du fait des photos.
Écriture élégante et elliptique
Plongée dans une / des époques
Tout est en ressenti émotions subtil
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