AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,44

sur 118 notes
Antonia, le personnage principal, tient un journal intime. C'est celui des années 65-66 que nous découvrons.
Elle étouffe dans son mariage très conventionnel, à l'étiquette stricte, dans lequel elle peine à trouver un espace de liberté. Franco et elle vivent à Palerme, avec leur fils Arturo. Même son rôle de mère ne lui permet pas ou peu de moments de bonheur, son fils étant partagé entre la pension et la nurse anglaise rigide. Elle trouve un refuge dans les cartons contenant les lettres, photos et autres souvenirs ayant appartenus à sa grand-mère décédée.
Remontant dans ses souvenirs mais aussi le passé familial semble lui donner la force d'aller de l'avant dans le présent.
Un très joli roman plein de douceur et de poésie sur cette femme prise au piège des attendus de la société. Je regrette seulement qu'il soit si court!

Commenter  J’apprécie          30
J'ai découvert ce roman un peu par hasard. J'ai apprécié cette couverture énigmatique. L'évocation du prix de l'héroïne a fini de me convaincre sans même que je lise la quatrième de couverture. Rédigé sous forme de journal intime, ce roman se lit très aisément. Les pages se tournent dans une apparente légèreté. Mais j'insiste bien plutôt sur le mirage que constitue cette légèreté. A mesure que la lecture progresse, ce qu'on tient alors pour une forme de bovarisme simplifié se mue en l'évocation de traumatismes terriblement profond. L'auteur parvient, sans jamais tomber dans des tournures larmoyantes à évoquer avec une force sans équivoque toute la ferveur du désespoir. Il s'agit d'une belle réussite.
Commenter  J’apprécie          30
Merci à cette auteure et aux 68, pour ce petit livre précieux intimiste. Antonia, épouse d'un bourgeois s'ennuie et se fripe dans une quotidienneté d'une platitude plus que morose. Epouse déçue, mère "empêchée" ou peu impliquée, elle hérite de sa grand mère d'une boîte remplies de documents disparates qui la fascine. Nous la suivons, trouvaille  après trouvaille, fragments de passé après fragments, dans la reconstruction d'un puzzle familial, et dans la lente reconstruction de sa propre identité.  C'est un long monologue qui s'appuie sur le passé de sa famille pour trouver trouver une raison de fuir et de recommencer sa vie à zéro. Un texte qui aurait pu être plus développé, un peu minimaliste quant au sentiment de cette mère trop passive mais pourtant très émouvant..  
Commenter  J’apprécie          30
Ce premier roman se présente sous la forme d'un journal intime . Comme son héroine Antonia , Gabriela Zalapi a eu une vie très cosmopolite : Genève , Palerme , New York , Paris et même Vienne . Son enfance à Palerme a eu une influence importante sur son écriture , elle a fait le plein d'images sensorielles . C'est à la suite d'un travail de deux ans sur des archives familiales et sur l'histoire de sa famille et de Palerme que l'autrice a pu écrire ce journal .
Antonia , trente ans , vit avec un mari , très occupé par ses activités professionnelles , qu'elle n'aime pas . Ils ont un fils , Arturo , qu'elle voudrait aimer , mais son mari lui impose une gouvernante qui la coupe de son fils .
C'est vraiment l'histoire d'un manque d'amour ,sa mère ne l'a jamais aimée . Surtout après avoir découvert que son beau-père lui faisait des avances , c'est elle qui a été punie et envoyée dans une lointaine pension , sa mère l'a d'autant plus détestée , alors qu'elle était la victime .
L'histoire se déroule dans les années 1965-1966 , à Palerme , autant dire que cette période et cette ville n'étaient pas synonymes de libération des moeurs et que la femme y était réduite à un rôle de mère , avoir des enfants et régenter le foyer , c'est tout . Antonia étouffe dans un tel contexte , elle parle de tuer en elle sa passivité , "tuer en moi ces réflexes de femme soumise" , "tirer un coup de fusil sur mon immobilisme" .
Le passé familial est extrêmement lourd , la famille juive d'Antonia a vécu dans l'Autriche du nazisme , la famille de sa grand-mère a été dépossédée de sa belle propriété sicilienne par le régime du Duce , après avoir été déclarés ennemis de la Nation du jour au lendemain .
Ce roman , en dehors d'être le récit d'une émancipation féminine dans un contexte très machiste , nous interroge surtout sur la construction de son identité quand on dispose de plusieurs cultures , juive de Vienne , palermitaine , suisse et anglaise .
Merci aux Editions ZOE de m'avoir fait découvrir ce premier roman .
Commenter  J’apprécie          30
« Les autres confirment le monde à coups de talons. A coups de poignées de mains. A coups d'enjambées confiantes. A coups de sourires efficaces. Moi, j'hésite. Je danse d'un pied à l'autre, sans m'arrêter. Je doute, confuse, incapable de donner des explications claires, des réponses rationnelles. Je m'empêche dans mon vocabulaire. Je m'arrête soudain, à la recherche d'un mot, celui-là, celui qui m'échappe. »
Ce journal a le charme du désuet alors même qu'il n'appartient pas à un temps si éloigné. Il retrace le parcours d'une jeune femme, la trentaine au cours des années soixante, lestée par les histoires des aïeux, prisonnière de traumas étouffés par les non-dits et les cruautés adultes, conditionnée par une éducation, les codes sociétaux d'une époque laquelle se heurte à une nouvelle ère d'après-guerre. L'écriture y est douce, sensuelle. Sans que l'auteure s'y attarde, on devine toute la désespoir d'Antonia à travers les lignes, désespoir que l'on survole. Et cette succession de jours qui la poussent à se libérer voit apparaître aussi toute l'horreur de la répétition quand le manque d'affection s'est transmis de génération en génération, et combien dans l'accession d'une autonomie légitime se rejoue le drame du rejet et de l'abandon.
Beaucoup des mots de cette femme ont résonné très fort dans sa différence ressentie renforçant de fait sa solitude au milieu des autres, sa culpabilité, sa quête…Cette parole ainsi livrée à la première personne, dans une écriture quotidienne intime sonne familière et cette voix, quand bien même la vie, les soucis, les repères ne soient plus exactement identiques aux nôtres, reste très contemporaine. « Ecrire ne m'aide plus. Je ressasse, je me complais dans mon malheur. Je m'épanche en espérant mettre de l'ordre à l'intérieur de moi mais je suis vite rattrapée par le sentiment que ma nouvelle organisation est un malentendu. Tout s'embrouille très vite. Je m'insupporte dans mon incapacité à être comme tout le monde. de quoi est fait le quotidien des autres pour être si vivable ? »
Rien n'est excessif, ou excédé, même les larmes sont tranquilles, presque douces. Et pourtant quelle tristesse et quel enfermement ! le sentiment d'ennui, de vide qui taraude notre héroïne et qu'elle transcrit dans ces « journées lignes » et ainsi tenter de s'éveiller à soi, est ainsi bien traduit. « Il paraît qu'un jour on se réveille affamé de ne pas avoir été ce que l'on souhaite. Où ai-je lu cette phrase ? Depuis, au lever, je regarde autrement ce qui m'entoure. le monde prend de l'ampleur, du volume, une odeur. Ce petit miracle s'évanouit très vite pour être remplacé par une implacable journée-ligne. »
Le poids des généalogies, des passés des autres, des dénis encore, toujours et immanquablement agir ce qui blesse, transfuser la même peine… La subtilité de cet ouvrage réside sans doute dans la facilité apparente de ces pages confidentes, qui jamais ne se débattent dans des introspections trop poussives, complexes, tourmentées mais au contraire brossent en quelques mots l'essentiel de sa détresse. En quelques pages, quelques lignes, une trajectoire est contée dans une certaine économie de mots, voire de fiction, et le journal intime épouse parfaitement ce pointillé, facilite la rencontre avec Antonia dans la confidence soufflée, sporadique, suffisante à nous faire ressentir la mélancolie, les espoirs et les déceptions de la jeune femme, laquelle tente de gagner sa liberté en ajoutant pourtant un maillon aux chaînes qui la retiennent, consciemment ou non. La fin est en cela bien triste à accueillir.
Commenter  J’apprécie          30
Nous sommes dans les années 60. Antonia, 29 ans, dépérit à Palerme, elle ne supporte plus son mari et ses mesquineries. Celui ci refuse qu'elle travaille et veut la cantonner dans un rôle de parfaite maîtresse de maison, Antonia vit de plus en plus mal de n'être qu'une femme de... , une mère de...

Elle a la sensation de s'être faite piéger dans ce mariage, d'avoir été naïve en épousant un homme pour qui la femme doit sacrifier sa vie, ses sentiments et ses désirs à son profit.

Une nurse s'occupe à plein temps de son fils de huit ans auprès de qui elle a du mal à prendre sa place et avec qui elle peine à établir un lien. "Je me sens une étrangère avec lui. C'est comme si Arturo était né dans mon dos."

A la mort de sa grand-mère paternelle Antonia récupère des boites remplies de documents, photos, lettres. Elle tente alors de reconstruire son histoire familiale et relate dans son journal intime à la fois ses recherches et son quotidien constitué de "journées-lignes".

D'après sa biographie, Gabrielle Zalapi puise dans sa propre histoire familiale pour comprendre comment se construit une identité. Jusqu'à présent cette artiste plasticienne travaillait ce concept sous le forme de dessins et de peintures... Elle tente ici de le travailler à l'écrit dans ce premier roman, une fiction inspirée de sa propre histoire.
Ce texte intime dans lequel la narratrice ressasse et se complaît dans son malheur ne m'a pas intéressée. Il est très court donc très vite lu mais l'écriture est très pauvre, il ne me laissera pas de traces... C'est typiquement selon moi un roman aux vertus thérapeutiques pour l'auteure mais qui n'apporte rien au lecteur...
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
Commenter  J’apprécie          30
Antonia se disloque dans un mariage fait d'agacements réciproques et de piques acerbes. Son fils Arturo est élevé par Frieda, une « nurse » qui semble tenir Antonia à distance de son rôle de mère. La mère parfaite, l'épouse modèle sont de toute façon des rôles qu'Antonia refuse d'endosser, des vêtements un peu étriqués qui serrent et frottent, comprimant ses envies, ses désirs.
Mais l'Italie des années 60 et sa bourgeoisie ne sont pas encore prêtes à laisser s'exprimer les désirs d'émancipation des femmes. Et surtout pas Franco, le mari d'Antonia qui voit surtout en elle l'héritière d'une famille prestigieuse qu'il peut exhiber tel un trophée. Une épouse qu'il préfèrerait occupée à imaginer de somptueuses réceptions que plongée dans ces cartons de lettres, de photos et de papiers récupérés dans les affaires de sa grand-mère maternelle. Antonia s'attelle à trier ces archives, comme à la recherche d'elle-même.
Ce roman en forme de journal livre avec une économie de mots – et de bien jolis mots ! - l'enfermement d'une femme. Antonia se débat dans le mariage, dans la maternité, dans les injonctions que sa famille lui rappelle sans ménagement, balayant d'un revers de main, à l'image de son grand-père, le moindre de ses rêves, la plus petite lueur d'indépendance. Gabriella Zalapi signe avec ce faux journal plus vrai que nature un premier roman féministe qui a fait résonner en moi un autre souvenir de lecture, celui de la Séquestrée de Charlotte Gilman Perkins. Bien que très différents, les deux livres interrogent ce même désir d'échapper aux contraintes imposées aux femmes. Deux époques, deux sociétés, un même carcan.
Lien : https://wp.me/p3WvbT-fk
Commenter  J’apprécie          30
"Antonia" est un très beau livre dont la lecture procure un grand plaisir. Il attire le regard avec une photo en noir et blanc sur la couverture et d'autres à l'intérieur qui vont accompagner le texte de ce faux journal intime. le thème n'est pourtant pas très original. C'est l'histoire par fragments de la lente émancipation d'Antonia, une femme au foyer issue de la haute bourgeoisie. Elle est mariée à un homme qui l'ignore, elle peine à jouer son rôle de mère face à une nurse étouffante. Elle se sent enfermée, réduite au rôle d'objet décoratif et ne supporte pas cette vie de « perfect house wife », ce qu'on lui dit d'être ou de ne pas être. C'est une vraie quête d'identité pour cette femme qui n'a jamais eu de lieu à elle depuis son enfance, qui se sent étrangère dans cette famille et dans sa propre vie. Toutes ses journées se ressemblent, d'où émane une atmosphère suffocante, toxique avec une détestation générale de son entourage parfois un peu trop appuyée. Les paroles d'un proche grand-père qui lui offraient auparavant une possibilité de fuite se sont alignées maintenant sur celles de son entourage. Et pour tenter de se sortir de ce quotidien irrespirable, Antonia va se plonger dans le passé de sa famille, elle va se reconstruire en se nourrissant d'autres paroles, celles anciennes d'archives d'un héritage familial. L'écriture est belle, simple, émouvante, dense mais sans surcharge. Pleine de raffinement, elle peut néanmoins être tranchante voire violente. Et l'écriture comme moyen d'émancipation est aussi évoquée par Antonia de façon très discrète et touchante. Enfin c'est un livre qui offre un plaisant mélange de photos et de texte et une forme de narration qui prouve que l'on peut associer les deux intelligemment. La fiction et les photos s'enrichissent mutuellement, les temporalités se mélangent, c'est bluffant au point que par moment, on a l'impression que ce n'est plus un roman mais une histoire vraie. Un livre et une auteure à découvrir.
Commenter  J’apprécie          30
« Antonia » est un premier livre qui mérite que l'on s'y attarde. Gabriella Zalapì, peintre, artiste plasticienne réalise une oeuvre d'une belle densité, avec des phrases fortes, qui restent, de vrais choix littéraires et stylistiques. le sens de la construction narrative aussi, pour évoquer l'histoire d'Antonia, jeune femme palermitaine, mariée, avec un enfant et une situation apparemment enviable. Gabriella Zalapì explique avoir choisi le genre du journal intime pour se sentir plus proche de son héroïne, et cela fonctionne tout autant pour le lecteur.
Pour en avoir parlé ici à deux reprises, je trouve dans ce livre des prolongements aux romans et nouvelles de Maria Messina. La Sicile d'abord, puisqu'Antonia vit à Palerme, ville dans laquelle naquit et grandit Maria Messina, et bien sûr, l'évocation du statut des femmes au sein de la famille italienne. Avec un décalage dans le temps d'environ un demi-siècle, qui permet de constater que la façon de considérer les femmes avaient bien peu évoluée. A ceci près que les héroïnes tragiques de Maria Messina, cloîtrées, muselées, ne pouvaient rien oser contre leurs pères, ou leurs maris. Au milieu des années 1960, Antonia montre que le germe de l'émancipation commence à sortir de terre.
Mais ce livre est tout autant un regard sur le poids que peut représenter la famille, son microcosme parfois délétère, les souffrances qu'elle engendre et de là, une interrogation sur ce que nous devons faire d'une mémoire, d'une histoire familiale dont nous devenons un jour dépositaire. Pour Antonia, cette héritage agira comme un déclencheur.
Commenter  J’apprécie          30
Antonia vit à Palerme, d'une vie routinière que seules les lettres et les photographies léguées par sa grand-mère distrait.Son mari Franco l'épouse pour son nom et il attend d'elle qu'elle se cantonne au rôle traditionnel de la femme dans les années 1965.
Dans son journal, elle rend compte de sa vie, de ses doutes, de ses recherches. C'est par cela qu'elle trouve la force de s'émanciper pour l'amour.
Commenter  J’apprécie          20



Autres livres de Gabriella Zalapì (1) Voir plus

Lecteurs (211) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
827 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}