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sur 900 notes
L'argent (1891) est un roman d'Émile Zola, dix-huitième tome de la saga des Rougon-Macquart. Aristide Saccard, frère du ministre Eugène Rougon, a perdu sa fortune suite à de mauvaises affaires mais veut se refaire avec une Banque-Universelle chargée de financer des projets au Moyen-Orient. Émile Zola change de genre à chaque roman avec brio. Il s'attaque ce coup-ci à la bourse et au monde de la finance.
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Le titre expose le sujet : ici, on va parler de pognon, d'oseille, de pèze, de flouze, de grisbi… pas tellement des picaillons, des piécettes ou de la mitraille qui traînent (quand il y en a) au fond du porte-monnaie de Gervaise, mais de la richesse, des actions, des placements et des opérations financières qui font la raison de vivre de certains « hommes d'affaires ». On va parler d'argent au sens général du terme : celui qui combiné au sexe et au pouvoir, tient les rênes du monde.
Zola a déjà abordé ce thème dans plusieurs romans : dans « La Curée », le dénommé Saccard (déjà lui) nous démontrait comment on bâtit une fortune. Dans « Au bonheur des dames », Octave Mouret nous expliquait une des façons de la faire fructifier. Et la plupart des autres romans, inversement, nous égrenaient les mille et une façons de s'en passer.
« L'Argent » nous place au coeur du sujet : la Bourse est le temple de ce nouveau dieu, et Saccard est son grand-prêtre. Saccard, vous vous en souvenez, c'est Aristide Rougon, le frère d'Eugène, le ministre ; comme beaucoup de personnages de la série (surtout dans ce milieu), il n'est pas d'une moralité exemplaire, il a autant de scrupules que moi j'ai de billets de 200 euros (et même 100, d'ailleurs), il multiplie les bonnes conquêtes et les mauvais coups, bref, un seigneur.
Son nouveau truc, c'est de créer une nouvelle banque, la Banque Universelle (rien que ça, mais ça situe l'ampleur du projet), destinée à financer des investissements au Proche-Orient. (Oui, en 1864, le Proche-Orient était déjà attractif). Notre ami Saccard, déjà rompu dans toutes les manigances financières, nage là-dedans comme un poisson dans l'eau. Il a pourtant fort à faire avec des concurrents aussi requins que lui, comme le banquier Gutterman, l'affairiste Busch, ou des aventurières du tapis vert comme la baronne Sandorff, Les femmes, ce n'est pas un problème, tôt ou tard elles finissent dans son lit, au grand dam de sa maîtresse du moment, Caroline. Tous les coups sont permis, y compris ceux qui touchent à la vie privée (quelle époque ! ce n'est pas aujourd'hui qu'on verrait des choses comme ça !) Saccard triomphe, mais plus dure sera la chute…
Saccard tient le premier rôle dans cette pièce plutôt noire que rose. Mais en fait le héros du roman, c'est l'argent : c'est lui qui est à l'origine de tout, et qui commande à la manoeuvre. Zola, a accumulé pour ce livre plus de documentation que pour ses autres romans (et ce n'est pas peu dire). Il s'est inspiré de tous les scandales financiers de son époque, et particulièrement du krach du Comptoir National d'Escompte de Paris, en 1889, et plus encore celui de l'Union Générale dix ans plus tôt (1881-1882). Tous les mécanismes boursiers sont décryptés, même et surtout les plus illégaux (comme aujourd'hui, le délai d'initié faisait alors florès). L'argent est donc au centre du roman : la Bourse devient comme le Voreux de « Germinal » une espèce de Moloch qui réclame des victimes. du reste tout n'est pas négatif, Zola montre aussi le bon côté des investissements, pour un bien-être de la population, et un accroissement général des fortunes (même s'il est réservé à des particuliers), il place même un discours socialisant dans la bouche de militants marxistes (utopie, quand tu nous tiens…)
Un roman très technique donc, mais dont les personnages, particulièrement bien dessinés, font un drame bourgeois où, comme souvent chez Zola, la vie privée se mêle à la vie publique, suivant une courbe montante puis descendante, culminant en apogée à la corbeille et finissant en catastrophe. Pas pour tout le monde d'ailleurs : les mauvaises herbes repoussent toujours (nous en avons des exemples tous les jours dans nos soi-disant procès politiques) …

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Je craignais un peu de m'ennuyer avec cet opus financier, au point de retarder ma lecture et même de me séparer du livre avant de me le faire offrir pour ne pas rater ce jalon des Rougon Macquart. Alors, certes, les passages financiers me sont restés opaques mais ce fut une merveilleuse surprise. J'ai adoré ce roman. Fan inconditionnelle du cycle des Rougon-Macquart, j'ai trouvé dans cet opus la patte du génial romancier. L'écriture est un délice, les réflexions sur l'argent sont d'une justesse confondante. Si ce livre a des aspects documentaires, c'est réellement par sa dimension philosophique qu'il atteint des sommets. Il fait réfléchir, ouvre les yeux, amène à relativiser. Et il y a Mme Caroline. Un de ces personnages admirables dont Zola a le secret. Elle délivre un message d'espoir et d'amour de la vie dont la lucidité est sublime. Grâce à elle, ce livre nous fait un bien fou, il revigore. Et puis bien sûr il y a l'ambigu Saccard et ses fils. On peut trouver un peu inutilement cruel le personnage de Victor mais quand on aime Zola c'est vraiment du pur jus et ça ouvre les yeux sur les misères sociales. Un roman que je conseille de lire après la curée pour profiter pleinement de sa place dans le cycle. Mais un roman à lire. Ne soyez pas rebutés par le thème, il en vaut la peine. 4 étoiles à cause des passages financiers et du sordide un peu rajouté.
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L'ouvrage représente vraiment un travail monumental pour décrire si minutieusement le monde de la finance sous l'Empire de Napoléon III. C'est fait de façon vivante et crédible, le talent de Zola est évident, on croirait y être… La montée mirobolante des cours de l'action de la “Banque Universelle”, son frémissement d'incertitude puis sa chute sont prévisibles mais très prenants.
Les personnages principaux sont décrits avec force et finesse à la fois. Beaucoup ont plusieurs facettes ce qui les rend d'autant plus intéressants. L'antisémitisme des financiers catholiques apparaît parfois, quelques allusions par ci par là, cela est décrit aussi avec beaucoup de réalisme et on comprend vite que Zola, tout en ne faisant que l'esquisser, ne le partage pas.
Cela dit, je me sens plus impressionné par l'oeuvre que conquis. Il y a un nombre excessif (à mon goût) de personnages secondaires et ce, dès le début, ce qui rend le livre de prime abord très touffu et rébarbatif. Même si cela se résout ensuite, le cynisme de la plupart des personnages ou leur côté antipathique font que je ne me sens aucune envie de lire un autre roman de Zola à la suite ou même dans peu de temps.
Tiens, un Bernard Clavel pour changer, ça ferait du bien pour s'aérer les méninges !
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En découvrant le résume de ce tome, j'avais peur de l'ennuyer, d'être noyée sous les détails boursiers que je pensais ennuyeux, mais cette lecture s'est révélée être une bonne surprise. le personnage de Saccard est toujours autant méprisable et horrible, sûr de lui. En total opposition avec celui de Caroline, qui apporte une touche de douceur à l'histoire.
Zola a admirablement peint les méfaits des jeux en bourse, les conséquences sur les petites gens.
Un tome assez prenant, où l'on attend avec impatience tout autant que l'on redoute la chute des cours.
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L'Argent est le 18ème tome des Rougon-Macquart et s'intéresse à un personnage que l'on avait déjà rencontré au début de la saga : Aristide Rougon, renommé Saccard. On l'avait vu lors du 2ème tome, La Curée, et laissé ruiné après ses affaires désastreuses avec la construction des boulevards haussmanniens.

On le retrouve donc sans un sou, ou presque. Mais comme les affaires, qui brassent des millions de francs sont son moteur, Saccard a rapidement trouvé un moyen de conquérir tout Paris : la création d'une Banque Universelle qui va spéculer en Bourse. Malgré les moyens pas très légaux, va-t-il réussir son pari ?

Dans ce tome, Zola a beaucoup aimé noyer son lecteur parmi les gros chiffres : on parle de millions et d'actions sans cesse. On réussit quand même à comprendre la portée dramatique du livre, qui reste très intéressante.

Une lecture plaisante en somme !
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18ème volume des Rougon-Macquart.peut-être le plus actuel des romans de la série car (à l(informatique près ) nous vivons sous le même talon de fer .Pour l'écrire , Zola s'est inspirée du krach de l'Union générale de 1882 et du scandale du Panama en 1889 et a étudié avec minutie les mécanismes de la Bourse.Le personnage central est le même que dans « la curée » , l'insatiable Aristide Saccard qui est passé de la spéculation immobilière à la spéculation bancaire (Toute ressemblance avec un ex-PDG de Renault n'est pas exclue..) ; Malgré les passages un peu techniques un grand roman sur l'éternelle peste qui nous infecte.
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Ce tome est axé sur Aristide Saccard et sa descendance.

Aristide Saccard n'est pas un nouveau personnage dans la saga des Rougon Macquart. Je dirai même que c'est un habitué dont l'amour de l'argent guidera toute sa vie. Emile Zola le reprendra ici dans une de ses tentatives d'assouvir la soif de l'or et c'est en effet le personnage idéal pour traiter d'un tel sujet.

Nous retrouvons donc Aristide Saccard à un moment clé de sa vie. Il retrouve son fils, Maxime, avec qui les relations sont extrêmement particulières mais aussi avec son petit bâtard, Victor, fruit issu d'une relation hors mariage avec une servante. Nous avons donc là dans le tableau familial un enfant né en mariage, qui fut toujours manipulé par son père et un autre de la violence, issu quasiment d'un viol qui démètra l'épaule de la pauvre mère et la débauchera ensuite.

Saccard n'apprécie pas trop son fils aîné, Maxime. Tout d'abord parce qu'ils ont un passif assez lourd entre eux (pour le découvrir, je vous donne rendez vous dans la chronique de la Curée qui arrivera très bientôt). Mais ensuite parce que Maxime ressemble en partie à sa mère (qui adorait Saccard) et donc est le plus à même de l'accepter comme il est : un homme manipulateur avide de sexe et d'argent. C'est comme cela qu'est Victor, il est un miroir de son père. Et quelques parts, c'est aussi pour cela que son père ne va jamais le voir, car il est comme un miroir.


Le rapport à l'argent décrit sous toutes ses formes par Emile Zola.


C'est avec ce personnage merveilleusement complexe qu'Emile Zoola veut nous parler de l'argent. Et croyez moi, lorsque l'auteur décrit l'argent avec les yeux de Saccard, vous aurez là une description d'un érotisme extrêmement poussé. Avec Aristide Saccard, vous aurez l'argent de la spéculation, celui qui provoque de la fièvre, celui qui rend fou car vous ferez n'importe quoi pour en posséder plus, pour jouer avec mais vous ne serez jamais satisfait.

Vous aurez aussi le manque d'argent. Celui qui pousse une famille noble à se priver de tout pour sauvegarder une petite apparence. Cet argent là vous rendra malade, vous rongera de l'intérieur. Il vous fera perdre votre famille, vous enlèvera vos meubles et vos rêves.

C'est aussi celui qui brûle car il n'est pas gagné honnêtement. Celui là provoque mauvaise conscience et ne vous laissera pas une vie tranquille, vous isolant du monde, vous rendant malade et vous poussera à des actes frisant la folie.

L'argent, l'argent qui sépare les hommes. L'argent qui les détruit. L'argent qui pousse à la lutte des classes. On pourrait croire qu'Emile Zola à l'argent en horreur s'il n'y avait pas là dedans, dans ce récit, madame Caroline. Cette femme, en effet, a un rapport sain avec l'argent, ce qui fait qu'elle n'en gagne, ni n'en perd. Elle ne fait que poursuivre sa vie, dans ses rêves. le message est là, simple et clair : l'argent n'apport que ce qu'il est, un moyen de subvenir à ses besoins. Gare à ceux qui le considèrent comme un besoin tout court
Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
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Le danger, quand on lit "L'argent", c'est de croire trop à sa vraisemblance. Bien qu'inspiré de faits réels, croustillant d'anecdotes vraies, ce n'est qu'un roman, et Zola a eu beaucoup de mal avec cellui-là.
Un roman, mais quel roman ! Sans atteindre à la perfection d'un Balzac, "L'argent" est incontournable à plusieurs titres:
1)- L'AMBIANCE: j'ai eu la chance de travailler au palais Brogniard à l'époque où la "corbeille" était bien vivante et les restaurants "Le Vaudeville" et autres "Gallopin" tenaient le haut du pavé des ( délibérement fausses) confidences de messieurs les agents de change, leurs fondés et leur commis: cette ambiance là, seul ce bouquin l'a rendue de manière exacte;
2)- LA CREDULITE: "l'argent" est avant tout un roman sur la crédulité. Audiard disait qu'à-partir d'un certain nombre de millions, tout le monde écoute... C'est si vrai, et ça restera toujours vrai.
Qu'ils aient lu Zola n'a pas empêché certains de croire Madoff...
Il y aura toujours des Saccard, des dames de Beauvilliers, une baronne Sandorff, toujours des aigrefins, des cons naïfs (cons non parce qu'ils sont naïfs, mais parce que l'argent leur bouche la vue) et une aventurière prête à tout, à absolument tout...
Lien : http://fr.wikipedia.org/wiki..
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Dans cet opus, on retrouve Aristide Rougon, dit Saccard, cet homme sans scrupules, rongé par le vice, assoiffé de gloire et d'argent, prêt à toutes les infâmies pour régner en maître sur le monde de la finance. Emporté par une folie chimérique, il engagera un combat déraisonnable et sans merci contre son ennemi juré le banquier juif Gundermann dont il rêve de provoquer la ruine…

Emile Zola se saisit du thème de l'argent et de la finance qu'il décortique avec force détails et très habilement afin de nous faire une nouvelle fois toucher du doigt les excès dans lesquels les êtres humains peuvent se laisser entraîner, les convoitises qui bien souvent les conduisent à leur perte. Il nous fait pénétrer dans la Bourse de Paris, au palais Brongniart, et il ressuscite si bien ce marché financier que le lecteur s'y trouve projeté en plein coeur, au milieu de la foule vociférante et gesticulante des acheteurs et des vendeurs.
A la faveur de sa belle écriture dont il nous régale dans chacun de ses romans, il illustre avec talent l'ambivalence des sentiments qui nous assaillent, opposant toujours le bien au mal, la beauté à la laideur, l'admiration à la haine, le désespoir à l'optimisme. Ce récit d'une grande force et d'une beauté inouïe est avant tout une ode à la vie et à l'espérance. La saga des Rougon-Macquart est une oeuvre monumentale écrite par un éminent écrivain !
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